Les « Gilets jaunes », la « lettre de Macron » : Le dialogue n’aura pas lieu

par Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR)
jeudi 17 janvier 2019

Les premières phrases de la « lettre » disent tout ce qui empêche tout dialogue : « « La France n’est pas un pays comme les autres.
Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs.
L’exigence d’entraide et de solidarité plus forte. » » :

C’était bien inutile de rappeler « ces histoires » pour mieux montrer tous les échecs.

« « C’est pourquoi la France est, de toutes les nations, une des plus fraternelles et des plus égalitaires. C’est aussi une des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie. Et chaque citoyen a le droit de choisir celles et ceux qui porteront sa voix dans la conduite du pays, dans l’élaboration des lois, dans les grandes décisions à prendre. Chacun partage le destin et chacun est appelé à décider du destin de tous : C’est tout cela la Nation française. » » :

Ce qui a sans doute le plus déçu le peuple qui se voit accusé de revendiquer ce qu'il a « visiblement acquis depuis longtemps », à en croire monsieur Macron... 

Non ce n’est pas au temps de Jacques Chirac que la « fracture sociale » a eu lieu en France, comme le rapportent les journalistes qui ne cessent d’alimenter la diversion.

Non, la « fracture sociale » n’est pas seulement le fait des bas salaires, des retraites insuffisantes, ni même de celui de la « précarité » ou de la « pauvreté »…

La « fracture sociale » en France mais aussi ailleurs est le gouffre qui sépare désormais les « régimes politiques au pouvoir » avec les sociétés actuelles.

 La « démocratie » est un projet rêvé par l’ensemble des Tribus, l’ensemble des Groupements humains et par l’ensemble des nations : La « démocratie » est un « pacte intelligent », c’est un « Contrat social », c’est un compromis d’abord tacite qui n’a pas besoin d’être traduit en dissertations ; c’est plutôt le besoin, c’est la nécessité de « vivre ensemble », c’est donc un projet humain et politique tel qu’il a été expliqué par les anciens Grecs : « L’homme est (nécessairement) un animal politique ». La politique est ce qui permet le meilleur compromis : Celui qui amène les individus à vivre ensemble avec la garantie d'une meilleure justice sociale. 

Macron est interpellé plus que l’ont été ces prédécesseurs car les « Gilets jaunes » sont justement « le peuple » en dehors des partis et des syndicats mais aussi de l’élite et des associations… Macron, qui dit « comprendre le peuple » comme l'ont toujours dit ses prédecesseurs mais ne prends aucune décision politique conséquente qui pourrait valider son discours, se contredit ouvertement. Car la revendication de tout un peuple ne peut être fidèlement traduite par les mots et par les phrases politiciennes qui permettent beaucoup plus de leurrer l’opinion que de solutionner un problème, Macron a échoué en appelant au « dialogue » au lieu d’agir utilement et politiquement. Si des problèmes sociaux sont parfois « tabou », le peuple ne peut pas les afficher ni les exprimer : La solution demande un changement de politique ou d’idéologie qu’aurait bien perçues et bien reçues le peuple sans avoir à passer par le dialogue interminable et fatalement infructueux qui débouchera finalement sur le statu quo.

La fracture sociale, la « fissure » originelle qui a commencé à séparer les « Etats » des « peuples » est née avec l’avènement même de la « démocratie », c’est-à-dire avec cette « intelligence collective » (au niveau d’une Tribu ou au niveau d’une nation développée) qui voulait que le pouvoir du souverain, c’est-à-dire le pouvoir politique d’un dirigeant, soit conforme au « contrat social » autrement dit à l’intérêt général et donc à la justice sociale.

