Les ombres du passé : Mohammed Amin al-Husseini, nationalisme palestinien, antisémitisme et nazisme

par Giuseppe di Bella di Santa Sofia
jeudi 17 octobre 2024

Mohammed Amin al-Husseini, né en 1895 à Jérusalem, est une figure emblématique et controversée du nationalisme palestinien. En tant que grand mufti de Jérusalem, religieux musulman sunnite responsable des lieux saints islamiques de la ville, il a joué un rôle central dans la lutte pour l'indépendance palestinienne au cours de la première moitié du XXe siècle. Cependant, son héritage est sévèrement entaché par des accusations de crimes, son antisémitisme virulent et ses liens très étroits avec le régime nazi d'Adolf Hitler.

Un leader nationaliste palestinien à l’origine des tensions entres Arabes et juifs

Mohammed Amin al-Husseini est devenu grand mufti de Jérusalem en 1921, un poste qui lui a permis d'exercer une grande influence sur la communauté musulmane de Palestine. À cette époque, la Palestine était sous mandat britannique, et les tensions entre les Arabes palestiniens et les juifs s'intensifiaient en raison de l'immigration juive et des promesses britanniques de créer un foyer national juif en Palestine. Le grand mufti de Jérusalem a rapidement compris que la lutte pour l'indépendance nécessitait une mobilisation des masses et a commencé à organiser des manifestations et des grèves contre les autorités britanniques et les juifs.

Cependant, ses méthodes ont souvent été très violentes. En 1929, il a joué un rôle primordial dans les émeutes de Jérusalem, qui ont conduit à des violences meurtrières entre Arabes et juifs. Ces événements ont marqué un tournant dans les relations intercommunautaires en Palestine, exacerbant les tensions et alimentant un cycle de violence qui perdure encore de nos jours.


Antisémitisme virulent et alliance avec les nazis

L'antisémitisme virulent de Mohammed Amin al-Husseini est bien documenté. Il a souvent utilisé des discours incendiaires pour galvaniser les foules, incitant à la haine contre les juifs. Son opposition à la présence juive en Palestine était non seulement politique, mais également idéologique. Il voyait les juifs comme une menace existentielle pour le monde arabe et musulman. Cette vision a été renforcée par ses nombreux et fréquents contacts avec des hauts dignitaires nazis.

Le 28 novembre 1941, le grand mufti de Jérusalem rencontre Adolf Hitler et d'autres hauts responsables du régime nazi. Ces rencontres sont marquées par un soutien mutuel très intense : Mohammed al-Husseini obtient ainsi le soutien de l'Allemagne nazie dans sa lutte contre le retour des juifs en Palestine, tandis que les nazis font de lui un allié fidèle et sans pitié dans leur lutte acharnée contre l’existence les juifs.

Bien qu'il n'ait pas été directement impliqué dans la planification de l'Holocauste, il connaissait parfaitement le sort qui était réservé aux juifs dans les camps de la mort et l'approuvait, sans aucun état d'âme. En 1943, il refuse l’émigration de plus de 5 000 enfants juifs vers la Palestine, proposée par le Reichsführer SS Einrich Himmler. Ainsi, il est donc coupable de la mort de milliers de juifs innocents, qui auraient pu échapper à leur funeste sort.

Al-Husseini a même proposé de former des unités musulmanes au sein de la Waffen-SS pour combattre aux côtés des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette proposition a été approuvée, avec beaucoup d’enthousiasme, par les plus hauts dirigeants nazis. Plusieurs dizaines de milliers de musulmans, principalement bosniaques, ont participé à la Seconde Guerre mondiale sous l’uniforme allemand.

 

 

Un héritage controversé aux conséquences tragiques

Après le conflit meurtrier, le grand mufti de Jérusalem a continué à jouer un rôle actif dans la politique arabe, mais son influence a considérablement diminué avec le temps. Il a vécu en exil, notamment en Égypte et au Liban, où il a continué à prôner la haine viscérale des juifs et la destruction totale de l’État d’Israël. Son décès en 1974 a marqué la fin d'une époque, mais son héritage demeure un sujet de débat intense.

Mohammed Amin al-Husseini est l’un des pères fondateurs du nationalisme palestinien, mais son héritage est entaché par de nombreux crimes, un antisémitisme virulent et sa proximité avec le régime nazi. Son rôle dans l'histoire de la Palestine est à la fois celui d'un leader nationaliste et d'un homme dont les actions et les propos ont contribué à la polarisation des relations entre Arabes et juifs.

Alors que le conflit israélo-palestinien se poursuit et s'intensifie, il est essentiel de connaître les figures historiques comme le grand mufti de Jérusalem pour mieux comprendre les racines anciennes et profondes des tensions actuelles. Sa vie et son œuvre rappellent que le nationalisme, lorsqu'il est alimenté par la haine et l'exclusion, peut engendrer des conséquences tragiques pour des générations entières.


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