Les gilets jaunes

par Jean Dugenêt
mardi 22 octobre 2019

Dès les premiers mois de sa prise de fonction Emmanuel Macron et son gouvernement ont pris toutes une série de mesure pour enrichir les plus riches au détriment des plus pauvres :

Et, comme si cela ne suffisait pas, il ajoute quelques autres mesures impopulaires comme les onze vaccins obligatoires et la limitation de vitesse à 80 km/h.

Ajoutons la réforme de la SNCF et dans l’enseignement les réformes PacourSup et la sélection à l’entrée des universités, la suppression des postes de prof, la réforme des filières et du Bac, qui sera en grande partie en contrôle continu, la hausse du coût des études pour les étudiants étrangers.

Il n’y va pas de main morte. L’exaspération est à son comble, sa cote de popularité s’effondre mais rien ne semble pouvoir l’arrêter. L’ensemble de ces mesures se fait pourtant cruellement sentir dans les couches les plus pauvres de la population mais aussi dans les couches moyennes.

Il faudrait être bien inconscient ou complètement sourd dans ces conditions pour ne pas entendre la colère gronder.

Le 15 novembre 2018, nous avions envoyé le manuscrit de notre livre « De François Mitterrand à Jean-Luc Mélenchon » à la mise en page pour impression. Nous écrivions (p 182) :

 « Alors qu’adviendra‑t‑il demain ? Quel sera le résultat des mouvements de protestation qui s’annoncent dans peu de temps ? Faudra‑t‑il attendre 2022 pour voir arriver un nouveau président ? Une crise financière va‑t‑elle balayer l’euro puis l’Union Européenne ? Quelle étincelle pourrait mettre le feu aux poudres ? Nous ne le savons pas. Ne vous fiez pas au calme apparent. L’orage peut éclater. Nous entendons déjà la colère qui gronde. Souvenez‑vous que deux mois avant la grève générale de mai 1968 le journal « Le Monde » titrait « Quand la France s’ennuie ».

Deux jours plus tard, l’étincelle mettait le feu aux poudres. Ce fut l’augmentation des taxes sur les carburants (TICPE : Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques) qui déclencha le mouvement des gilets-jaunes. L’idée est lancée sur les réseaux sociaux de protester en arborant le gilet-jaune que tout automobiliste doit avoir dans son véhicule. Des appels à bloquer les routes sont lancés pour le 17 novembre avec un appel à manifester.

Ce sera l’acte 1 du mouvement. Des groupes de gilets jaunes s’organisent sur des ronds-points qui deviennent des lieux de rassemblement, de réunion et de convivialité. C’est aussi là que se font les blocages qui sont le plus souvent filtrants. Les automobilistes sont le plus souvent invités à manifester leur solidarité en plaçant leur gilet-jaune sur leur pare-brise. Le mouvement est d’emblée très populaire. Il répond à l’exaspération de la population en réaction à la politique de Macron. Les gilets-jaunes ont d’ailleurs le constant désir d’entretenir cette popularité.

Un premier leader apparaît. C’est Priscilla Ludovsky qui est à l’initiative d’une pétition pour la baisse des prix du carburant lancée dès mai 2018. Son texte a dépassé le million de signatures. Elle anticipe dans ce texte sur tous les arguments qui pourraient être avancés en faveur de l’augmentation. Elle énumère des pistes dans lesquelles elle s’attache à ne pas opposer écologie et pouvoir d’achat. Elle propose une suppression progressive des véhicules diesel par les constructeurs tout en demandant des offres de reprises adaptées et la participation des entreprises dans cette transition. Dès le deuxième acte prévu pour le 24 novembre 2018, elle apparaît sur LCI et BFM-TV. Les journalistes essaient de lui faire avaliser la décision prise par le pouvoir de cantonner la manifestation au Champ de Mars. Elle ne se laisse pas piéger et répond avec beaucoup de calme  :

« Non elle n’aura pas lieu à cet endroit-là. Je ne sais pas d’où vient cette information mais ce n’est absolument pas le cas et un communiqué sera fait demain pour signifier le programme de la manifestation ». Le journaliste veut en savoir plus. Elle ajoute « Alors ce sera certainement autour de l’Elysée (…) C’est symbolique. Ça représente l’Etat (…) ».

Le journaliste semble s’inquiéter :

« Vous avez conscience, puisque l’Etat et la place Beauvau vous prévient depuis plusieurs jours, que place de la Concorde ou autour de l’Elysée vous n’aurez aucune autorisation ».

Elle ne se départit pas de son calme et affichant toujours son petit sourire elle répond « Oui… » et elle continue à argumenter. Dès lors, il est clair que le mouvement des gilets jaunes sort du conformisme auquel nous ont habitué les syndicats. Il n’est plus question de respecter l’ordre bourgeois mais au contraire de le braver puisqu’il s’agit d’exprimer un ras-le-bol de cette politique ultra-réactionnaire.

