Les lendemains qui déchantent

par Philippe DAVID
mardi 8 mai 2012

C’était il y a 5 ans. Une éternité. Nicolas Sarkozy était élu avec 53% des voix sur un programme de « droite décomplexée ». La France rêvait de « rupture », de « méritocratie », de « République irréprochable », d’ « Etat impartial », de « pouvoir d’achat », de « plein emploi ».

Le rêve n’aura pas duré longtemps. Quelques semaines pour les promesses politiques et seize mois pour les promesses économiques.

 En fait de « droite décomplexée », le « peuple de droite » a eu la désagréable surprise de voir arriver au gouvernement des gens clairement de gauche comme Bernard Kouchner, Fadela Amara, Martin Hirsch ou encore Jean-Pierre Jouyet qui, si je ne m’abuse, ont tous appelé à voter pour François Hollande cette année. Première erreur funeste du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Pour ce qui est de la « République irréprochable », inutile de dire qu’il a suffi de regarder les investitures données aux législatives de 2007 pour comprendre qu’il s’agissait ni plus ni moins que d’une promesse de campagne tant certains noms de personnalités condamnées dans des affaires politico-financières pouvaient surprendre. La liste serait trop longue pour un simple article mais la présence parmi les personnes investies d’Alain Carignon a laissé pantois toute personne pour qui le mot « politique » doit rimer avec « éthique ».

La valeur du mot « méritocratie » a été démontrée en deux temps avec l’avènement de Jean Sarkozy, élu dans un canton gagné d’avance aux cantonales de 2008 puis pressenti pour prendre la tête de l’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de la Défense) avec simplement le Bac en poche. Inutile de dire que le monde entier s’est moqué de nous à cette occasion et que cette erreur gigantesque de Nicolas Sarkozy est restée dans les mémoires.

Pour « l’Etat impartial », la pharamineuse indemnisation de Bernard Tapie avec l’argent du contribuable uniquement du fait du Prince est elle aussi restée dans les mémoires. Pour que ce scandale à 390 millions d’euros ait pu avoir lieu, il a fallu l’appui du plus haut niveau de l’Etat avec la création d’un tribunal arbitral destiné à se substituer à la justice. Dans cet « abus de bien public », il est indéniable que Nicolas Sarkozy a eu une responsabilité énorme et que nombre d’électeurs ont dû s’en souvenir au moment de mettre leur bulletin dans l’urne.

Pour le « pouvoir d’achat » et le « plein emploi », la messe était dite dès le discours de Toulon fin septembre 2008 qui suivait le déclenchement de la crise des subprimes le mois précédent. En clair, crise oblige, il fallait faire un trait sur l’amélioration de la situation économique pour le reste du quinquennat.

Tous ces faits, parmi d’autres, expliquent la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande. Trop de promesses non tenues, trop de reniements, trop d’espoirs déçus…

Cependant, la victoire de François Hollande est loin d’être éclatante puisque obtenue avec à peine 52% des voix alors que la popularité de Nicolas Sarkozy était très basse depuis des mois et que les sondages lui prédisaient une défaite bien plus large. Dans ce second tour de dupes, marqué par le record historique de 7% de bulletins blancs, nombre d’électeurs n’ont pas voté pour Hollande ou pour Sarkozy mais contre Hollande ou contre Sarkozy. Si on regarde les chiffres, François Hollande a été élu par 48,62% des votants et 39.06% des inscrits. C'est la première fois qu'un Président élu n'atteint pas la majorité des votants et ne rassemble même pas un français sur quatre pour commencer son mandat.

Inutile de dire que la popularité du Président Hollande risque de baisser elle aussi fortement dès la prise des premières mesures qui s’imposent avec notamment une hausse massive des impôts qui sera de toute façon insuffisante, sauf à rendre le matraquage fiscal définitivement insupportable, pour respecter les promesses du candidat Hollande.

Avec un Président par défaut, un pays divisé et une situation économique désastreuse, tout est prêt pour des lendemains qui déchantent.


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