Les manipulateurs de marionnettes derrière Breivik (11)
par morice
vendredi 26 août 2011
Hier, nous avons entr'aperçu une bien étrange tentative de déstabiliser l'électorat américain avec l'envoi d'un DVD violent dans les états qui pouvaient encore basculer en faveur du candidat le plus réactionnaire. C'était bien un coup politique qui était tenté, sous couvert d'une attaque religieuse. Les gens qui étaient derrière ça étaient fort peu nombreux : il s'agissait d'une sorte de secte dissidente du judaïsme, d'histoire récente, puisque créée au milieu des années 70. Une secte, aux règles singulières, proches des orthodoxes juifs parmi les plus sectaires, les Haredis, prônant un thème fondamental pour eux, l'interdiction des mariages juifs chez les juifs, source selon eux d'un "affaiblissement" de la "religion". D'autres croyances au sein de la secte faisant dresser les cheveux sur la tête : or c'était bien ce groupe d'illuminés qui était à la base de l'envoi du film. Un groupe qui, pour y arriver, avait donc dû s'associer à d'autres : essentiellement des pasteurs évangélistes, ceux qui avaient fait la bonne fortune électorale de G.W.Bush, plus quelques députés ou sénateurs parmi les pires faucons du pays. Au prétexte d'un islam uniquement terroriste selon ce DVD, c'était bien la personnalité de Barack Obama qui était visée. Ces précurseurs du Tea-Party et son pesant poujadisme espéraient bien réussir, ils avaient mis le paquet. Aujourd'hui très déçus, à vous d'imaginer ce qu'ils pouvaient concocter d'autre pour éponger leur cuisante défaite.
Un premier film, donc, pour Aish Ha Torah, avec déjà de gros moyens budgétaires, produit par le rabbin Yaakov Salomon, qui est aussi un "psychiatre et psychothérapeute New-Yorkais de la clinique Flatbush", plutôt imbu de lui-même, car fort soucieux de sa propre publicité avec son "Solomon Says" recueil de ses aphorismes journaliers (même quand il se rend dans un grand magasin il vous fait un discours, on s'attend à ce qu'il fasse un jour un sermon sur Dieu rencontré dans les toilettes !). Un personnage qui appuie plus que fortement sur un fait plutôt euh… gênant : le "baalei teshuvah" (ou « returnees to Jewish observance »). Celui consistant donc à refuser dans les familles juives les mariages mixtes.. car selon l’auteur du film, « les mariages entre Juifs et non-Juifs ont dilué la vitalité du peuple juif ». Ouh là, c’est plus grave qu’on ne pense, docteur…House. Seraient-ils... euh... sectaires à ce point ? Ça tourne au vieux principe religieux du refus d’étendre le cercle familial à d’autres croyances que celle de la maison… une pratique reprochée constamment… aux radicaux islamistes, tient, justement ! (dans ce film "Inspired", censés encenser les conversions, où le sommet de la vie est de devenir un orthodoxe, fondant famille pour fabriquer d'autres orthodoxes, pas une seule femme ne figure !). Mais aussi une pratique qui orbite autour de thèses... d'origines raciales et eugénistes !
Ça sent plutôt mauvais, chez les frères du Dr House ! Et ce, même avec des "vedettes" telles que le rabbin Eliyahu Bergstein, du Jewish Renaissance Center de Brooklyn, lui aussi c'est encore un hasard, "un analyste de systèmes responsable de plusieurs millions de dollars de facturation". Comme Chernick ! Pour gagner quelques spectateurs supplémentaires, le film était véhiculé par des "Kiruv", les centres de relais de la pensée Aish. Un mot qui signifie aussi les préceptes à suivre, car la vie de l'adepte est fort normée, nous allons le voir, et rythmée tous les jours par toute une série de contraintes plutôt ennuyeuses. Un site propose même le TOP 10 des " kiruv" à suivre.... ici. A la fin "d'Inspired", au générique de fin exactement, une sentence incroyable et impensable du rabbin Harav Noach Weinberg (mort en février 2009) arrive en conclusion et rappelle le but profond de l'Aish : celui "de ne pas se faire assimiler" !!!