Ce n’est déjà plus un simple mouvement revendicatif comme ceux qui ont eu lieu entre 1995 et 2010. C’est un mouvement insurrectionnel qui porte en lui dès le départ comme mot d’ordre « Macron démission » et « Macron destitution ». Il s’agit d’exprimer une révolte contre ceux qui ont méprisé le peuple avec l’ensemble des mesures que nous venons de rappeler. Les gilets-jaunes n’attendent plus qu’une chose de Macron : qu’il s’en aille ! Nous disons que c’est un mouvement insurrectionnel puisqu’il se distingue, dans cette façon de poser d’emblée la question du pouvoir, des mouvements revendicatifs. Cependant nous ne nous laissons pas aller, comme d’autres l’ont fait, à parler d’insurrection. Nous en sommes loin. Quoiqu’en matière de lutte des classes de grandes distances sont parfois parcourues en peu de temps. Cependant, une insurrection est un changement de pouvoir. C’est le point ultime d’une révolution. Le moment où, après une situation de double pouvoir, le pouvoir révolutionnaire chasse l’ancien pouvoir. Or, nous n’avons nullement actuellement cette situation de double pouvoir et nous ne la voyons même pas s’esquisser. A l’instar de Trotsky nous disons que la grève générale est « la première étape de la révolution » tandis qu’il faut considérer l’insurrection comme la dernière étape.

Ce mouvement inattendu effraie le pouvoir mais il prend aussi au dépourvu les leaders habituels du mouvement ouvrier et toute la classe politique jusqu’aux organisations dîtes « d’extrême gauche ». Castaner, le ministre de l’intérieur, qualifie les gilets jaunes de « mobilisation de l’ultra-droite » ayant répondu à « l’appel de Marine Lepen ». Tous ceux qui dérangent le pouvoir seraient « d'extrême-droite ». Où faut-il donc situer les milliardaires qui veulent toujours davantage de richesses ? Ils avaient fait le coup pour les militants de l’UPR qualifiés de « complotistes d’extrême-droite » maintenant ce sont les gilets jaunes. Castaner, et les milliardaires pour lesquels il travaille, pensent ainsi décrédibiliser les gilets-jaunes. Il ferait mieux de les écouter :

« Oui, c'est avec vos milliards qu'il faut payer la transition écologique et tout le reste... Tremblez et ne croyez pas que c'est avec vos insultes que vous allez nous écraser. Il faudra bien les sortir vos milliards. Vous nous les avez volés ne serait-ce qu'en nous faisant payer des impôts alors que vous n'en payez pas. Ah ! ce n'est pas du vol ! C'est de l'optimisation fiscale ! Eh bien maintenant il est temps de décréter l'optimisation fiscale pour les pauvres et faire payer les riches ! ».

« Qu’ils viennent me chercher ! » a dit Macron et les manifestants répondent « Fais gaffe Macron : on arrive ! » Et chacun y va avec des petites phrases qui expriment si bien leur état d’esprit : « Qui sème la misère récolte la colère », « Qui sème le mépris récolte la furie » « Gilets jaunes, Colère noire », « Attends Manu, j’traverse la rue », « Macron démission. C’est la Révolution »…

Un ami un peu poète à ses heures perdues, s’est rendu sur les ronds-points. Il nous fait part de ses impressions :

« Les amis(es) surtout ne souriez pas... Il y a dans le mouvement "gilets jaunes" l'esprit d'une crue... y compris poétique.

Aujourd'hui en province (Ardèche) et pour quelques jours, après avoir passé plusieurs barrages filtrants en tant qu'automobiliste pressé je suis allé sur différents carrefours de filtrage des "gilets-jaunes", il se passe quelque chose de très important et de très beau, une poétique du ras-le-bol avec beaucoup de lucidité et de générosité.

Sans doute comme partout, vous y croiserez peut-être (mais minoritairement) des caricatures populistes voire même nationalistes mais il y a tant d'autres choses... Elles rappellent ce qu'on pouvait espérer sans plus y croire mais qui soudain surgit dans cette beauté de la joie de se retrouver et de reconstruire ensemble une cohésion sociale, une fraternité, dans des termes de luttes de classe empreints de la seule radicalité d'une authentique justice sociale criée par le peuple des "effacés", le tout, selon une éthique libertaire. Ne parlons plus du peuple "invisible" mais des invisibilisés qui se relèvent et surgissent dans leur « redevenir peuple ».

SVP Ne manquez pas d'aller humblement sans obligation aucune de porter un gilet, aller voir et écouter...c'est trop important et si fragile à la fois.... Car devant cette crue de ras-le-bol et d'espoir mêlés, le pouvoir ne laissera sans doute pas faire très longtemps...

