Les élus de Clichy-la-Garenne manquent de fair play avec leurs musulmans. Un mal pour un bien ?

par L’apostilleur
mercredi 15 novembre 2017

Les élus de Clichy-la-Garenne manquent de fair play avec leurs musulmans. Un mal pour un bien ? 

Si toutes les religions peuvent avoir en général leur place en occident, les conditions de leur ancrage font débat. Celui de Clichy-la-Garenne nous instruit et révèle les complications qui en résultent. Les pays du moyen-orient pratiquent en général un islam omnipotent, ostentatoire et généralement exclusif. Ces conditions de son entendement s’expriment donc naturellement par des pratiquants musulmans qui manquent parfois de distinction en manifestant leur volonté de reproduire les mêmes pratiques dans l’occident d’origine chrétien. Et là le bât blesse. Que se passe-t-il à Clichy ?

Le contexte.

A Clichy-la-Garenne, l’ancien maire Sébastien Pietrasanta (socialiste) avait acheté en 2010, un entrepôt en centre-ville qu’il avait loué pour deux ans à deux associations culturelles et cultuelles musulmanes (FEDAM/UNITE), avec le projet d’y construire ultérieurement, une mosquée. En attendant un lieu de prière était né, déjà appelé « la grande mosquée de Clichy » en prévision de ce qu’il devait devenir.

Juin 2015, nouvelles élections et changement de maire. Rémi Muzeau (Les Républicains, MODEM) suppléant de Patrick Balkany à l'Assemblée nationale est élu. Le nouveau maire ayant confirmé la création d’une mosquée en centre-ville (https://www.youtube.com/watch?v=nzeZ2sI5aMg&feature=youtu.be),

En mai 2016, Rémi Muzeau, inaugure une salle de prière, le centre cultuel et culturel de la rue des Trois-Pavillons, probablement avec l’idée de faire passer la pilule à venir.

Les musulmans de Clichy se trouvèrent gros-Jean comme devant, quand ils apprirent que finalement, le projet d’une médiathèque se substituait à celui de leur mosquée. La mairie proposant alors à l'Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC), un terrain à la périphérie de la ville.

Dépits, depuis huit mois les musulmans manifestent en priant dans les rues chaque semaine.

L’enjeu.

Le choix d’implanter une mosquée en plein centre-ville comme avant les églises dans les villages est lourd de sens. Ce symbole religieux et culturel, représentatif du poids de la communauté dans la ville, aurait pu voir le jour au nom de nos principes républicains. En effet, au nom de quoi une communauté ne pourrait-elle pas y vivre selon ses choix dès lors qu’ils ne s’opposent pas à la législation ? La réponse républicaine viendra avec le résultat des dernières élections locales. Les habitants ont décidé, en droit, de l’organisation de leur cité et de ne pas donner suite au projet de mosquée. Les musulmans à Clichy, bien que représentant 30% de la population, ne peuvent donc pas s’opposer aux élus et à la population qui ne souhaitent pas donner au centre-ville le caractère communautaire d’une population minoritaire encore.

A Clichy-la-Garenne et pas seulement bien sûr, on doit penser comme l’Angela Merkel de 2011 à propos des immigrés en Allemagne qui « doivent s'intégrer et adopter la culture et les valeurs allemandes... Celui qui n'accepte pas cela n'a pas sa place ici ». Les musulmans de Clichy l’entendent eux différemment.

Les tergiversations peu glorieuses du maire provoquent aujourd’hui des remous condamnables qui doivent embarrasser le préfet et, à n’en pas douter, le gouvernement. Paradoxalement, la mairie n’est pas irréprochable, mais pas condamnable, alors que les musulmans abusés n’ont aucun droit et critiquables pour leurs manifestations de rue. En effet, les textes sont clairs s’agissant de l’ordre public, et en leur défaveur.

