Les incessants coups portés contre Bayrou vont-ils finir par payer ?

par Imhotep
jeudi 4 juin 2009

Depuis une semaine ou deux nous serions en droit de nous demander si nous assistons à une campagne européenne ou à un coalition hétéroclite et contre nature pour abattre Bayrou et à travers lui empêcher l’émergence du Mouvement Démocrate dans une élection qui pourrait lui être la plus favorable en dénaturant les faits.

 Et c’est de toutes parts que deux reproches, faux et dignes de la plus parfaite désinformation, qui sont faits au leader du Mouvement Démocrate :
1- Bayrou fait une double campagne antisarkosyste (primaire) et présidentielle délaissant l’Europe
2- le MoDem est un parti ultralibéral à Bruxelles (en fait à Strasbourg).
 
Et dire que c’est de toutes parts, est un euphémisme. Le Gouvernement en campagne (il ferait mieux de s’occuper du lait et du chômage que la tragédie brésilienne permet d’évacuer de la une des journaux alors qu’il croît de 2,8 % le mois dernier), les chefs de parti (Aubry, Bertrand) , les candidats (Barnier, Cohn Bendit) et enfin les journalistes en jouant ce petit jeu machiavélique de ramener les interviews à ces théories. Tout le monde est sur le pont. Ce qui est tout à fait étrange c’est que ces mêmes journalistes devraient demander aux détracteurs de Bayrou si ce n’est pas non plus ne pas parler d’Europe et l’ignorer que de se focaliser sans cesse sur Bayrou et sa prétendue monomanie des présidentielles. Car en fait que font-ils d’autres que de n’en pas parler trop occupés qu’ils sont de taper sur Bayrou avec une même massue qu’ils se partagent avec le sourire ? Et ces obus sont à deux détentes car, comme dit plus haut, Bayrou perd son temps à répondre à toujours les mêmes questions : on vous accuse de ne pas parler d’Europe et de penser plus à l’élection présidentielle qu’à l’élection européenne. Et puisque l’abstention risque d’être majeure (on parle de 65 %, un record, triste mais réel) les journalistes ne devraient-ils pas plutôt demander à Bayrou (et aux autres qui ne parlent que de lui) quels sont leur programme au lieu de ce même thème récurrent ? Ces journalistes ne font, en fait qu’amplifier le malaise, propager les légendes qui rendent services à trois listes : l’UMP, le PS et celle du trio coalisé de Cohn Bendit, Joly et Bové. On sait bien qu’au futur, Cohn Bendit ne sera pas candidat aux présidentielles, qu’il n’a pas un parti pour gouverner et que plus il prend des voix au Mouvement Démocrate plus cela fera le jeu de Sarkozy à l’avenir. Il faut s’étendre un peu là-dessus, car je ne me trompe pas d’élection. Je suis pour que chacune des listes ait un score en fonction de ses positions européennes et l’adéquation de ces positions avec leur électorat. Par voie de conséquence, je suis contre le vote utile, le vote qui donnerait plus de voix au MoDem parce que, demain, Bayrou pourrait être Président de la République et que pour l’y aider il faudrait voter aujourd’hui pour le Mouvement Démocrate. Je pense au contraire qu’il faut voter pour ce mouvement par conviction au regard des idées qu’il propose. Or ce mouvement, contrairement aux autres, a préparé assidûment cette élection depuis un an, avec 3 500 militants qui pendant cinq mois dans un premier temps, on fait des propositions, et ensuite à l’issue des synthèses ont retravaillé ces propositions dont un résumé est proposé en 27 points dans la profession de foi que chacun a dû recevoir. Par ailleurs, à lire celles que j’ai reçues, le Mouvement Démocrate est le seul qui propose une équipe avec les deux ou trois têtes de chaque liste régionale. Cela veut donc dire a contrario que les autres candidats ne peuvent obtenir des voix en tapant sur Bayrou car ce n’est pas le sujet. Or c’est là-dessus qu’ils comptent et non, en fait sur leurs propositions. Ils font en réalité ce qu’ils accusent Bayrou de faire : parler de bien autre chose que de l’Europe.
 