Je témoigne de ces moments passés en France profonde depuis quelques heures. Ne souriez pas par dédain, ne prenez pas le risque de vous fondre dans la cohorte des "bien-pensants" dogmatiques et serviles. Saisissez la chance de retrouver un peu d'espoir de fraternité, solidarité qui remontent des profondeurs humaines après avoir traversé les miasmes et toutes les séquelles, traumatismes de décennies de soumission à tous ces cortèges de manifestations encadrées et nassées.

Aux poètes, aux artistes et à toutes celles, ceux repliés dans leur "Privacy in progress", derrière leur "burn out" plongez plumes, pinceaux et concepts dans l'encrier d'un instant de l'histoire qui nous ranime, nous redonne l'intelligence du vivant avant le meilleur ou peut-être le tragique. »

 Mais cet avis n’est pas partagé par tout le monde. Evidemment ce mouvement inquiète les puissants mais il en dérange beaucoup d’autres et les critiques sont faciles car il est toujours possible de trouver ici ou là comme vient de le dire notre ami « des caricatures populistes voire même nationalistes » car cela est inévitable dès lors qu’une mobilisation populaire brasse une grande variété de mécontents. Cela a été observé de longue date notamment par Lénine qui écrivait en 1916 dans un texte intitulé « Bilan sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes »  :

« Quiconque attend une révolution sociale “pure” ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution. (…) La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l'explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans cette participation, la lutte de masse n'est pas possible, aucune révolution n'est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais, objectivement, ils s'attaqueront au capital, et l'avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d'une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l'unir et l'orienter, conquérir le pouvoir, s'emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d'autres mesures dictatoriales dont l'ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne "s'épurera" pas d'emblée, tant s'en faut, des scories petites-bourgeoises. »

Le mouvement des gilets-jaunes inévitablement, lui aussi brasse « des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés » qui parfois viennent avec « leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. » et le rôle de l’avant-garde consciente n’est pas plus aujourd’hui qu’hier de les repousser. Il est d’exprimer qu’objectivement ils s’attaquent tous au capital et il revient à l’avant-garde d’unifier cette « lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité » pour l’orienter vers la conquête du pouvoir.

Osons être plus précis que ne l’est Lénine dans cette citation à propos des préjugés et des fantaisies réactionnaires qui ont pu se manifester dans de telles manifestations. Nous savons par exemple qu’il y avait beaucoup de préjugés antisémites à cette époque en Russie et il est fort possible, qu’ici comme ailleurs, les juifs aient été désignés par moment comme les boucs émissaires de quelques désastres. Nous savons aussi que les femmes avaient souvent à souffrir de violences conjugales dans une société où les châtiments corporels étaient encore fréquents dans l’armée et aussi dans les exploitations agricoles. Les préjugés machistes se sont probablement exprimés y compris le 8 mars 1917 à Saint-Pétersbourg quand les femmes ont lancé le premier assaut de la révolution en manifestant. Elles réclamaient du pain et le retour de leurs maris partis sur le front. De nos jours, il est certain que des préjugés anti-migrants ont pu s’exprimer. Ils ne sont pas seulement le fait de la propagande du FN-RN mais ils relèvent aussi de la responsabilité de ceux qui ont créé les camps de rétention ou qui ont exprimé tant de réticences à « accueillir toute la misère du monde » et passons sur toutes les autres couardises.

Mais ces quelques manifestations anecdotiques ou périphériques ont été amplifiées par les nombreux adversaires du mouvement. La fameuse affaire du camion-citerne où s’étaient cachés 6 migrants a connu ainsi une énorme publicité et tous les articles y sont allés d’un « ils livrent » ou « ils dénoncent » pour accuser les gilets jaunes mais, apparemment, nous sommes les seuls à avoir informé que les migrants étaient en situation de grand danger dans la citerne et qu’ils demandaient à être secourus. Ils manifestaient de leur mieux leur présence en tapant dans la citerne. Que fallait-il faire ? Fallait-il envisager, au vu et au su de tous, une solution illégale ? Nous pourrons en discuter en envisageant toutes les possibilités et en introduisant des nuances quand chacun aura rétabli cette vérité et quand ceux qui critiquent nous aurons expliqué ce qu’ils font pour venir en aide à tous les nombreux migrants qui se trouvent dans des situations analogues. (Voir sur Agora Vox notre article : « Dans l’affaire du camion-citerne, les gilets-jaunes ont-ils dénoncé des migrants ou leur ont-ils porté secours ?  ») Nous serions curieux de savoir quelle position sur les « centres de rétention », défendent ceux qui critiquent ainsi les gilets jaunes.

Dans le même style de ragots malveillants et de calomnies contre les gilets jaunes nous avons mille fois entendu dire que des gilets jaunes auraient arraché des voiles de musulmanes sans que ne soient jamais précisé ni le lieu ni la date de l’agression pas plus que l’identité des protagonistes.

