Les stratégies de lutte contre le Covid-19, leurs résultats et les leçons de la pandémie

par Gérard Dahan
jeudi 3 septembre 2020

Depuis des mois, les médias nous abreuvent de chiffres qui n’ont pas grand sens pris indépendamment, mais qui sont en revanche très parlant :

C’est donc ce que s’efforce de faire cet article[1].

 

La fiabilité des données :
La fiabilité des statistiques d’un pays dépend de la fiabilité des données utilisées.
Le site Santé Publique France déclarait d’ailleurs mi-mars 2020 :
"Du fait de la difficulté de l'identification et de la confirmation biologique de l'ensemble des cas de Covid-19, les données présentées sous-estiment le nombre réel de cas"
Concernant la pandémie du Covid-19, les données, les méthodes de comptabilité sont – dans le détail – peu décrites et peu précisées voire même parfois fausses. il est donc difficile de considérer ces chiffres comme fiables, d’autant :

Les récentes corrections de chiffres de la Grande Bretagne dans sa méthode de comptage des décès mi-août (la conduisant à baisser son nombre total de morts de 5349 personnes) , de la Belgique le 25 août (pour doubles compte ) et de la Suède le 31 août , (diminuant son nombre de contaminés de -3100) en sont les illustrations flagrantes. Les pays n’utilisent pas les mêmes méthodes de comptabilité, les erreurs sont très nombreuses et les corrections se font sans publicité.
 

1. La « létalité » un indicateur de détection et de prise en charge.

La « létalité » est un pourcentage qui permet de calculer le rapport entre le nombre total de morts attribués au Covid-19 à une date précise et le nombre total de contaminés à cette même date.
1er constat : on peut noter que tous les pays ont eu – tout au long de la pandémie - un ou plusieurs « pics de létalité », c’est-à-dire un moment où la proportion entre le nombre total de morts (attribués au Covid-19) et le nombre total de personnes contaminées a atteint un pourcentage maximum. En général, après ce pic, la proportion de létalité baisse sauf si on constate après un temps, un nouveau pic.

Le pic de létalité fut atteint en France la semaine du 24 mai avec un ratio de 19,6%. La « létalité » en France était donc à cette période de près de 1 personne décédée sur 5 personnes comptabilisées comme contaminées.

La France a obtenu le pourcentage de létalité le plus élevé au monde à partir d’avril 2020 et il l’a été jusqu’au 16 aout 2020 où ce pourcentage était en France de 14,1% devant celui de l’Italie (14%), du Royaume Uni (13,1%), de la Belgique (12,7%), du Mexique (10,9%), des Pays-Bas (9,9%), et celui de l’Espagne (8,4%) pour ne citer que les plus élevés. La semaine suivante (le 23 aout), l’Italie est repassée devant la France.

 

Qu’est-ce qui explique l’importance du taux de létalité ?

Une létalité élevée s’explique par deux facteurs souvent conjoints : un faible nombre de personnes détectés comme contaminés et un nombre élevé de décès. Peu de détection = peu de contaminés et donc à mortalité identique, une létalité supérieure. En France, c’est donc en partie le faible nombre de détection qui explique ce taux de létalité particulièrement élevé. Mais plus clairement ce qui explique la forte létalité en France c’est la politique suivie de test en priorité sur les cas jugés grave. Politique qui a perduré pendant des mois.

1. Le faible nombre de contaminés peut être due à une faible détection ou à une volonté de minimiser le nombre de contaminés (Donald Trump l’a parfaitement compris en affirmant que « son pays testait trop »).

2. Le fort nombre de décès peut avoir des causes multiples sur lesquelles la France s’est illustrée dont notamment un manque d’accompagnement des cas bénins de contamination qui a favorisé la dérive vers des infections pulmonaires graves. Mais c’est très clairement la politique de ne tester que les cas grave qui a totalement « biaisé » la mesure des taux de létalité en France.

La « létalité » n’est absolument pas l’indicateur d’une seule mortalité importante. Ainsi, sur les 15 premiers jours d’Août, la moyenne de mortalité par jour fut en France de 10,1 personnes soit un niveau relativement faible alors qu’elle a été en moyenne de plus de 1091 personnes par jour aux USA (pays ayant 3,2% de létalité au 16 aout) et de plus de 1017 personnes par jour au Brésil (3, 2% également de létalité).

Le tableau ci-dessous est le tableau de la létalité par semaine depuis le 1er mars 2020 sur 18 pays parmi les plus importants ou les plus touchés. En rouge et case grisée sont indiquées les dates optimum de « létalité ». Une 2ème case grisée indique éventuellement l’existence d’un autre pic.
 

Evolution de la létalité selon les pays

Chine : La date du 1er contaminé est difficile à déterminer. Novembre 2019, fin décembre ? Un pic de létalité est atteint la semaine du 19 avril avec 5,5% (un mort sur 18 contaminés).

Elle baisse ensuite très progressivement sans aucune reprise et de façon étonnement lissé pour un pays aussi vaste avec des régions aussi rurales.

Au 31 août la courbe de létalité est à 5,2% (1 décès pour 19 contaminés).

(dans les bases de données que nous avons consulter pour les relevés des contaminés et des morts, il peut y avoir un jour de décalage)

Iran, L’épidémie aurait été caché à son début puisque c’est le seul pays où les 2 premiers cas confirmés correspondent aussi à 2 décès. Ce qui explique un taux de létalité très vite élevé (le 1er mars, l’Iran a la létalité la plus élevée au monde) et un pic atteint en un mois la semaine du 22 mars avec 7,8% (un mort sur 12,8 contaminés). On constate une nouvelle montée de la létalité à partir de début juillet. Le second pic est atteint la semaine du 30 août à 5,8% (1 décès pour 17 contaminés) mais la létalité pourrait continuer de monter.
Corée du Sud, la montée de la létalité est très progressive et le pic est atteint à 2,4% le 24 mai (1 mort sur 41,6 contaminés) . Elle baisse ensuite très progressivement sans aucune reprise. Au 31 août elle est à 1,9% (1 décès pour 62,5 contaminés)
Japon, Le Japon est officiellement après la Chine le premier pays touché. Le 1er contaminé est déclaré le 15 janvier et le 1er décès le 13 février. un premier pic est atteint rapidement le 22 mars à 3,7%. A partir du 19 avril une nouvelle croissance de la létalité recommence qui atteint le pic le plus important le 7 juin à 5,3%. Depuis la létalité redescend progressivement. Au 31 août elle est à 1,9% (1 décès pour 53 contaminés)

Etats-Unis, la croissance de l’épidémie a été fulgurante. Le 1er cas est déclaré le 21 janvier et le décès le 3 mars. Un premier pic de létalité est atteint en une semaine le 8 mars à 5,2%. A cette période, c’est le taux de létalité le plus élevé au monde . Une seconde montée de la létalité redébute le 29 mars et atteint un second pic la semaine du 3 mai à 6% (Un mort sur 16,6 contaminés). Ce pic va se maintenir pendant tout le mois de mai. Dès fin mai la létalité redescend progressivement jusqu’à aujourd’hui. Au 31 août elle est à 3,1% (1 décès pour 32 contaminés)
Mexique  : Selon les chiffres communiqués, les premiers morts sont confirmés très tard (pas avant la semaine du 22 mars), la létalité monte progressivement et relativement haut pour atteindre un pic la semaine du 28 juin à 12,4% (1 mort sur 8 contaminés). Depuis elle redescend lentement. Au 31 août elle est à 10,8% (1 décès pour 9 contaminés).

Brésil : Au Brésil également les premiers décès sont confirmés très tard (semaine du 22 mars). La létalité progresse jusqu’à la semaine du 3 mai où elle atteint son pic à 7% (1 mort sur 14 contaminés). Depuis elle redescend lentement. Au 31 août elle est à 3,1% (1 décès pour 32 contaminés).

