Les méthodes particulières du FBI

par morice
samedi 30 octobre 2010

Ah, le FBI. Ce machin dont le ridicule est prouvé en une seule image : celle de l’affiche de recherche des dix plus grands terroristes (le « top ten »), où figure (heureusement) Ben Laden... mais à qui on ne reproche pas d’être responsable du 11 septembre, mais seulement des attentats de Dar es Salaam, en Tanzanie, et de Nairobi au Kenya, en 1998, ce qui est un comble ! Dans sa fiche de recherches, comme signe de reconnaissance il n’est même pas indiqué qu’il est gaucher (mais ça on sait pourquoi : dans les fausses vidéos à son effigie, il tournait les pages de la main droite !*). Ou ce truc qui affiche comme individu à rechercher Adam Gadahn, cette grotesque marionnette abonnée aux mêmes sites ridicules venue la semaine dernière dire que désormais il n’y aurait plus d’actes organisé mais qu’il fallait faire place aux actes individuels, ce qui est un bel aveu d’impuissance d’Al-Qaida, ou plutôt d’un bidule créé de toutes pièces. Un bidule qui s’et enrichi d’un seul petit nouveau en 9 ans : l’ineffable Adnan G. El Shukrijumah (**) ! Un FBI qui possède un particularisme qui explique tout : son directeur, Robert S. Mueller, un ancien Marines de l’USMC, n’a jamais changé depuis sa nomination le 5 juillet 2001. Il est entré en service une semaine seulement avant le 1er septembre et depuis n’a jamais bougé. Comme son agence, qui vient (enfin) de refondre son site internet... pour annoncer qu’elle « poursuit les espions, les terroristes, les hackers et les pédophiles, les truands, les chefs de gangs et les tueurs en série »... avec tous les moyens à sa disposition. Une agence qui avait pourtant raté Faisal Shahzad, l’homme recruté par David Headley, l’organisateur des attentats de Mumbai. Une agence qui possède pourtant des moyens, comme vient de le découvrir à ces dépens un étudiant, Yasir Afifi, qui, un jour, en se rendant à son garage pour faire une vidange a fait une découverte assez sensationnelle...

Yasir Afifi, jeune étudiant en marketing de vint ans à peine au Mission College à Santa Clara, en Californie, n’en est toujours pas revenu. En se rendant chez son garagiste du coin, "Auto Care Ali", situé 2211 Monroe Street, dirigé par un dénommé Mazher Khan, lorsque qu’un des employés à soulevé sa Ford Lincoln LS (vendue là-bas 2000 dollars en occasion) sur le pont hydraulique, ce dernier a fait une bien étrange découverte : un long tube d’une bonne trentaine de cm équipé de dix aimants, relié par un câble à ce qui semblait bien être un petit émetteur. L’engin avait été découvert grâce à ce câble, qui courait le long de la roue arrière gauche et de l’échappement. Le fil menait à l’émetteur d’un côté et à au pack de piles de l’autre, le fameux cylindre noir. Une rapide recherche sur Internet permettait de découvrir ce que c’était, que ce petit émetteur dont l’étiquette n’avait même pas été enlevée.
 
C’est son pote Khaled qui avait eu le réflexe de poster la photo du bazar sur le net sur le site Reddit, avec photos agrandies à l’appui. Quelques minutes à peine à près le verdict des internautes tombait : comme bien indiqué sur l’étiquette, c’était bien un appareil Guardian ST820. Fabriqué par la société Cobham, très liée à la Défense, et vendu sous le nom d’Orion. Et pas vendu pour rien : le petit appareil est en effet annoncé à... 4 781.11 dollars  ! et même 5 259,70 dollars au complet "avec le logiciel" (de pistage GPS) vendu avec, ! Pour un simple GPS... car ça en est un. A plus de 5 000 dollars le Tom-Tom émetteur, on comprend mieux pourquoi certains ont tout intérêt à maintenir un état de terreur dans un pays ! Cobham, qui doit son nom à l’inventeur du système de ravitaillement en vol, Sir Alan John Cobham, un pilote anglais, démontré en 1934 avec une société créée exprès,Flight Refuelling Limited. Le FBI lui a donc "planté" un GPS sous sa bagnole : pour quel raison ? Notre étudiant a le tort d’être égypto-américain et son père, aujourd’hui décédé, était un citoyen américain, ancien président de l’Association de la communauté musulmane de Santa Clara, avant que sa famille ne déménage en Egypte en 2003. Son fils allant lui rendre visite une fois par an durant ses vacances.
 
