Les Antilles ou la France à double vitesse de Sarkozy

par Allain Jules
mardi 17 février 2009

Le locataire de l’Elysée voulait-il le pourrissement aux Antilles avant d’intervenir en tant que chevalier blanc ? Entre un quotidien qui se dégrade de plus en plus en Guadeloupe, le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, fait encore une fois, le mauvais choix…volontairement (?). Il a annoncé vouloir recevoir jeudi prochain, les élus des DOM (Départements d’Outre-mer), ceux-là même qui, n’ont pas pu enrayer la radicalisation du mouvement contre la vie chère, parce que personne ne les écoute. Or, c’est plutôt le leader syndical du collectif LKP (« collectif contre l’exploitation ») Elie Domota qu’il devrait recevoir. Cette fois, on ne peut que constater qu’Aimé Césaire, le poète que le monde entier nous enviait, a bel et bien disparu. La Guadeloupe est vraiment orpheline de cet homme qui pouvait mobiliser à lui tout seul, les 400 000 habitants du 9.7.1., en clignant simplement les yeux. Tout le monde se souvient encore aujourd’hui, du déplacement du président de la République en pays Bigouden, en Bretagne, en 2007. C’était au Guilvinec, petit port de pêche d’un peu plus de…3000 habitants où, les marins-pécheurs étaient en grève, face à la hausse des prix du carburant.

A juste titre donc, Ségolène Royal interpellait Nicolas Sarkozy sur le plateau du Grand Journal de Canal+, pour lui demander de se rendre aux Antilles, et non d’aller se pavaner à Bagdad. Voilà plus d’un mois que l’île de la Guadeloupe est paralysée. Avec hier, plus de 50 arrestations, après que les barrages routiers furent démantelés, le mouvement risque d’entrer dans une phase très décisive, voir violente, d’où la prudence des gendarmes mobiles qui ont procédé à ces arrestations, de vite libérer ces guadeloupéens. Peut-être le président de la République a peur de revivre une même mésaventure que celle qui s’était produite le jour de ce voyage au Guilvinec où, les marins-pêcheurs l’avaient conspué. On se souvient de tous ces quolibets et noms d’oiseaux qui firent perdre son sang froid au chef de l’Etat qui rétorqua à des marins-pêcheurs furieux : « Toi si tu as quelque chose à dire, tu n’as qu’à venir ici ! » à un autre : « toi tu n’as qu’à descendre ! ». Pour faire bonne figure après ces sorties indignes et dignes d’un petit délinquant du dimanche, il avait, pour faire amende honorable, déclaré après : « Je n’accepte pas les insultes des pêcheurs à mon endroit. Je vais annoncer des nouvelles », poursuivant, « Si je viens on me le reproche, si je ne viens pas on me le reproche aussi. Moi je viens », en concluant in fine, « Je ne laisserai pas mourir la pêche française, je vais annoncer des choses fortes ». Et les Antilles alors, rien ?

De voir l’UMP ressortir son sempiternel refrain de polémiques à l’emporte-pièce, en reprochant à certains élus du Parti Socialiste (PS) -qui est dans son rôle-, parce qu’ils se sont rendus sur place, c’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité. Les « qui » mettent vraiment de l’huile sur le feu ? Ce n’est nullement le PS. Le président Sarkozy veut recevoir les présidents des collectivités locales et les parlementaires des départements d’outre-mer afin de faire « un point sur la situation de ces territoires dans le contexte de la crise économique » disent les dépêches ce matin. Ce n’est pas très tôt et, comme mentionné plus haut, ce ne sont pas les bons interlocuteurs. Se déplacer en Bretagne, rencontrer ceux qui se plaignaient, à savoir les marins-pêcheurs, au nombre de 300 est sans doute plus facile, mais, n’envoyer qu’un sous-ministre en Guadeloupe, c’est vraiment se moquer des DOM. Le sort de 400 000 français vivant à 7000 kilomètres de la Métropole, est moins important que la vie des 3000 guilvinistes. Mais, il ne s’agit pas ici, de lancer une quelconque attaque ou anathème, contre les marins-pêcheurs, car, ils ne sont à l’origine de rien. D’ailleurs, l’un d’eux précise dans la vidéo que, « c’est toute la France qui crève ! » mais, simplement pour mettre à jour, le « deux poids deux mesures » insipide, laid et ridicule du Gouvernement qui déclarait benoîtement sans doute récemment, qu’il n’y a pas deux France, mais une seule, unique et indivisible. Dont acte.



En Martinique, île voisine de la Guadeloupe qui ne s’est pas encore embrasée, hier, il y a eu plus de 3000 manifestants dans la rue, soit le nombre d’habitants du Guilvinec. L’île de la Réunion veut et risque d’entrer bientôt dans la danse. Des échauffourées prévisibles à venir donc. Au lieu que Dominique Paillé, le porte parole de l’UMP se lance à corps perdu dans des conjectures puériles et ridicules, il ferait mieux de dire aux siens, qu’ils sont entrain de mépriser les antillais, de les insulter, de faire un jeu morbide, qui risque à termes, de leur exploser au visage. L’implosion, aussi, pourrait même les terrasser. Selon le Medef Guadeloupe, les PME, au nombre alarmant de 800 à 1400, risquent de mettre la clé sous le paillasson. Alors, que fait-on ? Le chef de l’Etat reçoit des élus. Cerise sur le gâteau, plus d’un mois après le déclenchement de la crise. « C’est vrai qu’il n’y a pas de pêche aux voix actuellement car, aucune élection n’est à venir, Sarkozy se serait précipité » indique un syndicaliste furax. Elle est belle cette France à double vitesse !

>>>Allain Jules

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