Les mois de juin sont fatigants

par Léo
jeudi 5 juillet 2007

Les ménagères de moins de 50 ans n’ont pas le moral en juin. Pire que la rentrée peut-être, le mois de juin est le mois de toutes les déprimes pour les mères de famille.

Les ménagères de moins de 50 ans n’ont pas le moral en juin. Pire que la rentrée peut-être, le mois de juin est le mois de toutes les déprimes pour les mères de famille. Tandis que les pères pianotent sur Agoravox et refont le monde derrière leur clavier, des drames se jouent derrière les yeux cernés et les joues creusées de la mère de leurs enfants.

D’abord, c’est la fin de l’année de travail : réunions, bouclages de dossiers, préparation de la rentrée ou du remplacement du mois d’août, encadrement du petit stagiaire, charmant au demeurant mais pas très autonome, déplacements imprévus, surcharge de boulot à cause des RTT et congés pris in extremis par les collègues, bref, tout est réuni pour que le cheveu pende, l’oeil se plisse, les rides du front s’accentuent, la peau blanchisse et les sandwichs avalés en vitesse s’installent confortablement sur les hanches. Sans compter l’épuisement, la démarche voûtée, le sourire crispé devant les petits fours du pot de retraite de Machin Truc.

Ajoutez à cela les obligations mondaines innombrables de la fin d’année scolaire. En premier les fêtes de fin d’activités : fête de la danse pour acclamer Poupounette dans son tutu rose, fête du roller avec tout un samedi après-midi à contempler les évolutions de votre grand dadais tout en buvant du jus d’orange chaud dans un verre en plastique. Puis la fête du dessin pour admirer (= émettre des bruits polis d’étonnement admiratif) les oeuvres de l’amie-préférée-du-moment de Poussinette avant d’enchaîner sur le concert de flûte de la maîtresse de votre cadette.

Ensuite, après toutes ces mises en bouche, on arrive inévitablement à la Fête de l’école : cette kermesse traînante où la tombola déclenche immanquablement les hurlements des deux cents enfants qui n’ont rien gagné et les regards de travers des parents vers ceux qui ont gagné les gros lots (forcément, ils ont acheté cinquante billets !), où les enfants attendent des heures aux stands pour jeter une balle sur une bouteille, où le temps s’écoule aussi lentement que la refondation au PS.

Puis, il y a les anniversaires et les dernières fêtes des copains-copines, chaque enfant étant pris d’une frénésie d’invitation avant la grande séparation des vacances. Vous trouvez des enfants plein votre canapé, vous ne savez plus ce que font les aînés, vous achetez cadeaux après cadeaux à Virgin ou à la Grande Récré. Une carte bleue sur patte, c’est vous. Vous lorgnez d’un oeil malheureux les femmes qui font les soldes : des soldes, vous avez dit des soldes ? Mais comment auriez-vous le temps d’acheter la moindre babiole pour vous ? Parce qu’il y a aussi les pique-niques en juin ! Toutes ces sorties que les écoles placent astucieusement à la fin de l’année, histoire de les faire toutes ensemble. A vous le remplissage du frigo, le sempiternel pain tartiné au beurre trop dur qui accroche et emporte la moitié de la mie, les chips, le petit sac à dos que les enfants se disputent, personne ne voulant du sac de secours, rose avec un trou.

Mais ô joie les vacances se profilent à l’horizon : un rêve de sable chaud, de farniente vous saisit à la gorge. Y êtes-vous ? Que nenni : les vacances, cela consiste d’abord à se précipiter à 6 heures du matin devant la mairie pour avoir une maigre chance d’envoyer Poupounette en colonie : 5 jours de découverte de l’habitat paysan traditionnel dans la Creuse ? C’est tout ce qu’il reste ? Très bien vous prenez. Puis le petit dernier à expédier chez les grands-parents qui ont un créneau libre entre le 16 et le 23 juillet. Pour le reste, le centre aéré en ravalant un énorme sentiment de culpabilité à l’idée de leur faire passer les belles journées d’été à la ville, surtout que le centre n’est pas dans leur école, fermée pour travaux mais plus loin, avec des gamins qu’ils ne connaissent même pas.

Ensuite, il faudrait louer une maison au bord de la mer, mais elles sont toutes prises, depuis 9 mois... Camping avec la joie de nettoyer la boue sous la tente ? Quelques jours chez les amis avec les grands repas sympas, les enfants qui courent partout, le soleil, les discussions entre potes comme à la télé (traduction dans la vie réelle : les heures de course et de cuisine, les guêpes et les coups de soleil, les activités à trouver les jours de pluie, les hommes qui refont le monde devant leur bière ) ?

Ou... Ou quoi ? Alors on repousse à plus tard : en juillet on aura certainement une idée géniale. Pour l’instant, il reste à finir la déclaration d’impôts, plus celle de la CAF, à remplir les papiers d’inscription pour le collège, à traîner le grand chez le photographe pour la première d’une longue, longue série de photos d’indentité.

Vous soupirez, parfois même vous retenez quelques larmes (mais discrètement, on a notre fierté, nous, les ménagères de moins de 50 ans) et puis un jour, vous virez votre homme de devant son écran, vous écrivez ces lignes et vous les envoyez à Agoravox. Parce que vous trouvez les mois de juin fatigants et que vous voulez savoir si vous êtes la seule à les vivre ainsi.


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