Remarquez, chez les gamins, c'est parfait comme jeu de pistes en cas de journées de pluie (un nombre record de conversions a donc dû se produire cet été) : "lors du séminaire, vous êtes muni d'un livret de 88 pages. Pour 5 dollars, vous pouvez prendre la maison livret avec vous. Je pense que ça vaut le prix. La section couvre les codes de la page 5 à 22. Il contient quelques informations que je n'ai pas vu nul part ailleurs. Un problème avec le livre, c'est qu'il n'est pas vraiment autonome. Pour le comprendre, vous avez besoin d'instructions orales. (Ceci est analogue à la tradition juive, dans laquelle vous avez besoin de la Torah orale, afin de comprendre la Torah écrite.) Vous pourriez penser, par exemple, que le « code de Rambam" présentés aux pages 6 et 7 sont des preuves assez fortes que Dieu a inscrit un message codé dans l'Exode à propos du grand rabbin Moshe ben Maimon (souvent appelé Maïmonide ou connu par l'acronyme de Rambam). Ce code est bien connu des codeurs de la Bible ; vous pouvez le lire à ce sujet dans le livre de Jeffrey Satinover ou ceux de Grant Jeffrey." Les inscriptions chez Randy Ingermanson, sponsorisé par l'Aish, se prennent ici. L'auteur fait fortune autrement semble-t-il. L'atttrape-gogo de la tombe de Jésus, ça rapporte plus il semble, en effet. Et hop, un autre livre à acheter ! Commercialement, c'est une affaire qui roule ! Un commentateur rabat tout de suite les espoirs : "ce livre décrit essentiellement la réalisation d'un documentaire télévisé,au cours de laquelle le tombeau de Talpiot, découvert en 1980, a été déménagé et rouvert brièvement." Gasp, encore raté : les fanas des recherches historiques "religieuses" ne font que repomper les travaux des autres !
En résumé, ces voisins des kabbalistes, façon Madonna, (lire ici*) l’une de leurs vitrines « people » actuelles, profèrent des théories fumeuses assénés comme des vérités ultimes. Car le kabbaliste aussi, je cite « observe la totalité des commandements, sans la moindre dissidence. Il récite quotidiennement toutes les prières régulières. L’originalité révolutionnaire des Kabbalistes ne consiste pas en une révolte contre la Loi, mais dans une lecture très troublante des écrits bibliques, avec des idées parfois perçues dans les milieux bien-pensants comme hérétiques : la Rétraction ("Tsimtsoum") de la Présence Divine dans le Cosmos, pour permettre à celui-ci d’exister ; l’Exil de la Présence Divine ("Galouth Hachekhina") hors de la Terre Sainte, pour accompagner le peuple d’Israël dans sa dispersion" … nous dit "Actualité Juive". Chez les autres c’est un peu différent. Le "feu de la Torah", la traduction de Aish HaTorah (“Fire of Torah”) a également comme ardent et étonnant supporter Elie Weisel, qui ne veut y voir qu’une forme de pédagogie : "Aish HaTorah signifie pour moi la passion de l'enseignement, la passion de l'étude de la Torah . La source des valeurs juives, est la manière de survie du peuple juif" dit notre prix Nobel qui a un tendance certaine à en faire un peu trop. L’homme en devient un peu plus chaque jour désespérant.
Tugwell, l'économiste de Roosevelt qui intéresse tant aujourd'hui l'Aish Ha Torah et d'autres : il avait prédit et recommandé dans "The Proposed Constitutional Model” de nationaliser les terres du pays ! On voit l'intérêt chez les gens qui prônent les colonies en Israël ! Tugwell était aussi partisan d'un contrôle du pays plus ferme en cas de besoin (et de la suppression des armes individuelles, il faut le noter !) ; d'où l'admiration que lui vouent également parfois les néo-nazis (pas pour les armes !). Taxé parfois de "communiste", il leur plaît également pour son dirigisme : on retombe sur l'amalgame de Jensen ou de Breivik que certains ont eu du mal à comprendre ! Tugwell avait eu aussi cette phrase qui résonne beaucoup aujourd'hui sur la nécessité en cas de crise de renforcer le secteur public et non le secteur privé, à propos des "mythes" entretenus par le "laissez-faire", en disant : "Le modèle est en place. Il n'y a pas de main invisible. Il n'y a jamais eu ... Pratiquement tous ceux qui partagent les idées du New Deal, à un degré ou un autre, ont une méfiance des entreprises et de l'entrepreneuriat privé car ils pensent... que sont eux qui ont mené la nation à son état de détresse actuelle... le principe de l'administration est très simple : le seul objectif (de la politique de l'énergie du New Deal ) a été d'élargir le secteur de la propriété publique de l'industrie et de l'énergie ... en tant que moyen de diminuer le contrôle du privé sur les nécessités de la vie."
