Les plus que cent jours de Nicolas Sarkozy

par Stéphane W.
mercredi 12 septembre 2007

Le 6 septembre dernier, le président de la république Française achevait son 125e jour à l’Élysée. Au cours de cette période, il a tour à tour été critiqué sur son séjour sur le bateau de son ami Bolloré ou chez ses amis aux États-Unis. Certains l’ont mis dans la catégorie des hyperactifs, d’autres lui ont rappelé certaines promesses. Son parti, partie d’une avance considérable a permis à la gauche dans son ensemble de continuer à exister. Il a perdu son bras droit le plus fiable et sans doute le plus brillant en la personne d’Alain Juppé. Il a dû reculer (ou simuler un recul) sur le dossier de la TVA sociale. Plusieurs voix à droite l’ont critiqué sur l’ouverture à gauche pour Kouchner, Besson et les autres. Le rôle de sa femme Cecilia dans la libération des infirmières bulgares suscitent de multiples interrogations, tout comme les contreparties éventuellement négociées (vente du nucléaire). Son voyage en Afrique a énervé certains tandis que d’autres ont été franchement déçus de l’escale au Gabon d’Omar Bongo. Sa visite à une conférence des ministres de la zone euro a intrigué et ses rapports avec la chancelière allemande Angela Merkel laissent perplexe, tout comme l’accueil mitigé sur son projet de Traité simplifié.

Dans l’ensemble, ses ministres se comportent plutôt bien. Les femmes d’abord sont souvent présentes : Rachida Dati inquiète un peu les magistrats, Rama Yade impressionne et crée la polémique. Lagarde et ses paquets fiscaux crée la panique à gauche. MAM essaye tant bien que mal de succéder à son bourreau de prédécesseur... Borloo toujours égal à lui-même. Michel Barnier revit d’agriculture. L’ambitieux projet d’identité française de Brice Hortefeux suscite beaucoup d’attentes. Xavier Darcos et surtout Valérie Pecresse sont attendus au tournant par les milieux académiques. Éric Worth, André Santini et leurs départs à la retraite non remplacés sont scrutés à la loupe. Hervé Morin doit prouver tous les jours ses compétences à la défense nationale. Roselyne Bachelot se fait discrète tandis que Bernard Laporte attends son tour en espérant ne pas entrer pas la petite porte (d’un mondial raté). Finalement, le plus inquiétant (comme toujours) reste le Premier ministre. François Fillon doit lutter tous les jours afin que son poste ne soit pas supprimé. Il faut dire qu’avec l’activité de son mentor et président, il est obligé de jouer les intermittents et excelle dans le rôle de doublure du chef d’État et de gouvernement. C’est d’ailleurs l’un des maillons faibles de ce gouvernement qu’il faudra surveiller. Jusqu’à quand acceptera-t-il de ne pas exister ?

Mais le plus inquiétant pour Nicolas Sarkozy est à venir. Il ne reste que quelques mois avant les prochaines échéances électorales. Avant les municipales, le président de la république doit prouver qu’il est l’homme de la rupture et, ceci, à n’importe quel prix. Pour cela, il va devoir maintenir le cap lorsque la force tranquille de la rue sera en marche. La reforme des retraites, les dossiers de l’Education nationale ou la TVA sociale sont quelques-uns des projets qui peuvent facilement dynamiter la confiance de la population. Et là se posera la vraie question de la rupture. Est-ce que Nicolas Sarkozy, ses ministres et son camp l’UMP sont prêts à faire les changements qu’ils jugent nécessaires au point de risquer de perdre les élections ? Pourra-t-il comme un Georges Bush avoir une position clairement dénoncée par l’ensemble des citoyens au nom d’un changement indubitable ?

Je crois que comme tout président et surtout comme son prédécesseur, Nicolas Sarkozy est de la catégorie d’homme et de capitaine qui ont besoin que l’Histoire retienne leur nom. Pour cela, il ne faut pas être borné. Au contraire, il faut être à l’écoute de ses citoyens (Chirac et la guerre d’Irak). Ce qui semble contraire à ce que la France a besoin (selon l’idée d’un besoin urgent de rupture des habitudes françaises). Si on regarde l’ensemble des lois qui sont passés jusqu’à ce jour, aucune n’a vraiment été critiquée par la masse. On n’a pas encore vu la rue s’exprimer comme du temps de Raffarin, de Fillon ou encore de Juppé (sur l’épineuse question de la réforme des retraites).

Il faut savoir pourtant que la population hexagonale reste malgré tout partagée. Une moitié reste donc flattée par les grandes idées de gauche. C’est d’ailleurs pourquoi jusqu’à aujourd’hui, la troisième voie de François Bayrou reste la menace la plus importante pour la droite sarkozyste. Advenant un véritable changement à la tête du Parti socialiste (ce qui n’est pas évident), il faudra voir quel lien se définira entre la gauche et le centre. À droite, Sarkozy reste le maître à penser. Il devra faire face au fil des mois et des combats à la dissension. Dominique de Villepin, son éternel adversaire, reviendra forcément dans une course au leadership (de quoi ?). Nicolas Sarkozy a toujours été, dans les gouvernements qu’il a servi, le mouton noir. Il devrait à son tour s’attendre à ce qu’un de ses partisans l’imitent.

Bref si les 126 jours du président ont été relativement calmes, il en sera tout autrement des prochains mois. Sera-t-il toujours aussi ferme qu’aujourd’hui ? En fait, on en revient à la question fondamentale : est-ce que la France est prête aux changements qu’elle doit traverser ?

Réponse d’ici aux municipales...


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