Très bien, reprenons. Un jeune businessman pakistanais dont le père était un haut gradé de l’aviation pakistanaise qui avait fleurté avec l’ISI est aux Etats-Unis depuis plusieurs années, ce que tout le monde savait à l’ambassade, est allé voir à deux reprises au moins au Pakistan ses amis du Lashkar-e-Taiba (LeT), est revenu, a acheté un SUV (avec l’argent du LeT), l’a tranquillement bourré de poudre, de feux d’artifices et de bouteilles de gaz et est venu le déposer en plein milieu de Manhattan mais il n’y a pas eu droit, lui à cet engin. Ah, il est vrai, il faisait partie, lui, des jeunes "recrutés" pakistanais d’origine par David Headley, informateur de la DEA devenu paraît-il islamiste... Mais de qui se moque-t-on là ? La simple comparaison des deux personnages révèle le montage d’opérations d’un côté et la recherche de faux accusés de l’autre. Les deux femmes de Headley sont venues le dénoncer, et sa voiture où celles de ses petits protégés n’ont pas été "plantées" d’un GPS de même facture ? Le FBI n’a pas assez d’argent pour en équiper tous les suspects ? On serait tenté de le croire, car dès que notre jeune étudiant a mis en ligne son bazar, le FBI l’a contacté pour le sommer de le rendre comme "objet appartenant à l’Etat", ce qui devient purement grotesque, l’individu pouvant devenir délinquant en s’en débarrassant, une loi permettant en effet au FBI de poser ce genre de choses en toute impunité ! 

 
Davi Barker, un musulman qui condamne fermement toute forme de terrorisme dans son blog, a repris les infos et en a donné d’autres fort intéressantes sur quelle attitude avait eu le FBI au lendemain de la découverte du "plombage" de sa voiture. "Le mardi, il est apparu exactement qui avait placé la dispositif quand ils sont venus le chercher. Afifi était dans son appartement quand son colocataire l’a averti que "deux sournoises personnes étaient en train de tourner autour de sa voiture. Afifi s’approcha de l’homme et la femme en train de fouiller sa voiture lorsque l’homme a noté que l’assurance d’Afifi était expirée. Afifi a rechigné et est monté dans sa voiture, mais avant qu’il ne puisse la quitter, il était entouré par deux SUV noirs, les feux clignotants, transportant quatre officiers munis de gilets pare-balles. L’agent de sexe masculin lui-même identifié comme "Vincent", a admis qu’il était celui qui planté le dispositif, et lui a demandé pourquoi il l’avait enlevé". L’ agent de sexe féminin s’appelait Jennifer Kanaan, une femme libanaise qui joue souvent au "bon flic" pour cibler la communauté musulmane" raconte Davi Barker, défenseur de la cause islamique, sur son blog. Vincent a alors dit à Afifi "Nous sommes ici pour récupérer l’appareil qui se trouve sur votre véhicule. Il est la propriété du gouvernement fédéral. Il s’agit d’un pièce coûteuse, et nous en avons besoin dès maintenant. En somme, les agents du FBI lui expliquaient candidement leur responsabilité et agissaient comme si leur salaire allait être descendu de la somme de l’appareil perdu. Grotesque. "Lorsqu’Afifi a répondu aux questions de l’agent, ce dernier a déclaré : "Nous allons rendre cela beaucoup plus difficile pour vous si vous ne coopérez pas (...). Ils ont demandé lui s’il connaissait quelqu’un qui a voyagé au Yémen (comme si c’est un crime), et ils étaient curieux de connaître ses voyages en Egypte pour visiter sa famille, mais surtout qu’ils voulaient poser des questions sur un blog", et les "posts "de son ami Khaled. Les agents ont produit une page imprimée du blog et l’ont informé qu’ils avaient des agents à la maison de Khaled, mais à ce point Afifi a dit qu’il ne croyait tout ce qu’ils disaient. Bon réflexe".
 
