Les Machroniques

par Elliot
samedi 29 juillet 2017

Les Machroniques d’un siècle à peine commencé et déjà vieillissant dans son retour vers le futur antérieur.

J’aurais pu écrire une « philippique » mais j’ai voulu éviter toute ambiguïté en donnant au Premier Ministre une importance qu’il n’a pas et, soyons honnêtes au vu des couleuvres qu’il a déjà dû avaler et dont il est apparemment friand, qu’il ne se donne pas le ridicule de revendiquer.

Il est le premier valet de la cour et s’en satisfait, sorte de mamamouchi à la direction d’une valetaille au demeurant très disciplinée car elle s’interdit surtout d’avoir d’autres convictions que celles que distille le Maître Macron.

Le Maître ne peut pas se tromper et d’ailleurs il peut légalement sinon légitimement croire que les Français lui ont donné quitus pour sa ligne politique en l’élisant : il est vrai qu’ayant galvaudé leurs chances au premier tour, ils n’avaient plus guère le choix au second.

Les Français ont cru ou fait semblant de croire à ses fadaises en raison surtout d’un choix ultime entre l’incompétence avérée et un Macron, beau parleur et de toute manière expert dans l’art de diriger tout en faisant avaler des salades.

Au reste l’heure des comptes et des mécomptes arrivera bientôt car le pays réel n’est pas composé que de ceux qui remplissent leur devoir électoral et le dégoût de la politique qui a tenu éloignée des urnes une grande partie de la population n’implique pas que ces gens se désintéressent de leur situation personnelle.

Néanmoins la majorité sortie du second tour des législatives analyse le résultat des élections pour y voir un blanc-seing donné à une politique de restrictions diverses et variées toutes souhaitées par les maîtres du monde et leurs souhaits sont autant d’ordres.

Le Maître a bénéficié comme ses prédécesseurs d’un système électoral où l’efficacité prime sur l’esprit.

Ce système on peut le considérer rationnel en terme d’efficacité mais on lui accolerait difficilement aujourd'hui le qualificatif de démocratique.
Mais il a été admis à une certaine époque, tout ce qu'il y a de plus démocratiquement par le peuple de France.
Il mériterait tout de même qu’on consultât à nouveau la population pour le pérenniser ou s’en défaire, une population dont la composition a bien changé en six décennies (deux, voire trois générations) ne fût-ce qu’en perdant son caractère majoritairement rural.

 

Cette parenthèse refermée, revenons à l’essentiel à savoir au Maître : de mauvais coucheurs prétendent à raison qu’il tombe parfois dans la routine comme celle qui le conduit au niveau diplomatique à répéter en pire les errements de ses prédécesseurs.

Il poursuit voire accentue les travers atlantistes et européistes de l'engeance et donne du crédit par excès d’amabilités ( ou de courbettes ? ) à des gens qui n’en méritent que peu ou l’ont dilapidé si jamais ils en eurent.

Il n’hésite surtout pas à se poser en donneur de leçons à de plus grands formats auxquels sa modeste personne n’hésite pas à se comparer et qui doivent, interloqués par tant de suffisance, digérer une succession d’âneries auxquelles seuls les médias de service donnent une importance démesurée.
Au mieux, après avoir avalé leur rogne, les fustigés s’en font les gorges chaudes dans le secret de leurs cabinets feutrés.

 

Ainsi d’aucuns ont bénéficié d’un bel étalage de flagorneries aussi diverses qu’incompréhensibles comme l’ineffable bouffon qui sévit à la Maison Blanche ou encore l’impudent provocateur qui dirige Israël.

Et d’autres, comme Poutine, agressé en termes choisis à Versailles, ont eu droit au gros doigt de l’instituteur.

Tous doivent se poser des questions sur les causes de l’état euphorique du Maître.