Ainsi en est-il que, comme en 2007, les journalistes jouent un rôle exécrable. Ils amplifient de façon scandaleuse les coups portés contre Bayrou sans démentir et en répercutant les accusations perpétuelles de ses adversaires et en diminuant son temps d’expression par les seules questions concernant son hypothétique campagne d’autropromotion présidentielle. Par exemple, Aphatie va encore plus loin puisqu’il se sert d’une déclaration d’Alain Duhamel pour crédibiliser cette théorie (à 2mn 34 « beaucoup jugent vous que vous êtes responsable d’un détournement de scrutin  » ajoutant les déclarations de Barnier et d’Aubry). Vous le trouverez ici, dans cette vidéo. Ce même Alain Duhamel dit qu’il a lu le livre de Bayrou et que celui-ci est centré contre Sarkozy, sans aucun chapitre ni sur l’économie, ni sur l’Europe. Or - et c’est ce que je trouve d’extraordinaire c’est d’avancer de tels mensonges de façons si péremptoire alors que chacun peut aller vérifier - c’est absolument faux. Ces journalistes pourraient faire l’effort de se renseigner auprès des partis, des sites de campagne de ceux-ci, quels sont les déplacements des leaders, quels sont les contenus des discours. Et non de répéter ce qui se dit dans leurs couloirs en vase clos. Et je conseille à tout honnête homme de faire ce que les journalistes ne font pas, et de prendre du temps pour vérifier que Bayrou (du reste dans la vidéo de RTL on apprend qu’un seul jour Bayrou va assister à trois réunions) aura participé à plus de 50 réunions, pris la parole de nombreuses fois dont lors de 8 conventions thématiques ne concernaient que l’Europe et 4 fêtes de l’Europe, fêtant justement l’Europe. Toutes les vidéos sont à disposition pour prouver que chacun de ses discours aborde l’Europe. Mais serait-ce une hérésie politique et historique, et factuelle, que de parler aussi de la France ? Comme si la France ne faisait pas partie de l’Europe ! Comme s’il n’y avait pas d’interactions réciproques entre la France et l’Europe ! Comme si ceux qui nous gouvernent, selon leur philosophie et leurs options politiques n’avaient aucune influence en Europe et ne voulaient pas que ce qu’ils appliquent en France ne s’applique pas également en Europe ! C’est une belle mascarade que de vouloir mettre une cloison parfaitement étanche entre la France et l’Europe, tout en ne parlant finalement que de la supposée campagne présidentielle de Bayrou plutôt que de parler de leur propositions. Dire comme le font ses adversaires politiques que celui-ci ne se préoccupe que de la présidentielle est faux et malhonnête, d’autant que c’est bien en tant que chef de parti et sous son impulsion que les commissions traitant des sujets et des propositions européennes ont été mises en place depuis juin 2008.
 
Reste la seconde affirmation que le MoDem est à Bruxelles un suppôt de Hayek. Et on voit dans beaucoup de commentaires la propagation de ces mensonges. Pour une fois un journaliste est allé voir derrière les fagots, au fond de la cuisine ce qui était vrai et ce qui ressortait de la plus pure propagande.Il s’agit de Cédric Mathiot dans cet article de Libération dont je mettrai en annexe la totalité car c’est loin d’être innocent. Et voici une petite vidéo de quelques minutes qui démontre une autre réalité.
 

Votes MoDem UE
envoyé par buildfreedom. - L’info internationale vidéo.
 
 
Ne croyez pas que j’aie oublié le titre de cet article. En politique le tout est une question de différentiel entre les effets négatifs et les effets positifs. C’est le solde qui a un sens. Et dans ce cas précis c’est aussi une vérité. Que Bayrou soit attaqué de toutes parts aura deux effets contradictoires :
- un négatif (si tant de monde dit la même chose c’est que cela doit bien être vrai) ;
- un positif (s’il est tant attaqué c’est que ce qu’il dit dérange beaucoup de monde).
 
Ce qui va compter en fait ce n’est pas l’action sur les convaincus d’un bord ou d’un autre, ces attaques ne feront que renforcer leur opinion tranchée. Ce sont bien évidemment chez les indécis que l’action aura un impact. S’il n’y avait pas d’autres listes mises à part celles du PS et de l’UMP, je crois que globalement ces attaques seraient plutôt positives. Cependant il y a la liste écologiste, et dans cette liste il y a Cohn Bendit qui a déjà fait par le passé un score proche des 10 % et qui a une aura indéniable, et il y a Eva joly à l’image fortement positive. Du reste elle qui est seconde sur la liste écologiste se trouve citée, avec Bové, sur les listes où elle n’est pas candidate. Dans cette concurrence entre le Mouvement Démocrate et les écologistes de Cohn Bendit la lutte est âpre. Et franchement je trouve l’attitude de Dany le rouge particulièrement exécrable. Ses attaques à coup de buttoir conte Bayrou sont assez indignes. Il chante avec le chœur des vierges et démultiplie le brouhaha anti Bayrou. Il devient aussi politicards que les autres. Dire que Bayrou l’a déçu est très fort, au sens où cela aura du poids. Déçu jouent sur plusieurs tableaux : la trahison, le sentiment, l’amitié, la chute du piédestal. Au lieu de se battre idée contre idée, programme contre programme, au lieu de parler d’Europe, le roi de mai 68 fait comme la politicaille de bas étage : des attaques ad hominem, et mensongères en plus.
 
