Les navettes trop vite oubliées de l’URSS (2)

par morice
lundi 22 juin 2015

La fusée monstrueuse russe est prête (voir épisode précédent) mais elle a pris du retard. L'explosion de Challenger redonne espoir aux russes, qui s'immiscent dans le vide existant avec ce qui est manifestement un engin de prestige, que ne réclament ni les scientifiques, qui préféraient des plus petits, ni les militaires, qui lui préfèraient des fusées classiques. Ne reste plus qu'à la lancer, une première fois dans des conditions risquées, une seconde avec la navette sont le lancerment sera suivi par un parterre de sommités brejneviennes dans une grande salle pour suivre l'événement en direct. Ça n'a que peu d'intérêt réel en dehors du "coup" médiatique que compte faire le pouvoir. Mais le shuttle US a déjà repris la route, contrairement à ce qui avait été imaginé, et Bourane est un autre gouffre financier que le pouvoir tente de masquer. Le pays est exsangue financièrement. Bourane sera la seule lancée, parmi les cinq prévues. Brejnev, déjà marqué par la maladie, s'est trompé sur toute la ligne, obnubilé par la rivalité avec les USA qui avait déjà coûté si cher au pays en 1969. Le pays s'effondrera sept ans après sa disparition. Après lui, le déluge ! après Personne n'osera relancer le projet de navettes : trop cher, et bien trop marqué poitiquement du sceau du pouvoir absolu et du culte de la personnalité autour de Brejnev. Pour marquer le pas politique, il fallait enterrer définitivement le projet.

La fusée est figée dès 1982, à partir d'une technologie neuve, mise en place au bout d'efforts importants. Les moteurs seront des RD-170, d'une poussée unitaire de 755 tonnes, tous orientables, mis au point en temps record : le tout est prêt sur le papier, 6 ans après l'accord de Brejnev de 1976. Le moteur, une vraie réussite, équipera d'ailleurs après les fusées Zenit (fabriqué par Yuzhnoye en Ukraine, ce sont en fait les boosters de l'Energya  !) et même... les Atlas V (sous le nom de RD-180). La fusée pourrait voler l'année suivant du décollage de la navette US, reste la navette à étoile rouge à fabriquer. Et à mettre au point en vol maintenant la fusée alors appelée "Vulkan", qui est devenue Energya avec quatre boosters seulement (mais leur puissance le permet) : on a restreint les budgets, le rouble vient déjà à manquer, déjà, et ça se sent partout : l'URSS est déjà en cessation de paiement. Ça prendra donc plus de temps que prévu en fait : cinq ans de plus, gêné par des considérations budgétaires davantage que par des problèmes techniques, le premier vol d'essai d'Energya n'a lieu que le 15 mai 1987 pour lancer le satellite militaire Polious... ce qui sera un échec, le satellite n'atteignant pas l'orbite. Mais on accélère tout, car Bourane n'est que le deuxième vol du nouveau monstre russe (et le dernier !) !

Polious, dont le contenu reste mystérieux (il aurait emporté un laser tueur de satellites !), peint en noir et porté sur le dos d'Energya et non dans sa coiffe, est en lui-même un bricolage de dernière minute : "conséquence de sa construction dans l'urgence (qui n'est pas expliquée par Kornilov), Polious a été conçu en combinant des pièces de divers programmes pré-existants et en cours.  C'est ainsi que l'interface le liant aux boosters d'Energya étaient celle prévue pour la navette Bourane, que le module central était un dérivé de celui de la station spatiale Mir-2 et que le vaisseau spatial habité assurant les allers et retours de la station à la Terre était une version légèrement améliorée du pré-existant TKS"... des bricolages, car les scientifiques russes sont sans le sou et ont avec les moyens du bord. Economiquement ruinés par les dépenses de la conquête lunaire, il s'arrangent pour faire au mieux et au plus vite pour satisfaire leurs dirigeants qui continuent à joeur la carte du seul prestige. Le lancement de Polious avait été mouvementé : si on regarde bien, au décollage, Energya ne part pas verticalement, et ça a failli tourner à l'échec (Bourane partira de même dans des conditions climatiques apocalytptiques !).

