Les manipulateurs de marionnettes derrière Breivik (14)
par morice
mardi 30 août 2011
Il nous restait encore une chose à vérifier, avant d'en arriver à créer une typologie véritable de l'islamophobie délirante qui a mené au massacre de Norvège. Celle des liens entre des groupes d'extrémistes religieux américains, comme ceux de l'Aish Ha Torah, et les armes. Or, dans mes enquêtes précédentes sur les tribulations dans le monde de Viktor Bout, j'étais tombé un jour sur l'incroyable histoire d'un jeune homme, devenu à 17 ans le fournisseur d'armement attitré du Pentagone. C'en était suivi une deuxième histoire, celle de l'incroyable explosion de Gerdec, haut-lieu des magouilles de l'industrie parallèle de l'armement clandestin. Or, comme par hasard, le jeune homme, son adjoint et tous les gens qui avaient gravité autour faisaient partie d'une communauté juive orthodoxe. Le propre fils de l'un des dirigeants de l'Aish Ha Torah étant le second de l'entreprise ayant négocié pour 300 millions de dollars de munitions destinées aux forces irakiennes qui se sont retrouvées être des balles chinoises datant de 50 ans, et que l'on a également retrouvées fichées dans le corps de Marines morts, tués par les talibans. Notre enquête s'enfonce aujourd'hui dans le glauque et le sordide. Les fêlés zélateurs de l'islamophobie sont allés beaucoup plus loin qu'on ne le pense.
Leurs méthodes de recrutement vise avant tout le jeune public, au même titre que les évangélistes dont ils appliquent les méthodes connues : « Comme le mouvement Alpha des protestants évangéliques et l'Opus Dei catholique, Aish a un penchant particulier pour les jeunes et les gens aisés, et circonscrit la plupart de ses activités aux« YJPs '- Jeunes Professionnels Juifs. Les New-Yorkais peuvent se joindre à l'Aish MBA communautaire, un « groupe de chefs d'entreprise juifs et les étudiants qui vont explorer leur patrimoine tout en faisant progresser leur sens des affaires », tandis que les professionnels de Londres peuvent assister aux réunions Aish midi la ville, accueilli par les médias et les sociétés de télécoms IDT. »On retrouve chez eux des noms connus habituels, dont l’ineffable Daniel Pipes, « l’expert de la haine », l’homme des bureaux sombres de la Maison Blanche, aux sorties grotesques souvent. Et dans leurs propos une défense de l’Etat d’Israël qui frise l’hystérie : « Delà de l'éducation juive, Aish HaTorah est connu comme un ardent défenseur d'Israël, et a lancé divers programmes de plaidoyer pro-Israël. Aish célèbre l'indépendance d'Israël et le jour de Jérusalem, et fait flotter fièrement le drapeau d'Israël au-dessus de son Centre mondial au Western Wall. Des centaines de personnes ont fait leur alya directement à travers leur participation à Aish HaTorah ». Ouh là… on n’ose imaginer ce qu’il va y avoir, sur ce fameux film…Wilders va passer pour un angelot à côté…
On le voit, cette distribution de DVD gratuit a une échelle jamais vue a été le fait de personnes religieusement orientées vers une ultra-orthodoxie et non une simple association d’opposants à l’accession au pouvoir de Barrack Obama. Nous connaissons les réalisateurs, et le bailleur de fonds. Là encore, ce n’est pas vraiment une surprise, étant donné la réalisation. McCain a bénéficié de soutiens financiers très importants pour sa campagne, même si une excellente mobilisation des troupes démocrates alimente régulièrement les comptes de leur candidat. Au final, on sait aujourd'hui que le flot d'argent déversé sur le candidat McCain n'aura pas suffit.
Une analyse plus fine donne une interprétation qui nous interpelle : sous le mouvement religieux se cache bien un projet... politique. "Le mouvement est donc bel et bien extrémiste et avant tout privilégie les notions d’ordre et de respect de l’autorité, choses qui peuvent conduire à tous les excés on le sait dans un pays. Un film récent le démontre avec brio, basé sur les thèses lumineuses de Milgram sur la soumission à l’autorité, dont on a vu les ravages exemplaires à Abou Graïb. L’analyse que fait un sociologue israëlien d’Aish est tout simplement dramatique et fait craindre quant à son influence sur les jeunes personnes, que vise en priorité ce mouvement finalement fondamentaliste : « Un leader charismatique ; la soumission à l'autorité ; une idéologie rigide, notamment une approche fondamentaliste de la théologie, une promotion de croyances apocalyptiques, un mode de vie communautaire, l'isolement de sa famille ; la haine et / ou la peur de l'extérieur ; des actifs du travail missionnaire, y compris les tentatives de convertir les étrangers à son mode de vie religieux ; une focalisation excessive sur une collecte de fonds. » Chez Brevik, on trouve pas mal de ses concepts. Et même son mode de vie dans les derniers mois précédent l'attentat !