En guise de ce renouveau que l’on a vendu à des Français qui ne demandent d’ailleurs qu’à se laisser abuser, on poursuit donc plutôt la route bien balisée de la dérégulation de notre législation sociale qui est le must incontournable de la doxa néo-libérale : transformer l’assistanat plus ou moins ordonnancé en une cohorte de travailleurs pauvres, mendiant des heures de travail.
On va contraindre la France (ou du moins essayer) à s‘adapter au moins-disant social qui est depuis des lustres la règle qui irrigue les centres nerveux de l’Union Européenne dont le souci premier est de veiller à son application pleine et entière.

Les recettes avancées sont, paraît-il, de celles qui réussissent ailleurs (mais à quel prix pour la population) mais leur généralisation entraîne mécaniquement à la grande satisfaction des banksters les grands ensembles économiques dans une surenchère permanente pour toutes les formes de moins-disant social.

Au désengagement de l’état obligé de faire des économies (contredit par l’initiative - assez saugrenue dans l’esprit général de la majorité - de nationalisation partielle des chantiers navals de St Nazaire) doit inévitablement correspondre une marchandisation des services abandonnés par la collectivité.

Le mercantilisme triomphant va accroître le fossé entre ceux qui ont les moyens de se garantir des niveaux de service acceptables et ceux qui en seront exclus par impécuniosité.

Il y aura donc un service de santé ou un enseignement à plusieurs vitesses avec tout en bas ceux qui auront droit au minimum minimorum qui relèvera plutôt de la charité publique.

Même si parfois, fort habilement orchestré, à deux pas en arrière succède le répit que l’on veut chargé d’espérance sinon de charité d’un timide pas en avant souvent purement formel.

A celui qui attend d’être rossé le simple soufflet apparaît bien doux.

C’est en quelque sorte un mouvement dialectique chargé de hauts et de bas où le bas in fine domine car c’est la dure loi de la concurrence qui impose sa loi d’airain. Et les entraves à la liberté du commerce pour des raisons de concurrence déloyale ne résiste jamais longtemps au poids des accords que nous avons signés .
Alors s’il le faut on rebaptise la carpe en lapin sans rien changer au fond.

 

Le Maître dicte ainsi sa loi au parlement où l’opposition – essentiellement celle des insoumis jusqu’à présent – a encore le droit de porter la contestation mais on sent parfaitement qu’il suffirait qu’elle provoquât un trop brusque renversement des tendances dans le pays pour que les canaux médiatiques traditionnels coupent le sifflet aux empêcheurs de danser en rond, condamnés alors à pérorer sans écho devant le vide sidéral de l’Assemblée Nationale.

 

On ne dira pas que la démocratie est en danger car visiblement c’est le cadet des soucis du peuple français hypnotisé par le cobra macroniste quand il n’est pas subjugué par l’incompétence frontiste obsédée par les multitudes viles de migrants qui se multiplient à l’infini dans l’horizon borné de gens paranoïaques apeurés par leurs fantasmes.

Même la CFDT, coutumière de jouer les relais du gouvernement, est rejointe par d’autres syndicats pour contribuer à faire avaler aux travailleurs le glissement de vocabulaire qui transforme les reculs en réformes en espérant que du mal de la potion nécessairement amère (c’est à son amertume que se mesure son efficacité) naisse peut-être un bien.

En attendant, il faut que toutes les trompettes de la propagande fassent naître chez ceux que pourrait encore insupporter la précarisation du travail et l’affaiblissement progressif des aides et prestations sociales que la souffrance est la meilleure voie vers la rédemption et qu’il est vain d’essayer d’échapper à son destin.

Macron est exceptionnel dans la manière où il a bousculé les règles tacites de l’accession au pouvoir suprême réservée jusque là à des individus du sérail mais il n’y avait rien d’exceptionnel dans son programme qui n’était rien d’autre que la feuille de route exacerbée que l’oligarchie mondiale confie à tous les dirigeants du monde sous sa coupe.


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