Les sondages interdits
par kali
dimanche 18 mars 2012
Dans cette élection présidentielle dont le suspense risque de s’avérer insupportable, on peut être partisan, mais préférer la démocratie à toute autre considération.
Une dizaine de candidats en lice, et cependant le débat, sous-tendu par les sondages d’opinion, reste dominé par deux candidats, François Hollande et Nicolas Sarkozy. Les autres apparaissent comme des épiphénomènes dont l’existence se limite à un premier tour qui leur permettra de faire joujou en attendant que le vrai combat ait lieu.
Bipolarisation, dit-on. Ce sont surtout les autres candidats, ceux qui sont exclus de cet affrontement qui le disent. Une bipolarisation favorisée par les sondages.
Les sondages font-ils l’opinion ?
Pour Pierre Bourdieu, sociologue français (1930-2002), « les sondages fabriquent une opinion à partir de méthodes techniques qui ne sont pas infaillibles et qui peuvent être contestées sur le fondement même de la science, ou du bon sens, dans certains cas. Ce point de vue est confirmé par Alain Garrigou, professeur de Sciences politiques à l'université de Paris X Nanterre, qui dénonce dans son dernier ouvrage cette ivresse des sondages et leur relative fiabilité (L’ivresse des sondages, Paris, La découverte, novembre 2006). Il dresse notamment un constat tragique pour la démocratie en mettant à nu les outils de la manipulation sondagière, qu'entretiennent journalistes et politiques… « C'est l'histoire d'un ivrogne qui cherche sous un réverbère ses clefs de maison qu'il a perdues à quelque distance de là. Comme on lui demande pourquoi il ne les cherche pas où il les a perdues, il répond : « C'est mieux éclairé ici ! ». » La citation d'Abraham Kaplan qui démarre cet ouvrage illustre le propos d'Alain Garrigou : les sondages mentent, ils n'ont rien de scientifique. De nombreux sondeurs, journalistes, politiciens et politologues vivent sous les réverbères. »
Article complet ici.
Les sondages qui nous sont servis depuis le début de la campagne des présidentielles présentent toujours le même scénario : Un premier tour, dans lequel les courbes se croisent et se décroisent. Quand au deuxième tour, il est toujours basé sur la même hypothèse : Hollande contre Sarkozy. Sarkozy contre Hollande.
Et pourquoi pas d’autres hypothèses ? Quid de l’effet papillon, alors ? Quid des caprices véritables de la démocratie, pardi !
Bourdieu avait d’autant plus raison dans ses affirmations, que les instituts de sondages appartiennent aux puissants amis des politiciens. Ainsi, pour ne citer que celui-là, Vincent Bolloré, ami proche de Sarkozy, détient l'intégralité du capital de CSA-TM.
Pourquoi est-ce l’IFOP, dont l'actionnaire principal est Laurence Parisot, présidente du Medef, qui ne passe pas pour une adversaire de Nicolas Sarkozy, qui a sorti le premier sondage favorable à Sarkozy, après le meeting de Villepinte ?
Pourtant, outre la manipulation probable, il est un fait que les sondages ne sont pas très fiables.
Comme l’écrit la république des pyrénées « Pour autant la technique sondologique reste fragile dans une présidentielle. Mais moins sur le second tour que sur le premier. En 2007, six mois avant le scrutin, le score final du duel Sarkozy-Royal (53%-47%) était donné par la Sofres et... l'Ifop. En revanche, c'est sur le premier tour que les erreurs ont été commises par tous les instituts : à deux jours du scrutin, Nicolas Sarkozy était sous-évalué de 5 à 6 points (31,18%) et Ségolène Royal de 1 à 3 points (25,87%). Le gros « plantage » étant le résultat de Jean-Marie Le Pen, surévalué de... 6 points. »
Autre cas d’école : L’exemple de l’incroyable ascension de Dominique Strauss-Kahn entre 2008 et 2010 dans les sondages, après la dérouillée des primaires de 2006 face à Ségolène Royal (20,60 contre ..60,65 %). L’on sait qu’elle est due à un plan de communication mené tambour battant par Euro RSCG avec la complicité des instituts de sondage et des medias.
Bayrou, Mélenchon et les autres, victimes des manœuvres sondagières des grands partis ?
Pourquoi ne voyons-nous jamais de sondages de 2ème tour avec des hypothèses différentes de « Hollande vs Sarkozy » ?
Bilderberg aurait-il déjà choisi l’un des deux ?
Pourquoi ne voit-on pas d’hypothèse Bayrou-Hollande, Bayrou-Sarkozy par exemple ?
Bayrou semble être une victime particulièrement visée de ces manœuvres. Car même si Marine Le Pen le précède – dans les sondages du premier tour – il représente un danger bien plus grand pour Sarkozy et Hollande. En effet, il peut ratisser plus large à droite comme à gauche. Les extrêmes ont moins de chance statistique, si l'on considère le report des voix, dans un second tour. Bayrou, oui.
D’après cette vidéo d'une émission diffusée sur LCP, des sondages allant dans ce sens existent mais sont interdits de diffusion.
Si l’on ajoute à ces manipulations des medias et des sondages, le fait que Bayrou dispose de moyens plus limités pour mener campagne, et un temps de parole manifestement moindre, il faut se poser la question :
Comment se porte la démocratie ?