"Obama, Boama, Amabo, Maboa.
"Oamba, Bamoa, Abamo, Maoba.
"Oabam, Baoma, Amoba, Moaba.
"Obaam, Bamao, Aobma, Mboaa.
"Obmaa, Bomaa, Aobam, Maaob."
Ça fait appel au cœur et l'âme de l'Amérique, n'est-ce pas ?. Tout le monde chante maintenant :« Nous sommes derrière Barack Obama ! Avec lui, il n'y plus de peur à avoir ! "Tous à bord de l'express de Barack !" Affligeant, et écœurant. Un responsable politique US qui parle comme les supporters des stades de foot effectuant des cris de singe à l'arrivée de joueurs noirs sur le terrain, voilà qui relie pas mal d'idéaux, et fait de Perry, de Geller et consorts des membres obligatoires de l'EDL anglaise, des supporters de la Lazio et des sbire lpahcés dans les émeutes anglaises par le millliardaire Lake. Il y a bien unité de "penser" chez eux. Et surtout unité d'action la plupart du temps violente ! Voilà bien qui a inspiré Jensen et Breivik, voilà également bien qui emplit les colonnes de Gates Of Vienna, repris en France par Bivouac—ID et Riposte Laïque !
Des gens tentés par des prises de pouvoir, ou obnubilé par les sirène d'un pouvoir mondial pour sauver ce monde qui ne leur plaît pas (pensez-donc, il y règne plutôt la démocratie !) La croyance d’Aish, vient de l’histoire de Rabbi Akiva, (Akiva ben Joseph) un simple berger analphabète de 40 ans qui, constatant qu’une goutte d’eau tombant sur une pierre pouvait user cette pierre en a conclu que le « feu de sa foi » pouvait réchauffer le cœur des autres, sinon… l’embraser. La théorie des petits ruisseaux pour faire de grandes rivières, une image bien classique… Très vite, donc, le mouvement Aish HaTorah se présente d’étrange façon : celui d’un sauveur de l’humanité toute entière, pas moins et non plus seulement d’Iraël seul. Sur un site du Minnesota la présentant (d'où est parti le mouvement américain), on note une superbe sentence allant dans ce sens : « L'histoire du peuple juif et le destin est de servir comme une lumière pour les nations. Les dées de la Torah ont civilisé le monde et peut continuer à le faire, si le peuple juif comme nation, continue à accepter le défi. »Les idées de la Torah ont « civilisé » le monde ? Comment donc ? En « éveillant » les gens, façon… témoins de Jéhovah ? « Le peuple juif doit se rappeler que nous avons une mission ou un enseignement, pour la première foi, de ce qu'est la mission du peuple juif. Par ailleurs, nous avons besoin d'inculquer au sein des gens de nous faire confiance afin que nous puissions réussir à faire de notre mission une réalité. » Un besoin d'inculquer qui rejoint fort les thèses des... missionnaires d'antan, partis convaincre des "sauvages" de l'existence d'un Dieu unique. Tel ci-dessous Kalman Packouz, né à Portland, dans l'Oregon et aujourd'hui à la tête de l'Aish Ha Torah de Miami. L'inventeur de "Window on the Wall" : la webcam tournée vers le Mur des Lamentations. Grande "invention", pour sûr. On reparlera de lui demain... pour tout autre chose à vrai dire.
