Les pauvres ne sont pas des assistés !

par CHALOT
mercredi 4 janvier 2023

Merci Sapiens pour ce dessin.

Il représente bien la tête d'une des filles à qui nous avons trouvé un logement et qui ensuite a pu travailler pas loin de son domicile.

Elle était rayonnante et nous étions ravis !

J'entends souvent dire que les pauvres sont des assistés, qu'ils veulent vivre du RSA et qu'ils ne cherchent pas du travail.

Je m'inscris en faux contre ce jugement à l'emporte-pièce qui ressemble à du mépris de classe.

Mon point de vue que je vais essayer d'étayer n'est pas une dissertation théorique mais les conclusions d'un travail de terrain durant une dizaine d'années en Seine et Marne.

Commençons par ce fameux RSA

 

Montants forfaitaires du 1er juillet 2022 au 31 mars 2023

Nombre d'enfants ou de personnes à charge

Vous vivez seul*

Vous vivez en couple

0

299,27 €

448,691€

1

448,91 €

538,69 €

2

538,69 €

628,47 €

 

 

Comment voulez-vous vivre avec un tel revenu ?

Comment voulez-vous faire vivre votre famille ?

Un monsieur est venu me voir la semaine dernière, il a 62 ans et ne possède que le RSA. Il ne peut pas travailler car il est handicapé.

Pendant des années il a été l' auxiliaire de vie de sa mère. Celle-ci venant de décéder il n'a plus que le RSA ;

Quand il est allé voir le CCAS de sa ville pour demander une aide, la personne, travailleur « social » lui a reproché de ne pas économiser de l'argent !?

Je n'en ai pas cru mes oreilles !

Au fait, pour ceux qui voudraient faire des remarques désobligeantes : je précise que cet homme est né en France, ses parents et grands-parents aussi.

Un autre monsieur habitant dans le Val d' Oise s'est retrouvé sans travail, il a dû quitter son logement car ses revenus ne lui permettaient pas de payer les loyers et les charges de son appartement, d'autant plus qu'il vivait dans une passoire thermique.

Travaillant dans la restauration, il espérait trouver travail et logement.

Les seuls contrats proposés sont des intérims ou des CDD courts, or sans CDI, il ne peut obtenir aucun logement social dans le Val d'Oise ou autre part.

Il veut travailler et demande un « toit décent », en vain.... pour l'instant il n'a que la rue et depuis peu un hébergement précaire.

 

Je n'affirme pas que tout le monde cherche du travail , certains risquent de ne trouver qu' un petit boulot, de perdre l'APL dont se retrouver dans la « mouise ».

Il faut être motivé et obtenir un soutien.

 

J'ai rencontré beaucoup de personnes cassées avec un problème de santé les empêchant de prendre un job. Il leur faudrait l'AAH ( l'allocation adulte handicapé) ou un poste adapté....

C'est difficile d'autant plus que leur énorme problème réside dans leur logement inadapté à leur situation en termes de mobilité.

Je pense à cette dame qui vient me voir depuis deux ans car elle est au quatrième étage sans ascenseur alors qu'elle a du mal à marcher.

Elle a trop de problèmes à régler, elle est totalement démoralisée.

 

Avec les colibris solidaires et SOS hébergement, nous avons décidé d'agir à trois niveaux :

 

Les collectes permettent, entre autres, aux personnes de rompre leur solitude et de venir discuter avec les bénévoles de leurs difficultés.... des liens sont créés.

 

On empêche les expulsions locatives en proposant notamment un échelonnement de la dette, le dépôt d'un dossier de surendettement ou un hébergement d'urgence quand on est prévenu au bout du processus.

 

Nous avons accompagné sept jeunes qui se sont insérés et sont sortis de la rue.

Nous leur avons trouvé un logement.

Nous sommes tombés sur des gens formidables et sur d'autres que nous avons bousculés.

Ah si ce travail pouvait être réalisé par des professionnels en nombre, je suis certain que les résultats seraient exceptionnels !

Quand on s'intéresse aux personnes, que l'on prend diu temps, on leur rend la confiance en eux-mêmes.

Ceux et celles qui semblent ne pas bouger ne sont pas des « assistés » mais des hommes et des femmes démoralisés et isolés.

 

Jean-François Chalot

 


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