Les effets pervers mais pas fortuits de la loi El Khomri

par Francis, agnotologue
mardi 8 mars 2016

« C’est la forme la plus exquise du comportement politicien, qui consiste à utiliser un fait vrai pour en faire un mensonge. » René Barjavel 

De même que le prestidigitateur montre à grand renfort d’explications la main qui ne fait rien et cache minutieusement la main qui fait le job occulte, les thuriféraires de la loi El Khomri, pour mieux masquer les licenciements à venir des CDI braquent tous leurs projecteurs sur les embauches à venir. 
 
Comment ? Pour encourager les embauches en CDI il faudrait faciliter les licenciements des CDI ? C’est ridicule, voyons ! Quels seraient les avantages pour un nouvel employé à être embauché sur un CDI qui ne serait qu’un CDD déguisé qui ne présente guère plus de garanties d’emploi que le CDD actuel ? Pire même ! Puisque le CDD actuel permet au moins aux salariés de savoir où ils vont, ce qui ne sera pas le cas du nouveau CDI. Emmanuel Macron plaide-t-il qu’il est impossible de contracter un crédit quand on est en CDD ? Qui peut croire un instant que les banques se satisferont d'un faux CDI pour accorder un crédit ? Personne ! Modifier le CDI pour ça c’est du charlatanisme, une massue pour enfoncer une punaise. 

 
Qui est réellement visé par cette loi El Khomri ? Les PME ? Faux ! Pour les PME ce n’est pas la difficulté de licenciement qui freine les embauches en CDI, ce sont les fluctuations du carnet de commandes. Les CDD ont été faits pour ça. Ce n’est donc pas un problème pour les petites entreprises d’avoir à se séparer d’un ou deux salariés de temps en temps. 

En revanche - et c’est ici qu’on peut voir la main cachée du gouvernement -, ce qui n’est pas dit c’est que la nouvelle loi va permettre les licenciements massifs et à moindre coûts des anciens CDI ! Et là on ne joue plus dans la même catégorie : avec cette facilité nouvelle qu’auront les grands groupes de procéder à des plans sociaux pour délocaliser, le contrecoup sera terrible non seulement pour les salariés et les régions directement concernés mais aussi par contrecoup, pour les PME qui vivent des commandes de ces grandes entreprises.


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