En conclusion je crois que les attaques si nombreuses et si fortes, tant répétées contre Bayrou vont jouer contre le Mouvement démocrate. Cela ne sera pas mortel car je crois que le MoDem dépassera les 12 % et s’il fait autant que l’UDF (12 % en 2004), et bien mieux que les législatives (7%), ce sera un petit succès. Ces attaques empêcheront une plus grande percée. Ce qui est certain c’est - et pour cela il suffit d’ouvrir un journal ou d’écouter la radio - c’est que Bayrou doit en inquiéter plus d’un pour qu’une telle artillerie soit mise en route. Ce qui est détestable c’est cette cohorte de coalisés de politiques qui se disent pourtant opposés dans leurs idéaux, mais qui se retrouvent pour détruire. Ah ils peuvent parler de lendemains qui chantent ! On ne les construits pas en cassant la gueule de ceux avec qui il faudra, un jour, les construire.
 
Vignette Bayrou à Lille
 
 
 
Article de Libération (pour clore quelques becs acérés) :
 
La « tentation Bayrou » effraie Solferino
Le PS attaque le président du Modem jusqu’à la mauvaise foi.
 
Par CÉDRIC MATHIOT
 
Nicolas Sarkozy peut être jaloux. Depuis trois semaines, Bayrou a fait une apparition remarquée au rang de cible préférée des socialistes en campagne. Le PS a un objectif : dégonfler l’« imposture Bayrou » (dixit Harlem Désir) et mitraille en boucle cet argumentaire : si le leader centriste s’affiche en opposant résolu en France, le Modem penche nettement plus à droite sur les bancs du Parlement européen, notamment sur la question des services publics. Martin Schulz, président des socialistes européens invité à jouer les supplétifs lors de la campagne du PS, a trouvé une jolie formule pour ouvrir la chasse au Bayrou : « A la maison, il parle comme Karl Marx en exil, mais, à Bruxelles, il est avec des sauvages néolibéraux », clamait-il à Toulouse le 24 avril. Sur France Inter, quelques jours plus tard, Martine Aubry insistait :« Sa voix [de Bayrou, ndlr] a rarement manqué lorsqu’il a fallu casser et libérer les services publics. Aujourd’hui même, il a signé le manifeste de Stockholm qui est le programme des libéraux dont il fait partie pour les prochaines élections européennes. Leur première demande, c’est de rentrer la concurrence dans le service public, casser l’éducation nationale, casser l’hôpital public. Voilà ce que défend, avec ses amis, M. Bayrou, en Europe. »
 
Voisinage.Preuve d’une réelle inquiétude, le PS est prêt, pour dégonfler la « tentation Bayrou » de l’électorat de gauche, à certains raccourcis, voire contre-vérités. Contrairement à ce que répète Martine Aubry (la dernière fois en date lors du meeting de Clermont-Ferrand), le Modem n’appartient pas au parti libéral européen (ELDR). Au parlement européen, le Modem se situe dans le groupe parlementaire ADLE (Alliance des démocrates libéraux européens), créé voilà cinq ans. Ce groupe rassemble le Parti démocrate européen (petit parti cofondé par le Modem et les démocrates italiens) et donc l’ELDR d’orientation libérale, voire ultralibérale. Un voisinage assumé par le Modem : « Nous sommes en accord avec les libéraux sur les questions institutionnelles, mais pas sur les questions économiques et sociales. C’est clair depuis le début », revendique Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem. De fait, si le manifeste de l’ELDR (que le Modem n’a pas du tout signé, n’appartenant pas au parti) milite pour un « renforcement et une extension du marché unique dans le domaine de l’énergie, des chemins de fer et des soins de santé, tout en facilitant davantage la libre circulation des services et des travailleurs », le programme du Parti démocrate européen affiche un discours beaucoup plus soft…
 
Mais au diable les nuances, le PS veut surtout cogner dur. Pour accréditer la thèse d’un Modem casseur des services publics, le secrétaire national aux services publics du PS, Razzy Hammadi, a dégainé lundi un communiqué recensant trois exemples de « vote scélérat ». Des références parfois empruntes de mauvaise foi.
 
Caricature. Le PS reproche ainsi au Modem de s’être opposé au vote d’un amendement socialiste excluant du champ de la directive Bolkestein les services d’intérêt général et les SSIG (services sociaux d’intérêt général). Une charge qui omet de signaler que le Modem avait préféré voter son propre amendement… au contenu identique. Gilles Savary, eurodéputé socialiste sortant (mais pas reconduit sur les listes) et spécialiste des services publics, reconnaît que la critique relève de la caricature : « Le Modem n’a pas toujours défendu les positions du PS sur les services publics, mais il n’a pas pour autant voté avec les libéraux. Le Modem a beaucoup évolué sur ces questions en dix ans. Depuis la dernière mandature, ils ont régulièrement aligné leur position sur celle du PSE, qui sont souvent moins radicales que celles des socialistes français. Pour être conséquentes, les critiques portées par Aubry sur le Modem devraient aussi l’être contre une partie du PSE. » Lors du vote de la directive Bolkestein, le Modem avait ainsi voté nombre d’amendements contre l’ELDR, et aux côtés des socialistes. Et, pour le vote final, les eurodéputés du parti centriste avaient finalement voté pour l’adoption du texte. Contre le PS français. Mais avec le reste du PSE.

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