Lech Walesa et sa génération perdus dans un monde de gays

par Francescab
lundi 4 mars 2013

Il y a au parlement polonais un député (ouvertement) homosexuel ainsi qu'une députée transsexuelle. C'est à la fois beaucoup comparé à un pays comme la France où les députés ouvertement homosexuels ne sont pas légion, mais c'est encore trop pour certains (beaucoup ?), et parmi eux le grand, l'immense, le magnifique, le héros Lech Walesa.

Peu de média français (Le Point) en ont parlé, car l'information est un peu gênante. L'ex-électricien-reconverti-président, mais surtout, ce Nobel de la Paix (ô qu'il est désormais ironique de le rappeler) voudrait bien placer les députés homosexuels « près du mur [de l'assemblée polonaise] et même derrière le mur ». Derrière le mur, rappelons-le, c'est en dehors de l'assemblée.

Le fervent catholique Lech Walesa montre combien la laïcité, érigée en principe fondamental, fonctionne en réalité, en Pologne comme en France, plus comme un rempart contre l'immigration en Europe que comme une véritable séparation entre foi et loi.

L'ancien symbole du triomphe de la démocratie en Europe n'a pas fait de gaffe avec cette déclaration ; il nous a seulement rappelé combien les temps changent, et que les grands démocrates d'autrefois ont bien du mal à se mettre au niveau des exigences de la démocratie contemporaine. Qu'un Nobel d'autrefois est une honte d'aujourd'hui.

 

Car si cela fait bien longtemps que l'on juge l'étendue de la démocratie dans un pays à son traitement des minorités de la population, depuis quelques années les homosexuels et les transsexuels sont au cœur des débats portant sur la libéralisation des sociétés occidentales.

 

Lech Walesa représente bien sa génération vieillissante, qui s'imagine qu'elle peut tout simplement n'être « pas d'accord » avec les minorités sexuelles. Cher Lech, d'accord ou pas d'accord, le débat n'est pas là. On ne peut pas ne pas être d'accord avec les minorités sexuelles, car elles sont. Quant à leurs revendications, elles vont tout simplement dans le sens de l'égalité entre les citoyens qui est un tout petit peu le cœur de notre civilisation occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il a fallu que les pauvres se battent pour être les égaux civils des riches (Lech en sait quelque chose), que les femmes se battent, puis l'on a pensé que les enfants étaient des êtres qui devaient bénéficier de droits, mais alors, par contre, ces sales pédés, ces gouines, ces monstres de transsexuels, là c'est trop.

 

Lech nuance son propos. Il les « tolère » quand même. Merci Lech. Les homos saluent bien bas la grâce présidentielle nobelisée que tu leur accordes dans ta grande magnanimité toute puissante. Ils mettront des cierges à ta gloire car tu formules le vœu de les laisser vivre, quand même. Mais les laisser vivre comment ?

 

Manifester dans la rue ? Lech a peur que cela ne « fasse tourner la tête à [s]es enfants et [s]es petits-enfants ». Crois-moi Lech, le mini Walesa n'a pas besoin de voir des homosexuels pour savoir s'il « en est un » ou non. A moins que tu n'aies peur qu'il te demande qui sont ces gens dont il n'a jamais entendu parler et qu'il découvrira autrement dans sa classe, lorsqu'il ira à l'école ?

 

Que de mots à propos des homos, des trans, cette population si marginale en termes numérique. D'ailleurs, si Lech veut les placer tellement au fond de l'assemblée polonaise, voire les en exclure, c'est qu'il « leur donne proportionnellement à ce qu'ils représentent » : rien. On pourrait arguer que s'ils sont si peu nombreux, on a du mal à comprendre pourquoi la majorité conservatrice est si réfractaire à l'avancée de leurs droits et expression publique. Personnellement, je suis d'accord pour dire que les conservateurs ont raison de se faire du mouron car le nombre des homosexuels est à mon humble avis sous-estimé.

 

Un récent recensement effectué auprès d'adultes aux Etats-Unis a montré que 3,4% des Américains se disaient homosexuel, bisexuel ou transsexuel. Si le même pourcentage s'applique en Pologne (et pourquoi pas ?), cela fait tout de même 1,3 million de Polonais. Et 15 à 16 députés au parlement polonais.

Mais ce recensement américain montre aussi que « seuls » 92,2% des Américains s'identifient comme « hétérosexuels », de nombreuses personnes n'ayant répondu ni « homo » ni « hétéro ». Cela ferait bondir la proportion des homosexuels (et transsexuels) autour de 7,8% de la population. Soit 24,6 millions d'Américains, 5 millions de Français et... 3 millions de Polonais. Un détail qui pèse lourd.

Sans compter que certains « hétérosexuels » pourraient bien avoir menti, ce à quoi encouragent des commentaires comme ceux de Lech Walesa...

 

Le comité Nobel prévoit-il l'exclusion de ses lauréats ?


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