Les ratés de la dédiabolisation du Front National

par AlterEgo
mercredi 23 octobre 2013

Si l'on en croit les derniers sondages, le Front National est devenu le premier parti de France. Même si elle s'en défendrait sûrement, Marine le Pen peut (aussi) attribuer ce résultat à l'entreprise de dédiabolisation entamée il y a déjà quelques années. C'est que la vitrine doit être belle si on veut inciter à entrer dans le magasin.

Cela a commencé avec l'idée - avortée depuis - de changer le nom du parti d'extrême droite. Cela a été poursuivi avec la mise à l'écart - du moins à l'image - de groupuscules trop voyants lors des rassemblements organisés par le FN. C'est enfin le refus réitéré de voir désormais son parti taxé "d'extrême droite", sans parler du discours frontiste qui a évolué sur le plan sémantique.


En tout cas les observateurs politiques sont d'accord pour dire - je résume - que la dédiabolisation finalement, ça marche. Entendez que cela permet au Front National de gagner des voix. Hélas, chassez le naturel et il revient au galop car depuis une dizaine de jours il y a quelques couacs qui grippent la machine, qui révèlent que le vrai visage du FN, lui, n'a pas changé.

C'est tout d'abord Marion Maréchal le Pen qui ne voit en Nelson Mandela qu'un "ancien militant trotskyste" au parcours "honorable" ; "très honorable" finit-elle par concéder lorsqu'on s'étonne de ce qualificatif. C'est ensuite l'attitude du bureau politique du Front National qui "suspend" Anne-Sophie Leclere, tête de liste aux municipales de Rethel, quand elle rabaisse l'actuelle ministre de la Justice au rang d'un animal tout juste bon à grimper aux arbres. C'est enfin l'attitude au Parlement Européen des deux députes frontistes MM. le Pen et Gollnisch qui restent assis lorsque résonne dans l'hémicycle l'hymne européen en l'honneur d'Aung San Suu Kyi, à qui l'on remettait 23 ans après l'avoir obtenu le prix Sakharov.

En trois événements toute l'édifice de dédiabolisation s'effrite. Car la vraie dédiabolisation du FN aurait consisté à rendre un hommage appuyé à l'oeuvre de Nelson Mandela, à applaudir Aung San Suu Kyi à Strasbourg, à exclure manu militari Mme Leclere du Front National au motif que si l'on se doit de combattre le gouvernement et ses ministres, il y a toutefois des limites à ne pas (ne plus ?) franchir dans l'invective. La vraie dédiabolisation enfin serait d'arrêter ces visites en Belgique ou en Autriche, visites que le parti de Marine le Pen ne sait pas justifier sans dans la même phrase crier au complot ou à la polémique inutile.

Mais si précisement rien de tout cela n'est arrivé, ou si plutôt ces choses se sont passés ainsi c'est que le Front National reste et demeure avant tout un parti extrémiste.

 


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