Les luttes de classes en Chine
par politzer
jeudi 10 avril 2025
Un socialisme pour tous : Réformer le Hukou sans renier la Chine d’aujourd’hui
La Chine socialiste a marqué l’histoire : 700 millions de citoyens arrachés à l’extrême pauvreté, une classe moyenne de 500 millions d’âmes bâtie en quelques décennies. Un exploit monumental, fruit d’un Parti communiste qui a su allier planification et ouverture au monde. Mais derrière ce triomphe, une ombre persiste : 250 millions de prolétaires migrants, ces jeunes ruraux pris dans les filets du système Hukou, travaillent 12 heures par jour dans des usines, dorment dans des dortoirs indignes, et survivent avec des salaires maigres, peu de congés, et un accès limité à la santé ou à l’éducation. Cette fracture n’est pas une fatalité – c’est une dérive bourgeoise dans le socialisme. Il est temps d’y mettre fin, non pas pour une égalité utopique, mais pour une humanité fondamentale.
Le Hukou : un outil devenu chaîne
Créé en 1958, le Hukou devait organiser une nation en mutation. Aujourd’hui, il segmente le peuple : les urbains prospèrent, les migrants ruraux triment. Privés des droits attachés aux villes où ils travaillent – écoles pour leurs enfants, soins décents, logements dignes –, ces prolétaires sont le moteur de la puissance chinoise, mais pas ses bénéficiaires. Cette injustice trahit l’esprit socialiste : un prolétariat uni ne peut naître d’une telle division. Pourtant, abolir le Hukou n’est pas la solution. La Chine a besoin de ses structures, de son plan. Ce qu’il faut, c’est une réforme humaine.
Cinq mesures pour l’humanité
Ils ne demandent pas l’égalité totale – un mirage qui ignorerait les réalités d’un pays de 1,4 milliard d’habitants. Ils exigent des conditions de travail humaines , pour que ces 250 millions de travailleurs ne soient plus des ombres sacrifiées au développement. Voici le plan :
Moins d’heures de travail : Stop aux journées de 12 heures ou au "996". Huit heures par jour, comme la loi le prévoit déjà, mais jamais appliqué pour eux. Les usines devront s’adapter – la Chine a les moyens.
Couverture santé universelle : Une assurance maladie qui suit le travailleur, pas son Hukou. Des soins accessibles dans les villes, financés par les richesses colossales des entreprises d’État. Plus de familles brisées par une facture d’hôpital.
Éducation gratuite : Les enfants des migrants dans les écoles publiques, pas relégués à la marge. Construire des classes là où ils vivent, pour briser la chaîne de la précarité.
Logements humains : Fini les dortoirs où l’intimité n’existe pas. Des appartements modestes, publics, près des usines. Un chez-soi, pas une cage.
Syndicats "Hukou" : Des organisations pour ces travailleurs, sous l’égide du Parti, mais avec des voix élues parmi eux. Pour négocier salaires et conditions, sans menacer la stabilité.
Préserver le socialisme, corriger ses dérives
Ce plan ne renie pas le "socialisme aux caractéristiques chinoises". Le Hukou peut rester un outil administratif, mais ses chaînes doivent tomber : les droits ne doivent plus dépendre d’un statut rural ou urbain. Les plans quinquennaux, la croissance, la puissance mondiale – tout cela peut continuer. Mais les richesses accumulées doivent irriguer ceux qui les produisent, pas seulement une élite urbaine ou une bureaucratie engraissée par la corruption.
Une lutte des classes pour le bien être de tous
Sous le socialisme, la lutte des classes ne s’éteint pas – elle veille. Ces prolétaires migrants ne sont pas des ennemis du système, mais ses oubliés. Leur donner l’humanité, c’est purger le socialisme de ses dérives bourgeoises : privilèges indus, exploitation masquée, corruption tolérée. La Chine a les ressources – trillions de yuans en réserve, capacité à bâtir des villes entières. Il manque la volonté. Une pression des travailleurs, des grèves discrètes mais fermes, pourrait la réveiller. Ou mieux : un Parti qui se souvient que son mandat vient du peuple, pas d’une caste.
L’humanité, pas l’utopie
Ils ne réclament pas un communisme immédiat, une égalité totale . Ils veulent une Chine où le socialisme ne rime pas avec dortoirs et désespoir pour un quart de sa force vive. Ces 250 millions de prolétaires ne sont pas des chiffres : ce sont des bâtisseurss . Leur lutte renforce le socialisme, ce n est pas une trahison . Le Parti doit leur donner voix au chapitre !