Les beaux jours à venir du FN

par Henry Moreigne
jeudi 15 janvier 2015

Les barbares ne sont pas à nos portes. Ils sont chez nous, sur les bancs des écoles. Loin de célébrer une hypothétique union nationale, la journée historique du 11 janvier marque une profonde déchirure entre différentes franges de la population. Entre une France touchée au cœur et ceux qui malgré leur carte d'identité, ne se sentent pas Français et rejettent tout ce qui incarne de près ou de loin l'autorité, à commencer par les enseignants de la république.

« Il manquait les classes populaires et les jeunes issus de l’immigration maghrébine et africaine » reconnaissait ainsi avec franchise Laura Slimani, présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) à l'issue du grand rassemblement républicain de dimanche dernier.

De fait, la situation actuelle est explosive tant se sont développées dans notre pays deux sous-ensemble qui donnent le sentiment de cohabiter et de se regarder trop souvent en chiens de faïence. La résurgence de zones franches dans lesquelles la république est absente ou défaillante est une triste réalité.

Aujourd'hui, le temps est à la bataille des symboles et des cultures : Dieudonné vs Charlie Hebdo, Voltaire vs internet et la théorie du complot. La quenelle contre le recueillement, le drapeau étranger contre la Marseillaise et les trois couleurs.

Dans ce paysage inquiétant, les responsabilités sont multiples. Elles sont d'abord politiques avec du côté de la droite et de la gauche un manque cruel de courage. Non seulement à s'interroger collectivement sur l'immigration et ses limites en termes intégration mais aussi à conserver un creuset essentiel tel qu'un service national modernisé et démilitarisé. Responsabilité également chez une partie des français issus de l'immigration qui s'invente une double nationalité qui leur ouvrirait tous les droits mais aucun devoir.

Dans ce moment difficile pour le pays, l'Education Nationale se retrouve en première ligne. Las, elle est devenue au fil du temps une armée mexicaine, totalement dépassée, incapable de valoriser et de protéger les enseignants qui sur le terrain se retrouvent trop souvent seuls face à des jeunes abandonnés à au système scolaire par leurs parents.

Certes, les 200 incidents qui ont été recensés dans les établissements scolaires lors de la minute de silence du 8 janvier sont une infime minorité au regard des 12 millions d’élèves, ils n'en sont pas moins symptomatiques d'une déchirure qui s'opère.

Najat Vallaud-Bel­kacem, première ministre musulmane de l’Education, pur produit de la méritocratie républicaine est aujourd'hui un beau symbole. A charge pour elle et pour le gouvernement de démontrer qu'il ne s'agit pas d'un simple casting basé sur des qualités plastiques mais, que dans le vent des réformes, l'Education nationale saura prendre toute sa part. A défaut le FN pourra dormir tranquille en rêvant aux beaux jours qui sont devant lui.


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