Les négociations du «  deal  » et les manoeuvres des mollahs

par Dr. salem alketbi
samedi 7 septembre 2019

Depuis que quelque 80 membres du Conseil de la Choura iranien ont accusé le président Hassan Rouhani d’avoir violé les instructions du Guide suprême Ali Khamenei en envoyant des signaux positifs concernant les négociations avec les États-Unis, Rouhani et son équipe diplomatique se sont retirés de leurs positions antérieures pour se retrancher à nouveau auprès des partisans de la ligne dure, attendant des instructions supplémentaires du Guide suprême.

M. Rouhani, qui a déclaré que son pays n’excluait pas la négociation, si c’est dans son intérêt, a déclaré quelques heures plus tard qu’il n’y aurait pas d’évolution positive dans ses relations avec Washington sans la levée des sanctions contre Téhéran.

Les avertissements à Rouhani et à son ministre des Affaires étrangères Javad Zarif provenaient de deux sources directes, le Conseil de la Choura et les Gardiens de la révolution.

«  Dieu nous en garde que ce va et vient serait par désespoir ou manque de confiance en soi. Dieu nous en garde que les genoux de nos responsables tremblent,  » a déclaré Gholam Hossein Gheyb Parvar, conseiller principal du commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, faisant allusion à la visite surprise de Zarif aux récentes réunions des dirigeants du G7 en France. M. Zarif avait rencontré le président français Macron, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et des représentants de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, puis il s’est rendu en Asie, notamment en Chine, au Japon et en Malaisie.

En plus de cela, il a porté une grave accusation contre l’équipe diplomatique du président Rouhani. «  C’est dommage qu’il y ait parfois des comportements qui sentent la trahison. Les gouvernements ont le devoir de lutter contre la corruption, tout comme les gens.  »

La question qui se pose ici est de savoir s’il y a eu un clivage au sein du régime des mollahs sur la manière de gérer la pression américaine.

Les déclarations, au contraire, ne sont-elles rien d’autre qu’une manœuvre et un jeu de rôle visant à tirer le plus grand profit de l’Occident, qui tentera naturellement de renforcer la position du camp du président Rouhani face à un courant plus radical au sein du régime ?

En fait, la réponse à cette question n’est pas facile. A première vue, aucune de ces deux possibilités ne peut être exclue. Toutefois, il y a des indications qui appuient l’une ou l’autre de ces deux hypothèses.

Premièrement, le ministre iranien des Affaires étrangères ne peut pas se rendre en France parallèlement aux signaux positifs du président Rouhani pour négocier l’accord nucléaire sans le feu vert explicite du Guide suprême. Compte tenu de la complexité du jeu politique iranien, le président Rouhani et son ministre des Affaires étrangères ne peuvent négocier sans la volonté de Khamenei. Selon la Constitution iranienne, le pouvoir absolu appartient au Guide suprême.

Deuxièmement, il ne s’agit pas seulement de la visite de Zarif ou d’une déclaration fugace du président Rouhani. Le gouverneur de la banque centrale iranienne, Abdolnaser Hemmati, a donné l’assurance que les négociations se poursuivent avec Paris au sujet de son intention d’offrir à l’Iran une ligne de crédit pré-achat de 15 milliards de dollars pour financer l’exportation de pétrole vers l’Europe avant que les États-Unis ne se retirent de l’accord nucléaire.

En réponse à une question sur le plan français dans le cadre du Mécanisme européen de commerce avec l’Iran INSTEX, Hemmati a déclaré que «  c’est en cours de négociation, et nous [verrons ce qui va se passer]  » et que les fonds seront fournis à l’Iran en devises fortes.

Le président Trump a répondu par une approbation tacite lors d’une conférence de presse conjointe avec le président Macron.

La proposition est négociée depuis un certain temps et n’est pas le résultat de la réunion du G7. L’entrée en scène de la banque centrale signifie que l’accord va au-delà des démarches diplomatiques et nécessite des consultations et des approbations à des niveaux élevés au sein du régime des mollahs.

Il y a aussi quelque chose dans les coulisses de la crise irano-américaine. De nombreux développements régionaux sont étroitement liés à ce qui se passe. Par exemple, un chauffage militaire se déroule à la frontière libano-israélienne entre le Hezbollah et l’armée israélienne.

Étant donné que l’accord nucléaire de 2015 entre le régime iranien et le groupe P5+1 n’a pas reçu le soutien de l’IRGC, du moins superficiellement, on s’attend à ce que les choses avancent dans la période à venir avec la même équation que le régime iranien estime lui apporter un maximum de gains et de concessions stratégiques.


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