Italie  : L’Italie est le 3ème pays européen touché le 31 janvier, 7 jours après la France et 3 après l’Allemagne. Mais chez elle l’épidémie s’aggrave rapidement avec seulement 22 jours entre le 1er contaminés confirmé et le 1er décès contre 21 pour la France et 47 pour l’Allemagne. Elle atteint son pic de létalité le 14 juin avec 14,5%. (1 décès pour 7 contaminés).Au 31 août elle est toujours élevée à 13,3% (1 décès pour 7,5 contaminés).

France : La France est le 1ème pays européen touché devant l’Allemagne puisque le 1er contaminé sera confirmé le 24 janvier, un touriste chinois provenant de Wuhan. Le premier décès est également chinois ce qui explique le court délai entre le 1er contaminé et le 1er décès. La létalité s’aggrave début avril pour atteindre son pic la semaine du 24 mai avec 19,6% (1 décès pour 5 contaminés) qui sera le record mondial de létalité (voir explications plus haut). Elle continuera à détenir ce record de létalité jusqu’au 16 août. Au 31 août la létalité est à 11,2% (1 décès pour 9 contaminés).

Espagne : Le 1er contaminé est confirmé aux Canaries le 31 janvier sur un touriste. Le 1er décès est confirmé le 5 mars. La létalité progressera assez nettement en mars et ralentira en avril. Le pic sera atteint la semaine du 24 mai avec 12,2% (1 décès pour 8 contaminés). Au 31 août la létalité est à 6,6% (1 décès pour 15 contaminés).
Allemagne : L’Allemagne a été le 2ème pays européen touché avec un premier contaminé le 28 janvier. Le 1er décès sera confirmé 42 jours plus tard, le 10 mars. Le pic de létalité sera atteint le 14 juin avec un ratio faible de 4,7% (1 décès pour 21 contaminés). Au 31 août la létalité est à 3,8% (1 décès pour 26 contaminés).

Royaume Uni : Le 1er contaminé est confirmé le 31 janvier et le 1er décès le 5 mars. Un premier pic de létalité est atteint la semaine du 3 mai à 15,4%. La létalité baisse pendant 2 mois et un nouveau pic apparaît à 15,5% début juillet (1 décès pour 6 contaminés).. Au 31 août la létalité reste élevée à 12,5% (1 décès pour 8 contaminés).

Suisse : La particularité de la Suisse est le très court temps entre le 1er cas confirmé (25 février) et le 1er décès (5 mars) soit 8 jours. Cela s’explique par les nombreux échanges entre la Suisse et l’Italie touchée plus tôt. Tous les premiers contaminés comme le premier décès, reviennent d’Italie. En revanche la létalité montera lentement puisque le pic à 5,4% ne sera atteint que la semaine du 14 juin (1 décès pour 18,5 contaminés). Au 31 août elle est à 4,14% (1 décès pour 24 contaminés).

Belgique : Derrière la France, c’est la Belgique qui a atteint la plus forte létalité avec un pic la semaine du 17 mai à 16,4% (1 décès pour 6 contaminés). Depuis elle baisse régulièrement. Au 31 août elle est encore à 11,7% (1 décès pour 8,5 contaminés).

Autriche : L’Autriche est un autre pays européen avec de bons résultats. Le premier cas contaminé est confirmé le 25 février, le 1er décès le 12 mars. Le mois d’avril est celui avec la plus importante mortalité, mais elle baisse à partir de mai. Le pic de létalité a été atteint le 31 mai avec seulement 4% (1 décès pour 25 contaminés). Au 31 août sa létalité est à 2,7% (1 décès pour 37 contaminés).

Pays-Bas : Le premier cas confirmé intervient assez tard, le 28 février. Parmi les pays européen que nous avons étudié c’est le dernier pays touché. Mais comme la Suisse, le 1er décès n’intervient que 8 jours plus tard le 7 mars). En cours de pandémie les Pays-Bas vont changer de politique de lutte. Début avril devant le taux de létalité qui frôle les 10%, Le 1er ministre annonce l’abandon de la politique d’immunité collective. Le pic de létalité est atteint la semaine du 31 mai à 12,9 % (1 décès pour 8 contaminés). Au 31 août elle est encore à 8,9% (1 décès pour 11 contaminés).

Russie : Difficile de se prononcer sur la Russie et sur sa très faible létalité ( ?) Le 1er contaminé est un chinois confirmé le 31 janvier et le 1er décès intervient le 19 mars. Le pic de létalité de la Russie n’a probablement pas encore été atteint puisque sa courbe continue de monter. Au 31 août sa létalité est à 1,7% (1 décès pour 58 contaminés).

Suède : L’un des seuls pays européen qui n’a pris aucune mesure de confinement. Le 1er cas est confirmé le 31 janvier et le 1er décès annoncé le 15 mars. Le pic de létalité est atteint le 10 mai avec un ratio de 12,4%. (1 décès pour 8 contaminés) Depuis il ne fait que baisser et au 31 août sa létalité est à 6,7% (1 décès pour 15 contaminés)

Inde ; La courbe de létalité de l’Inde va être très chaotiques, mais compte tenu du faible nombre de décès déclarés comparativement à la population, elle ne dépassera pas les 3,35% (1 décès pour 30 contaminés). Le 1er décès est confirmé le 13 mars. Un 1er pic est atteint la semaine du 12 avril à 3,3% de létalité, puis le pourcentage redescend 2 semaines. Il remonte durant 2 autres pour atteindre un nouveau pic à 3,35% le 10 mai. Il redescend 4 semaines et remonte 2 semaines pour atteindre un dernier pic à 3,2% le 21 juin. Au 31 août elle est à 1,8% (1 décès pour 56 contaminés).

Tableau de létalité hebdomadaire du 1er mars au 30 aout 2020 sur 18 pays

Les pays avec plusieurs pics de létalité
Généralement la « létalité » croit jusqu’à un pic puis décroit ensuite. Mais dans certains pays on constate des fluctuations et la présence de plusieurs pics.
- C’est le cas de l’Iran qui après avoir eu un pic de létalité très tôt le 22 mars a vu sa létalité baisser jusqu’à fin juin pour de nouveau progresser en juillet et en août, signe évident d’une seconde vague.

- C’est le cas également du Japon qui a eu très vite un premier pic le 22 mars, qui a vu sa létalité baisser jusqu’au 12 avril, puis sa létalité a repris pour parvenir à un second pic dans la semaine du 7 juin pour rebaisser de nouveau jusqu’à aujourd’hui.

- C’est également le cas des USA qui ont eu un pic très rapidement la 2ème semaine de leur contamination. Leur létalité a baissé jusqu’à la semaine du 29 mars puis elle s’est de nouveau accrue pour atteindre un nouveau pic qui a duré sur presque tout le mois de mai, pour baisser de nouveau.

- C’est enfin le cas du Royaume-Unis qui atteint un premier pic dans la semaine du 3 mai, la létalité baisse jusqu’à fin juin avec quelques variations et remonte brutalement sur les 2 premières semaines de juillet, indicateur d’un nouveau pic.

- Concernant la Russie, outre les doutes qu’on peut émettre sur le faible nombre de décès comparativement à l’importance des contaminés, le pays n’a pas encore atteint son pic de létalité puisque le taux continue de progresser très lentement.

Enfin en ce qui concerne la France, on note que sa létalité a dépassé celle de tous les autres pays du monde à partir du 12 avril (la semaine précédente c’était l’Italie qui avait la plus forte létalité). Depuis, elle a gardé une létalité supérieure à celle de tous les autres pays du monde jusqu’au 16 août. Mais la raison en est que la grande partie des tests étaient effectués sur des personnes considérées comme très malades.

 

2. La contamination des pays

Au 30 aout, le monde totalise plus de 25 millions de contaminés et plus de 840.000 décès.
Les USA vont franchir le cap des 6 millions de contaminés, devant le Brésil (3,8 millions), l’Inde (3,5 millions) et la Russie (1 million). Mais proportionnellement à leur population les chiffres obtenus sont très différents et si dans le classement ci-dessous, le Brésil devance les USA, l’Inde en revanche est en 16ème position du fait du faible nombre de contaminés en rapport à sa population de près d’un milliard quatre cents millions d’habitants.

