Le XXIème siècle sera-t-il réellement celui du retour de l’identité ?
par Lol
samedi 4 janvier 2020
Les nouvelles tendances politiques mondiales indiquent bel et bien que nous assistons à un résurgence des nations et de leurs peuples. Donald Trump, le Brexit et le soulèvement général en Amérique du Sud sont les points d'orgue d'un malaise général qui sévit presque partout en Europe et au delà. Au Royaume-Uni, le parti conservateur de Boris Johnson qui avait autrefois défendu bec et ongles la mondialisation a démontré que jouer la carte du populisme social-souverainiste était la clé de la recomposition politique du pays.
En France, les gilets jaunes sont l'incarnation de cette profonde crise à la fois sociale et identitaire qui lacère les rapports entre les France. La fracture qui orchestre la vie politique française, peut être européenne, voire mondiale depuis près de quarante ans, semble s'organiser de plus en plus autour du clivage de David Goodhart des "anywhere" d'un côté et des "somewhere" de l'autre. Que nous dit ce clivage, qui fait écho aux analyses de Christophe Guilluy ? Que la société est dirigée par les "anywhere", les "partout" plutôt que les "nulle-part", ces élites économico-politiques qui évoluent au delà de toute perspective locale ou nationale et qui voyagent tels des électrons entre villes cosmopolites, où comme le rappelerait Spengler, "naissent des hommes intemporels, ahistoriques [...] intérieurement étrangers au sang et à l'existence". Cette quasi-caste heurte de plein fouet les "somewhere", pour qui la culture et l'identité demeurent essentiels pour la construction de la société. Ils se révoltent d'abord contre des élites "anywhere", sujets au déni freudien de tous les maux qui traversent la France, en particulier en matière d'immigration et de politique économique. Ces derniers s'insurgent également contre la poursuite des intêrets économiques et de "l'argent" comme boussole de la politique de l'UE et de facto des politiques nationales.
Les années 2010 marquent le retour des affirmations culturelles et identitaires comme point de repère d'un nouveau printemps des peuples face à des mondialisés vides de substance nationale. Les élections présidentielles de 2017 puis les Européennes de 2019 ont installé ce clivage dans le paysage politique français, au moins à moyen terme. Emmanuel Macron s'accroche grâce au vote LREM par défaut pour beaucoup de citoyens, et le RN qui rassemble les souverainistes de gauche et de droite, ainsi que tous les opposants à la politique néo-libérale pro-Europe immigrationniste des "anywhere" accusés d'être des anti-France.
Les souverainistes, souvent adeptes du conservatisme, n'ont cependant pas saisi qu'ils surfent sur une vague qui s'apprête à s'écraser contre la falaise. Beaucoup, à l'image d'Eric Zemmour, ne comprennent pas la place quasi-hégémonique qu'occupe la technologie dans un monde moderne qui "n'a pas le temps d'espérer, ni d'aimer, ni de rêver" (Bernanos). L'Homme est toujours en quête de points d'appui culturels, de repères, c'est pourquoi l'identité et le sacré ont souvent semblé être infinis, mais dans le monde actuel, les relations internationales forcent les Etats à passer d'une vision idéologique pure à la défense pragmatique de leurs intêrets. Si des pays comme la Chine décident d'outre-passer toute éthique pour servir leur politique impérialiste, les autres ne seront pas sauvés par leurs principes moraux, aussi nobles soient-ils.