« Les chiffres ? Même pas peur ! », un livre de Stella Baruk

par Saltz
lundi 19 décembre 2016

Voici un livre que je conseille aux professeurs des écoles ou du secondaire, aux enseignants en mathématiques, aux parents dont les enfants sont fâchés avec les chiffres et éventuellement aux curieux.

L'auteur, Stella Baruk, est chercheur en pédagogie, sur le terrain, et elle mène ses études avec le sérieux d'un scientifique.

Elle explique pourquoi l'enseignement n'atteint pas ses objectifs et elle met en cause les méthodes imposées d'en haut par des autorités qui apparemment n'ont jamais eu affaire à des élèves et qui laissent en rade les enseignés et en peine les enseignants.

 

En ces temps de primaires où les candidats parlent chiffons (burkas et autres voiles), les problèmes fondamentaux comme l'instruction publique sont occultés.

 

Stella Baruk met le doigt là où ça fait mal : un immense gâchis. L'Education nationale devrait préparer l'individu à devenir adulte, mais les méthodes employées ne fonctionnent pas. Elle le montre, le démontre et en propose d'autres qui se sont avérées efficaces.

C'est une personne comme elle qu'il faudrait dans le prochain quinquennat.

Mais à quelle place ? Comme ministre ? ou comme bureaucrate ?

 

Je me suis laissé aller à compter les ministres de l'Education nationale, sans les ministres délégués et sans les secrétaires d'Etat. J'en ai trouvé 31 depuis André Boulloche au début de la 5ème république, le 8 janvier 1959.

31 en 58 ans, et en supposant que l'actuelle Madame Najat Vallaud-Belkacem le sera encore le 8 janvier 2017.

Cela fait donc moins de 2 (deux) ans en moyenne pour chaque ministre.

Comment imaginez-vous qu'un ministre puisse se saisir de dossiers, les conceptualiser, les confronter à une politique (au sens noble du terme), prendre les bonnes mesures et les faire appliquer ?

Le système est devenu si caricatural qu'un ministre du travail qui est pris les mains dans le sac de son ignorance des caractéristiques du contrat à durée déterminée ne se sent même pas contraint à la démission.

 

Le gouvernement est un ensemble de ministres élus ou choisis par des élus.

Quand leurs incompétences les privent d'autorité et de clairvoyance, l'administration qui doit exécuter leurs décisions, exécute ses propres décisions. Les ministres se rabaissent au rang de porte-parole de ceux qui sont sous ses ordres. Nous vivons une révolution de palais feutrée.

 

Nous ne sommes plus en démocratie avec le choix des dirigeants sanctionnés par le suffrage, mais dans une bureaucratie inamovible qui gouverne suivant d'autres règles, sans rétroaction, avec le risque d'explosion sociale, comme en mai 1968 ou pire.

 

Programme PISA

Revenons à l'enseignement des maths.

Après avoir commencé à lire cet ouvrage, les résultats de Pisa ont envahi les médias en signalant la lente et inexorable dégradation de la France.

L’objectif de PISA est d’évaluer la littératie, un concept qui ne prend pas (uniquement) en compte l’évaluation des notions acquises mais surtout la capacité de réfléchir sur la base de ses propres connaissances et expériences tout comme la capacité d’appliquer ces connaissances aux problèmes et aux tâches de la vie quotidienne. http://pisa.educa.ch/fr/

PISA 2012 a été présenté en décembre 2013, avec des résultats pour près de 510 000 participants dans 34 pays de l'OCDE, et 31 de pays non membre de l'OCDE. La moyenne en Mathématiques est de 494

2009 : 22ème France avec 497 points

2012 : 25ème France avec 495 points

2015 : 25ème France avec 493 points

C'est mieux que l'eurovision, mais ce n'est pas une excuse.

 

Vous rappelez-vous du slogan de la tablette numérique dans toutes les écoles ? Je doutais à l'époque du retour sur investissement (ROI) comme on dit dans les entreprises. Voici un extrait d'un article publié le 19/09/2015 à 07:30 "La France mal notée au classement Pisa" :

 

J'écris cet article en fin d'année 2016 alors que la presse nous parle des élections présidentielles dans les six mois qui viennent.

Qu'attendre de l'intronisation du prochain monarque ?

Qu'il remette les choses dans l'ordre ?

Que les enseignants puissent enseigner ?

Que les élèves puissent apprendre ?

Que les adultes puissent avoir été formés à leur rôle de citoyens et d'honnêtes hommes ?

 

On peut réver et croire au Père Noel, c'est le moment.

 

Caractéristiques

Collection : Hors collection

Discipline : Sociologie et Sciences de l’éducation

Catégorie : Livre

Date de parution : 18/05/2016

Prière d'insérer

Les récentes données nationales et internationales sont, depuis plusieurs années, sans ambiguïté : en mathématiques, les jeunes Français qui sortent de l’école primaire sont de plus en plus nombreux à ne pas maîtriser les opérations fondamentales. Nombre d’entre eux, devenus adultes, souffrent toujours d’une « peur des chiffres » ou « innumérisme », qui serait l’équivalent de l’illettrisme.
Les nouveaux programmes sont novateurs de bien des façons, mais ne semblent pas avoir analysé, pour les écarter, les raisons profondes de tant d’échecs. Or l’innumérisme n’est pas un état, mais un processus, qui bien souvent s’enracine dès l’apprentissage des premiers nombres.
Pour combattre cet état de fait, Stella Baruk propose d’en rechercher les raisons au cœur de ces premiers apprentissages et de donner la place qui lui revient à la langue mathématique. Et si découvrant le rôle qu’elle joue on commençait par le commencement, c’est-à-dire par lui demander de donner tout de suite du sens aux chiffres ?

 Autour de l'auteur 

Stella Baruk est professeur de mathématiques et chercheur en pédagogie. Depuis son premier ouvrage, Échec et maths (Seuil, 1973), elle questionne l’apprentissage des mathématiques tel qu’il se pratique dans nos écoles, collèges et lycées et propose de repenser en profondeur la manière d’enseigner cette matière. Elle est notamment l’auteur de deux dictionnaires de mathématiques (Seuil, 1995 et 2008) et de Nombres à compter et à raconter (Seuil, 2014).


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