C’est précisément cette fissure, cette fracture que l’ensemble des peuples avaient essayé de « colmater » ou du moins de minimiser en menant les révoltes, les revendications et les révolutions pendant de longs siècles… Les situations nationales et la situation mondiale d’aujourd’hui montrent bien que les peuples ont échoué. Il n’y a aucun Etat dans aucun pays qui soit véritablement un « Etat national », c’est-à-dire un Etat qui soit produit par l’intelligence collective du peuple considéré et qui agit conformément aux intérêts et conformément au "rêve" de ce peuple. La démocratie a lentement mais surement cédé au profit d’un « leurre démocratique » qui a détruit les rêves, les contrats sociaux et le principe même de la légitimité politique, celle qui permet au « président » de décider efficacement et avec l’autorité requise au nom de la justice sociale que personne ne peut ni contester ni refuser.

La « république », qui veut dire simplement « la chose publique », c’est-à-dire ce qui appartient à l’ensemble d’un peuple (y compris les dirigeants) est devenue :

La république d’aujourd’hui n’est pas une chose publique, elle a perdu son sens et son but. Elle est le produit du leurre démocratique qui visiblement ne peut plus contenir les remous qui peuvent provoquer l’anarchie. Les votes, les scrutins, les consultations « pré-fabriquent le résultat final » par l'intermédiaires des médias mais aussi par tous les agissement politiques (abus d'autorité, abus de pouvoir, fraude et corruption) qui empêchent l'alternance au pouvoir... Ce qui permet le maintien du même régime, le renforce ou le remplace par son semblable : C’est une démocratie de la haute trahison. Il va sans dire que désormais la minorité (nationale ou mondiale) qui détient l’ensemble des richesses ne peut pas tenir longtemps devant les revendications légitimes des peuples qui continuent à travailler et à produire sans toutefois bénéficier d’un quelconque acquis palpable et durable.

La « Mondialisation », en mondialisant le « pouvoir du portefeuille » à la place du pouvoir des « valeurs humaines » a produit l’aberration. Les peuples et les sociétés existent bien, les pays existent, les nations existent, les richesses nationales existent et sont exploitées, le « développement humain » suit son cours, mais dans quel « but » et au profit de qui ? 

Ce « gouffre social », désormais visible dans tous les pays est le résultat de l’échec de toutes les révolutions du passé, des révolutions recyclées lentement mais sûrement en contre révolutions qui ont inhibé par la violence les revendications sociales au nom de la « Liberté, Egalité, Fraternité », une revendication historiquement d’expression française mais qui était légitimement européenne, occidentale et planétaire.

Dans l’ensemble des mes écrits, j’avais évoqué l’échec de la « révolution française » et expliqué clairement que nous vivons actuellement les conséquences de cet échec historique.

Aucun scientifique, aucun intellectuel, aucun historien, aucun écrivain, aucun politicien, aucun religieux, aucun observateur n’est vraiment allé à l’origine du « mécontentement chronique et maladif de la société française ». La question est pourtant claire.

La « révolution française » d'une si grande ambition avait bien accouché d’un « Calendrier révolutionnaire », d’ailleurs rapidement abandonné. Est-ce un détail ? Non, toutes les explications sont au contraire dans l’échec du « Calendrier révolutionnaire français ». Car un calendrier est, comme tout le monde le sait « un tableau qui montre la division du temps… » Or le Temps est la chose la plus universelle qui soit puisqu’il est lié au Ciel, au Astres, aux Planètes et à l’ensemble de l’Univers et le calendrier qui lui est consacré gère l’ensemble des activités humaines. Un calendrier est le « présent » mais aussi l’avenir tout en conservant la mémoire du passé. Un calendrier est toujours le fait d’un avènement planétaire, il est toujours le produit d’un évènement grandiose qui intéresse l’ensemble de l’humanité, un calendrier est intimement lié à la « religion » !

« Liberté, Egalité, Fraternité » était un slogan révolutionnaire mais ce n’était pas une « religion » combien même cela est tout-à-fait conforme à la lettre et aux préceptes religieux. A vrai dire conforme à moitié... Car la religion montre à la fois le devoir mais aussi le droit de chaque individu, devoir et droit qui permettent l’équilibre social. 