Malgré toute la haine déployée contre le mouvement, il n’a cessé de monter en puissance sur la période de fin novembre et début décembre et il a placé le pays au seuil d’une crise révolutionnaire. Tous les éléments d’une telle crise étaient réunis : la division au sommet de l’Etat, l’exaspération et la mobilisation des masses, le soutien écrasant de la population y compris de la petite-bourgeoisie.

L’extraordinaire endurance du mouvement – malgré les manœuvres, les calomnies, la répression policière et judiciaire – marque le réveil politique des couches les plus profondes de la société, qui en général ne participaient pas aux journées d’action syndicales. La présence massive des femmes, dans ce mouvement, est le signe sûr de sa profondeur. Il marque une rupture irréversible dans le cours de la vie sociale et politique. La succession ininterrompue de samedis jaunes, pendant plus de onze mois, est un fait sans précédent qui déstabilise le régime. Mais celui-ci ne reculera pas face à des manifestations hebdomadaires. Il ne peut pas reculer. Il doit appliquer les directives européennes, les GOPE avec notamment la réforme des retraites.

Pourtant, en novembre 2018, le mouvement des Gilets jaunes a ébranlé le pouvoir, l’obligeant à renoncer à l’augmentation de l’écotaxe prévue pour janvier 2019, puis à faire quelques autres concessions mineures (CSG sur les petites retraites et « prime d’activité »). C’est peu, en termes de concessions réelles, mais c’est bien plus que le résultat – absolument nul – des dizaines de journées d’action syndicale organisées depuis 2010. Surtout, la panique a régné au sommet de l’Etat, en décembre. Il faut comparer cette ambiance à la célèbre fanfaronnade de Sarkozy : « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit. »

Cependant, le pouvoir semble avoir, pour un temps, repris la main au prix d’une énorme vague de répression qui n’a été possible, une fois de plus que parce que les directions du mouvement ouvrier et tout particulièrement les directions des centrales syndicales l’ont bien voulu. Encore une fois, elles ont trahi l’aspiration des masses populaires à l’unité. Car, encore une fois, la convergence des luttes débouchant sur la grève générale était possible. Elle était souhaitée pas les millions de travailleurs.

La trahison des directions s’est clairement exprimée le 6 décembre 2018, au plus fort de la première phase du mouvement. Le matin même 151 lycéens de Mantes-La-Jolie avaient été contraints par les forces de répression de se tenir à genou mains sur la tête ou mains entravées. Ces images, rappelant les plus sombres moments de notre histoire, ont fait le tour du monde et ont jeté la consternation. Quelle réponse les organisations syndicales allaient elles donner à cette ignominie qui venait s’ajouter à la brutale répression des gilets jaunes ? Voici le communiqué commun des organisations syndicales.

"Les organisations syndicales CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, et FSU se sont retrouvées ce jeudi 6 Décembre pour échanger sur l'actualité sociale. 

Elles rappellent que, depuis des mois, face aux inégalités sociales et territoriales, elles ont réclamé des politiques publiques permettant de la justice sociale. Elles rappellent aussi que, depuis des mois, elles ont appelé le gouvernement à les écouter à travers un véritable dialogue social.

Aujourd'hui, dans un climat très dégradé, la mobilisation des gilets jaunes a permis l'expression d'une colère légitime. Le gouvernement, avec beaucoup de retard, a enfin ouvert les portes du dialogue.

Nos organisations s'y engageront, chacune avec ses propres revendications et propositions, en commun chaque fois que cela sera possible. Les sujets du pouvoir d'achat, des salaires, du logement, des transports, de la présence et de l'accessibilité des services publics, de la fiscalité doivent trouver enfin des débouchés concrets, créant les conditions sociales d'une transition écologique efficace parce que juste.

Le dialogue et l'écoute doivent retrouver leur place dans notre pays. C'est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l'expression des revendications.

La CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l'UNSA, la FSU appellent le gouvernement à garantir enfin de réelles négociations. Cela suppose qu'elles soient larges, ouvertes et transparentes, au niveau national comme dans les territoires."

Ainsi, les syndicats dénoncent la « violence » des manifestations des gilets jaunes comme des lycéens mais pas de la police.. Ils disent : « nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l'expression des revendications. »

La faute de cette irruption des gilets jaunes et des lycéens viendrait du fait que le gouvernement n’a pas suffisamment « écoutés à travers un véritable dialogue social  » les dirigeants des syndicats. Or, le « dialogue social » c’est justement l’outil de l’Union Européenne pour tenir en main les syndicats et bloquer leurs actions revendicatives en obligeant les dirigeants à accepter un contrat qui les lie au gouvernement.