Aujourd'hui, la question demeure : les américains étaient-ils au courant des préparatifs russes ? Sans hésiter, oui, mais ils n'avaient pas compris ce qu'ils impliquaient pour le pays. Ils avaient suivi de près les efforts russes pour arriver sur la Lune (lire ici le détail de leurs vols de reconnaissances), et juste après, ils avaient remarqué que le complexe "J", la lettre qu'ils avaient donné aux deux pas de tir de la N1, avait été remplacé par la lettre "W", signalant un nouveau pas de tir en construction, mais, surprise, ils n'en tireront pas les bonnes conclusions. C'est ce que dit en tout cas Dwayne A. Day, dans The Space Review : " Enfin, en 1978, ils ont repéré quelque chose. Les satellites de reconnaissance détectés une nouvelle construction à ce qu'ils bientôt désignés "le site de lancement W", concluant qu'"il devrait être utilisé pour le lancement d'une grande fusée à combustible liquide avec un potentiel de poussée de décollage de 42 300 à 44 600 kilonewtons », ou 10 000 000 de livres de poussée. Un grand engin donc, avec plus de poussée qu'une fusée Saturn V. La Photographic Interpretation Center national (NPIC), qui faisait partie de la CIA et interprétait l'imagerie satellite pour la communauté du renseignement, avait indiqué que cette impressionnante poussée de lancement serait "suffisante pour placer de grandes et lourdes charges utiles en orbite de la Terre."  Sur la base de la nouvelle construction commencée au complexe "J" à la fin de 1979, le NPIC a conclu que la nouvelle fusée "devra apparemment également être lancée à partir de l'ancienne installation de lancement TT-05, du "complexe J", dont elle utiliserait le bâtiment d'assemblage, les caisses et les moyens de transport". En réalité, l'expert spatial soviétique Jim Oberg, décrira les longs et puissants bras de retenue à la base de la fusée et en conclua qu'elle devrait avoir une forte poussée, en la surestimant de beaucoup, alors qu'il s'agissait d'essais statiques, retenus. "La confusion du renseignement américain, était tout à fait compréhensible, car le site avait presque tout ce qu'il fallait pour réellement lancer la fusée, et être finalement converti en une rampe de lancement. Ce sera la première fusée Energya a être lancée, de nombreuses années plus tard. Le site "W" étaiit bâti comme une rampe de lancement mais cétait en fait un banc d'essai, ce dont ils avaient besoin. Mais cette hypothèse erronée a également conduit à une conclusion erronée. En réalité, la poussée lancement d'Energya était de 29 000 kilonewtons ou 6 600 000 de livres, beaucoup moins que l'estimation précoce".

Les américains avaient bien vu quelque chose, mais ils hésiteront encore pour se faire une idée véritable de l'engin en cours de construction, malgré la puissance de leurs satellites d'observation Corona, en constante amélioration de définition (ici le KH-4 à gauche). Dès le mois de mai 1981, des satellites de reconnaissance ont en effet repéré les efforts des russes pour modifier les deux grands transporteurs et élévateurs qui ont été utilisés pour la fusée N-1.  Un berceau de relevage plus large semble avoir été construit (celui qui relève l'ensemble Bourane-Polious- Energya à la verticale). Les rapports de la CIA écrivent que "la nouvelle installation sera probablement utilisée pour lancer un véhicule du type navette spatiale." Pour preuve, ils ont une photo des essais de fusée sur le site de Kurumoch, mais surtout la mise en chantier d'une longue piste en construction près du site de lancement "W" de Tyuratam. "En Avril 1982, un rapport national Centre d'interprétation photographique a noté que « la modification de l'espace Lancement du site J1 / J2 progresse à un rythme lent." Les équipes de construction avaient construit des zones de stockage de propergol supplémentaires et modifié le portique de service dans l'une des rampes de lancement. "La modification des portiques de services sur J1/J2 inclus la suppression des plateformes de services sur les portiques de services rotatifs et la suppression des 23 premiers mètres du portique de lancement en position J2," selon le rapport déclassifié. En outre, les tours contre la foudre ont été modifiées. La CIA a désigné la nouvelle fusée invisible sous le nom de SL-W, pour "lanceur spatial" sur le site de lancement W. Ils ont prévu que le véhicule serait lancé en 1984 ou en 1985".

