Les Musulmans à la recherche d’un équilibre introuvable entre Islam et démocratie

par Mohamed BOUHOUCH
vendredi 21 novembre 2014

 Ce qui se passe actuellement au Moyen Orient et en général dans le monde islamique reste inquiétant, incompréhensible aussi bien pour les historiens que pour les politologues. S'agit-il d' une révolution contre les pouvoirs en place ? d'un rejet de l'impérialisme occidental ? D'un retour aux premières heures de l'Islam ? C'est, je pense, à la fois un peu de tout. 

 Comment expliquer en effet ce chaos qui règne aujourd'hui en Irak, en Syrie, en Libye, au Mali, au Nigéria et hier encore en Tunisie et en Egypte. Faut-il penser que dans toutes ces contrées la notion de démocratie et de liberté est inconnue et que seule l'autorité s'impose à tous . Sunnites et chiites s'affrontent et s'entretuent depuis des siècles. Minoritaires en Irak , les Sunnites rejettent toute prédominance de la partie majoritaire. Arabes et Kurdes se jurent et se vouent une haine implacable, éternelle et se promettent de ne jamais s'entendre. 

 Ne convient-il pas de rappeler que ces pays n'ont jamais connu la démocratie dans la conception actuelle du terme. Avec l'avènement de l'Islam, le prophète Mohammed était à la fois l'envoyé de Dieu, le commandeur des croyants, le chef de l'Etat et de l'armée. Les cadres qui l'entouraient n'étaient que de fidèles serviteurs et des collaborateurs de confiance dont le rôle consistait à écouter et à exécuter les ordres. Qui pouvait à l'époque, contredire, contester ou même commenter les décisions du Maître ? S'agissant de l'envoyé de Dieu, cela pouvait se comprendre. Il se trouve malheureusement que cette tradition s'est perpétuée après la mort du prophète et s'est ancrée dans les esprits et dans les mœurs. Tous les Califes qui lui ont succédé étaient des chefs d'Etat au pouvoirs absolu. On me dira qu'il y avait des conseils d'Oulémas et des organes consultatifs. Mais ne nous trompons pas, le dernier mot revenait toujours au Maître. 

 Même de nos jours, la plupart des régimes arabes sont entre les mains de souverains héréditaires ou de hauts gradés militaires qui détiennent tous les pouvoirs. Il y a ça et là des oppositions mais qui restent timides, bâillonnées ou carrément dans la clandestinité. Les seules contestations tolérées et qui peuvent s'exprimer, sont celles qui ne mettent pas en cause la légitimité du pouvoir en place. Il s'agit là d' une démocratie de façade comme cela se constate dans quelques pays du Maghreb. 

 Une chose est toutefois certaine : Il faut reconnaître que dans tous ces régimes( de semi démocratie , de semi dictature ou de LIBERTE SURVEILLEE), une certaine stabilité règne, ce qui permet un développement social et économique ( échanges commerciaux, tourisme, entre autre). Il reste cependant que les prises d'opposition de certains dictateurs (tels Kadhafi, Saddam Hussein ou le président El Assad) n'ont pas été toujours de nature à se conjuguer avec les intérêts économiques et stratégiques des Etats-Unis et de certaines grandes puissances européennes. D'où le désir de s'en débarrasser. Seulement voila. En voulant soi disant échanger ces dictatures par des régimes "démocratiques" , les grandes puissances n'ont fait que créer une situation de chaos et d'insécurité dont on ne voit pas aujourd'hui le bout du tunnel. Quelle démocratie en effet pour ces peuples qui ne connaissent que l'obéissance ou la menace de l'épée ! Les auteurs de notes de renseignement et des conseillers stratégiques des services occidentaux n'ont-ils pas prévu cette situation d'anarchie et de confusion de l'après Saddam et Kadhafi et demain après Assad ? Eh. Bien, c'est cette situation de vacance et d'incertitude qui profite aujourd'hui aux organisations islamiques pour occuper le terrain et imposer leur loi. 

 Vouloir chercher à tout prix à appliquer dans le monde musulman un système démocratique à l'Occidental, est une grave erreur, surtout pour le moment...L'Islam a ses propres règles de vie et de comportement. Le coran dicte aux humains les devoirs et les règles de conduite et n'évoque pas ou TRTES PEU la question des droits, notamment politiques. Depuis l'avènement de l'Islam, le chef de l'Etat est, en même temps, le guide suprême, le grand Imam et celui qui doit veiller sur l'observation des obligations imposées par le livre saint. On est donc loin de la LAICITE qui reste pour beaucoup d'oulémas inapplicable en Islam, pour ne pas dire le grand ennemi de la religion. 

 L'Occident doit donc prendre beaucoup de précaution quand il aborde les questions de culte musulman. Parler par exemple d'un Islam de France est ridicule et inacceptable. Il y a un seul et unique Islam, celui défini et décrit dans le Coran. Reste la question de la tolérance et de la liberté individuelle. On ne peut pas imposer la religion musulmane aux sept milliards de personnes qui constituent actuellement la population mondiale. Nul n'a le droit, par conséquent de contraindre un chrétien à prendre l'Islam comme religion ou à partir ailleurs. La foi est une question et une affaire entre l'individu et son créateur et non pas une obligation du code pénal. 


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