Dans les 2 dernières colonnes (à droite), on trouve l’accroissement du nombre de contaminés proportionnellement à leur population sur les 4 dernières semaines et le classement des pays sur cet accroissement. C’est un classement de contamination sur le dernier mois. On obtient en première position le Brésil devant les USA, suivis par l’Espagne, la Belgique, l’Inde, la France et le Mexique.

Contamination proportionnelle : nombre total de contaminés par million d’habitants
du 2 août au 30 août

 

 

Chiffres contaminés/million d’habitants sur les 4 dernières semaines

Accroissement et class. Sur août 2020

class

Pays

2 aout

9 aout

16 aout

23 Aout

30 Aout

Accrois./4 semaines

Class./ Accrois.

1

Brésil

12 830

14 273

15 717

16 974

18 224

5 394

1

2

USA

14 001

15 145

16 246

17 176

18 065

4 064

2

3

Espagne

6 178

6 732

7 341

8 267

9 407

3 229

3

4

Suède

7 861

8 048

8 240

8 413

8 511

650

12

5

Belgique

6 064

6 414

6 860

7 719

7 393

1 329

4

6

Russie

5 762

6 014

6 256

6 488

6 716

954

8

7

Royaume Uni

4 545

4 626

4 730

4 854

4 976

431

14

8

Suisse

4 132

4 243

4 414

4 612

4 856

724

11

9

Mexique

3 375

3 699

4 024

4 323

4 599

1 224

7

10

Iran

3 728

3 936

4 135

4 324

4 501

773

10

11

Italie

4 100

4 138

4 193

4 271

4 414

314

16

12

France

2 805

2 954

3 217

3 552

4 068

1 263

6

13

Pays-Bas

3 185

3 375

3 634

3 843

4 049

864

9

14

Autriche

2 406

2 486

2 631

2 845

3 053

647

13

15

Allemagne

2 529

2 601

2 692

2 806

2 913

384

15

16

Inde

1 253

1 541

1 853

2 179

2 536

1 283

5

17

Japon

300

386

437

481

526

226

17

18

Corée du Sud

276

281

295

335

380

104

18

19

Chine

61

62

62

63

63

2

19

                   

(en rouge, les pays dont le classement d’accroissement de contaminés récents est particulièrement élevé)

3. Classement des décès selon les pays.

En chiffres globaux, au 30 aout, les USA arrivent nettement en tête avec 182.800 décès devant le Brésil qui les rattrape avec 120.400 décès, le Mexique (63.800 décès), l’Inde (63.500), la Grande Bretagne (41.500), l’Italie (35.500) et la France en 7ème position (30.600).

La mortalité proportionnelle : décès par million d’habitants au 30 aout :

Les classements des décès par million d’habitants sont bien évidemment très différents des classements globaux, mais ils permettent de faire une réelle comparaison de la mortalité d’un pays à l’autre.

 

 

Chiffres de décès/ million hab. sur les 4 dernières semaines

Accroiss décès sur 4 dernières semaines Class. / Accrois. 4 dernières semaines

class

Pays

2 août

9 août

16 août

23 août

30 août

1

Belgique

861

863

869

874

865 *

4 *

11

2

Espagne

609

612

613

618

621

12

9

3

Royaume-Uni

691

696

619

620

621

-70 *

19

4

Italie

582

582

586

586

587

5

9

5

Brésil

443

476

508

541

571

128

1

6

Suède

561

563

565

568

569

8

7

7

U.S.A.

468

492

514

534

554

86

3

8

Mexique

369

404

440

468

496

127

2

9

France

452

453

454

455

457

5

10

10

Pays-Bas

358

358

359

360

362

4

12

11

Iran

206

221

236

248

258

51

4

12

Suisse

199

200

200

201

201

2

13

13

Russie

96

101

106

111

116

20

5

14

Allemagne

110

111

111

112

112

2

14

15

Autriche

81

82

83

83

83

2

16

16

Inde

27

31

36

41

46

19

6

17

Japon

8

8

9

9

10

2

14

18

Corée du Sud

6

6

6

6

6

0,4

17

19

Chine

3

3

3

3

3

0,1

18

(*) La colonne d’accroissement de la mortalité proportionnelle sur les 4 dernières semaines permet de noter les pays qui aujourd’hui ont la mortalité la plus forte. Le 15 aout, la Grande Bretagne a fait une rectification de -5349 morts ce qui explique le chiffre négatif d’accroissement. Elle a expliqué cette rectification par un changement de méthode de comptage. Auparavant, les personnes décédées ayant fait un test positif moins de 28 jours avant leur mort, auraient été systématiquement comptabilisés comme décédées du covid sans tenir compte du motif de leur mort, c’est-à-dire même du fait d’une mort par accident ou par crise cardiaque ( ???). Le 25 août, la Belgique a également fait une correction de -120 décès du fait de personnes comptabilisées en double.

 

4. Résumé de la situation des différents pays : (classement par importance de mortalité/million d’habitants)

Les pays européens sont pour beaucoup en tête des classements de mortalité proportionnelle. Cependant, ils ont aujourd’hui une progression faible de leur mortalité et sont donc en train d’être rattrapés par les pays d’Amérique du nord, centrale et du sud : Brésil, Mexique et USA.
Au résumé de chaque situation, on prend conscience que partout, la pandémie a profité des faiblesses spécifiques des pays et des contradictions des gouvernements.

Belgique, 865 morts/million d’habitants : La Belgique est toujours et depuis la semaine du 19 avril, le pays au monde ayant la mortalité proportionnelle la plus élevée avec 865 décès par million d’habitants. Le premier cas détecté le 4 février fut celui d’une personne rapatriée de Chine. Les cas suivants auraient été contaminés en Italie et en France. Le 16 mars les écoles sont fermées . Le confinement général est déclaré le 18 mars, prolongé jusqu’au 5 mai. Du fait de la mortalité importante, mi-avril, un test général est organisé dans les maisons de retraite. Le cas de la Belgique semble avoir été identique (en plus concentré) à celui de la France : un manque d’équipements (masques, gels, tests) et des difficultés pour s’en procurer sur lequel le gouvernement ne va pas communiquer. Un dépassement des structures sanitaires et par déficit de protection, un personnel médical qui fait partie des premiers contaminés. Cette situation va entraîner des communications gouvernementales incohérentes et parfois mensongères. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 1,7 personne. (le chiffre est particulièrement bas du fait de la correction belge du 25 août).

Espagne, 621 morts/million d’habitants : L’Espagne est en 3ème position des pays par la mortalité relative à sa population. Des traces du virus auraient été détectés dès janvier 2020 dans les eaux usées de Barcelone. Les premiers cas sont détectés à l’hôpital d’Igualada dans la région de Barcelone. Dès le début de la pandémie, les gouvernements régionaux n’ont aucune unanimité de décisions ce qui soulignent leur manque d’unité. En février et en mars des manifestations politiques participent à la propagation du virus notamment en Catalogue et au pays Basque tout comme les matchs de football qui continuent. En mai des manifestations continuaient d’être organisées. Les décisions de confinement seront prises en ordre tout aussi dispersées. Le pays est mis en quarantaine le 13 mars jusqu’au 26 avril et en confinement le 15 mars jusqu’au 11 mai. Les travailleurs agricoles migrants du sud du pays qui vivent dans des bidonvilles et d’épouvantables conditions sanitaires sont à l’origine de nombreux clusters. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 18,9 personnes.

