Les profs ne sont pas tous corporatistes !
par CHALOT
vendredi 15 mai 2015
Ce sont de curieux syndicalistes, ceux et celles qui appellent à la grève à Toulouse à cause de la suppression non annoncée d’un pont…..
Ils vont mettre en difficultés de nombreux parents et susciter l’incompréhension.
C’est vraiment dommage.
Les professeurs et leurs syndicats ne sont pas toujours corporatistes, et c’est tant mieux.
Alors que de nombreux parents d’élèves ne se retrouvent pas dans les discours contradictoires entre les défenseurs de la réforme du collège et ceux qui dénoncent une casse de l’instruction, des enseignants comme ceux de ce collège de Loire Atlantique ont eu l’excellente idée d’écrire un texte simple et lisible d’explication :
« Réforme du collège pour la rentrée 2016 ; POURQUOI LA CONTESTONS-NOUS ?
35 enseignants du collège se sont réunis mardi 12 mai en heure d’information syndicale, certains parmi eux seront en grève le mardi 19 mai.
- Le collège est présenté comme le maillon faible du système éducatif alors qu’environ 15% des élèves sont en difficulté à leur entrée au collège. Et le collège ne parvient pas davantage à réduire ces inégalités. Le projet ministériel ne va pas dans ce sens.
- Les horaires par disciplines sont revus à la baisse. Par exemple actuellement les élèves de 4ème ont actuellement 26 heures de cours. La future grille horaire prévoit aussi 26 heures, mais il y sera prélevé 4heures d’enseignement complémentaire (accompagnement personnalisé, projets, langues anciennes, santé, développement durable etc.) : cela revient à supprimer 4 heures d’enseignement en 4ème, 4h également en 5è et 3è, et 3h en 6ème.
Ces enseignements complémentaires seront fixés localement par le conseil d’administration, il en va de même pour la répartition des horaires disciplinaires dans un cycle. Par expérience nous savons que les heures prises sur les disciplines et attribuées pour des activités hors-cours finissent par disparaître totalement, les Itinéraires de découverte (IDD) en sont une illustration. Concernant les langues, le latin risque de disparaître selon les choix faits par l’établissement. Les classes bi-langues et européennes disparaissent. La LV2 commencera en 5ème mais l’horaire hebdomadaire diminuera.
Ceci conduit à la fin des horaires et programmes nationaux sur le territoire dans le cadre de l’autonomie des établissements ainsi qu’à la concurrence entre eux, ce qui va à l’encontre de l’équité .
Et pour masquer la baisse horaire des heures d’enseignement ce projet se présente comme novateur avec « la pédagogie de projets », « l’interdisciplinarité » et la continuité de « l’aide personnalisée ». Nous voyons bien les limites de cette dernière et n’avons pas attendu 2016 pour mettre en œuvre les deux premiers axes ! Notre collège compte en effet nombre de projets.
Aucun bilan ni réflexion n’ont eu lieu, le projet est imposé sans consultation !
Nous ne voulons pas nous voir imposer une pédagogie à la demande, sous couvert d’une certaine logique budgétaire et pédagogique.
Pour mieux faire réussir vos enfants et réduire les inégalités, il faut une baisse significative des effectifs par classe, des dédoublements pour travailler autrement, la reconnaissance des enseignements disciplinaires dans une grille nationale, des moyens de concertation pour l’interdisciplinarité et les projets, le maintien des options grecs et latin, une amélioration des conditions de vie et d’étude dans les collèges et des vies scolaires renforcées.
Nous sommes pour une réforme du collège
Oui, mais pas celle-ci ! »
On est loin là des déclarations de soutien au gouvernement, sans explications ou si peu, des ministres qui se succèdent pour défendre la réforme….
On est loin des slogans et c’est tant mieux….
On est loin du discours hypocrite de Nicolas Sarkozy de dénonciation d’une réforme « désastreuse pour la République ».
Il oublie qu’il fut le président qui a mis fin à la formation initiale des enseignants.
Quant à son discours contre la Ministre et contre Taubira, il ressemble à s’y méprendre à une tirade xénophobe.
Les enseignants de ce collège font là, œuvre d’éducation populaire, en montrant, preuves à l’appui que cette réforme est destructive et que leur refus n’est pas un rejet de toute réforme, loin de là !
Jean-François Chalot