Les marchés financiers contrôlent-ils les esprits ? (1/2)

par Unevoixoff
mardi 3 décembre 2013

Depuis les années 90, la toute puissance de l’économie de marché ravage la liberté de chacun et détruit l’esprit critique. Jusqu’où faudra-t-il aller pour retrouver un peu plus d’humain dans nos sociétés marketées ?

Englués, engoncés, pliés par le poids des normes. En Europe occidentale, les rues bruissent des rumeurs de désobéissance civile, de contestations de plus en plus véhémentes, de remises en cause des pouvoirs établis. Les citoyens européens se disent poissés par une doctrine qui ne veut pas dire son nom : la pensée unique. Une méthode de raisonnement imposée par quelques-uns (les élites) à des millions d’êtres dont l’espace de liberté se restreint de jour en jour. Ici, on réclame plus de justice sociale, là, on exige plus d’Europe. Là on légifère à tour de bras, ici on détruit les mausolées. Cette pensée unique, contraire à l’établissement original de la plus petite des démocraties, semble contraindre encore un peu plus l’esprit de révolte. Inhibition, trouble, paralysie… On n’ose plus dire ce que l’on pense. La police politique de l’opinion est revenue.

Depuis la chute du mur de Berlin, depuis le 11 septembre, depuis les crises financières, jamais l’arrogance des puissants, la morgue des politiques et l’insolence des médias ne s’étaient autant exprimées. Cette pensée unique qui ravage l’esprit critique, est au service d’intérêts économiques supérieurs. La place de l’homme y est comptée. Les politiques de tous pays se sont livrés, aveuglément, aux banques et aux institutions européennes : banque mondiale, FMI, Commission européenne, Bundesbank, Banque de France et autres organismes financiers… En créant et en animant un peu partout dans le monde des fondations, des think tank, des lobbies, des groupes de pression, des universités ou des centres de recherche, tous ces établissements propagent leur grille de lecture unique. La bonne parole est là, incontournable et reprise sans fin par les supports de presse, propriétés des mêmes organismes. A son tour, intellectuels et journalistes relaient cette pensée unique par le relais des grands médias de masse et les répètent à profusion. Et l’homme de la rue, béat d’admiration devant ces répétitions, accepte sans broncher. Pour l’instant.

Le marché, rien que le marché

Le citoyen doit comprendre que l’économique a pris le pas sur le politique. Le citoyen doit faire des efforts, des économies, payer toujours un peu plus parce que le déficit de la France est abyssal. Le citoyen n’a pas, en revanche, la faveur de sa banque, quand son compte est à découvert. Le citoyen, lui, ne reçoit aucune subvention de l’Etat pour éponger son déficit. Le gouvernement demande au citoyen toujours un peu plus d’effort pour que le « marché », les finances publiques se portent mieux. Et le citoyen n’a que son travail (quand il en a un) pour faire face. Il faut entendre l’un des principaux porte-parole de cette pensée unique, Alain Minc, déclaré : «  Le capitalisme ne peut s’effondrer, c’est l’état naturel de la société. La démocratie n’est pas l’état naturel de la société. Le marché, oui  ». L’économie avant tout, si possible débarrassée du social, obstacle récurrent et cause de régression et de crise. Le marché financier surtout qui oriente les politiques publiques, la concurrence et la compétitivité qui devraient stimuler les entreprises les conduisant à une permanente modernisation toujours bénéfique. Le libre échange, la mondialisation, la monnaie forte, la privatisation, la déréglementation, la libéralisation, autant de critères imposant toujours moins d’Etat, privilégiant les revenus du capital au détriment de ceux du travail et oubliant systématiquement l’impact écologique.

Psittacisme

Le catéchisme économique a envahi, bien malgré nous, tous les interstices de la société, relayé en permanence par les experts (toujours les mêmes au demeurant), par les hommes politiques (de gauche comme de droite), par les commentateurs (toujours les mêmes aussi) qui confèrent une force prédictive jamais atteinte à l’exception des systèmes de propagande les plus noirs. Intimidation répétée qui prive chacun de toute tentative de réflexion libre, et rendant impossible toute forme de résistance.

Que deviennent alors les millions de chômeurs européens, les banlieues en désespérance, le retour puant du racisme, les marées d’immigrants, exclus de facto, le ravage écologique comme ce nouveau continent de plastique découvert en plein océan Pacifique, symbole de nos sociétés à la dérive ?

La conscience du citoyen est aujourd’hui anesthésiée, sans force, ni envie. A moins que. A moins qu’il ne faille reprendre les armes de la désobéissance sociale pour retrouver juste un peu plus d’humain. Oui, juste un peu plus.


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