Car tous les principaux syndicats (CGT, FO, CFDT, CFCT, UNSA) font partie d’un consortium appelé CES : Confédération Européenne des Syndicats. Cette confédération soutient l’Euro, la loi travail, la loi Macron… et elle est financée par la Commission Européenne. Il semblerait que la CES toucherait 70% de son budget de l'Union Européenne même si ces informations résident dans une opacité totale. La France est le pays d’Europe qui a le plus grand nombre de permanents syndicaux au regard du nombre de syndiqués. C’est dire que l’essentiel de leur salaire ne vient pas des cotisations. Comment peut-on espérer que les dirigeants syndicaux prennent l’initiative d’engager un combat contre ceux qui les paient ? En fait leurs patrons exigent qu’ils se lient les mains dans le « dialogue social » avec les entreprises. C’est bien dans cette logique que les syndicats n’ont rien trouvé d’autre à sortir comme communiqué commun, au moment où, de toute part, les travailleurs attendaient un appel à la mobilisation contre Macron pour appuyer le mouvement des gilets jaunes. Leur seule réponse est un appel à la négociation, au dialogue social. Les syndiqués, les travailleurs doivent exiger au contraire qu’ils rompent avec le « dialogue social ». Ce communiqué a provoqué l’indignation des militants de la CGT qui, sur le terrain, s’efforçaient d’intervenir dans le mouvement des gilets jaunes.

Cette attitude des directions syndicales a jeté la consternation non seulement chez les gilets jaunes mais aussi chez tous ceux qui les soutenaient et ils étaient alors très nombreux : peut-être plus de 80% de la population. La CGT à elle seule pouvait faire basculer la situation. Un appel à une grève générale ne serait-ce que de 24 heures aurait pu être le point de départ d’une mobilisation qui n’aurait pas pu s’arrêter sans arracher une victoire décisive.

L’attitude des gilets jaunes à l’égard des syndicats évolue elle aussi au fil des événements. C’est essentiellement la convergence des luttes qui est cherchée par tous. C’est encore et toujours aux cris de « Tous ensemble » que les gilets jaunes manifestent. Le 14 décembre plusieurs initiatives sont allées dans ce sens, alors que les jeunes lycéens se joignaient au mouvement avec leurs propres revendications, plusieurs instances syndicales appelaient à la grève. Vous pouvez lire à ce sujet plusieurs articles sur le web notamment ceux-ci :

La nécessaire convergence des luttes pour aller vers la grève générale était alors l’objectif de tous les militants à la recherche d’une issue victorieuse mais une fois de plus les directions syndicales ont fait obstacle à la mobilisation.

Cependant, déjouant les pronostics des réactionnaires et malgré la répression, les gilets jaunes ne désarment pas et continuent à bénéficier d’un puissant soutien populaire voire même d’un soutien international puisque ce qui se passe en France est très suivi à l’étranger et n’est pas sans incidences au plan international. Ce ne sont plus seulement les partis ouvrier-bourgeois qui sont ébranlés par ce mouvement mais aussi, et peut être davantage, les centrales syndicales. Lors de l’acte 9 du mouvement des gilets jaunes, le samedi 12 janvier 2019, on a pu voir dans les cortèges de nombreux gilets rouges ou oranges. Personne ne s’y trompe : il s’agit de militants qui veulent montrer leur appartenance à la CGT ou plus simplement au mouvement ouvrier et qui regrettent que les centrales syndicales ne s’engagent pas dans ce mouvement. Si les drapeaux rouges restent très rares, ils ont cependant fait aussi leur apparition et le drapeau de l’UE est unanimement traité comme il convient (voir sur YouTube les vidéos « acte 8 : les gilets jaunes brulent le drapeau de l’UE » et « Gilets jaunes acte 9 : Drapeau de l’UE paillasson ».)

Cet énorme décalage entre la combativité des gilets jaunes et la volonté des directions syndicales de bloquer le mouvement si elles ne sont pas en mesure de le canaliser vers une impasse est sans doute ce qui caractérise essentiellement la période actuelle. Beaucoup de militants syndicaux le comprennent. Mais cette contradiction ne peut pas être levée sur la base d’un simple appel à la grève générale comme celui qui a été lancé plus tard.

Voici l’appel lancé à Montreuil le 17 janvier 2019 pour la journée du 5 février :

 « La CGT appelle à tenir des assemblées générales, sur tous les lieux de travail et dans tous les secteurs professionnels, pour réussir la grève et les manifestations le mardi 5 février 2019 et débattre des suites à construire dans la durée ».

C’est ce que les gilets jaunes attendaient. Des appels à la grève et à la manifestation sont lancés par un ensemble disparate d’associations : Attac et la fondation Copernic, le collectif La Vérité pour Adama, Générations, le groupe parlementaire de La France insoumise, le NPA, le Parti de gauche, Solidaires ou la CGT Paris, et s’y associaient des éléments de Force ouvrière, de la FSU ou des lycéens de la FIDL et de l’UNL.