La « révolution française », rapidement récupérée par les contre-révolutionnaires et recyclée en une contre révolution avait ébloui les peuples par la récitation des « droits de l’homme » qui étaient en vérité et exclusivement les droits des dirigeants, des nantis, de la nouvelle noblesse de l’argent, des élites et des satellites autour des pouvoirs en place… C’était donc nécessairement « les droits des hommes », ceux qui étaient intelligents, actifs et pouvaient lutter ouvertement : Les droits des femmes n’étaient pas à jour. La contre révolution française a laissé de côté la moitié de l’humanité, elle avait consacré le seul « pouvoir politique masculin », un pouvoir tout a fait naturel (animal) qui se passerait de toute nécessité de développement et de justice social... 

L’idéologie de la « déclaration des droits de l’homme » n’est pas une idéologie universelle qui pourrait entrainer l’ensemble des peuples vers un monde plus juste et plus équilibré, elle a fini par produire son propre échec en persistant dans la propagation d’un texte périmé car non conforme à la science et aux sciences humaines, tout en encourageant des politiques irrationnelles qui dévaluent les valeurs humaines fondamentales mais aussi dégradent la condition des femmes qui sont en vérité les plus grandes victimes.

De la "laïcité…" Aucune religion n’a eu l’ambition d’uniformiser et d’homogénéiser les sociétés humaines. La « leçon » est donnée, les humains étaient libres d’apprendre et de s’y conformer ou pas.

La « révolution française » qui avait l’ambition de s’affranchir de la religion était donc une contre-religion sans toutefois aller jusqu’à dépasser la valeur des percepts religieux, mais qui malheureusement a « bien fonctionné » puisqu’elle a produit l’échec humain d'aujourd'hui.

Quiconque sait ce qu’est une « révolution » comprend alors que la « chose » la plus grandiose et la plus universelle est « l’avènement d’une religion » qui embrasse l’ensemble de l’humanité. La violence qui suit toujours une révolution humaine est « la résistance au changement »… La tentative infructueuse qui a toujours consisté à dépasser la religion a toujours été celle des ambitieux qui voulaient s’autoproclamer « Dieu » ou « Prophète » sans avoir ni la Sagesse ni la légitimité et ni l’envergure.

La « Liberté » de l’homme face à l’homme est le fondement de la religion : Il se trouve que « l’exploitation de l’homme par l’homme » est aujourd’hui quasi universelle !

« L’Egalité » de tous les humains découle nécessairement de la religion, elle énonce les devoirs, fait valoir les droits et donne la légitimité politique au gouvernant qui doit agir conformément a la Morale humaine et aux lois justes ; c’est celle qui produit et fait vivre « la décision démocratique » : Il se trouve que le monde d’aujourd’hui est l’extrême de tous les extrêmes où seul le compromis de l’intérêt immédiat maintient un semblant d’équilibre social…

La « Fraternité » n’a vu le jour qu’après l’avènement de la religion qui a ouvert les yeux aux humains et les a encouragés à mener la lutte de l’émancipation et de la libération.

C’est principalement l’idéologie et le discours autour de la « révolution française », celle qui « aurait permis les droits de l’homme », celle qui voulait « le divorce avec la religion », celle qui « voulait libérer les hommes », qui ont trompé l’humanité. La définition même du mot « religion » interdit d’énoncer l'existence d'une « humanité sans religion » ! La culture humaine, la culture d’un peuple est comme un « bain » dans lequel chacun barbote comme il peut… dans les cultures, dans les légendes, dans les écrits, dans les histoires, dans les discours, il y a toujours la tare des fausses interprétations qui façonnent les sociétés mais surtout qui empêchent la compréhension : Nous sommes dans l'Ere des amalgames, de la désinformation et de l'égarement.

La culture française a mal interprété la religion musulmane dès les premiers siècles et continue aujourd’hui à polluer les esprits.