"Packouz et Diveroli rencontré au Beth Israel Congregation, la plus grande synagogue orthodoxe de Miami Beach" raconte "Rolling Stone". Packouz était plus âgé de quatre ans, un gamin maigre, qui portait une kippa et avait laissé sa chemise blanche ouverte. Diveroli était le clown de la classe, un gamin en surpoids avec une grande bouche et aucun sentiment de peur. Après l'école, la paire se traînait à la plage avec leurs amis, fumait de la mauvaises herbe, jouait de la guitare, se faufilait pour aller nager dans les piscines des hôtels cinq étoiles. Lorsque Packouz avait eu son diplôme, ses parents étaient si inquiets au sujet de son utilisation de la marijuana qu'ils l'avaient envoyé dans une école en Israël spécialisée dans le traitement des enfants avec des problèmes de drogue. Il s'est avéré être un excellent endroit pour se défoncer. "J'ai pris l'acide par la Mer Morte », dira Packouz. « J'ai eu une expérience transcendentale ». "Transcendentale", comme celle de son père avec l'Aish ?
"De retour chez lui, Packouz dérivait au travers de deux semestres à l'Université de Floride. À court de liquidités, il avait étudié le massage car cela semblait être une meilleure façon de faire de l'argent que d'avoir à retourner des hamburgers. Efraim Diveroli, en revanche, savait exactement ce qu'il voulait être : un marchand d'armes. C'était une entreprise familiale. Son père négociait des vestes en kevlar et d'autres armes comme attirail des forces de police locales, et son oncle "BK" vendait des pistolets Glock des Colts et des Sauers Sig aux policiers. Expulsé de l'école en neuvième année, Diveroli avait été envoyé à Los Angeles pour travailler pour son oncle. En tant que jeune concessionnaire, il s'est avéré être un brillant élève. À l'époque où il avait à peine 16 ans, il faisait déjà des voyages pour vendres des armes dans le monde. Il aimait les armes avec passion - en les vendant, les manipulant, en parlant d'elles- et il aimait les intrigues de l'industrie de l'armement et son amoralité impitoyable. À 18 ans, après une dispute avec son oncle sur l'argent, Diveroli était retourné à Miami pour mettre en place sa propre exploitation, en créant une société fictive que son père avait incorporée dans la sienne et appelé AEY Inc" raconte le magazine Rolling Stone du 16 mars dernier. En fait le jeune Diveroli avait été manipulé par la famille, car à peine arrêté, les premiers à le "descendre" c'étaient bien eux. De son neveu, le très médiatique rabbin Shmuley Boteach dira :"Nul ne pouvait arrête ses excès", avait-il déclaré en janvier 2009, selon une transcription de l'audience. "Il avait une fusée attaché à son dos et une orientation morale absolument nulle." Shmuley ayant fort peu de conseils à donner : en 2000, l grand ami Schmuley de Michael Jackson avait créé une association "Time for Kids" qui avait organisé un gala de charité pour les enfants au Carnegie Hall, qui avait fait salle comble. Mais aucun enfant n'avait senti l'odeur des billets verts...
On ne s’attendait pas à pareil dégâts dans la société civile, que celui de ce DVD : et pourtant ils sont réels. Le dernier point surtout explique la richesse du mouvement et sa chasse au vedettariat comme la pratiquent les kabbalsites. Dans ce sens le scénariste de Docteur House est pour eux une aubaine. La première preuve de leur influence, et le bombardement systématique des sites évoquant une quelconque idée qui s’oppose à la leur, notent nos précieux observateurs de la presse … "Une de leurs tactiques favorites est de bombarder les journalistes qui ont critiqué Israël avec des emails haineux (ou de bloquer les forums, comme on a pu le faire et on continue à le faire tous les jours ici sur Agoravox). Les journalistes Robert Fisk et John Pilger ont tous deux déclaré avoir leur boîte de réception submergée par les abus de censure provenant d'Honest Reporting. David Leigh a raconté une histoire semblable : des emails et des lettres ar centaines, tous faisant le même étrangement 'allusion à la même chose, dans exactement les mêmes termes. Comme ce qui avait suivi la publication d'un article du Guardian d'essayer de comprendre les motivations du chauffeur de bus palestinien qui a percuté une file d'attente, tuant huit israéliens. Les e-mails mystérieusement similaires - venus de partout dans le monde - ont commencé à arriver massivement chez notre rédacteur en chef étranger ; sur notre site, et à l'adresse électronique personnelle de notre correspondant au Moyen-Orient, Suzanne Goldenberg. Ils en ont été incommodés car ils étaient un peu effrayants dans leur ton violent - "Le sanglant Guardian"... "Avez-vous tué un Juif d'aujourd'hui" ... "Etes-vous anti-juif ?". Or si l’on regarde bien, ici-même chez quasiment tous les sites citoyens, ce type d’argumentaire est déjà paru. On a l’antisémitisme chatouilleux seulement quand c’est nécessaire semble-t-il. Et ici aussi on y a eu droit, à ce post-mining.