En fait, ce sont les transports incessants de la navette de son lieu de construction sur la base qui vont la trahir : "en 1982, les satellites de reconnaissance américains ont repéré une navette spatiale soviétique en pleine dimension au Centre d'Essais en vol de Ramenskoye que la CIA appelait aussi « l'institut de vol" (abrégé comme "LII"). En mars 1983, un satellite américain a eu une chance incroyable, de repérer la navette soviétique sur son avion porteur Bison qui,, avait raté son atterrissage hors d'une piste glissante à Ramenskoye et était resté coincé dans la boue". Il est vrai que l'ensemble était inratable :

En décembre 1984, un satellite de la CIA avait repéré une deuxième navette : "Une navette est sur un Bison modifié dans la zone de vol institut (LII) et une seconde est dans un abri nouvellement construit dans la zone LII. Une navette sans cône arrière (à l'intérieur de l'abri) est également vue pour la première fois. Deux grands véhicules particuliers, probablement des camions réservoirs, sont derrière l'abri. L'un des véhicules est positionné près de la navette, éventuellement en train d'y transférer un certain type de carburant ".  La CIA avait une bonne vue, mais pas les bonnes conclusions : "la présence de la navette dans un hangar avec des équipements pour tester les moteurs à réaction prête foi à la théorie que la navette soviétique aura des moteurs aérobies pour des manœuvres de rentrée atmosphérique." En fait, on le sait, il y avait bien deux types de navette chez les russes : une pourvue de moteurs "atmosphériques" et l'autre pas. Ils conclueront même que les moteurs avaient été essayé... en regardant la neige fondue derrière les tuyères ! Mais ce que n'avaient pas compris les renseignements américains, c'était les dépenses considérables faites par les russes pour le programme Bourane. "Alors que les satellites survolaient l'Union soviétique en scrutant le sol, les analystes du renseignement des États-Unis ont également fait des calculs. Bien qu'ils aient déterminé que les Soviétiques avaient sauvé des quantités massives d'argent en rassemblant toutes les données qu'ils pouvaient sur le programme de la navette spatiale américaine, on ne sait pas si ils avaient pleinement compris à quel point le programme de la navette soviétique était extrêmement coûteux". Le pays, ruiné par la conquête spatiale de la Lune, avait tenté un dernier baroud d'honneur... avant d'imploser ! Après la fin de l'URSS, toutes les installations avaient été laissées en plan. Faute de moyens, tout s'était vite délabré.

Le fait que le Kazakhstan soit devenu indépendant en 1991et que Moscou doive louer les emplacements explique aussi la désaffectation actuelle du site. Un Kazakhstan qui peine à se défaire de son emprise, et pratique une politique tortueuse pour arriver à ses fins, tels les approches d'hommes politiques quand ses repsonsables sont mis en cause pour des questions de pots de vins. Les contacts ne sont guère bons, aujourd'hui, entre russes et kazakhs, et les échecs à répéttion des derniers lancements sur le sol de la jeune république n'ont guère arrangé les choses. Le problème survenu au Progress M12-M en août 2011 avait sérieusement écorné la fiabilité du lanceur le plus réputé de tous les temps. D'autres sources de discorde sont apparus aussi depuis.

