« Les interdits de Chypre » / Turquie : situation des droits de l’homme et expansionnisme

par PETINOS
lundi 8 août 2022

 

La Turquie applique son « modèle » de gouvernance autoritaire dans les territoires qu’elle contrôle de facto à l’extérieur de ses frontières. C’est le cas dans le nord de la Syrie, en Libye, à Chypre dans la partie occupée de l’île et en collaboration avec l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et le Haut-Karabagh.

Dans le cas de Chypre, que le président turc Recep Tayyip Erdogan veut ériger en exemple, la Turquie multiplie les actions agressives tant contre les Chypriotes grecs que contre les Chypriotes turcs opposés au régime turc et chypriote turc installé et soutenu par la Turquie.

Cependant, malgré la pression du régime turc contre les opposants politiques, les minorités, les femmes osent s’élever encore pour stigmatiser ces violations des droits de l’homme :

Sous ce titre « Les interdits de Chypre », le site en ligne de la télévision turque T24 publie le 5 août 2022 un article d'opinion du journaliste Zeynel Lüle. Cet article fait référence à la liste des Chypriotes turcs interdits d'entrée en Turquie[1]

 Zeynel Lüle répond aux questions suivantes : « Existe-t-il une liste des personnes interdites d’entrée en Turquie ? Sur la base de quelle justification a-t-elle été rédigée ? Combien de personnes y sont incluses ? Qui a compilé cette liste et dans quel but ? »

« L'année dernière », commence Zeynel Lüle, « nous avons vu des citoyens et des journalistes progressistes, pacifiques et dissidents expulsés de Turquie, renvoyés avec leurs enfants ».

Le journaliste fait également référence à une publication dans un journal de la partie occupée de Chypre selon laquelle il y a 42 personnes qui se voient refuser l'accès à la Turquie. Parmi elles se trouve l'ancien dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci.

Le journaliste poursuit en disant que « bien qu'il n'y ait eu aucune annonce du ministère de l'Intérieur turc concernant l'interdiction d'entrée en Turquie à Akinci, l'existence d'une liste de personnes interdites n'a pas été niée ».

Evoquant les noms des Chypriotes turcs expulsés de Turquie, Zeynel Lüle rappelle qu'il s'agit de l'attaché de presse de Mustafa Akinci, Ali Bizden, de l'écrivain et chercheur Ahmet Javit An, du président du syndicat des travailleurs de la presse (Basın-Sen) Ali Kismir, et récemment de la journaliste Aysu Basri Akter. Cette dernière a été expulsée de l'aéroport d'Istanbul avec ses enfants, après avoir été arrêtée.

Lüle note : « Il s’agit d’une honte pour la démocratie, d’un drame humain et d’une situation liée à l'entrave à la liberté de circulation. La seule chose que ces gens ont en commun, c'est qu'ils ont exprimé leur point de vue sur l'implication directe de la Turquie dans les « élections » de la « République Turque du Nord de Chypre (RTCN) », ou en un mot, ce sont des « dissidents »... »

Lüle fait également référence à une question relative au sujet, posée l'an dernier par un député du Parti républicain du peuple (CHP) au vice-président Fuat Oktay à l'Assemblée nationale turque et note que la réponse est en attente depuis un an.

La Turquie considère dans les faits la partie occupée de Chypre comme faisant partie de son territoire. Tout ce qui se passe dans ce territoire occupé depuis 1974 par les armées d’Ankara possède le sceau d’Ankara qui a érigé Chypre en cause nationale.

Lüle appelle les autorités turques à répondre à la question de savoir s'il existe réellement une liste de personnes interdites d’entrée en Turquie, liste basée sur "des activités contre la sécurité nationale" et se demande si les Chypriotes turcs en question sont considérés comme des espions. Il souligne que la seule chose qu'ils ont en commun est qu'ils s’opposent au régime d’Ankara et à ses activités dans la partie occupée de Chypre.

Lüle note également que des pratiques similaires ont été appliquées aux étudiants chypriotes turcs étudiant en Turquie dans les années 1970 et note que rien n'a changé en cinquante ans.

Le journaliste écrit encore : « Il n'y a pas d'annonce officielle, mais la rumeur dit que les citoyens chypriotes turcs et les journalistes, qui prennent généralement position contre Ankara sur la question chypriote et les relations avec la Turquie, ne seront pas admis dans le pays pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans au motif qu'ils "constituent une menace pour la sécurité nationale de la Turquie" ».

Enfin, le chroniqueur turc appelle à la fin de cette pratique antidémocratique et à la fin des poursuites contre ces personnes.

 

 

[1] Zeynel Lüle, Kıbrıs'ın yasaklıları… : https://t24.com.tr/yazarlar/zeynel-lule/kibris-in-yasaklilari,36194

Voir également : Press and Information Office, Chypre

 


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