De tout cela il ressort en 2008 une énorme tentative de destabilisation de l’électorat américain, organisée par des gens qui ne faisaient ni mystère de leur croyance véritable ni de celle de leurs fonds, nécessaire pour arroser autant d’états avec un film de propagande cherchant avant tout à affaiblir un des deux candidats plutôt qu’à en glorifier un autre. L’événement a été exceptionnel dans son ampleur et dans son idéologie. Et tout cela existe encore en 2011. Il existe donc bien un sionisme américain prêt à toutes les bassesses pour faire élire le candidat de son choix et seulement celui-là. En ce sens, c’est démontrer que la politique américaine est devenue entièrement dépendante de sa position vis à vis d’Israël, dont le poids se fait un peu plus chaque jour sentir dans cette élection. L’opération menée était une vaste opération de propagande pro-israël menée par un groupuscule sectaire davantage qu’un film islamophobe : ces auteurs, tous liée à une mouvance judaïque fort particulière, parlent pour lui. Des gens avant tout déçus de l’intervention de W.Bush auprès des autorités israëliennes de ne pas intervenir en Iran, et qui souhaitaient que leur candidat, en l’occurrence John McCain, revienne sur cette décision.
Et après les armes, les hooligans. Un article surprenant du Jerusalem Post paru le 26 octobre 2010 mettait le doigt sur l'un des problèmes apportés par ces fausses écoles pour étudiants riches "à redresser" tels que David Packouz : des écoles faisant partie selon l'auteur d'un "complexe industriel de la religion", recevant les post-ados contre 20 000 dollars d'insription et leur apprenant surtout à hanter les bars et à se comporter en hooligans d'un nouveau genre, car issus de milieux aisés. Etait visée par l'auteur la rue Ben-Yehuda, en plein centre de Jerusalem. Un belle dénonciation des dérives financières de ses écoles, le plus souvent othodoxes (certaines le déguisant pour attirer davantage d'étudiants, telle l'Aish Ha Torah, prise ici en flagrant délit avec son "université en ligne" la "JerusalemOnlineUniversity". et "l'aishcafe" possédant strictement la même adresse de registre !) !) pouvait-on, penser. Un papier signé Shmuley Boteach, plus connu sous le surnom "de rabbin de Michael Jackson " l'hypermédiatique... oncle de Diveroli. et également auteur du best seller Kosher Sex. Un rabbin fort remonté contre les thèses de L'Aish, qu'il avait "assassiné" dans un autre papier retentissant de L'Huffington Post, intitulé "la montée des charlatans de la religion".
L'Aish Ha Torah a donc créé plusieurs choses que l'on pouvait résumer à un "complexe industriel" davantage qu'une simple organisation religieuse, disposant de ses relais médiatiques et de son centre de production télévisuel. Un "complexe" où les armes n'étaient pas exclues, tout au contraire, grâce aux liens avec le fils d'un des ses responsables. En somme, une couveuse à terroristes potentiels, embrigadés religieusement et ayant pris connaissance du maniement des armes via des séjours au sein de l'IDF ou lors de formations auprès de mercenaires aguerris, venus d'un peu partout. Breivik en aurait trouvé un au Nigeria, paraît-il : cet activiste de l'EDL, nous y reviendrons.
A ce stade de folie religieuse, on ne peut que conclure que ces gens là préparent un holocauste mondial, mais n’en ont même pas conscience, enfermés dans une religion qui dicte les moindres aspects de leur vie. La distribution de ce DVD était une véritable provocation, dans tous les sens du terme, aux USA. Heureusement qu’il reste à la communauté juive des gens telle que l’irrésistible Sarah Silverman pour contrecarrer cette influence fort néfaste. Je vous conseille d’aller voir ce qu’elle en pensait de la kabbale, par exemple, ou de regarder son enthousiasmant « je me tape Matt Damon », son tordant « jews love german cars », ou mieux encore son dernier clip…de 2008, ou elle conseillait de voter Obama, en invitant la communauté juive américaine à faire pareil. Dans cette campagne déplorable de 2008 devenue parfois hystérique, ce fut un vrai rayon de soleil. Au même titre que l’épatant et indispensable John Stewart et son rappel des 5768 années de l’ère hébraïque à propos de l’AIPAC. Et du gain indispensable pour le candidat de la Floride… juste avant avant l'élection, cette stratégie d’attaque se sentait déjà révélée vaine, fabriquant même plutôt l’effet inverse de celui escompté : lâchement attaqué, voilà Obama qui était devenu victime d’un acharnement républicain. J'écrivais ceci en 2008 : "L’histoire dira plus tard quel aura été l’impact réel de ce DVD sur la campagne électorale. Pour l’instant, il semble bien être un beau fiasco. Exactement comme celui de Wilders, en définitive". Au final, c'est Obama qui avait gagné. Et qui héritait le jour même d'une haine féroce de ce groupuscule qui avait juré sa perte, et qui devait maintenant songer à autre chose pour lui mettre des bâtons dans les roues. Avec d'autres moyens et d'autres techniques, comme nous le verrons demain...
(*) plusieurs articles sur le sujet ;
1) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56366
2) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56392
3) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56500
4) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56444
5) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56475
6) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56637
7) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56657
8) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56548
9) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56660
10) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/en-afghanistan-les-americains-56549