Un problème qui aurait pu devenir majeur pour les américains et l'ISS, qui ne disposent plus de vaisseau autres que les Soyouz pour rejoindre la station orbitale (Bourane et ses consœurs devaient effectuer ce travail). En avril 2014 encore, rappelons-le, c'était une Soyouz TMA-13M partie de Baikonour qui avait emmené le russe Maxime Sourayev et ses homologues américain Reid Wiseman et allemand Alexander Gerstà bord de l'ISS. Ils avaient été remplacés le 26 septembre 2014 par un trio, revenu sur terre en mars dernier, Barry Wilmore, Elena Serova (première femme russe depuis 17 ans !) et Alexandre Samokoutiae, qui s'étaient posés dans les steppes du Kazakhstan, ramenés sur terre par un autre Soyouz parti lui aussi de Baikonour. Le 27 mars 2015, trois autres (les russes Guennadi Padalka et Mikhaïl Kornienko, et l’astronaute américain Scott Kelly, un ingénieur de la NASA), ont décollé eux aussi de Baïkonour. Leur mission est importante, car ils envisagent de rester un an en orbite, dans le cadre de la préparation des futurs vols spatiaux de longue haleine (sous entendu vers Mars). Des missions qu'auraient pu remplir sans problème les cinq navettes russes (ci-dessous, celle figurant à l'entrée du musée, le modèle OK-M (ML1), devenu une attraction touristique) !! ! Baïkonour, la Russie en a toujours besoin, en attendant...Vostochny !

  Depuis, beaucoup de choses sont restées en plan. A noter ici une vue aérienne montrant le hangar contenant Bourane effondré. La navette ici sur son support relevant à la fois la navette et la fusée Energya. Remarquez la taille gigantesque de tout le complexe. Ici, dans le même reportoire, la localisation d'une des huit navettes destinées aux essais de fatigue ou de vérification des emports. A Baikonour, un autre site abandonné est aussi à noter : le pas de tir 41, de sinistre mémoire.  Celui de l'explosion d'un missile R-16 ; le genre d'engin qui devait être destiné à être lancé de silos enterrés... près du site de Baïkonour, en prime ! Aujourd'hui, ces silos sont aussi en ruine. L'explosion du missile R-16 a longuement été dissimulée au monde entier, et aux soviétiques en particulier.  Il faut dire que les images de l'explosion étaient absolument terrifiantes, montrant des formes humaines entourées de feu et cherchant vainement à s'en échapper. Le site (situé à 45°58'32.67" et 63°39'59.85"E) a été complètement rasé, seule une petite stèle apposée directement sur le pas de tir rappelle la castastrophe qui porte le nom du général qui en a été responsable (Mitrofan) Nedelin. Dont on a rien retrouvé, il a été littéralement incinéré sur place lors de l'explosion ! En 1990 encore, et toujours à Baïkonour, l'explosion d'une fusée Zenit avait complètement rasé le pas de tir N°45 (45° 56' 19.88" N, 63° 39' 12.28" E) mais sans faire de victimes. Le lancement de fusées demeure une activité dangereuse, pour ceux qui l'auraient oublié.

Une question demeure néanmoins, au sujet de ces deux navettes : a-t-on retrouvé des modèles inconnus, ou s'agit-il d'une simple redécouverte d'exemplaires déjà répertoriés ? Quelles sont donc les deux modèles "découverts" par notre photographe comme le dit la presse du jour ? La réponse vient vite : elles n'ont rien de découvertes récentes. Ce sont tout simplement l'exemplaire OK-KS No.003 (MT ou ML 2), une navette destinée primitivement a être envoyée dans l'espace mais pour brûler dans l'atmosphère lors de la rentrée, restée stockée à Baikonour dans le MZR avec la seconde, qui n'est autre que la célèbre Ptitcka (modèle OK 1.02). La photo de leur présence a déjà circulé plusieurs fois sur Internet et ce n'est donc en rien une "découverte". Une première fois sur "Above TopSecret", le 2 mars 2011, avec un article fort précis et cette photo, où l'on pouvait voir les deux engins un peu moins abîmés, et une deuxième le 19 avril 2013 dans le site de celui qui se présente comme "entraîneur de cosmonautes", à savoir Mike Mongo, où une plus grande dégradation, voir un vandalisme (des hublots cassés notamment) semblait être en cours. L'intérieur semblant en bon état (mais les chasseurs de souvenirs avaient déjà dépecé les cabines de pilotage - à moins que cette partie n'ait pas été terminée). Les oiseaux avaient déjà envahi le site, et ce qui semble être des traces de pas sur les ailes montrait que des visiteurs étaient fréquents sur le site. Ou qu'en tout cas que l'on avait marcéh là après que les oiseaux aient pu réussir à entrer par le toit en mauvais état. A l'origine, rappelons-le, mes portes de ce hangar étaient... étanches, et la salle maintenue sans aucune poussière. Bourane avait été stockée dans le bâtiment 112, elle. Le bâtiment MRZ où se trouvent les deux engins "retrouvés " devait servir au départ lors des opérations de remplissage en ergols du lanceur et de la navette, on devait y stocker les navettes après leur retour d pu y être vidangées ou de la maintenance. Il est nettement moins haut que le N°112, qui accueillait les navettes juchées sur Energya (c'est celui là qui s'est effondré sur Bourane).