Grande Bretagne, 621 morts/millions d’habitants : Les chiffres de décès de la Grande Bretagne se sont aggravés comparativement aux autres pays Européens à partir de fin avril. Dès mars 2020, la Gde Bretagne adopte une stratégie d’immunité collective (voir plus loin les explications), stratégie risquée qui va s’avérer couteuse en décès. Le 24 mars elle change de stratégie et entre en confinement. En Europe, cette stratégie a été adoptée par le Royaume Uni, les Pays Bas et la Suède avec des résultats qui n’ont pas été très heureux et ont souvent été corrigés. Le 14 aout, la Grande Bretagne a révisé sa méthode de comptage de décès, réduisant le nombre de morts de plus de 5000 personnes, cependant elle reste en 2ème position mondiale de mortalité proportionnelle. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de -150 personnes (du fait de la suppression de plus de 5000 morts par changement des règles de comptabilité).

Italie, 587 morts/million d’habitants : Le 18 décembre des traces du virus sont détectées dans les eaux usées de Turin et Milan. Le 31 janvier, 2 touristes chinois arrivés par l’aéroport de Milan sont testés positifs à Rome. La contamination est fulgurante. 16 cas confirmés le 21 février en Lombardie, 60 le 22 février avec les premiers morts. Le 29 février dans tout le pays il y a déjà 1128 contaminés et 29 décès. Plusieurs municipalités d’Italie du nord sont mises en quarantaines. Le 9 mars, le pays compte près de 9200 contaminés et 463 morts (dont 72% en Lombardie). L’Italie est le 1er pays à avoir suspendu les vols directs de Chine mais le 25 février, l’Union Européenne fait pression pour que les avions faisant escale en Europe soient acceptés. Le match de football du 19 février entre Bergame et Valence (Espagne) à Milan devant 40.000 personnes (dont 2500 supporters espagnols) serait responsable de très nombreuses contaminations et aurait aidé à contaminer l’Espagne. Le 10 mars tout le pays est placé en confinement, L’Italie aurait participé (à des degrés divers) à la contamination de l’Espagne, de l’Algérie, de l’Autriche, de la Croatie, de la Roumanie, de la Suisse et de la France. Après avoir été le premier pays européens dont la mortalité a explosée, l’Italie s’est aujourd’hui bien repris et a réussi à conserver un niveau de contamination bas. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 11,4 personnes.

Brésil, 571 morts/million d’habitants : Le Brésil est aujourd’hui le 2eme pays au monde par le nombre de contaminations (3,8 millions au 30 aout) et le 2ème par le nombre de décès (plus de 120.000). La gestion a été un peu similaire à celle des USA en pire. Proportionnellement à sa population c’est le 1er pays le plus contaminé au monde et le 5ème pas sa mortalité.
Dès le début de la pandémie, l’identification et la comptabilité des contaminés et des décès est suspecte. Alors que dès le 28 janvier, le ministère de la santé élève le niveau d’alerte au stade 3, qu’il signale des dizaines de cas suspects et qu’une trentaine de brésiliens se trouvent à Wuhan, le premier cas officiellement confirmé ne l’est que le 25 février soit plus d’un mois plus tard. Les cas confirmés progressent très lentement (4 cas le 3 mars), mais les cas suspects sont des centaines (531 à la même date). Le premier décès est confirmé le 17 mars. Le 15 mars, le président Bolsonaro qualifie la pandémie de « fantaisiste » et crée pas les médias. Il va systématiquement critiquer les mesures de confinement prises par les gouverneurs d’Etats. Celles-ci sont prises localement et en ordre dispersé. Comme Trump, il privilégie farouchement l’économie et va s’opposer aux restrictions sanitaires. Il paraît en public sans masque. La cour suprême brésilienne confirme que c’est aux gouverneurs des Etats de décider du confinement. En mai, des députés de gauche déposent une demande en destitution qui n’a aucune chance d’aboutir. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 973 personnes et c’est actuellement la 2ème mortalité quotidienne la plus élevée au monde.

Suède, 569 morts/million d’habitants : La Suède est en Europe le pays qui a poussé le plus loin l’absence de confinement. Mais les résultats pour un petit pays (10 millions d’habitants) avec une faible densité de population s’avèrent très mauvais et elle a payé un lourd tribu à son absence de confinement, même si aujourd’hui ses résultats se sont améliorés. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 2,7 personnes.

USA, 554 morts/million d’habitants : Si les USA sont le premier pays en nombre globaux de contaminés et de décès, ils sont en revanche au 2ème rang du nombre de contaminés proportionnellement à leur population et au 7ème rang mondial en nombre de décès par million d’habitant (554 personnes au 30 aout) derrière 5 pays européens et le Brésil et devant le Mexique et la France. Le premier contaminé est confirmé le 21 janvier chez un homme revenant de Wuhan. Le 1er décès survient le 6 février. Le 10 février Donald Trump affirme qu’en avril quand les températures auront remonté, le virus disparaîtra. La progression du virus est fulgurante : le 6 mars 254 cas confirmés, le 10 mars 1024 cas, 15 mars 5.750 cas, le 20 mars, 14.250 cas. Le 12 mars, les frontières sont fermées avec l’espace Schenguen. Les discours opposés au confinement de Donald Trump, ont pesé lourd dans le tribu que le pays paye aujourd’hui. Cela pourrait lui couter la présidence. Les chiffres de décès des USA progressent depuis le 1er aout à un rythme moyen quotidien de 1024 personnes et c’est toujours la mortalité quotidienne la plus élevée au monde. La barre des 200.000 morts sera probablement franchie entre le 15 et le 20 septembre.
Mexique, 496 morts/million d’habitants : Le premiers cas est recensés le 27 février provenant d’un homme revenant d’Italie. Le 11 mars ce sont 12 cas confirmés dont 5 derniers revenaient d’Espagne, de Chine, d’Allemagne et des USA. Le 1er décès intervient le 19 mars. Le 20 mars les USA et le Mexique ferment leurs frontières aux voyages. Le 26 mars le gouvernement décide de suspendre les activités non essentielles. Le 30 mars l’état d’urgence national est décrété. Le pays est mis en quarantaine qui prendra fin le 1er juin. Plusieurs gouverneurs d’Etats sont contaminés. Les réunions de plus de 50 personnes sont interdites, les habitants sont encouragés à rester chez eux et le gouvernement demande à la population de ne pas acheter de masques manufacturés pour les laisser aux soignants. Le 16 avril les écoles sont fermées et on annonce la mise en place de cours par Internet.

Le 21 avril, le stade 3 de l’épidémie est déclaré (le virus circule sur tout le territoire) et le 4 juin alors que le nombre de décès officiel est de 11.700 décès, le ministre de la santé avoue que le nombre réel de mort doit être autour de 30 à 35.000 soit trois fois plus. Selon un organisme officiel du début de la pandémie à la mi-juin, le nombre de pauvres aurait augmenté de 10 millions de personnes atteignant 62 millions soit près de 50% de la population du pays. La pandémie a mis en exergue l’extrême corruption du système hospitalier comme du pays. Le gouvernement mexicain reconnait de graves irrégularités dans l’achat de fournitures et de médicaments, des professionnels sans formation adéquate, des hôpitaux jamais achevés, des patients abandonnés à la mort faute de soins.

Le Mexique, est actuellement avec le Brésil l’un des pays dont la mortalité progresse le plus. Comme souvent, dans les pays à fortes inégalités, les personnes aisées se sont confinées mais les plus pauvres ont continué par obligation à travailler. Ce sont donc elles qui meurent. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 594 personnes.

France, 457 morts/million d’habitants  : Les mesures en France ont tardé à être prises. Un confinement a été mis en place le 17 mars, mais trop tard, après de nombreuses hésitations et l’organisation d’élections. C’est ce qui explique l’importance de la contamination et les mauvais résultats en mortalité. Le déconfinement commence le 11 mai. Malgré les promesses, on se rend compte que pendant longtemps, il n’y a pas eu de politique massive de test et elle est probablement toujours trop basse. Par ailleurs, la létalité extrêmement élevée de la France s’explique par son choix de ne tester que les cas très graves faussant ainsi les statistiques. Depuis plusieurs semaines la contamination explose. Le rythme moyen depuis début août a été de 2865 personnes par jour avec un record absolu le 29 août avec 7379 contaminés en 24 heures. Heureusement jusqu’à présent cela ne semble pas avoir impacté la mortalité et depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 11,6 personnes.

