Les plaisirs cachés des vassaux de l’Allemagne : Une Europe du Sud à couteaux tirés avec elle-même
par Michel J. Cuny
jeudi 6 juin 2019
Jouant le jeu du capitalisme – et l’on ne voit pas comment il pourrait en aller autrement, compte tenu de l’actuelle configuration idéologique et politique d’une France qui n’est pas vraiment tournée vers le moindre questionnement révolutionnaire de l’exploitation de l’être humain par l’être humain -,
« Cela a bien sûr facilité le retour des excédents. Ce n’est pourtant pas la seule raison. En comprimant leur demande intérieure, ces pays ont libéré de nouvelles capacités à l’exportation et amélioré leur compétitivité coût.
Insérons maintenant les performances françaises dans le premier graphique ci-dessus. Voici ce que cela donne, avec ce commentaire (pro-business !) d’Alexandre Mirlicourtois…
Et d’un certain point de vue, c’est effectivement tout à fait regrettable. Le modèle français fait de la résistance… comme si Jean Moulin n’était pas tout à fait mort… mais pour combien de temps encore ?…
« Quant au rebond des exportations, la France se fait distancer par les pays du Sud. »
Arrivé là, Alexandre Mirlicourtois peut enfoncer consciencieusement le clou des synergies décalées sur la scène des différents capitalismes nationaux occupés à s’écorcher les uns les autres si possible…
« Il y a dans ce décalage les conséquences de notre modèle économique. Un modèle qui amortit les crises mais qui pèse sur la compétitivité. Il reste une carte à jouer : celle de gérer intelligemment notre retard, et de tirer parti de l’accélération de nos voisins. Rappelons-nous, c’est la stratégie opportuniste qu’a su jouer l’Allemagne du chancelier Schröder avec l’agenda 2010 et les lois Hartz. »
C’est-à-dire que, de même que l’Allemagne avait serré les boulons chez elle quand, ailleurs en Europe, tout se relâchait à coup de crédit largement distribué, il faudrait que la France profite de l’accélération des choses en Italie et en Espagne pour mettre un coup de frein décisif sur la rémunération du travail chez elle…
« Mais attention, l’étau se resserre de tous côtés sur la compétitivité de la France. Dans ce contexte, la hausse inattendue de 1,1% du coût du travail au 2ème trimestre est un rappel à l’ordre. »
Et Alexandre Mirlicourtois de s’expliquer, tout en indiquant bien que, s’il s’est avancé un peu loin du côté du serrage de boulons, c’est qu’il redoute bien pire…
« Car si la baisse des frais de personnel conférée par le CICE devait être brûlée en hausses de salaires, un décrochage fatal de la France serait à prévoir. Une France qui ne pourrait alors plus échapper à une redoutable thérapie d’urgence. »
Comme quoi, même chez les plus doux, il peut parfois y avoir du tigre, nécessité faisant loi…
NB. Cet article est le soixante-treizième d'une série...
« L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? »
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