Les consommateurs bio seraient idiots

par Julien Coblence
mercredi 12 septembre 2012

Dans un article du New York Times paru le 6 Septembre 2012 (lire l’article), l'éditorialiste Roger Cohen, s'attaque férocement au bio suite à la parution d'une étude de Stanford University qui remettrait en question les bienfaits nutritionnels des aliments cultivés selon le mode de production biologique.

L'auteur présente d'emblée le sujet comme une indigestion viscérale. Il le sentait depuis un moment. Le bio ne tient pas ses promesses nutritionnelles. En tout cas, c'est ce qu'affirme une étude publiée par une équipe de chercheurs de l'Université de Stanford. L’auteur de l’article renvoie au sujet déjà traité dans le NY Times 3 jours auparavant (consultable ici). Il ne reprend aucunement les propos de l’article et se contente de présenter son opinion sur la question du bio : ce n’est qu’une mode élitiste qui se base sur de la pseudoscience et qui ne peut en aucun cas résoudre les problèmes qui feront face à l’humanité d’ici à 2050, quand nous serons 9 milliards d’individus. Seules les pratiques agricoles modernes se basant sur la chimie et l’ingénierie génétique peuvent nous aider à faire face à ce défi.

En plein milieu de son article, Mr Cohen reconnait tout de même, (peut-être après avoir écrit le début de l’article s’est-il rendu compte qu’il allait passer pour un autre républicain qui ne connait rien aux processus naturels qui régissent notre univers) 3 bienfaits à l’agriculture biologique. Tout d’abord, le bio montre un intérêt croissant pour la nutrition et son importance pour préserver la santé des individus. Ensuite, à défaut de promouvoir la santé, le bio réduit l’impact de l’agriculture sur l’environnement (ironie, l’environnement n’aurait pas d’impact sur la santé). Enfin, le bio c’est certifié par des organismes régulateurs donc, ça pollue moins l’environnement (c’était le 2e argument ça, non ?). Puis, l’auteur repart dans ses opinions et va même jusqu’à dire qu’il préfère être contre-nature et avoir plus de personnes mieux nourries. Autre perle dans ses propos, je traduis mot pour mot : « Logiquement, le mouvement biologique devrait favoriser les produits génétiquement modifiés. »

Maintenant, tout cela semble surprenant, surtout venant d’une personne qui a été envoyée dans les meilleures écoles privées d’Angleterre et a fait ses études secondaires à Oxford (parler d’élitisme « puant » quand on a disposé de l’éducation la plus élitiste qui soit, c’est fort). Dans le même raisonnement, l’auteur ne prend aucunement en considération le fait que nous produisons, à l’heure actuelle, beaucoup trop. De quoi nourrir 12 milliards d’individus, selon certaines estimations et qu’1 milliard de nos contemporains meurent de faim. Ce n’est donc pas un problème de production auquel nous devons nous attaquer, c’est un problème de distribution. Plus encore, l’auteur ne semble pas comprendre que si nous détruisons la nature, à terme, on ne peut plus rien faire pousser.

D’autre part, lorsqu’on examine l’article qui présentait les conclusions de l’étude anti-bio, on se rend compte que l’étude montre en fait bien que le bio présente des avantages nutritionnels. Il y aurait significativement plus de phosphore dans les produits bio que dans les produits « chimiques ». Ce fait n’aurait pas une grande importance car le phosphore est un minéral très répandu dans l’alimentation. Après, il y aurait tout autant de bactéries dans la viande bio mais celle-ci serait exempte de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques (contrairement aux viandes issues d’animaux industriels à qui on a injecté des antibiotiques durant toute la vie). Par ailleurs, et c’est, pour moi, un aveu de désinformation, l’étude montre que le lait bio contiendrait beaucoup plus d’oméga-3 que le non-bio et que les fruits et légumes bio présentent des quantités bien supérieures en phénols. Il s’agit là de 2 nutriments désormais reconnus pour leurs propriétés anti cancer. On garde le meilleur pour la fin, la logique implacable retombe sur ces tentatives de manipulation, les produits non-bio montrent, en toute logique, une nettement plus grande concentration de pesticides, herbicides et engrais (substances qui présentent parfois, comme dans le cas du glyphosate présent dans le Round-up de Monsanto, des propriétés cancérigènes).

C’est donc tout naturellement qu’on est en droit de se demander si le NY Times n’est pas mandaté par certaines firmes de l’agro-business pour semer le doute vis-à-vis de ce marché du bio qui grandit et ronge les parts de marché aux OGM.

On pourrait s’arrêter là, mais avec une analyse approfondie de l’étude de Stanford, on se rend compte qu’un des co-auteurs n’est autre qu’Ingram Olkin, un scientifique qui avait frauduleusement œuvré pour le compte de l’industrie du tabac dans les années 70. Par ailleurs, grâce aux articles de Mike Adams, sur le site www.naturalnews.com, on sait que l’Université de Stanford, depuis 2000 a reçu des contributions venant de géants tels que Monsanto et Cargill qui cumulent à plus d’un milliard de dollars (lire l’article ici).

Juste pour information, l’institut pour une technologie responsable, liste les effets néfastes sur la santé des OGM et référence les études qui montrent que les OGM peuvent causer des lésions dans les organes, des malformations congénitales ou la stérilité. Une présentation succincte des dernières études sur le sujet est disponible ici.

Diffusons l’information de notre salut !


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