Pays-Bas, 362 morts/million d’habitants : Comme la Grande Bretagne, après avoir déclaré adopter une politique d’immunité collective et la démission du ministre de la santé le 19 mars, les Pays-Bas adoptent début avril une stratégie d’atténuation par des mesures de restrictions sans confinement (même si : fermer les écoles, les bars, restaurants, interdiction des évènements collectifs de plus en plus stricts. De tous les pays qui ont changé de politique de lutte comme la Grande-Bretagne ou à la Suède, c’est les Pays-Bas qui s’en sortiront le mieux. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 2,3 personnes.

Iran, 258 morts/million d’habitants  : L’Iran a été touchée très tôt, son premier décès serait le 22 janvier. Les autorités ont commencé par nier l’existence du Covid-19 en Iran, puis, elles ont largement sous-estimé le nombre de décès. Des officiels ont reconnu la non-attribution de nombreux décès au Covid-19 et les sanctions internationales contre le pays ont très probablement gêné la lutte contre l’épidémie. Le confinement a été recommandé mais peu respecté dans les couches pauvres de la population obligées de travailler. Selon la BBC le 3 aout, il y aurait 3 fois plus de morts que les chiffres officiels ce qui situerait le pays en 3ème ou 4ème  position mondiale. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 156,5 personnes.

Suisse, 201 morts/million d’habitants : Les premiers cas en Suisse interviennent dès fin février et sont probablement liés à des contacts avec l’Italie et les mouvements des travailleurs frontaliers. Le 1er décès intervient le 5 mars. Des mesures de restrictions de rassemblement (non supérieurs à 1000 personnes) sont prises dès le 28 février et durcies le 13 mars (non supérieurs à 100 personnes) avec fermeture des écoles, des universités, des commerces, le rétablissement du contrôle aux frontières, le déploiement de l’armée et l’interdiction des manifestations publiques ou privées. L’état de « situation extraordinaire » est déclaré le 16 mars et prendra fin le 19 juin. A partir de la fin avril avec la baisse du nombre de nouveaux cas, les restrictions d’ouverture des commerces sont assouplies. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 0,7 personne.

Russie, 116 morts/million d’habitants : La pandémie a commencé relativement tôt en Russie puisque le 1er contaminé l’aurait été le 31 Janvier avec le retour de 2 personnes de Chine. Le 18 février les frontières sont fermées avec la Chine. Le premier morts est déclaré le 19 mars. Dès le départ, la Russie annonce un nombre important de tests (20.000 tests par jours dès le début de la pandémie). Le nombre de tests pourrait expliquer le nombre important de contaminés. Un confinement local est déclaré dans un certain nombre de villes : Moscou, Saint Pétersbourg, et 28 régions administratives (Oblast). Des critiques fusent sur plusieurs milliers de décès du Covid, déclarés comme des pneumonies. Des pénuries de matériels médicaux sont reconnues notamment dans les régions reculées et la gestion de la pandémie est très critiquée. Comme dans tous les pays dictatoriaux, les chiffres de décès communiqués sont mis en doute (c’est le 6ème pays en contamination et le 14ème en décès). Et certains sites qui dénoncent la désinformation, accusent la Russie de profiter de la pandémie pour diffuser de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 107,4 personnes.

Allemagne, 112 morts/million d’habitants : Le premier cas identifié est constaté le 27 janvier sur le cadre d’une entreprise ayant eu des contacts avec la Chine. 14 employés et membres de leurs famille sont diagnostiqués positifs et hospitalisés. Très tôt, l’Allemagne a cherché à retracer efficacement le virus. Le 19 mars le pays compte déjà 8.600 contaminés et 30 décès. L’Allemagne ne s’est pas été confiné, mais a pris des mesures strictes de distanciation : interdiction des regroupements de plus de 2 personnes, fermeture de la plupart des commerces, mais possibilité pour les gens de sortir et maintien des parcs ouverts. L’Allemagne a mise en place précocement une politique massive de test ce qui a permis de détecter les personnes contaminées et de réduire les arrivées massives dans les hôpitaux qui ont – dans d’autres pays comme en Italie, en Espagne et en France – contribué à dépasser les structures hospitalières. La Corée du Sud et l’Allemagne sont les 2 pays ayant opté pour le test massif de dépistage. Les résultats de la Corée du Sud sont meilleurs, mais on peut penser que la culture asiatique du « non-contact » a été un avantage supplémentaire. Cependant, l’Allemagne ne pratique pas les diagnostics post-mortem. Ainsi, une personne décédée chez elle qui n’aurait pas été testée ne sera pas incluse dans les statistiques de décès attribué au Covid-19, ce qui peut laisser supposer que plusieurs personnes décédées à domicile n’ont pas été diagnostiquées comme décédées du Covid. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés en Allemagne a été de 5,4 personnes.

Autriche, 83 morts/million d’habitants : Comparativement aux autres pays européens l’Autriche est avec l’Allemagne le pays qui s’en sort le mieux. Ses 2 premiers cas confirmés apparaissent le 25 février. Le 1er mort le 12 mars. L’un des premiers plan de confinement et l’un des plus strict est conçu dès le 10 mars. Les personnes potentiellement infectées sont invitées à ne pas se rendre chez le médecin ou dans une clinique pour éviter les risques d’infection, mais d’appeler un numéro. Les rassemblements publics de plus de 5 personnes sont interdits le 15 mars, les restaurants sont fermés. Le Tyrol une des régions les plus touchées est mis en quarantaine. Le confinement est mis en œuvre le 16 mars avec des restrictions pour quitter son domicile. Le 17 mars est annoncée l’interdiction d’entrée en provenance d’Italie, du Hubei, d’Iran et de Corée du Sud. Le port du masque est obligatoire dans les magasins dès le 6 avril. Début avril une étude et des tests sur 2000 personnes prises aléatoirement est réalisée pour avoir une estimation réelle des personnes contaminées. Le 3 juin les frontières sont ré-ouvertes avec les pays les moins touchés. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 0,5 personne.
Inde, 46 morts/million d’habitants  : L’inde est le 3ème pays en nombre total de contaminés (3 millions au 23 aout), et le 5ème en nombre total de décès (56.700). Mais en termes de décès proportionnels à sa population, l’Inde n’est que le 16ème pays avec 41 décès par million d’habitants. L’Etat Indien reconnaît que très peu de tests sont effectuées et ses structures sanitaires sont notoirement insuffisantes. Du fait de son niveau chronique de pollution, l’Inde recense plus de 30% des maladies pulmonaires mondiales et 85% des indiens ne disposent pas d’une chambre individuelle. Autant de caractéristiques qui laissent penser que le nombre de décès annoncés n’a rien à voir avec la réalité d’autant plus que l’information des médias sur la pandémie a été censurée à l’exception de l’information officielle. A partir du 24 mars le pays entier est mis en confinement pour 3 semaines, mais vu le niveau de pauvreté, la majorité de la population n’est pas en mesure de le respecter. « L’économie informelle » (non règlementée) indienne compterait plusieurs centaines de millions de personnes (400 millions) et du fait de la perte de leur travail, l’Inde jette des millions de travailleurs migrants sur les routes.
Après le confinement, le gouvernement indien supprime plusieurs lois environnementales pour favoriser la reprise économique et certains gouvernements fédéraux abolissent temporairement les lois de protection des travailleurs. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 925 personnes, c’est actuellement la 3ème mortalité quotidienne la plus élevée au monde.

