Les raisons de la colère

par Phil Antrope
samedi 30 avril 2016

En parcourant les commentaires sur les différents articles, que ce soit sur des sites de journaux nationaux ou sur des sites comme AgoraVox, il m’arrive de sourire, de rire même, mais aussi et surtout d’être effrayé. Effrayé par tant d’ignorance, de sectarisme. Effrayé de voir à quel point certains ont été endoctrinés, manipulés, formatés à la pensée unique de la République Française. A les écouter (ou plutôt les lire) le chômage ne touche que ceux qui sont opposés au gouvernement, tous ceux qui sont trop bêtes pour être embauchés ou même tous ceux qui ne veulent rien faire. Ce billet est donc à destination de ces gens qui ne comprennent pas les enjeux de la société actuelle.

Depuis 40 ans, les dirigeants français, avec leurs amis du CAC40 et d’autres financiers, se gavent littéralement sur le dos des travailleurs. Et si beaucoup ont de quoi se loger et se nourrir, ce n’est malheureusement pas le cas pour tout le monde. Certains ont faim, froid, sont obligés de voler pour nourrir leur(s) enfant(s). Ce n’est pas dans le tiers monde mais bien en France que ça se passe. Pour nos politiques, sur un salaire de 10 000€, que représentent 500€ ? Pas grand chose, un repas au restaurant. Pour un Smicard, que représentent 500€ ? Un repas assuré pour toute la famille, du chauffage, des fournitures scolaires pour ses enfants. Et si on parle des grandes fortunes françaises, 10 000€ est un chiffre ridicule.

Comme je l’ai déjà écrit, je ne suis pas pour un salaire égal pour tous. La formation, le temps de travail, les responsabilités, la complexité, … beaucoup d’éléments doivent être pris en compte pour calculer un salaire équitable, juste. Mais que les différences soient si grandes est injustifiable, inconcevable, aberrant. Pourquoi ne pas répartir mieux les richesses ? Qu’apporte le gain de millions, voire de milliards d’euros ?

Pour aller plus loin, on peut aborder la reproduction sociale. Ceux à qui est adressé ce billet n’ont jamais connu la faim ou le manque. L’école française assiste la reproduction sociale de par ses méthodes d’apprentissage et son système de notation. “Ceux qui s’en donnent la peine, qui travaillent au lieu de se plaindre peuvent s’en sortir”. Allez expliquer ça à un enfant de 8 ou 10 ans né dans la mauvaise famille. Allez dire ça à un ouvrier de 50 ans au chômage suite à une délocalisation, à une femme harcelée par son patron et ses collègues mais qui se tait pour garder son contrat à mi-temps, à l’agriculteur qui n’arrive plus à subvenir à ses besoins, ...

Toute l’ironie de la chose réside dans votre absurdité. Elle est telle que Beckett aurait un orgasme intellectuel rien qu’en vous lisant. Vos discours sont la représentation de la vanité et de la vacuité sur terre : aucun argument viable, aucune construction, seulement des copier/coller de discours politique ou de reportage TF1. Avoir une discussion constructive ? Impossible. Écouter les arguments apportés, analyser les idées ? Impossible. Tout ce qu’essaient de faire les personnes de mouvements alternatifs (comme nuit debout) et que vous fustigez pour leur manque d’ouverture d’esprit et leur bêtise. Qu’il est facile de condamner sans se regarder dans un miroir.

A vous lire, un homme n’adhérant pas à la gauche ou la droite n’a pas de conviction, n’est pas doué de conscience et ne mérite pas de vivre. Une question me hante : A quel moment sont-ils parvenus à vous convaincre que votre vie ou votre intellect dépend de votre vote pour justifier leurs magouilles ?

Mais rassurez-vous, la bêtise n’a pas de parti politique. D’un extrême à l’autre, les esprits étriqués se sont infiltrés, et pour de bon. Mais pourquoi ne pas sortir de ces clivages bloquants, origine de l’immobilisme ? Pourquoi ne pas s’asseoir autour d’une table entre personnes civilisées et discuter des problèmes calmement, en prenant toutes les bonnes idées, qu’elles soient étiquetées de gauche ou de droite, pour arriver à une société meilleure ? Pourquoi ne pas revenir à une vraie démocratie, virer ces oligarques véreux pour revenir à la raison humaine plutôt qu’à la passion monétaire ?


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