François Boulo, l’un des leaders des gilets jaunes lance alors, sur les réseaux sociaux, un appel à la grève générale reconductible. Nous avons critiqué cette initiative dans notre précédent article intitulé « Que faire ? ». Il nous semble irréaliste de chercher à s’imposer à la tête du mouvement ouvrier en lieu et place des directions traditionnelles. Ce n’est pas ainsi qu’une direction révolutionnaire peut émerger. Il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités. Il s’agit typiquement d’une dérive « gauchiste » qui montre une impatience face à la difficulté des tâches à accomplir pour faire émerger une avant-garde.

 La mobilisation a été relativement importante. Il y a sans doute eu près de 300 000 manifestants dans toute la France. C’est le chiffre avancé par la CGT. Les principaux représentants des gilets jaunes voulaient en faire le point de départ d’une grève générale illimitée mais ce n’était pas du tout la perspective de la CGT qui n’a d’ailleurs pas lancé partout le même appel qu’à Montreuil. Cet appel à la grève a été relayé par des structures et des militants syndicaux. Mais il n’a pas été suivi d’effet. La passivité des directions confédérales a été un obstacle trop fort. Dans les entreprises, les travailleurs ne se lancent pas à la légère dans un mouvement de cette nature surtout s’ils constatent que les directions confédérales s’y opposent. Par exemple, les différentes catégories de travailleurs qui, ces dernières années, se sont engagées dans la grève reconductible (dockers, salariés des raffineries, cheminots…) ont en mémoire l’échec de leurs mouvements, qui ne s’était pas étendu à d’autres secteurs du salariat. Ils ne sont pas disposés à repartir dans un mouvement dur s’ils n’ont pas de garantie qu’il s’étendra à d’autres catégories de travailleurs. C’est donc encore une fois ici la responsabilité des directions syndicales d’avoir bloqué la grève.

Depuis le mouvement s’est un peu structuré avec les assemblées des assemblées et aussi l’émergence de quelques leaders reconnus par tous. Les figures les plus connues sont : François Boulo, Éric Drouet, Priscillia Ludosky, Maxime Nicolle, et Jérôme Rodrigues. Ils invitent parfois dans des assemblées des intellectuels comme Juan Branco, Etienne Chouard ou Philippe Pascot qui apportent un éclairage que les gilets jaunes jugent pertinent. Ces gilets jaunes laissent le gouvernement et les milliardaires dans l’embarras parce qu’ils ne jouent pas au même jeu que les dirigeants syndicaux qui courent toujours après la concertation sociale. Un mouvement de protestation est à peine entamé qu’ils se précipitent chez les patrons pour se proposer comme interlocuteurs prêts à négocier. A l’opposé les leaders des gilets jaunes se méfient de tout contact avec l’ennemi de classe et évitent tout ce qui pourrait apparaître comme des compromissions. Cela affole et désempare leurs adversaires. Nous ne doutons pas que les leaders des gilets jaunes subissent d’énormes pressions. Il est certain que le gouvernement fait tout pour les corrompre et il est possible que dans certains cas il y arrive. Mais, nous l’avons vu avec Ingrid Levavasseur, quand il y parvient le leader en question se trouve immédiatement grillé auprès des gilets jaunes. Son autorité de représentant s’effondre. Certes, dans tout ce que disent ces leaders, bien des choses sont critiquables mais il ne faut pas leur reprocher de ne pas être capables de se sauter par-dessus la tête. Il est impossible qu’il en soit autrement pour ses jeunes militants inexpérimentés, qui ne connaissent souvent rien de l’héritage du mouvement ouvrier et qui se sont soudainement trouvés propulsés à la tête de ce mouvement. Le cran dont ils font preuve pour ne pas trahir impose le respect. Ce sont des militants de cette trempe qui seront les révolutionnaires de demain. Il faudra leur donner les outils d’analyse des marxistes et les organiser dans un parti qui reste à construire pour faire la révolution. Les grossières insultes lancées contre eux condamnent ceux qui les profèrent notamment quand il est question du passé politique de l’un ou de l’autre. Nous n’avons pas l’intention de faire des enquêtes sur leur passé. Nous n’avons aucune raison de chercher chez eux des zones d’ombres. Peu nous importe de savoir pour qui ils ont voté à telle ou telle occasion. Les représentants des gilets jaunes avec leurs forces et leurs faiblesses sont remarquables par leur détermination et leur défiance radicale à l’égard du régime. Ils ne se soumettent pas aux limites de la légalité comme les bureaucrates des syndicats alors que, bien évidemment, le gouvernement veut toujours imposer des limites plus contraignantes.