Japon, 10 morts/million d’habitants  : Le premier cas confirmé est un ressortissant chinois venant de Wuhan diagnostiqué le 15 janvier. Le 1er décès est enregistré le 13 février. Le 17 février les écoles primaires et secondaires sont fermées. Cependant, les 1ères réactions du gouvernement ne sont pas très attentives à la pandémie. Début mars un sondage montre que 60% de la population est insatisfaites des mesures prises. A la mi-mars, on compte 1500 contaminés et 32 morts et malgré les demandes multiples, les jeux olympiques d’été 2020 ne sont pas annulés. Ce n’est que le 24 mars après de nombreuses menaces de boycott qu’ils le seront. Début avril, les écoles sont partiellement réouvertes avec de faibles mesures d’aération des salles et de prise de températures. Les critiques de parents sont nombreuses d’autant que le Japon testerait 10 fois moins que son voisin, la Corée du Sud, plus de deux fois moins peuplée. Le 11 avril plusieurs préfectures déclarent l’état d’urgence et le 16 avril, c’est l’ensemble du pays qui l’est, fermant de nombreux commerces. Cependant la vie quotidienne n’est pas très impactée et les entreprises refusent de fermer. L’état d’urgence est partiellement levé le 14 mai sauf dans les plus grandes villes. La « réussite » du Japon face à l’épidémie, semble beaucoup plus s’expliquer par des caractéristiques culturelles propres (absence de contacts corporels, hygiène publique irréprochable, port du masque déjà généralisée, respect de la discipline…), que par la stratégie du gouvernement qui a clairement cherché à protéger l’économie en étant moins présent sur les précautions sanitaires. Aujourd’hui, le Japon semble voir ses chiffres de contamination exploser. Son record absolu de contamination a eu lieu le 9 aout avec 2.922 contaminés en 24h. Depuis début aout le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 8,3 personnes.

Corée du sud, 6 morts/million d’habitants : Le premier cas est détecté le 20 janvier, une chinoise revenant de Wuhan. Le premier cas sans lien avec la chine date du 30 janvier. Le premier décès date du 21 février. Malgré les premières consignes de prévention la secte Moon organise le 7 février un mariages de 6000 couples devant 30.000 spectateurs. Le 18 février un membre d’une église évangélique ayant participé a de nombreux services collectifs est diagnostiqué. 20 nouveaux cas sont diagnostiqués le lendemain et 53 le surlendemain. Le 1er mars la Corée comporte déjà 72 contaminés par million d’habitant (au total 3730 contaminés). Derrière la Chine, c’est le pays le plus fortement contaminé. Mais contrairement à la Chine qui a choisi de cloîtrer une partie de sa population, Séoul touchée très tôt a vite fait figure de modèle en adoptant une stratégie mêlant information du public, participation de la population et campagne massive de dépistage. Elle a par ailleurs réussi à suivre les chaines de contamination. Les proches de toutes les personnes contaminées sont recherchées de façon systématique, et se voient proposer un test de dépistage. La Corée devient le modèle de lutte contre le virus. A partir du 15 aout la Corée connaît une nouvelle vague de contamination dans les milieux évangéliques. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 0,8 personne.

Chine, 3 morts/million d’habitants  : Tout a été dit sur la Chine et sur son nombre de décès très largement sous-évalué. Après n’avoir avoué aucune mortalité pendant les mois de mai, juin et juillet, on note une reprise de la mortalité en Chine depuis quelques semaines. Depuis début août le nombre quotidien moyen de décès déclarés a été de 2,1 personnes.

 

5. Les politiques de lutte contre la pandémie :

L’objectif des politiques de lutte contre la propagation d’un virus visent à réduire sa circulation dans une population.

Pour cela, il s’agit de réduire le nombre moyen de personnes qu’un individu infecté contaminera.

Ce nombre est le produit de trois paramètres : le taux de contact (c’est-à-dire le nombre de contacts qu’une personne va avoir avec d’autres par exemple au cours d’une journée), la probabilité de transmission du virus lors d’un contact, et la durée pendant laquelle un individu infecté est capable de transmettre le virus (autrement dit la durée de la période infectieuse).

Les politiques de lutte vont chercher à agir sur ces 3 paramètres.
1. Le taux de contact peut être réduit par le confinement (mesure radicale), mais aussi par la réduction des déplacements, des rassemblements collectifs et privé ou par des mesures de restriction de contacts (fermeture de commerces, des lieux publics, des écoles….),

2. La probabilité de transmission peut-être réduite par les gestes barrières, par le port du masque, par le respect de distance minimum, la limitation des rassemblements, etc…

3. La durée de la période infectieuse peut être elle impactée par un traitement médicamenteux. Mais les communications dans ce domaine sont contestées et il y a peu d’unanimité. La polémique sur l’'hydroxychloroquine en a été un exemple[2]. Il est par ailleurs difficile d’estimer, avec les données actuellement disponibles, si les personnes qui ont été infectées et se sont rétablies acquièrent une immunité, à quel degré et pour combien de temps.
Globalement les politiques publiques suivies peuvent être regroupées en 3 types qui ont souvent été mixées ou alternées.

 

5.1. La stratégie de l’immunité collective

Cette stratégie découle d’un principe qui établit que la propagation d'une maladie contagieuse dans une population peut être enrayée si un certain pourcentage de cette population est immunisée, soit par vaccination, soit si après avoir été contaminée, les personnes n'ont pas développé la maladie ou en ont guéri.
Ainsi, plus le taux de personnes immunisées augmente, plus le risque pour une personne non-immunisée de rencontrer un malade et d'attraper sa maladie diminue. Au-delà d'un certain seuil (environ 60%) il devient impossible pour la maladie de se maintenir dans la population et elle finit par régresser et disparaître (Wikipédia). Cependant les données actuellement disponibles ne permettent pas de connaître avec précision la nature et la durée de l’immunité acquise.
La stratégie de l’immunité collective a été suivie par la Suède, elle a été commencée puis abandonnée par la Grande Bretagne ainsi que par les Pays-Bas et a été réclamée dans le discours par les USA. Le premier ministre des Pays-Bas la résumait d’une phrase : « laisser les personnes les moins vulnérables attraper le virus, tout en protégeant les personnes les plus à risque ». Dans 3 de ces pays, cela s’est soldé par un nombre important de décès qui incitera les politiques à l’abandonner. Cette politique sur le long terme a un coût, celle de l’acceptation de nombreuses morts prématurées, difficilement acceptables aujourd’hui.

 

5.2. La stratégie de la suppression : Il s’agit d’une stratégie radicale, plus que celle de l’atténuation en limitant drastiquement les contacts. Le confinement local ou total en est l’illustration.
Cette stratégie est celle qui a été mise en œuvre en premier par la Chine qui a cloitré de manière particulièrement contraignante une partie de sa population. Cette stratégie adoptée par la Chine avec un certain succès a incité un certain nombre de gouvernements à l’adopter pour stopper l’expansion du virus. Malheureusement appliquée trop tardivement, elle a moins d’impact. Par ailleurs, cette stratégie appliquée de façon nationales a des conséquences terribles sur l’économie et surtout, elle ne tient pas compte des différences de contamination des territoires. Actuellement, elle est encore adoptée mais de façon plus locale.

 

5.3. La stratégie de l’atténuation : Cette stratégie a été celle de beaucoup de gouvernements. Les mesures mises en place dans ces stratégies d’atténuation sont variées et elles ont souvent été choisies dans la mesure où le stade 3 (c’est à dire la couverture de l’ensemble du territoire par le virus) était déjà atteint. Ce sont des mesures d’isolements partiels, de protection et de limitation des déplacements. On peut citer l’isolement des personnes malades (mais pas des infectés asymptomatiques), la mise en quarantaine des foyers ou des zones infectés connues, la fermeture des écoles et des universités, la distanciation sociale, la réduction des déplacements, la limitation des rassemblements, etc…

5.4. Les stratégies mixtes :

Globalement, cela semble aujourd’hui la majeure partie des stratégies adoptées : stratégies de suppression locales et mesures d’atténuation de l’épidémie appliquée par l’ensemble de la population et pour un temps actuellement indéterminé.
Mi-avril 2020, l’OMS publie un rapport intitulé « Mise à jour de la stratégie Covid-19 »[3] ou elle résume les mesure de lutte à mettre en œuvre. Des conseils globaux qui résument en grande partie, les politiques suivies par la majorité des pays et les mesures qui au final ont montré qu’elles fonctionnaient.
 

