Les mystères de Macron – Le Mystère de la Finalité

par Pierre JC Allard
vendredi 30 juin 2017

Les mystères de Macron – Le Mystère de la Finalité

"Les voies de Dieu sont insondables". Inusitée, l’origine de ce Macron qui arrive de nulle part. Étonnant, ce large consensus qui l’accueille, entre des homme et des forces dont il semblerait que l’intérêt commun serait de lui barrer la route. Mystères ? Disons qu’on devrait se poser des questions. Cette genèse d’un homme providentiel – et la construction pour le soutenir d’une majorité monolithique ! – ont-elles été des effets du hasard ? Ne serait-il bien naïf de le croire ? comme de croire que seront passagers les effets des causes qui ont produit ce résultat et dont rien ne permet de penser qu’elles ne sont pas là pour durer. Il est donc raisonnable de penser que nous assistons à une transformation permanente du jeu politique. 

Une transformation qui a été voulue. Ne faudrait-il donc pas se demander POURQUOI on a ainsi touillé cette soupe politico-sociale qui mijotait ? Se demander quel est le but de cette ÉVOLUTION, à quoi elle va servir… et surtout à qui elle profite ? … Cette évolution a une FINALITÉ, qu’on doit tenter d’imaginer, Vers quoi se dirige-t-on ? Car, n’en déplaise aux cyniques – qui manquent parfois d’imagination – il n’est pas crédible que cette évolution ne soit qu’un autre stratagème des riches pour gagner encore davantage.  

Cette explication qu’on ressasse de l’infinie cupidité des riches n’est pas crédible, parce que la classe des Gagnants possède déjà TOUT ce qui peut être utilement possédé. Un riche peut bien rivaliser avec un autre riche pour arracher des miettes à Lazare sous la table, mais la CLASSE des Gagnants/Possédants, en bloc, ne pourrait prendre plus qu’elle ne prend déjà de celle des Dépossédés, sans que ne se tarisse rapidement la consommation et donc la source de son enrichissement. Si ceux qui ont le pouvoir avaient pu prendre plus, ils l’auraient déjà fait et, si la demande effective n’était pas la seule vraie limite à la cupidité des riches, ni la France ni le monde ne seraient gérés comme on voit bien qu’ils le sont…

Qu’aurait voulu tirer la classe des Gagnants, de cette convergence de la Droite et de la Gauche, dont la conséquence la plus probable sera de faciliter un rapprochement « à la scandinave » entre leurs clientèles respectives ? Aurait-elle soudain choisi, par pur altruisme, de faire de vrais PARTENAIRES de ceux dont on s’est acharné depuis longtemps à faire des ADVERSAIRES SOCIAUX en les astreignant à un incessant jeu à somme nulle ? 

Et si ce ne sont pas les Gagnants qui l’ont ourdi, devrait-on supposer que cette fin en surprise du clivage séculaire Gauche-Droite ait été le fait des « Perdants » ? N’y pensons même pas ! Car il est évident que ceux qui n’ont pas le pouvoir n’ont pas celui de le prendre et que les seuls qui semblent y accéder « par surprise » sont ceux qui, sans en avoir l’air, en ont déjà investis tous les attributs, … ce que rien ici ne permet de supposer

Si ni les Gagnants ni les Perdants ne l’ont voulu – ni surtout ne paraissent en tirer un profit – quels sont ceux qui ont permis que se réalise cette évolution historique ? Ne pensons pas que la réponse va nous apparaître comme une évidence : le génie de Macron et des ses alliés a été justement que celle-ci se fasse sans crier gare ! Je me limite donc ici à suggérer une hypothèse… Tirée par les cheveux come la femme de l'homme des cavernes, mais En avez-vous une meilleure ?

Cette hypothèse est qu’une « sous-classe » des Gagnants, déjà partie prenante de la gouvernance, mais insatisfaite du rôle de partenaire junior qu’elle y joue, ait choisi de scier la branche sur laquelle le Pouvoir actuel est assis, convaincue que c’est elle qui, après la chute, tombera seule sur ses pieds et exercera l’essentiel du pouvoir. Il y a des précédents…

Voit-on aujourd’hui en scène les acteurs qui correspondraient a ce scenario ? O U I !

Depuis la révolution industrielle, dans un monde encore essentiellement de pénuries, ce sont les détenteurs du capital matériel, maitres de la production et donc de la création de richesse, qui étaient les meneurs du jeu. Le politique était aux ordres de l’économique. Avec l’abondance qu’a amenée l’industrie et ses séquelles, toutefois, les priorités ont changé et avec elle les rapports de force. 