Loi de 1905 Modifiée par Loi n° 96-142 du 21 février 1996 (V)

Article 1
La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public. Les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d'un culte, sont réglées en conformité de l'article L2212-2 du code général des collectivités territoriales

Article L2212-2 Modifié par LOI n°2014-1545 du 20 décembre 2014 

- art. 11 La police municipale a pour objet d'assurer le bon ordre,
la sûreté, la sécurité et la salubrité publique. Elle comprend notamment :
1° Tout ce qui intéresse la sûreté .......
2° Le soin de réprimer les atteintes à la tranquillité publique telles que les rixes et disputes accompagnées d'ameutements dans les rues, le tumulte excité dans les lieux d'assemblée publique, les attroupements, les bruits, les troubles de voisinage… et tous actes de nature à compromettre la tranquillité publique ;
3° Le maintien du bon ordre dans les endroits où il se fait de grands rassemblements d'hommes, tels que les foires, marchés, réjouissances et cérémonies publiques, spectacles, jeux, cafés, églises et autres lieux publics ;

On notera que la police municipale était absente. S’agissant d’un conflit entre la municipalité et ses administrés, c’est alors au Préfet de le gérer, d’où la présence de CRS. Si elle était intervenue elle aurait fait face aux CRS...

Ainsi la situation devient complètement ubuesque, le Préfet intervient pour « retenir » les élus dans leur droit, afin de « protéger » les musulmans qui prient en toute illégalité en l’occurrence, dans la rue. Une fois encore, la République est embarrassée avec ses français musulmans de plus en plus nombreux qui revendiquent l’édification de mosquées, dont les non musulmans ne veulent généralement pas devant chez eux. Résultat, des manifestations qui ne sont pas de nature à faciliter l’assimilation possible, des musulmans. Ici comme ailleurs en Europe, cette condition est pourtant nécessaire à leur intégration comme nous le disaient concomitamment et à l’unisson, le conseil de l’Europe, Merkel, Cameron et Sarkozy après le constat d’échec du multiculturalisme en 2011. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-multiculturalisme-est-il-une-187579

Cette limitation des lieux de culte rappelle une pratique très ancienne qui a prévalu en Europe pendant des siècles et notamment à VENISE au XVe s. Il s’agissait, pour contenir l’expansion de la communauté juive dans Venise, de limiter leur lieu d’habitation et de culte, au getto (origine de ghetto) nom du quartier des fonderies désaffectées à la périphérie de la ville. A Prague dans le même temps, un autre moyen avait été imaginé, le cimetière juif était circonscrit et devenait un autre moyen de limitation, etc.

Sans croire pour autant à la résurgence de cette pratique à Clichy, il reste que le nombre de leurs pratiquants musulmans est supérieur à la capacité des salles de prière, donc problème. Le Sénat mentionnait dans un rapport d’information en mars 2015 que « … les communautés musulmanes, bouddhistes, orthodoxes et protestantes évangéliques sont aujourd'hui en recherche de lieux de culte ». Les musulmans ne sont donc pas les seuls. Heureusement pour les Clichois, les « …bouddhistes, orthodoxes et protestantes évangéliques » n’ont pas encore décidé de prier dans les rues.

Tarik Ramadan, qui « …veut la visibilité de tous », c’est-à-dire la possibilité pour chacun quelle que soit sa religion de s’exprimer comme il l’entend en France, doit apprécier ces manifestations musulmanes publiques. Il nous dit aussi que « … les musulmans en France sont intégrés ». Constatons néanmoins quelques ratées dont l’expression est un obstacle plutôt que l’inverse. Là encore il pense que ce qu’il croit doit s’imposer au lieu d’écouter ce que les autres en disent. Ce n’est pas à celui qui s’invite de décréter son intégration mais à l’hôte d’en juger, où que ce soit.

Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, avait évoqué,le 15 juin 2015 sur Europe 1 « la possibilité de transformer en mosquée les églises désaffectées. » D’un point de vue religieux certains pourront y voir une idée à méditer ; prier le même Dieu dans un même Lieu… D’autant que le pas a déjà été franchi au début du XXe s. lorsque des églises furent attribuées aux protestants réformés et luthériens, chrétiens certes. Le concile de Clichy en 626 avait interdit la pratique de l’usure, celui de 2017 autoriserait-il la cession de ses églises ?

D’un point de vue culturel la marche est haute. L’abandon d’un symbole ancien identitaire, européen et chrétien au profit de l’islam ne semble pas encore envisageable. Les croisés, que nous aurions presque oubliés si les terroristes islamistes près de mille ans après ne nous en reparlaient pas régulièrement, se retourneraient dans leur tombe. Dalil Boubakeur utilise à dessein « la transformation » des églises, comme ce fut fait sur les territoires conquis par les musulmans ; voir les cathédrales gothiques de Chypre nord flanquées d’un minaret et nettoyées de toutes les représentations et figurations précédentes. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-immiscibilite-historique-des-189285

Accepterait-il d’y prier sans les transformer ?

Le partage des églises catholiques qu’il attend ne peut s’entendre que par la volonté et l’acceptation générale, certainement pas sous la contrainte. Les manifestations de Clichy pourraient plutôt compliquer les visées de Dalil Boubakeur.

 

La solution.

Ne serait-elle pas, comme le rappelait par ailleurs Éric Zemmour, dans la réactivation d’une pratique du XIXe s. lorsque la France a demandé aux juifs et aux protestants d’intégrer leurs lieux de culte dans les façades des immeubles et d’éviter le caractère ostentatoire de ces constructions afin d’en faciliter l’acceptation par tous ? Les nouvelles synagogues d’alors de style néo-classique se fondèrent dans le paysage parisien, sans volonté d’être vue davantage que les autres lieux de culte éparpillés par centaines dans la capitale. De fait, la tempérance de ces croyants et des constructions intégrées dans les alignements d’immeubles, a eu pour effet une remarquable assimilation. C’était « l’inter culturalisme », vœux pieux du Conseil de l’Europe, avant l’heure. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/apres-l-echec-du-multiculturalisme-187608.

L’Etat devrait s’inspirer de ces exemples en expliquant les bénéfices attendus pour tous, et proposer aux musulmans les mêmes mesures de discrétion tant dans l’inspiration architecturale des lieux de cultes que dans la pratique de leur dévotion. Les minarets sont des symboles que la majorité des clichois, comme bien d’autres français et européens n’est pas prête à voir fleurir ici et ailleurs. Et d’autant moins que ceux-ci leurs seraient imposés par des manifestations religieuses. Elles heurtent les principes laïques de la République qui ne doit pas être mise à l’épreuve par l’arrogance de quelques-uns - 29% des musulmans en France ? (*) - qui voudraient croire que leur desiderata à caractère religieux pourrait s’imposer à elle.

(*) http://www.institutmontaigne.org/publications/un-islam-francais-est-possible

Il ne faut pas y voir là pour autant la manifestation d’un ostracisme religieux, mais simplement la volonté d’une acceptation mesurée de l’islam, comme des autres religions exogènes en Europe. Les salles de prières et autres lieux de cultes pourraient ainsi s’épanouir en harmonie suivant en cela l’exemple les juifs et les protestants avant eux.

Ces points de vue révèlent qu’il n’y a pas vraiment un frein au développement d’une autre religion, mais une problématique dans les sociétés occidentales qui récusent la transformation culturelle induite par une nouvelle confession.

Les suisses (« populistes » ?) ont rejeté bruyamment la construction des minarets sur leur territoire comme d’autres pays (populistes ?) européens ; s’en sont suivi des vagues anti-islamiques.

Il serait bon que les français n’en arrivent pas là. Pour cela, la solution qui sera trouvée à Clichy-la-Garenne devra être acceptable pour tous et partout. Les contradicteurs devront donc mettre de l’eau dans leur vin.


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