6. La France et le traitement chaotique de la crise

On peut penser que le traitement de la pandémie par la France a souffert de plusieurs constats.
Le 1er constat qui n’était pas véritablement à imputer à ce gouvernement a été la pénurie de stock dans tous les domaines : pénurie de tests, pénurie de masques, pénurie de gels, pénurie de respirateurs… Il est clair que cette situation a conditionné le traitement déficient de la France et son manque de détection. Ces pénuries n’ont pas immédiatement été avouées et la concurrence que se sont fait les pays a retardé toutes les commandes passées.
Le 2ème constat qui lui est à imputer au gouvernement a été l’indécision (du fait notamment des avis contradictoires des scientifiques) et le manque de réactions pendant les 2 premiers mois. Cependant force est de constater qu’à l’exception de quelques pays, la majorité des gouvernements mondiaux n’ont réagi qu’en mars. Cette absence de réactions a probablement été lourde de conséquences et l’organisation d’élections 24 heures avant le début du confinement en a été l’exemple ultime.

Le 3ème constat est la situation géographique et culturelle de la France. La France partage des frontières avec l’Italie et l’Espagne. L’Italie a été le premier pays européen touché et a contribué à diffuser le virus dans de nombreux autres pays par le biais des matchs de football, des travailleurs frontaliers, des travailleurs saisonniers… Les matchs, les manifestations post-matchs, les frictions entre supporters ont probablement joué dans la propagation du virus. Tout comme à joué l’organisation de manifestations de protestation ou de soutien au plus fort de la propagation du virus.

Mais ce qu’ont retenu le plus les Français et qui a été de loin le plus préjudiciable a été – à travers les annonces contradictoires, les correctifs, les changements, les ministres qui se contredisent - le sentiment que ce gouvernement ne disait pas la vérité et « qu’ il pouvait mentir aux Français » .
Ces « mensonges » on les a retrouvés dans les manques d’explication du peu de tests, dans les promesses de masques impossibles de se procurer pendant de longues semaines, dans une communication peu claire et souvent contradictoire peut-être en partie justifiée par la concurrence et la lutte existant entre les pays pour s’en procurer.

Un exemple, le nombre de tests réalisés

Le nombre de tests réalisés en France fut en progression, variables selon les régions. Au départ, on n’a comptabilisé en France que les personnes qui s’étaient signalées et qui étaient confirmés par un test effectué par les autorités médicales lorsqu’elles jugeaient le cas suffisamment grave pour en faire un.

Une méthode qui a bien évidemment utilisé peu de tests (puisque nous en étions en pénurie) et qui a aggravé les chiffres de létalité. Plus tard en avril 2020, le 1er ministre a annoncé un objectif de 700.000 test par semaine qui n’a pour le moment jamais été atteint. Les statistiques de l’ECDE montrent qu’il y aurait eu en France environ 3000 tests par semaine effectués en Février, 11,000 à 123.000 tests effectués par semaines en mars, 120.000 à 150.000 tests en avril, 120.000 à 260.000 tests en mai, 207.000 à 245.000 tests par semaine en juin et de 308.000 à 532.000 en juillet. On n’est cependant pas encore arrivés aux 700.000 tests par semaine du 1er ministre annoncés en avril.

Aujourd’hui tout le monde en théorie peut se faire tester mais dans la réalité, de nombreuses pharmacies manquent de tests et on a le sentiment d’une absence de politique de test qui ne permet pas véritablement de fournir des chiffres fiables.

Un gouvernement en « roue libre » et une communication chaotique

Mais ce qui a été le plus préjudiciable dans cette pandémie et qui a caractérisé la France depuis le début de la pandémie fut le flottement, des décisions chaotiques et contradictoires, une absence d’unité au sein du gouvernement et pour lâcher le mot, un sentiment de flottement dans le cadre d’une absence de politique :

  • Une communication chaotique, des annonces diverses, aberrantes qui ont déconsidéré la communication du gouvernement. Des ministres qui se contredisent, des affirmations qui changent d’un jour à l’autre. Des décisions impréparées. Des annonces répétés qui ne sont pas tenues et un sentiment des français d’être « laissés à l’abandon. Un « chaos de communication » qui en quelques semaines, a fait perdre au gouvernement toute sa crédibilité. Le dernier exemple a été l’annonce un jour du port du masque obligatoire dans certaines rues parisiennes et 24 heures plus tard quand il s’est rendu compte que les parisiens n’allaient pas retenir le nom des rues, leur élargissement à l’ensemble de la capitale.
  • Un sentiment de désarroi au plus haut niveau et d’absence de politique cohérente
  • Des retards étonnants dans la prise de décision (surtout si on les compare à l’Allemagne) qui ont – très probablement – été pour partie responsables des « mauvais résultats sanitaires » de la France.
  • Les initiatives non-concertées des ministres et des hommes politiques qui s’expriment selon leur opinion, leur sensibilité et parfois leur égo.

 

7. Conclusion : Les leçons de la pandémie

En bref, et pour prendre un peu de recul, on peut se demander si la crise du Covid-19, n’a pas été le reflet de ce que deviennent nos société face aux crises et les dérives dans leurs modes de communication.
La pandémie mondiale a été un formidable révélateur des travers et des dérives de l’ensemble des gouvernements. L’analyse détaillée de ces démonstrations pays par pays reste encore à faire.

Le contrôle et la manipulation de l’information

La pandémie a révélé la volonté dans un grand nombre de pays de contrôler voire de masquer l’information sur l’avancée réelle de l’épidémie. Les pays ou les gouvernements ont des tendances autoritaires l’ont confirmé par des stratégies assumées de rétention de l’information. Ce qui n’est pas révélé dans l’information officielle n’existe pas. On pense évidemment à la Chine, mais on peut aussi penser à l’Iran, à l’Inde, à la Russie ou au Brésil… Toutefois les « pays démocratiques » n’ont pas non plus été exemptes de manipulation de l’information et les politiques suivies vont cristalliser les oppositions entre les défenseurs de la priorité donnée à l’économie et à l’emploi et les autorités médicales qui vont plaider pour les mesures de distanciation et de confinement.

La négation des effets de la pandémie

Dans les circonstances particulières de cette épidémie, l’analyse de la manière dont les gouvernements et les présidents ont réagi est de ce point de vue révélatrice.

Plusieurs pays ont commencé par nier l’existence de l’épidémie dans leur pays (Iran, Brésil), la diffusion de l’information sur les contaminations a été freinée et la comptabilisation des morts a très clairement été manipulée voire masquée (La Chine en est un exemple aujourd’hui évident)

L’Iran a pendant des semaines nié la présence de l’épidémie sur son territoire. Le Japon qui devait organiser les jeux olympiques d’été n’a accepté leur report que fin mars lorsque de nombreux pays ont mis en balance leur boycott. Donald Trump a affirmé en février 2020 que le virus disparaitrait en avril. Jaïr Bolsonaro, président du Brésil affirmait lui mi-mars 2020 que la pandémie était une création des médias.
Au Mexique, le 31 mars, alors que l’urgence sanitaire venait d’être décrétée, le 2ème homme le plus riche du pays, propriétaire d’une des chaines de télévision les plus écoutés par les couches pauvres de la population, TV Azteca, s’illustra en demandant à son présentateur vedette, d’affirmer que les chiffres annoncés par le gouvernement étaient surestimés. « N’écoutez plus ce que vous dit López-Gatell (le ministre) : ses chiffres n’ont plus aucun sens », déclarait le présentateur du JT le vendredi 17 avril, parlant du ministre de la santé, épidémiologiste reconnu qui faisait tous les jours un rapport sur les ondes. Ricardo Benjamín Salinas Pliego donnait aussi à ses employés l’ordre de rester au travail et les incitait à désobéir aux consignes officielles en pleine pandémie.
Une attitude qu’on a retrouvé à travers les réactions de Donald Trump, de Jaïr Bolsonaro et de Boris Johnson jusqu’à ce qu’il soit lui-même terrassé par le virus.

