Les méchants c’est pas nous ou j’ai 58 ans et alors ?

par Pauline pas Bismutée
jeudi 17 août 2017

N’ai jamais envoyé un article à qui que ce soit de ma vie et n’ai ni Facebook, ni twitter, ni i phone ; si je vois une caméra, je suis celle qu’on voit s’éloigner, de dos…

Mais quand même, pour une fois, plusieurs points ;

Première crise du pétrole en 1973, puis 1976 (année de mon Bac), soi-disant explications pour le chômage à l’époque… bien-sûr aucune allocation quand on n’était plus chez ses parents… donc petits boulots, bien sûr payés au SMIC, avec nécessité d’économiser pour tenir jusqu’au prochain petit boulot quand au chômage.

Pas de portable, donc pas de preuve quand le patron vous coinçait dans un coin, ça aurait été sa parole contre la vôtre, je vous laisse deviner laquelle aurait pesé plus lourd…

Pas vraiment une bonne idée d’aller se plaindre chez les flics après un viol, dans certains commissariats il était connu que certains flics essayaient de vous repasser dessus, tant qu’à faire….

Quant aux soins médicaux, pas de Sécu quand pas d’allocations, et les toubibs n’avaient pas lu le serment d’Hippocrate en entier…

Quant aux allocations familiales, surtout quand était seule avec enfant(s), elles mettaient des mois à être versées (quand François Mitterrand prenait le Concorde à lui tout seul pour aller à New York -sans rancune-) et les hivers sans chauffage (et sans salles de bains ou douche) c’est quand même pas trop bon pour la santé des enfants (et des autres non plus).

Bon, j’arrête là, mais ça vous donne une idée…

Cela dit, je ne retournerai pas en France, que j’ai quittée il y a trente ans (voir plus haut). De toute manière j’ai ma pyramide de Maslow à l’ envers et continue de vivre sans télévision, sans voiture, sans viande ni poisson, et sans plein d’autres trucs car ça ne m’intéresse pas énormément (j’ai quand même quelques beaux objets glanés au cours de mes voyages car le superflu est quelquefois plus vital que le nécessaire et ces « choses » ont une histoire, une âme (oui, ça frôle l’animisme))…

Nous sommes quand même quelques-uns dans ce cas, qui avons commencé à réfléchir pendant notre adolescence en s’élevant contre le nucléaire, les abus d’antibiotiques, les engrais chimiques, la souffrance animale, la consommation à tout va, et j’en passe, bon, la liste est longue… Ces prises de position n’étaient d’ailleurs pas très populaires à l’époque (vous connaissez le topo, le progrès, l’économie, etc…)

Nous n’avons donc pas tous profité d’éducation gratuite, de soins gratuits, de boulots faciles avec salaires croissants, et amassé des biens immobiliers… En fait on a plutôt ramé, en s’emmerdant ou en se crevant dans des boulots mal payés sous les ordres de patrons plus cons que nous (ou en tous cas plus intéressés), pour survivre et/ou faire bouffer nos gosses … (pas même de RMI à l’époque)

Pas évident de trouver un équilibre entre survie et intégrité, l’oscillation est précaire…. Résister n’a pas de prix, mais je paie ma relative liberté très cher (je vis sans filet) !

Mal à ma France un peu quand même ; les dans la rue, les qui s’épuisent à forcer le destin, les tout fringués de gris avec l’âme de la même couleur, les terres balancées aux promoteurs et les belles pierres balancées aux chinois…

Préfère survivre ailleurs (je vous rassure : très mal) tant que je peux, avec reconnaissance pour tout ce qui marche encore dans mon corps et dans ma tête…

 

Un grand merci pour l’article sur le Yémen, j’y ai vécu et l’ai visité maintes fois, une grande blessure ouverte.


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