Bref, après les politesses d’usage, les intimidations et les menaces : les méthodes du FBI, qui laissent passer un SUV bourré d’explosifs à Manhattan et viennent tenter de récupérer leur bourde auprès d’un étudiant américain ayant eu un réflexe... patriotique : c’est lui, qui en définitive avait proposé sur le blog de son ami d’aller lui-même rendre l’appareil au FBI ! Deux poids deux mesures, ou comment rater Faisal Shazhad, car on a tout fait pour le rater. Pour compléter le tout, cette semaine le spectre a à nouveau parlé. Ben Laden, le retour, qui menace aujourd’hui la France. Un document audio, réalisable avec 15 secondes de sa voix samplée et passée au vocoder, engin de plus de 50 ans maintenant. "Authentifié par les services secrets français" qui sont les meilleurs du monde, c’est bien connu. C’est assez amusant : depuis que Ben Laden cause au monde, c’est la première fois que la reconnaissance du message vient de la France. Une France qui se cherche un dérivatif à son Woerthgate, sans doute.
 
Sur le site de Rita Katz, les trois guignols sont en première ligne : le spectre qui parle, l’ineffable Gadahn, et l’échappé de Bagram, bien aidé par les américains : Abu Yahya al-Libi. Bref, le grand guignol habituel. Dans la vidéo d’accueil, à droite, si vous allez y jeter un œil, vous y trouverez les habituelles exécutions, dont celle de Serbie, mais aussi à partir d’1 minute et 47 secondes un extrait que vous connaissez bien ici : celle des vidéos de notre grand ami Jack, Jack Idema. SITE vient de faire une belle erreur en la montrant comme modèle de l’organisation d’Al-Qaida. Idema, on l’a vu, est un mercenaire déjanté qui a bénéficié de la protection des Etats-Unis et de la CIA jusque pendant sa détention. On a comme traces de lui ses célèbres faux interrogatoires. On y voyait le même studio. Jack, le militaire raté et sa boutique de Paintball…et son magazine, "Paintball Planet", ou sa marque de T-Shirt, ICS, pour "Idema Combat Systems". Il avait été libéré assez vite et était reparti on ne sait où (aux Etats-Unis) dans un bel lll-76. Un des avions les plus connus ici !
 
Direction cette fois Mexico, pour recommencer le même cirque ! Avec les mêmes faux documents ! Retrouvé en septembre dernier par les journalistes et déjà recherché par la police pour agression sur une femme ! On au moins a enfin reconnu depuis son délire, remarquez  : "le gars écoute, il copie, fait des doublons et il leurre tout le monde. Il a trompé la CBS, il a dupé National Geographic, il a trompé Fox, "a dit Pelton (un de ceux qui a écrit pour lui)." Vous savez ce gars qui voulait aller chercher Ben Laden avec un ballon ou quelque chose comme ça et lui faire tomber quelque chose sur la tête ? Nous voulons en fait que ces héros malhonnêtes existent. Et le problème à propos de Jack, c’est qu’il sait que nous voulons qu’ils existent.. "Jack Idema, finalement très représentatif de la mascarade Ben Laden. Car Idema avait commencé sa carrière en fournissant aux télévisions des images "exclusives" des camps d’entraînement de Ben Laden : on y voyait des potes à lui sauter des obstacles et lancer des rafales... en criant parfois en américain, alors qu’il se présentaient comme talibans. Toutes les télés avaient diffusé les extraits.. la plupart sans le son.
 
