Les Jeux du nationalisme exacerbé

par Henri Diacono
mardi 7 août 2012

 Les cocoricos chauvins étalés à longueur de journée d’une bande de nuls, soi-disant journalistes français, sombrant avec délice dans le people, en poussant des cris de vierges effarouchées , et qui ont fait la joie, un tantinet empreinte de moqueries, de confrères étrangers qui leur ressemblent pourtant. A ce sujet, la bande des commentateurs envoyés sur place par France Télévision mériterait d’avoir « le sifflet coupé » une bonne fois pour toutes.

Des drapeaux déployés et agités à en mourir sur les pistes, piscines, bassins et terre battue. Avalanches d’hymnes nationaux aux accents souvent guerriers. Comptes et décomptes de médailles fondues dans l’or, l’argent ou le bronze, que se disputent à grands coups de plume trempées dans le plus idiot des patriotismes, tous les journaleux et tous les politiques de la planète dans un lyrisme devenu grotesque à force d’être vociféré.

  Et voilà que les jeux d’Olympe plongent de plus en plus dans un nationalisme exacerbé. Le stade est devenu un champ de bataille. Pour les nations et ceux qui les conduisent. Pour les peuples abrutis d’orgueil. Pour les spectateurs des stades et les téléspectateurs des salons. On n’égorge pas le vaincu, mais on se moque de son appartenance, de son pays, de sa peau. On l’engueule, on l’insulte en brandissant la plupart du temps ce ridicule bout de papier censé représenter la force et la fierté d’une seule nation. La Grande Bretagne en l’occurrence si l’on se réfère à la multitude de petites « Union Jack » agitées partout, à Londres.

 

 Et voilà qu’au bout d’une dizaine de jours de ce spectacle devenu effrayant, une fois réveillé et redevenu lucide, j’ai décidé d’abandonner. Car, en l’occurrence, il devrait s’agir ni plus ni moins que du spectacle de l’effort individuel, ou d’un dépassement collectif, qui n’ont pas à s’identifier en aucune façon à la moindre appartenance nationale.

 Seul le champion a le droit d’être divinisé, à la manière d’un Usain Bolt ou d’un Federer. Seule doit compter cette joie affichée par deux amis, l’un d’origine maghrébine et l’autre venu des hauts plateaux africains qui se sont jetés dans les bras l’un de l’autre, après avoir échangé leurs maillots, tout heureux d’avoir terminé deuxième et premier d’un 3000 mètres steeple. De l’art enchâssé dans la fraternité. Tels les compagnons d’antan.

 Et l'attitude d’un Sanchez bientôt quadragénaire, visage baigné de larmes après avoir remporté son énième médaille en quelques années sur les haies, d’or cette fois, qui à genoux sur la piste s’est penché sur une photo extraite de son maillot trempé et l’a longuement embrassée, n’a pas besoin d’un drapeau pour honorer les Jeux Olympiques.

 N’en déplaise à M Johnson, le maire de Londres, qui en magnifiant sa ville, et son drapeau british, s’est laissé à de l’humour qui n’avait rien d’anglais dans un quotidien en disant que l’Angleterre « avec ses médailles avait récolté de quoi rembourser la dette de la Grèce. » Ni à Balkany député français de triste mémoire s’étant précipité l’autre jour vers Riner le judoka, pour l’embarquer médaille d’or au vent poser à ses côtés devant un photographe, imitant en cela Laurent Fabius qui l'avait précédé dans cette même mascarade. Une bien pauvre corporation.


 


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