Ceux qui continuent à alimenter la controverse et la polémique autour de la religion sont ceux-là mêmes qui empoisonnent le monde : La dernière religion a presque quinze siècles, le monde a bien évolué depuis ! On ne peut ni discuter ni réformer les textes religieux, ni impliquer ce que la religion avait énoncé en son temps dans les errements d’aujourd’hui. Les religions restent un socle culturel, un patrimoine pour l’ensemble des peuples qui, s’ils veulent bien honorer la valeur de la religion, doivent se conformer aux lois justes et à la justice. La Morale humaine, la Justice et la Solidarité sont des valeurs religieuses : La législation imparfaite d’aujourd’hui n’est que le produit imparfait des valeurs religieuses mal interprétées. C'est principalement l'ambition du "pouvoir politique humain" (celui de l'intérêt personnel) qui veut se substituier au "pouvoir de Dieu" (celui des Lois justes et de la solidarité), qui empêche le monde de se redresser. Le pouvoir de l'homme ne peut libérer l'homme, c'est "une lutte"qui n'a aucun sens. Il faut que la "Loi" vienne d'en dehors de la Nature humaine, qu'elle soit observée par tous, qu'elle soit la réference et la Norme pour que la lutte ait un sens et un objectif : C'est cela le sens de la religion. 

L’absurdité humaine parle de « réforme de la religion » quand elle garantie en même temps le « droit d’auteur »… Par définition et par principe, seul Dieu peut décider de "réformer" et de révéler une "nouvelle religion qui remplacerait une autre",  par l’intermédiaire d’un « nouveau prophète ». Or il est déjà dit que ce « processus » est bien terminé.

 

La religion étant « Une recommandation de Dieu » nécessairement conforme au Bien, elle n’est pas la définition du « pouvoir de Dieu » car celui-ci a naturellement « le pouvoir sans le consentement humain ». Ce sont les hommes politiques (ou religieux) qui veulent acquérir le pouvoir, un « pouvoir humain » nécessairement en contradiction avec « le pouvoir de Dieu » puisque Dieu laisse libre l’humain de choisir entre le Bien et le Mal, quand le politicien (ou le religieux malhonnête) contraint l’homme et l’asservit pour ses intérêts personnels.

La « Loi » n’est pas humaine. Les fondements de la Législation ne sont pas humains, il s’ensuit que la science juridique humaine, produite par la fausseté et l'ignorance est tout-à-fait à côté de la Vérité et de la Justice : Elle ne peut produire aujourd’hui le nécessaire équilibre social.

Aujourd’hui il s’agit de réformer les sociétés, de les amener sur la voie d’une meilleure législation qui ferait fonctionner une Nouvelle organisation humaine, sociale et politique conforme au temps présent. Le niveau intellectuel des peuples n’est pas celui des siècles passés, il en est de même de l’expression des besoins utiles ou futiles : Seule une nouvelle législation basée sur de nouveaux concepts et sur de nouveaux principes, notamment le balisage efficace de la fonction politique peut assurer la paix et la stabilité. 

Le mot « république » peut toujours être celui de Platon, mais le contenu et l’idéologie qui le feraient vivre ne peuvent être les mêmes. On ne peut oublier l’héritage des anciens, mais les idées gréco-latines ne peuvent aujourd’hui guider les nations.

Monsieur Macron ne doit plus animer les Agoras, il a le choix entre : démontrer aux Français qu’il comprend bien leur profonde revendication en prenant les décisions qui conviennent, ou bien de dire clairement son refus en abandonnant la présidence.

Un homme politique au pouvoir ne dialogue pas avec le peuple ; il énonce, il prend des décisions qui doivent être conformes à l'intelligence collective, à l'intérêt général, à l'intérêt national et donc logiquement à la démocratie. Un exercice politique qui est, (comme toutes les activités humaines), soumis au risque toujours probable d'un refus ou d'une révolte populaire. 


Lire l'article complet, et les commentaires