Mieux encore :"Le problème est, dit Pelton que même si Idema ne représente pas grand chose, il a endommagé l’image des États-Unis de la même manière qu’elle a été ternie par le scandale d’Abou Ghraib. Al-Qaida a posté une vidéo sur Internet de lui, apparemment en train de torturer un Afghan. "Pour les gens qui regardent la vidéo ailleurs, Jack Idema, c’est nous," ajoute Pelton. "Ils supposent qu’il torturent des Afghans en notre nom. Il a fait une chose, il est devenu le vilain américain, et pas seulement d’une manière régionale. Maintenant, il est devenu ce fou sans argent au Mexique", dit il encore."Je ne peux pas attendre pour savoir comment il tournera cette fois afin que nous puissions voir ce qui sera la prochaine itération de Jack Idema". Or celui qui a rédigé des pages pour la fausse biographie de Jack Idema oublie une chose : les scènes de tortures filmées étaient fausses, les vidéos (7 heures !) des talibans à l’entraînement étaient fausses, et pourtant Dan Rather lui-même s’y est fait piéger en 2002. Comme je l’avais dit "la presse souhaite avoir des talibans à l’entraînement, à défaut de les prendre à l’œuvre même ? On lui propose servi sur un plateau. Avec de sérieuses incohérences que relève un général américain : le maniement des armes est celui que l’on montrait en 1970 mais qui ne se fait plus depuis longtemps, les personnes montrées sont mal encadrées et parlent américain entre elles, etc. Ça sent le fake à plein nez." Ce qu’oublie aussi de dire Pelton, c’est que ces vidéos montrées soi-disant par les talibans n’ont jamais circulé entre leurs mains : elles appartenaient à Idema, et ont été injectées dans le circuit habituel de la haine par les trois canaux répertoriés habituels : IntelCenter, MEMRI et SITEGroup. Toute la duplicité est là.
 
 
En empêchera-t-on la diffusion des fausses vidéos d’entraînement "des troupes de Ben Laden" ? Non, au contraire, on invitera Jack le fou sur tous les plateaux de télévision ! Alors à partir de cet exemple de grotesque qui a envahi tous les téléviseurs, les histoires de Ben Laden ou de David Headley et de son protégé Faisal Shazhad, vous pensez bien que c’est du pain béni. Surtout pour les "diffuseurs de haine" que nous connaissons si bien maintenant : IntelCenter, MEMRI ou SiteGroup, qui ont fait une large place aux vidéos d’Idema, en affirmant qu’elle avaient été saisies et été revenues via le circuit des talibans, ce qui était faux. Tous travailllaient dans le même sens et pour la même propagande : celle consistant à attiser la haine, ou à provoquer des réactions violentes, comme celles qu’ont obligatoirement provoquées celles des "tortures" de Jack Idema, qui étaient toutes fausses ! Au temps de sa splendeur, Idema est allé devant les caméras débiter ce genre de phrases : "oui, il y a bien un lien entre Saddam Hussein et Al-Quaida", "oui, Ben Laden s’est fourni lui aussi en armes de destruction massives quand il était au Soudan".... Et il n’y a eu personne au gouvernement pour lui interdire de le dire, ou de l’empêcher de le dire. Tous ont été complices de ce vaste mensonge. Et l’ont complaisamment appuyé.
 
Alors pensez donc... notre bonhomme, là avec son GPS au derrière de sa voiture, il pourra bien toujours crier. Il ne sera jamais entendu. Au pays du mensonge, avoir la réaction saine qu’il a pu avoir passe désormais pour une totale incongruité.
 
 
(*) ce qui était indiqué dans l’ancienne fiche du FBI ! " Bin Laden is left-handed and walks with a cane". En s’en apercevant, les autorités avaient recadré la vidéo de 2007. Dans l’original, il avait ses feuilles à sa droite, et pour menacer, levait le doigt...de la main droite !
 
(**) l’arrivée de la propagande à son égard est ici 
 
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/c-est-la-rentree-le-ben-laden-79671
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/c-est-la-rentree-le-ben-laden-79702
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/c-est-la-rentree-le-ben-laden-79947
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/c-est-la-rentree-le-ben-laden-79982
 
sur Jack Idema :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-victor-jara-a-guantanamo-la-62466
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-victor-jara-a-guantanamo-la-62491
 
 
Sur David Headley :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-victor-jara-a-guantanamo-la-71946
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-victor-jara-a-guantanamo-la-71946
 
 

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