Le tertiaire a pris le pas sur le secondaire et la demande pour les services sur celle pour les biens. La richesse et ses symboles ont été dématérialisés, puis « virtualisés ». C’est la CONNAISSANCE qui est devenue la source première de création de richesse et c'est le capital humain, le travail devenu « compétence », qui vaut désormais bien plus que l’équipement. Ce n’est plus le banquier, l’investisseur pourvoyeur de capitaux qui est indispensable : il sont légions et ils sont interchangeables… comme l’étaient jadis les travailleurs sans vraies qualifications. La ressource rare, aujourd’hui, ce n’est plus le capital : c’est l’EXPERTISE

Aujourd’hui, l’est l’expert qui est irremplaçable… Pourtant, c’est toujours le banquier, le « capitaliste » qui semble mener le jeu ; Il semble que rien n’ait changé. Mais, est ce bien vrai ? Si on regarde de plus près, ne voit-on que le pouvoir effectif du propriétaire de la richesse est devenu précaire ? Dans un monde qui privilégie une expertise technique, objective, transmissible. Le proprio du capital n’est vraiment compétent que dans la manipulation de rapports humain, souvent coutumiers, voire héréditaires.

Sa position est TRÈS précaire, car la manipulation des symboles de sa richesse – qui en sont devenus la réalité effective ! – est devenue elle–même une « expertise ». … Une expertise (compétence) qu’il n’a généralement pas, car elle ne recoupe en rien sa propriété de cette richesse.  Or, s’il ne l’a pas, il est à la merci de ceux qui le servent. Il n’est protégé que par leur loyauté, encadrée par des lois dont la moralité est souvent remise en question… et parfois quelques fusils mercenaires publics ou privé.

La situation du propriétaire des capitaux est alors d’autant plus faible, que le rapport des forces entre le politique et l’économique est redevenu ce qu’il était jadis, avant la révolution industrielle. On a compris que, dans un monde de symboles, c’est l’État qui CRÉE la richesse et que, même si pendant la transition vers le vieux rapport de forces des épisodes de corruption sont possibles, on est a resoumettre le « pouvoir économique » aux ordres du politique.

Les « capitalistes », ci-devant maitres du jeu, ne sont donc plus que les pourvoyeurs d’une richesse symbolique qu’on crée d’un trait de plume. Ils sont, en fait, devenus des bourdons inutiles dans la ruche de la production. Devrait-on donc s’étonner, si la « sous-classe » des experts, l’élément dynamique au sein de la structure actuelle du pouvoir comme de la société, s’érigeait en faction et s’insurgeait contre la dominance des « capitalistes » ?

Si elle le faisait, et accédait au pouvoir, quels seraient ses premiers gestes ? Evidemment, on ne peut répondre à cette question hypothétique que par une fiction. En voici une qui me plait

Dans un monde ou les Attali priment sur les Rothschilds – et les grands communicateurs sur les banquiers– on éliminerait le clivage Gauche-Droite et les « classes », tous les travailleurs prenant la place unique qui leur revient, dans une seule longue théorie d’experts dont chacun est rémunéré selon sa compétence et les lois du marché… Il le serait mieux que maintenant, puisqu’il ne resterait pas de bourdons dans la ruche et que tout le monde butinerait. Bien sûr, "il n’y aurait plus de baleines"... et le Syndicat ne serait plus que le Forum où les travailleurs discuteraient entre eux des écarts de rémunération entre leurs professions, mais rien sans sacrifices, n'est-ce pas ?

Dans ce monde, les décisions prises sont celles qui apparaissent les plus efficaces, au vu des objectifs décidés par ceux qui s’y connaissent… La démocratie se limite à un droit de veto, pour que rien ne devienne loi qui n’ait fait l’objet d’un très large consensus. Le maitre-mot n'est pus démocratie, mais "consensus" L’Assemblée Nationale est encore un lieu où on discute, mais ce sont les médias qui informent et les décisions sont prises par ordonnances en n’y consacrant qu’un minimum de temps…

C'est une fiction, et toute ressemblance.... Bon, Allez. Sans rancune, et ne me blâmez pas si tout cela n’est pas chose faite « avant l’aôut, foi d’animal…. »

 

Pierre JC Allard

 


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