Les poupées russes de l’affaire Woerth

par Imhotep
lundi 28 juin 2010

On ne voit pas les frères Karamazov, mais cette affaire Woerth ressemble à ces fameuses poupées russes, sauf que c’est comme dans la science fiction, celle qui sort est plus grosse que celle qui la contient.
 
Je me demandais dans un précédent article si cela pouvait être pire. La réponse est plus limpide que celles de Woerth : c’est sans doute possible. Ce week-end ne fut pas exempt de nouvelles révélations.
 
Il est important avant toute chose de revenir sur le flou artistique qui entoure les diverses défenses du gouvernement car la vérité tourne comme le vent :
 
 
L’immaculé Woerth a tant d’imagination qu’il pourrait écrire des contes - à dormir debout - pour des enfants avec des capes magiques qui rendent invisible. En effet, avec ses conseillers en communication il invente de belles histoires :
 
 
A ce stade il faut se poser une question : pourquoi inventer ce principe de fortune professionnelle ? La réponse se situe aussi dans les autres déclarations de l’immaculé Eric. En effet il a claironné que sa femme n’était qu’une simple salariée de Clymène et que dans ce genre de société tout est cloisonnée et étanche. Dit de cette façon on a l’impression d’une quasi multinationale. Peu vont alors se renseigner ou appuyer là où cela fait mal. Rue89 nous apprend ce qu’en pense Eva Joly : « Cette structure employait six personnes, dont deux secrétaires. Qui gère les dossiers ? Ni les secrétaires, ni le comptable, ni le directeur administratif… Reste deux personnes. Florence Woerth et une autre. On n’imagine pas un ruban rouge qui aurait divisé la table entre les deux, ce n’est pas crédible.
 
On se rend compte qu’en fait de multinationale on a une officine avec deux gestionnaires !
 
Cette information du si petit nombre d’employés est confirmé par les découvertes de Médiapart : concernant les rémunérations de la société Clymène (Le Figaro"De 424.604 euros, elles grimpèrent à 1.501.599 euros, soit un million de plus", (pour une multinationale on repassera). Une étrange découverte est faite par Médiapart, très étrange pour une société censée faire prospérer la fortune de la fortunée dame : "Clymène, loin de contribuer à faire prospérer la fortune de Liliane Bettencourt (...), perd systématiquement de l’argent, détruit du capital", écrit le site internet, sur la base d’une analyse des comptes de cette société. "Sur les neuf exercices depuis sa création, elle a été cinq fois en pertes", avec des déficits de 6,5 millions d’euros en 2000, 16,2 millions en 2001, 20,3 millions en 2002, 4,7 millions en 2005 et 66,1 millions en 2008, ajoute-t-il.
 
Selon Mediapart, ces pertes "ont absorbé (...) plus de 60% du capital social" de Clymène. "Sur neuf exercices, 107 millions de capitaux se sont volatilisés, sur un total de 170 millions de capital", détaille-t-il.
 
En outre, poursuit le site, la société a dû "constater des dépréciations" sur les titres qu’elle gérait pour le compte de Liliane Bettencourt "chaque année ou presque, que les marchés boursiers soient porteurs ou non" : 20 millions d’euros en 2002, 12,5 millions en 2003, 2 millions en 2005, 1,6 million en 2006 et 5,5 millions en 2007 - les 64 millions de 2008 pouvant être attribués à la crise financière.
 
En fait ce sont des amalgames afin de camoufler les faits : amalgame de contrôles fiscaux, amalgame professionnelle/personnelle, amalgame multinationale/structure microscopique. Le tout a pour objet de déformer les faits et de faire prendre des vessies pour des lanternes.
 
Les questions qu’amènent ces révélations sont nombreuses et attendent des réponses :
 
 
Mais voilà que l’on découvre d’autres informations par le canal du JDD, et cela pèse son lingot (Jean François Kahn) et c’est proprement hallucinant (vous verrez que cet immaculé Eric distribue lui aussi les breloques : cette fois-ci, vue la date (début juin 2010), il lui sera difficile que c’est un autre qui l’a demandé, le ruban pour le sieur Peugeot. Lire aussi ici) : 
 
3) Le JDD en remet une couche : il raconte que Robert Peugeot, l’un des héritiers de la firme automobile, fut, en son absence, cambriolé à Paris. Les malfrats, à l’évidence bien informés, forcèrent un coffre secret camouflé dans une salle de bains et mirent la main sur des bijoux, une Rolex, des pièces d’or et surtout sur des lingots. Valeur d’un lingot d’or : 25.000 euros à l’époque. Donc le préjudice est facile à évaluer. 500.000 euros, précise la police. L’info fuite. Des policiers se font engueuler par leur direction, qui s’est, elle-même fait engueuler par plus haut placé. Et, miracle, le préjudice est ramené à 150.000 euros. Ce qui correspond à ce que Peugeot a déclaré pour le calcul de l’ISF. Le camouflage d’une fraude est évident.
Or, un peu après le vol, on a pu apercevoir Eric Woerth dîner au restaurant l’Ami Louis, en tête à tête, avec Robert Peugeot. A qui, il a, d’ailleurs – à lui aussi – remis personnellement la légion d’honneur.
Faut-il préciser qu’aucune enquête ne sera diligentée sur l’origine des lingots d’or ?
 
4) Autre information du JDD, décidément en forme, (l’édito d’Askolovitch est terrible) : au printemps 2008, Eric Woerth, flanqué de son épouse, recevait à dîner dans un hôtel servant de succursale au ministère des Finances, mais en temps que trésorier de l’UMP (incroyable confusion des genres) une douzaine de gros donateurs, des responsables financiers en majorité, dont plusieurs personnes en difficulté avec le Fisc, et parmi eux Patrice De Maistre, le financier de Madame Bettencourt et… Robert Peugeot.
Détail croustillant : tous ces gens se connaissent fort bien car ils participent, en France et à l’étranger, à des parties de chasse au gros.
 
Et l’immaculé Eric nous dit que Maistre est une simple connaissance ! Ca sent le roussi au pouvoir.
 

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