Les erreurs des gouvernements

Les pays qui ont peu testé et ne l’ont pas fait de façon aléatoire, n’ont eu aucun moyen réel d’estimer et de détecter les contaminés. Le Mexique ne teste presque pas, ce que reconnaît volontiers son ministre de la santé. La pratique de la France de ne tester que les cas graves a été un formidable biais ne permettant absolument pas de faire une estimation des contaminés. Le manque de protection de ses soignants en Belgique a fait d’eux les premiers contaminés. D’ailleurs les pays se privent de moins en moins de diminuer soudainement « leurs chiffres officiels » de plusieurs milliers de contaminés ou de morts. La dernière correction en date est celle de la Suède qui le 31 août 2020 diminue son nombre de contaminés de -3100 personnes.
Pour finir dans de nombreux pays des officiels affirment que les nombre réels de contaminés et/ou de décès pourraient être, 3 fois, 6 fois, 12 fois supérieurs aux chiffres officiels (Chine, Iran, Russie, Mexique, Inde, Brésil, Allemagne,…). Au terme de cette étude, on peut conclure que les chiffres des « contaminés » affichés par les pays sont au mieux faux, au pire, « pifométriques ». Il sera très difficile de faire un jour le point sur le vrai nombre de morts de cette épidémie et il sera difficile à un seul gouvernement de nier sa responsabilité (du fait de l’impréparation, des erreurs de décision ou des erreurs de jugement) dans la non protection ou la mise en danger de centaines de millions de personnes. Le phénomène de la chutes des économies, lui est tout juste en train de commencer.

Au fur et à mesure de la progression de l’épidémie, les hommes politiques se sont rendus compte qu’ils risquaient leur réélection. Donald Trump a été l’un des plus lent à s’en rendre compte alors qu’aujourd’hui le nombre de morts attribués au Covid-19 aux Etats-Unis dépasse les morts américains de la 1ère guerre mondiale et de la guerre du vietnam réunis.

Il est aussi possible (mais pas certain) que l’importance de la mortalité aux USA finissent par faire prendre conscience aux élus américains que leur système de santé est incapable de faire face à ce type d’épidémie. Des millions de leurs concitoyens ne se font pas soigner faute de prise en charge des dépenses de santé par leurs assurances et compte tenu de l’importance des coûts facturés.

La priorité de l’immédiateté sur la réflexion et le sens.

Autre caractéristique de cette pandémie mondiale, dans leur course effrénée à la recherche de l’audience, les médias tentent de rivaliser dans le spectaculaire et l’instantané avec des annonces non vérifiés qui n’ont parfois pas de sens si ce n’est leur aspect choquant ou redouté. Avec la pression de l’information immédiate, les nouvelles annoncées n’ont qu’une faible durée de vie. Les médias ne sont donc pas prêt à attendre la fin des études, de la recherche, des hypothèses et des vérifications. Le temps des chercheurs et de la connaissance n’a jamais été celui des médias et des politiques. Un homme qui affirme est à priori plus convaincant qu’un homme qui cherche. Il est symptomatique de voir les effets d’annonce de vaccins qui se multiplient sans prendre le temps de l’expérimentation. Il est possible que d’ici quelques jours Donald Trump annonce la découverte d’un vaccin pour pouvoir en instrumentaliser les effets sur sa propre élection.

Les médias ont donc pris la place des experts en insistant sur la dramatisation, les peurs, les annonces chocs et les réactions émotionnelles.

Mais les dictatures n’ont pas ce type problèmes. La transmission faussée de l’information par la Chine, la gestion de l’épidémie par l’Iran ou par la Russie ont été une nouvelle fois l’illustration du rôle de l’idéologie sur le contrôle de l’information.

Si la communication des dictatures n’a que peu de crédibilité, la communication des démocraties est aujourd’hui le reflet de l’acculturation de l’instantané. La prise de décisions dans l’urgence alors qu’elles peut avoir des conséquences graves et qu’elle sera amplifiés par la bouillie informationnelle des réseaux sociaux, est un exercice nouveau auquel encore peu de gouvernements sont habitués[4].
 

Le développement de la virtualisation des contacts

Cette pandémie aura par ailleurs accéléré un certain nombre d’évolutions de nos sociétés. Les confinements ont permis de développer les applications téléphoniques permettant la virtualisation et l’internationalisation des contacts. Ce recours grandissant permettant les contacts internationaux comme locaux est un phénomène qui ne reculera plus. Les gens se sont rendus compte qu’un simple téléphone permettait avec peu de moyens d’organiser une conférence internationale. Les résistance sont tombées et aujourd’hui le phénomène va exploser dans tous les domaines.

La leçon principale de la pandémie : nos vulnérabilités.

Autre leçon pour nombre de pays. La crise des masques, des tests et toutes les pénuries qu’ont vécu les pays nous ont permis de nous rendre compte à quel point nous pouvions être vulnérables. L’externalisation de la production de produits qui peuvent être vitaux et – qu’en cas de crise les pays vont s’arracher – a été la formidable démonstration que ces pénuries ont coûté des milliers de morts. Un pays ne peut pas se permettre de totalement externaliser des besoins dont il ne peut se passer. Cette leçon (couteuse en vies) nous nous devons de la retenir et de ne plus la laisser se reproduire.
D’autant que cette pandémie mondiale avec l’explosion des voyages internationaux, avec la mise en contacts de pays avec des conditions sanitaires extrêmement différentes, cette pandémie a toutes les chances de se reproduire avec une plus grande régularité. La dernière véritable pandémie mondiale s’est produite il y a un siècle, la prochaine risque d’arriver plus tôt.

Enfin ultime dérive, illustrée dans le monde par le rôle des réseaux sociaux et par l’utilisation qu’en fait Donald Trump en tant que président, celui-ci, a imposé au monde via twitter un modèle de communication direct du président au citoyen où la notion de connaissance et de bien public n’a plus d’existence face à l’image de la réussite individuelle. Sa pratique de la présidence va jusqu’à remettre en question les fondements même de la démocratie américaine. Comme en 1933 ou en Allemagne, des élections démocratiques avaient mis la ségrégation raciale et la conquête de territoires au pouvoir, Donald Trump pourrait faire la démonstration qu’aujourd’hui des élections pourraient être susceptibles de mettre au pouvoir la fin des fondements de la démocratie. La grossiéreté, l’inculture et l’égo personnel au pouvoir.

Un triste constat que les prochaines élections américaines en novembre pourrons ou non entériner.


[4] La grippe espagnole il y a 100 ans fut le seul événement du siècle dernier auquel nous pouvons faire référence et qui, comme la pandémie du Covid-19, fut le seul à être réellement mondial.


[2] Après des mois de polémiques, l'OMS a annoncé le 17 juin 2020, l'arrêt des essais cliniques sur l'hydroxychloroquine. "Les preuves internes apportées par l'Essai Solidarity/Discovery, les preuves externes apportées par l'Essai Recovery et les preuves combinées apportées par ces deux essais largement aléatoires, mises ensemble, suggèrent que l'hydroxychloroquine - lorsqu'on la compare avec les traitements habituels des patients hospitalisés pour le Covid-19- n'a pas pour résultat la réduction de la mortalité de ces patients".

[3] https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/strategy-update-french.pdf?sfvrsn=b1cfe48a_


[1] Je note tous les jours, depuis mi-février les chiffres de contamination et de mortalité de 19 pays dans le monde. Le choix de ces 19 pays a été dicté par l’importance et les évènements. J’ai utilisé plusieurs sources : l’Université John Hopkins, l’OMS, puis fini par adopter les chiffres de deux sources principales : L’ECDC (le Centre Européen de Prévention et de Contrôle de Maladies) et le site DXY, site Chinois de professionnels de santé qui semble plus réactif sur les données des pays asiatiques.

 


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