On retrouve bien là toutes les caractéristiques de la secte et non de la religion juive proprement dite, et surtout un besoin constant d'imposer ses seules vues. Ce sont donc bien les « Blues Brothers du Talmud », en mission pour Yaveh et non pour le seigneur !! Ailleurs, ça devient plus clair comme vision : « La vision du peuple juif qui existe depuis plus d'un millénaire est une vision utopique pour toute l'humanité, comme le prophète Isaïe l'a écrit » ... les voilà "révolutionnaires", donc, en route pour « soumettre le monde » à leur image, effectuer un renouveau..." charismatique" serait-on tenté de dire : ces gens là sont plus proches des évangélistes qu'ils ne le disent… et pour cela, tous les moyens son bons… et celui qu’ils viennent de trouver défie l’entendement. Tenter de faire élire un homme de droite en ressortant du tiroir à malices électorales un film attisant la haine dans le pays est une opération de basse propagande, rien d’autre. Une propagande qui a eu un écho jusqu'en... Norvège. Preuve qu'on y avait mis le paquet, ou que des paquebots porteurs de DVD remontaient bien jusqu'à Oslo (nous verrons lesquels après demain) !
Nous n'en n'avons donc pas fini avec ces ramifications et ses accords de circonstance entre groupes religieux et profonds réactionnaires. Jensen et son fidèle Breivik n'ont rien inventé : ils se sont nourris de ces différents courants, qui fabriquent au final une pensée bâtarde, oscillant entre nazisme, protestantisme, catholicisme et... supporters inconditionnels d'Israël, tendance sectaire.
(*) extrait :
« Ce mouvement promet aux gens de découvrir le sens caché d'un texte millénaire, la kabbale, explique un policier spécialisé. Mais ce n'est rien d'autre qu'une spiritualité vendue clés en main. Cette organisation est surtout dirigée par le culte de l'argent de son gourou. Son aspect spirituel n'est qu'un prétexte. Il peut y avoir des dérives physiques. »
Remontant aux origines et à Moïse sur le mont Sinaï, la « vraie » kabbale désigne l'ensemble de l'ésotérisme judaïque. Elle est accessible depuis le Moyen Age et la parution du Zohar, le Livre de la splendeur. Ces textes sacrés, écrits en araméen, ne sont normalement accessibles qu'à des hommes de confession juive âgés de plus de 40 ans et mariés.
Philip Berg, lui, a décidé qu'il en fallait des exemplaires partout, jusque dans sa voiture, et qu'ils seraient abordables par tout un chacun : femmes, non-juifs et même enfants... Une condition : payer. Pour les cours d'initiation, pour le bracelet rouge, pour l'eau de la kabbale censée guérir de tous les maux, pour les livres sacrés qu'il est indispensable d'acquérir, souvent à prix d'or, sous peine de malédiction... Sans parler des généreuses donations sans cesse sollicitées. Il n'y a pas longtemps, Jerry Hall, l'ancienne femme du chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger, a ainsi quitté le mouvement après qu'on lui eut demandé 10 % de ses revenus et de ceux de ses proches ...
C'est dans l'un des quartiers les plus chics de la capitale que s'est établie l'antenne française du Centre d'étude de la kabbale. Une fois la grande porte vitrée de ce bâtiment du XVIe arrondissement poussée, le visiteur découvre des fascicules expliquant le mouvement sur un présentoir, une synagogue et une librairie où il est possible d'acheter les nombreux ouvrages du « rabbin » Philip Berg. L'organisation est enregistrée en préfecture comme une association sans but lucratif mais, en parallèle, une Sarl, dirigée par les adeptes, gère les affaires financières.
Aux débutants, Meirav, jeune femme à la voix douce et au visage rayonnant, explique qu'il n'est aucunement besoin de connaître quoi que ce soit à la mystique juive. « A la lecture de ces textes sacrés, vos yeux ne serviront que d'interface avec votre âme qui, elle, millénaire, saura les déchiffrer. » Le conseil est gratuit mais les six cours d'initiation coûteront ensuite 200 €.
LA référence pour le "démontage" du film (que Breivik n'a donc pas lu !) est ici :
http://www.obsessionforhate.com/thepundits
la liste des journaux qui l'ont disrtribué :
http://www.obsessionforhate.com/thepapers.php
la liste des "idéologues" :
http://www.obsessionforhate.com/thepundits.php
l'argent :
http://www.obsessionforhate.com/thefunders.php
les arguments pour démonter le film :