Les navettes étaient donc connues depuis longtemps. On attendra donc un peu pour voir s'envoler des fusées "Energyabis", appelées Angara. Avec comme but premier un retour (automatique) sur la Lune. Le recyclage d'un autre échec (une sonde marsienne - vers Phobos- qui a fait un flop en 2011. Enfin si d'ici à 2021 Poutine aura réussi à payer les ouvriers du chantier de Vostotchny, épinglés ici dans un article du dernier numéro d'Air&Space... l'économie de marché à aussi ses revers. Avant, les russes coulaient le béton pour la patrie. Aujourd'hui, ils travaillent comme salariés : Poutine et ses projets brejneviens de grandeur spatiale bloqués par les revendications de travailleurs, avouez qu'il y a de quoi sourire, à voir d'où il vient...

 

PS : ah oui, on peut aussi très vite oublier cette thèse, à propos de Baïkonour, toujours. C'est l'un des plus farfelues sur le sujet...

documents 

http://petapixel.com/2015/06/14/photographer-captures-the-ruins-of-the-soviet-space-shuttle-program/

une belle visite en photos ici en 2010 :

https://www.flickr.com/photos/martintrolle/sets/72157624241700123

l'indispensable dossier de CAPCOM :

http://www.capcomespace.net/dossiers/espace_sovietique/index.htm

celle de Tushino transférée au Maks par barge :

http://thebrigade.com/2011/09/28/abandoned-soviet-buran-space-shuttle-23-photos/

en vidéo

https://www.youtube.com/watch?v=dHrBpgoi9Ck

un reportage un peu léger

https://www.youtube.com/watch?v=74uJRG0d7Ag

 

plus sérieux

https://www.youtube.com/watch?v=Q6WHjQ3Y3Uo

https://www.youtube.com/watch?v=1uy3XUxOCPw

dans le second exemplaire, comme dans pas mal de vidéos, on voit une drôle de navette Bourane et ses consœurs dans l'espace, mais circulant sans leurs ailes. Pourquoi, je n'en sais srtrictement rien !

http://space4news.blogspot.fr/2011/04/unsung-russian-shuttle-program-doesnt.html

l'OK-GLI

https://www.youtube.com/watch?v=QcUar7TmbpA

Bourane au Bourget en 1989 (sur l'immense ANT-225 Mriya) :

https://www.youtube.com/watch?v=w3m1xtcjFxA

https://www.youtube.com/watch?v=V_0PRa6bCIo

https://www.youtube.com/watch?v=lxLQ6rSpQFQ

https://www.youtube.com/watch?v=NEAnBHFZXS8

les pilotes :

https://www.youtube.com/watch?v=M_-y8X9bmXQ

https://www.youtube.com/watch?v=jsOVIzibC6o

https://www.youtube.com/watch?v=1MY-v2RD5ro

http://www.abovetopsecret.com/forum/thread669183/pg1

https://www.youtube.com/watch?v=J9ZGJucbLiw


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