Les habits noirs du diabolique Yann Moix

par Elliot
samedi 31 août 2019

Avant toute chose que ce soit clair : je n’ai jamais rien lu de Yann Moix, je n'en tire aucune gloire, l'occasion ne s'est sans doute jamais présentée donc je ne vais pas entrer dans la discussion sur ses qualités littéraires d’autant que je n’ai aucune qualification pour me lancer dans un tel exercice.

Je ne connais le personnage que pour ses apparitions dans l’émission de Ruquier du samedi soir où il était bien secondé par Christine Angot pour rendre confus ce qui aurait dû être éclairci.

Je ne peux pas dire non plus qu’il respire la sympathie mais c’est là un avis personnel qui ne vaut que pour moi : on n’est pas maître de ses affinités et, dans la vie, il faut souvent composer avec qui ne vous agrée point. La vie est faite de compromis.

Je m’aperçois tout de même que s’est montée une cabale (ou ce qui y ressemble) qui vise à déshumaniser le personnage qui serait un dangereux affabulateur quand il se voit une enfance malheureuse (l’affabulation est ce qui, me semble-t-il, fait l’essence même d’un roman).

Au-delà de la traditionnelle polémique de la rentrée littéraire qui semblerait bien fade sans cette opportunité dont on peut légitimement se demander dans quelle mesure elle n’est pas un peu fabriquée.

Yann Moix a lui-même admis qu’il y avait beaucoup d’éléments autobiographiques dans son œuvre mais ce n’est pas non plus la première fois qu’il évoque son enfance présumée malheureuse.

Il y eut notamment un échange mémorable chez Ruquier avec Patrick Sébastien qui faisait l’apologie (toute relative) des châtiments corporels pour l’éducation des enfants et auquel s’opposa violemment Yann Moix arguant de son vécu.

Aussi bien Moix eut-il le beau rôle tant il est vrai que l’opinion se range plutôt du côté de celui qui subit que de celui qui châtie.

Bref à l’occasion de la sortie de son dernier roman « Orléans », Yann Moix s’est-il attiré des réactions courroucées de son père appuyé par son frère pour apporter une dénégation vigoureuse à ses allégations.

Le frère a même prétendu que les sévices évoqués étaient ceux-là même qu’il avait dû endurer de la part de l’écrivain dépeint donc comme un enfant sadique.

Des condisciples de Moix ont eux confirmé son passé d’enfant battu.
Bref devant de tels témoignages contradictoires, le mieux est peut-être de chercher si celui par qui le scandale arrive n’en est pas non plus le grand bénéficiaire.

Booster l’édition par la recherche et l’exploitation du scandale n’a jamais été une mauvaise recette pour les éditeurs.

Cette considération pour expliquer que je ne voudrais pas être dupe du bruit fait autour de cette affaire.

"Parlez-en en bien, parlez-en en mal mais parlez-en " est aussi un des ressorts fondamentaux du marketing.

D’un autre côté d’un scandale l’autre et péché suprême pour les valeurs dominantes, Yann Moix dans sa jeunesse estudiantine aurait commis des dessins antisémites et des textes révisionnistes voire négationnistes.

En tout cas je me dois à ma vérité de considérer qu’il donnait chez Ruquier trop de gages de sympathie au peuple élu pour que ce fût réellement marqué du sceau de la sincérité sans arrière-pensées : un peu trop nouveau converti, quoi !

Devait-il se racheter une conduite ou tout simplement se couler dans le moule ?

Je ne sais dans ces manifestations d’antisémitisme ou du moins qualifiées comme telles ce qui relève de la conviction du moment ou de la blague de potache mais le fait qu’on exhume cela me semble bien correspondre au climat de l’époque où les sinistres lois mémorielles de Gayssot ont abouti à criminaliser toute réflexion et aboli tout sens critique du moins quand il s’agit de sauvegarder les intérêts puissants d’un groupe dominant dans les médias et la finance mais qui ajoute à l’élasticité de sa morale humaniste le sens bien compris des objectifs de la caste.

Quand la loi se substitue à la recherche historique : on ne peut aboutir qu’à une seule conclusion qui sauvegarde la mémoire des victimes juives du nazisme.

C’est à la fois contre-productif et fait peser un carcan sur les études qui essaient d’objectiver certains évènements et en outre cela aboutit à une surenchère victimaire.

Il y avait mieux pour faire avancer la société.

Afin d’évacuer toute accusation raciste me concernant, il suffit de savoir compter et de tirer les conclusions de son calcul : le constat d’une évidence ne ressortira jamais à l’antisémitisme sauf pour les esprits tordus qui ont réussi à assimiler toute critique d’Israël et de son comportement impérialiste et raciste à une manifestation de racisme antisémite.

Si tout ce ramdam vise à détruire Yann Moix psychologiquement, je crois qu’il sera assez fort pour s’abstraire de ce contexte délétère et s’il s’agit de détruire sa carrière littéraire, j’ai bien peur pour les contempteurs qu’ils transforment le parcours du combattant de celui qui publie un ouvrage en lit de roses conduisant à un triomphe du moins en matière de tirage.

On en reviendrait alors au coup de marketing réussi.


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