Les cris d’orfraie de la magistrature contre le candidat Fillon

par Serge ULESKI
mardi 7 mars 2017

 

  

 

         Alors que les attaques du candidat Fillon contre l’indépendance des magistrats se sont multipliées la semaine dernière, les réactions des représentants des magistrats ne se sont pas fait attendre. Deux hauts magistrats de l’ordre judiciaire sont sortis du bois sans doute avec l’intention de nous rassurer : « Les magistrats suivent leur rythme en toute indépendance sous le seul contrôle des juridictions supérieures »…
 
« Sous le contrôle »… merci pour cette précision. Quant au caractère « supérieur » des juridictions… à quelle hauteur se situent-elles… : à la hauteur de l’Elysée avec ce Président de la 5è République garant de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice ?
 
Quand on sait, pour l’avoir compris, que la candidature de Macron – le candidat-vengeur de François Hollande contre le PS et de Valls et de Hamon -, est indissociable des ennuis judiciaires de Fillon…
 
Allez, rendormez-vous bonnes gens, la justice veille, impartiale et indépendante, courageuse et dure à la tâche !
 
        A propos de Fillon et des embauches de son épouse et de ses deux enfants aux frais des contribuables, il faut croire que la Justice et son bras armé que sont les juges d’instruction et les juges tout court, étaient tous ulcérés à l’idée de ne pas pouvoir traiter en temps et en heure ce qui est devenue l’affaire « Fillon and the family » ; sans doute y a-t-il des soupçons qui n’attendent pas, et ce quelles que soient les circonstances : le soupçon d’emplois fictifs en particulier.
 
Autant de zèle ! Et quel zèle ! Comme s’il y avait urgence ! Comme si la justice et les juges ne pouvaient et ne savaient pas attendre alors qu'ils nous ont trop souvent prouvé qu’ils sont capables d’une patience à toute épreuve ; surtout à l’épreuve de leurs opinions politiques et/ou de leur évolution de carrière.
Ou bien alors, il n'y aurait pas de perspectives d'évolution pour les juges ? Ce métier serait... comment dire... un métier-cul-de-sac ?
 
Il faut croire que le traitement de cette affaire « Fillon » représentait une urgence absolue ; il est vrai que les comparutions immédiates – cette justice à coup de lance-pierres et à coup de pieds dans le cul -, ont toujours concernées en priorité les affaires de corruption, de détournements, d’abus de biens de toutes sortes ainsi qu’une classe : celle des puissants.
 
L’affaire Cahuzac… attendra des mois l’ouverture d’une information judiciaire malgré les relances du journal Médiapart. Sarkozy… ça n’en finit pas ! Chirac mettra 15 ans à rendre des comptes…
 
 
L’affaire Robert Boulin des années 70 attend toujours ; la mort de Ben Barka aussi au fond de son trou… et d’autres affaires encore, par centaines… oui , ils attendent ! Attendent un nom, des noms, des mises en examen et des condamnations.
 
A défaut de grives, les juges se rabattraient-ils sur des merles ?
 
Et que dire de cette institution judiciaire impuissante dès qu’elle se rapproche de ceux qui sont passés par Matignon, l’Elysée ou contre le CAC 40 ?
 
Sous la droite comme sous le joug d’une présidence et d'un gouvernement PS, sans doute les juges n’ont-ils pas la réputation - ou bien alors, si peu -, d’être capables de jongler avec les dossiers et en particulier avec leur pile, là, à portée de main, sur leur bureau à tous, au gré des majorités politiques !
 
       Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, difficile de compatir avec ces juges car nous sommes des millions depuis des années à déplorer les coups de serpe répétés dans le contrat démocratique passé avec le citoyen : le refus de dresser un cloison étanche entre le monde des affaires, la politique et les médias ; la complaisance inouïe – police, justice, médias -, envers la trahison de cette promesse qui devait faire que personne ne saurait être au-dessus des lois ; et plus grand est son pouvoir, plus ferme devait être la rigueur avec laquelle la justice demanderait des comptes.
 
On cherchera en vain le souvenir d’une mobilisation de juges d’instructions empêchés dans leur fonction… à l’exception de quelques individualités …
 
Pour finir, on mentionnera les tartuffes de la classe politique qui auront justifié leur retrait de la campagne de Fillon au nom du respect de la justice, de ses juges et des institutions qui les encadrent…
 
C’est sûr : les juges prennent des notes ; ils sauront s’en souvenir ; et puis, ce sont sans doute encore autant de dossiers qui seront placés tantôt au-dessus de la pile, tantôt en bas, tout en bas, là où seuls des bras musclés et une détermination sans faille peuvent avoir raison de l’effort physique que demande leur extraction.
On ne ressuscite pas sans peine un délit ou un crime : c’est toujours le courage qui seul peut faire advenir un tel miracle.
 
         De cette affaire « Fillon » c’est bien l’institution judiciaire qui sortira définitivement discréditée ; une institution instrumentalisable à souhait : il n'y a qu'à demander ! Une institution qui nous a laissés maintes fois tomber alors que nous réclamions justice pour les justiciables, justice pour ceux qui ont été spoliés, nous tous épris de transparence et d’une justice impitoyable avec les malversations des puissants et magnanime avec les délits des petits, des sans-grade.
 
Il est vrai que la maxime suivante a pour auteur un imbécile : " Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements (de cour) vous rendront blanc ou noir." - Jean de La Fontaine.
 

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