Les Français confrontés aux principes de la République

par Marcel MONIN
samedi 12 décembre 2020

Les Français confrontés aux principes de la République

 

Dans toute société, on trouve deux catégories d’individus. Ceux qui sont attachés à des principes et ceux qui ont le souci de leurs intérêts, parmi lesquels… la tranquillité. Ce qui conduit à des attitudes opposées. Avec des conséquences variables selon les quantités des uns et des autres selon l'époque. 

Et sous ce rapport on ne devrait pas opposer les gouvernants et les gouvernés, qui, nécessairement appartiennent, selon la personnalité de chacun(e), à l’une des deux espèces.

Le traitement de la question du respect des principes de la République fournit une excellente illustration de la confrontation des actifs et des passifs.

 

Depuis quelques dizaines d’années, les tenants d’une certaine conception d’une religion, ont décidé de faire respecter leurs règles. Avec à la base le principe (le leur) que la loi religieuse (élaborée unilatéralement par un clergé) serait supérieure à la loi de l’Etat (élaborée par des représentants élus). Ils ont été actifs et ont été d’une remarquable efficacité. Ils ont en effet ont réussi à obtenir que les règles qu’ils ont élaborées, soient respectées par leurs fidèles et par ceux qui n’en sont pas. Et ce, même dans des espaces publics.

Les femmes sortiront voilées ; les hommes n’approcheront les femmes ni à la piscine, ni dans les hôpitaux ; la critique de la religion et de ses règles sera interdite, ainsi que les enseignements contraires au dogme.

Cela a marché grâce à la passivité des autres. Passivité... que les passifs "justifient" (évidemment) par le fait que les principes de la République devaient permettent que les principes contraires s’expriment (ce qui est une chose) puis cohabitent (ce qui en est une autre) avec les premiers. Passivité que les passifs "justifient" par leur acceptation que la critique des comportements contraires aux principes de la République, puisse tomber sous le coup de la loi pénale. Loi pénale arrêtée à cet effet par les passifs eux-mêmes.

Succès s’expliquant pour le reste par la peur de l’actif qui sait qu’il ne sera ni protégé, ni soutenu par les passifs (quand dans le contexte, les passifs sont ceux qui pèsent le plus lourd). 

Reprenons l’histoire récente pour illustrer le propos.

Un professeur montre des dessins à son auditoire.

Immédiatement, des collègues se désolidarisent : «  j’écris aujourd’hui ce message car j’éprouve le besoin de dire que je ne soutiens pas notre collègue… je refuse de me rendre complice par mon silence d’une situation dans laquelle je me trouve plongée malgré moi »

Le professeur est l’objet de menaces.

La demande de protection qui est formulée en sa faveur se perd dans les sables. Le professeur finit assassiné.

Belle dialectique du passif et de l’actif.

 

Après qu’il soit apparu que les autorités et services (sauf la principale) n’ont pas utilisé les instruments que la loi leur permettait d’utiliser, le président de la République et les ministres interviennent.

On ne les entend pas annoncer qu’ils remonteront les brettelles des passifs.

Ignorant les réalités humaines, ils rédigent un projet de loi… « confortant les principes de la République ».

Qu’y trouve-t-on ? Des mesures en direction des fonctionnaires et des élus pour les inviter à ne plus accepter de se plier aux revendications des islamistes politiques ? Rien de cela ! Des mesures pour permettre aux enseignants de dire ce qu’ils veulent et visant à ordonner à la hiérarchie qu’elle les soutiennent et les protègent ? Bah non ! Des modifications de la loi pour que les critiques des religions ne tombent ni directement (blasphème), ni indirectement (racisme) sous le coup de la loi pénale ? Que nenni !

On y trouve simplement des dispositions qui n’ajoutent rien aux dispositions existantes sinon qu’on demandera aux personnes potentiellement soupçonnées d’utiliser les lieux de culte, de loisirs et d’enseignement comme base d’entrainement des cerveaux, à déclarer qu’ils ne pensent pas à mal et qu’ils seront bien respectueux des principes de la République : « …. s’engage, par un contrat d’engagement républicain, à respecter les principes de liberté, d’égalité, notamment entre les femmes et les hommes, de fraternité, de respect de la dignité de la personne humaine et de sauvegarde de l’ordre public  » (sic).

Dispositions qui permettront aux passifs, par la faute desquels les principes de la République ont pu être bafoués, de le demeurer là où ils se trouvent.

 

Comble de la rigolade (si l’on peut utiliser un tel terme pour parler d’une situation grave pouvant devenir extrêmement grave)... 

Alors même que le projet de loi « confortant le respect des principes de la République », vient à peine d’être dévoilé, on apprend qu’une professeure de droit a dit dans son cours quelque chose qui a choqué certains « croyants ».

Ces derniers réagissent comme ils savent qu’ils peuvent le faire avec succès. En criant, comme c’est d’usage, à l’islamophobie et à l’antisémitisme.

L’universitaire commence à faire l’objet d’attaques relayées par les médias.

Il se trouve que les professeurs d’université disposent, avec l’indépendance dont ils jouissent, d’une entière liberté de penser et de s’exprimer. Le conseil constitutionnel a même (décision n° 83-165 du 20 janvier 1983) jugé qu’on était en présence d’un principe de valeur constitutionnelle.

Il se trouve par ailleurs ( loi de 1983 modifiée) que le fonctionnaire victime d’attaques (entre autres) : 1. est en droit d’être protégé ; 2/ a droit à réparation.

 

Et qu’observe-t-on ? Le président de l’université déclare à la presse que « si les propos sont avérés, ils seront fermement condamnés ».

Et qu’entend-on dire par les gouvernants qui viennent de déposer leur projet de loi sur le respect des principes de la République ?

 

Peut-être est-ce le moment de dire, même si l’on est pas croyant : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! »

 

Marcel-M. MONIN

constitutionnaliste


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