L’émergence de ces leaders est une première forme de structuration sans doute d’ailleurs d’autant plus forte qu’ils ne prétendent jamais être des représentants puisqu’ils n’ont pas été élus. C’est par leur participation au mouvement dans les réseaux sociaux et dans les rassemblements qu’ils sont reconnus comme des leaders et confirmés dans ce rôle par leur fidélité aux principes qui ressortent des assemblées et notamment des assemblées des assemblées

La solution qui est apparue la meilleure, parce que la plus démocratique, pour structurer le mouvement est en effet celle des assemblées des assemblées. Des assemblées locales élisent des délégations pour l’assemblée nationale. Il y en a eu trois :

Une quatrième assemblée des assemblées est prévue au début du mois de novembre à Montpellier.

Au cours de ces journées, les gilets jaunes ont toujours affirmé leur volonté de rester indépendants à l’égard des partis politiques. Il faudrait cependant être bien naïf pour penser que les options de divers partis ne se sont pas affirmées au cours des débats que ce soit en toute clarté ou que ce soit de manière opaque voire insidieuse.

Nous avons la certitude qu’il y a eu des tentatives de récupération de la part d’au moins un parti politique. Dans une vidéo de YouTube intitulée « Priscilla Ludovski fatiguée par les approches de la France Insoumise » on peut entendre Priscilla Ludovski (PL) interviewée par Aude Lancelin (AL)

« - (PL). (…) des tentatives de récupération fatigantes. Ils sont là depuis le début du mouvement. Les politiques, ils sont très, très, très tenaces.

  • (AL) Par exemple ?
  • (PL) Eh bien… Au départ, dès le début de ma médiatisation, en tous cas, octobre, novembre (2018), j’ai été beaucoup approchée par les plus grands partis dont un qui est très actif et qui tente encore jusqu’à la semaine dernière. Mais c’est hallucinant ! Ils viennent me voir en manifestation. Je ne sais quel est… Si, on sait quel est leur but. Mais, je veux dire. Quand c’est rejeté et que c’est déjà dit et redit, c’est assez fatigant de voir qu’il ne lâche pas l’affaire.
  • (AL) Vous pensez à qui ?
  •  (PL) A la France Insoumise par exemple. Ils sont assez, assez, assez tenaces. Oui ! Mais bon… »

Sur la même vidéo, on voit Eric Drouet (ED) interviewé par un journaliste (J1) lors d’une émission « Les grandes gueules »

« (ED) Il y a eu Jean-Luc Mélenchon. Il y a eu du Front National. Il y a eu de tout.

  • (J1) On est venu vous voir en disant : « Eric, Rejoins-nous ? »
  • (ED) Ah ! Oui. Eh bien, c’est arrivé plusieurs fois. Oui.
  •  (J1) Et vous dîtes quoi à chaque fois ?
  • (ED) Toujours « Non ». C’est un mouvement qui est apartisan donc on est là pour faire avancer les choses d’un autre côté. On n’est pas là pour mettre une politique plus qu’une autre en avant ».

Interrogé le lendemain sur France Inter par un autre journaliste (J2), Alexis Corbière (AC) de la FI s’exprime sur cette question.

« - (J2) Eric Drouet l’a dit hier : il a eu des propositions politiques nombreuses.

- (AC) Eric Drouet a bien raison de dire que lui il veut garder les gilets jaunes dans sa pluralité et qu’il n’est pas là pour se faire débaucher par des forces politiques. Nous n’avons jamais proposé ça. »

Que croire ? Qui croire ? Passons sur cette question pour essayer de nous centrer sur l’essentiel. Dès la première assemblée, il est apparu que tous les discours sur les positions racistes ou anti-migrants des gilets jaunes n’était qu’un vaste tissu de calomnies. Tous ces discours avaient été tellement rabâchés que bien des gilets jaunes avaient fini par penser, qu’ailleurs que chez eux, il devait bien y avoir effectivement des gilets jaunes racistes et anti-migrants. Bien des délégués de Commercy se préparaient à monter au créneau pour expliquer, qu’en ce qui les concerne, ils étaient mandatés pour expliquer que, chez eux, les gilets jaunes rejetaient toute position allant dans ce sens. Ils furent parfois bien surpris de constater que leurs interventions étaient saluées par des applaudissements et qu’ils n’avaient nullement à essuyer des critiques ni même à devoir s’expliquer. Il fallut bien admettre l’évidence : aucune délégation ne manifestait des positions de ce genre.

Au fil des trois assemblées des assemblées de nombreux sujets ont été discutés. Nous reviendrons sur quelques-uns comme le RIC, le Frexit, les élections européennes… Pour donner l’essentiel de ce qui est ressorti de leurs débats, nous reproduisons ci-dessous le communiqué de la deuxième assemblée des assemblées.

