« Les bruits de chiottes » et le bruit de la rue

par gruni
mercredi 9 mars 2016

Qu'adviendra-t-il du projet de loi El Khomri sur la réforme du droit du travail, nul ne le sait encore, mais pour le gouvernement déjà plane l'ombre de mauvaise augure du CPE. Vous souvenez-vous de la fameuse phrase de Jacques Chirac, "J'ai décidé de promulguer la loi" pour enterrer ensuite définitivement le Contrat Première Embauche ; c'était le 31 mars 2006.

Cette fois encore les lycéens et étudiants, dans un mouvement d'une spontanéité étonnante... À peine poussé par les syndicats Unef, SGL, Unl et Fidl, soutenus par les jeunes communistes, le Parti de gauche, EELV la CGT, FO, la FSU et aussi quelques professeurs, se retrouvent dans la rue pour scander "Hollande t'es foutu les jeunes et la gauche sont dans la rue".

Pour le Président Hollande c'est quitte ou double et probablement la dernière grande réforme de son premier mandat. C'est aussi pour lui la dernière chance d'inverser la courbe du chômage avant sanction et licenciement en 2017. Les dés sont maintenant jetés, la voix de la rue va s'exprimer et si sa loi saute, Manuel Valls démissionnera. Pardon pour ce lapsus à la Khomri, si la loi saute !

Une démission annoncée par le Premier ministre lors d'un "dîner secret". C'est en tout cas ce que prétendent les "bruits de chiottes", qui seraient des âneries selon Najat Vallaud-Belkacem.

Un rendez-vous "secret" à Matignon tout de même très électif où l'absence d'Emmanuel Macron n'est sans aucun doute pas due au hasard. Le ministre de l'Economie très occupé à ne rien faire, selon son agenda, ne figurait pas sur la liste des personnalités invitées car trop proche de L'Elysée. Mais attention, il y avait quand même du gratin au menu pour l'occasion. Jugez-en par vous-même...

Najat Vallaud-Belkacem (Éducation nationale), Bernard Cazeneuve (Intérieur), Patrick Kanner (Ville), Laurence Rossignol (Familles), Myriam El Khomri (Travail), Jean-Jacques Urvoas (Justice), Clotilde Valter (Formation professionnelle), Pascale Boistard (Personnes âgées), Juliette Méadel (Aide aux victimes) et Jean-Marie Le Guen (Relations avec le Parlement).

Si certains esprits mal placés feront facilement le rapprochement avec ce rendez-vous entre amis et un film célèbre. Un journaliste fouineur se demande lui, qui est la "taupe". On ne peut vraiment plus faire confiance à personne dans ce gouvernement.

Maintenant, Manuel Valls qui prétend ne pas vouloir faire du chantage à la démission, a-t-il vraiment confié aux ministres présents, que si la loi sur le travail allait à la poubelle, comme le souhaite Olivier Besansenot, il quitterait sa fonction de 1er ministre. D'ailleurs que pourrait-il faire d'autre s'il était désavoué par le Président de la République ?

Mais pour l'instant selon les médias, le mouvement de contestation ne rassemble pas autant de monde que les contestataires pouvaient l'espérer. "Ce n'est qu'un tour de chauffe" semble être l'élément de langage privilégié par les organisations syndicales pour expliquer une motivation assez inégale sur le territoire.

Est-ce vraiment une bonne nouvelle pour le gouvernement de Manuel Valls et un encouragement à maintenir le projet de loi ; peut-être. Mais n'oublions pas que si le front syndical est désuni une autre mobilisation est déjà prévue le 31 mars. Une manifestation qui devrait rassembler 7 syndicats, selon Jean-Claude Mailly. 

Des observateurs avisés diront que ce bruit de la rue, c'est l'affrontement de la gauche contre la gauche. Allez, dehors Hollande, dehors Valls comme le souhaite un Gérard Filoche ulcéré, et vivement la droite au pouvoir pour que toute la gauche se retrouve enfin pour combattre un autre projet de la réforme du travail encore plus dur et injuste.


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