Les gilets-jaunes s’inscrivent dans le mouvement ouvrier tant par leur composition sociale que par leurs objectifs. Les rassemblements des ronds-points et les manifestations regroupent assurément les couches les plus exploitées et les plus opprimées de la population avec l’appui d’intellectuels. Les objectifs des gilets jaunes sont clairement ceux du mouvement ouvrier puisqu’ils affirment qu’il « faudra sortir du capitalisme ». Ils le font d’ailleurs tout en exprimant leur méfiance à l’égard des directions traditionnelles du mouvement ouvrier quand ils affirment leur « indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales ». Ils se méfient d’ailleurs de tous les professionnels du syndicalisme et de la politique accusés de fort bien vivre de leurs fonctions et de se préoccuper plus du maintien de leurs avantages que de la défense de leurs concitoyens, voire même de celle de leurs adhérents. Toutes les autres revendications des gilets jaunes sont aussi celles du mouvement ouvrier notamment quand ils affirment :

"Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux ; ainsi que des services publics pour toutes et tous. Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté."

 

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Communiqué de la deuxième assemblée des assemblées des gilets jaunes.

 

Nous Gilets jaunes, constitués en assemblées locales, réunis à Saint-Nazaire, les 5, 6 et 7 avril 2019, nous adressons au peuple dans son ensemble.

À la suite de la première assemblée de Commercy, environ 200 délégations présentes poursuivent leur combat contre l’extrémisme libéral, pour la liberté, l’égalité et la fraternité.

Malgré l’escalade répressive du gouvernement, l’accumulation de lois qui aggravent pour tous les conditions de vie, qui détruisent les droits et libertés, la mobilisation s’enracine pour changer le système incarné par Macron.

Pour seule réponse au mouvement incarné par les Gilets jaunes et autres mouvements de lutte, le gouvernement panique et oppose une dérive autoritaire.

Depuis cinq mois partout en France, sur les ronds-points, les parkings, les places, les péages, dans les manifestations et au sein de nos assemblées, nous continuons à débattre et à nous battre, contre toutes les formes d’inégalité et d’injustice et pour la solidarité et la dignité.

Nous revendiquons l’augmentation générale des salaires, des retraites et des minima sociaux ; ainsi que des services publics pour toutes et tous.

Nos solidarités en lutte vont tout particulièrement aux neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté.

Conscients de l’urgence environnementale, nous affirmons : “fin du monde, fin du mois, même logique, même combat.”

Face à la mascarade des grands débats, face à un gouvernement non représentatif au service d’une minorité privilégiée, nous mettons en place les nouvelles formes d’une démocratie directe.

Concrètement, nous reconnaissons que l’assemblée des assemblées peut recevoir des propositions des assemblées locales, et émettre des orientations comme l’a fait la première assemblée des assemblées de Commercy. Ces orientations sont ensuite systématiquement soumises aux groupes locaux.

L’Assemblée des assemblées réaffirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales et ne reconnaît aucun leader autoproclamé.

Pendant trois jours, en assemblée plénière et par groupes thématiques, nous avons tous débattu et élaboré des propositions pour nos revendications, actions, moyens de communication et de coordination.

Nous nous inscrivons dans la durée et décidons d’organiser une prochaine assemblée des assemblées en juin.

Afin de renforcer le rapport de forces, de mettre les citoyens en ordre de bataille contre ce système, l’Assemblée des assemblées appelle à des actions dont le calendrier sera prochainement diffusé par le biais d’une plateforme numérique.

L’Assemblée des assemblées appelle à élargir et renforcer les assemblées citoyennes souveraines et à en créer de nouvelles.

Nous appelons l’ensemble des Gilets jaunes à diffuser cet appel et les conclusions des travaux de notre assemblée.

Les résultats des travaux réalisés en plénière vont alimenter les actions et les réflexions des assemblées.

Nous lançons plusieurs appels : sur les européennes, les assemblées citoyennes populaires locales, contre la répression et pour l’annulation des peines des prisonniers et condamnés du mouvement.

Il nous semble nécessaire de prendre un temps de trois semaines pour mobiliser l’ensemble des Gilets jaunes et convaincre celles et ceux qui ne le sont pas encore. Nous appelons à une semaine jaune d’action à partir du 1er mai.

Nous invitons toutes les personnes voulant mettre fin à l’accaparement du Vivant à assumer une conflictualité avec le système actuel, pour créer ensemble, par tous les moyens nécessaires, un nouveau mouvement social écologique populaire.

La multiplication des luttes actuelles nous appelle à rechercher l’unité d’action.

Nous appelons à tous les échelons du territoire à combattre collectivement pour obtenir la satisfaction de nos revendications sociales, fiscales, écologiques et démocratiques.

Conscients que nous avons à combattre un système global, nous considérons qu’il faudra sortir du capitalisme.

Ainsi nous construirons collectivement le fameux « toutes et tous ensemble » que nous scandons et qui rend tout possible. Nous construisons toutes et tous ensemble à tous les niveaux du territoire.

Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Ne nous regardez pas, rejoignez-nous !

 

L’assemblée des assemblées des Gilets Jaunes

 


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