Les Temps modernes

par Jacques-Robert SIMON
mardi 17 octobre 2023

Qui décide de quoi ? Comment séparer l'essentiel de l'insignifiant ? Qu'est-ce qui relève du progrès ou du clinquant ? Peut-on démêler le réel de l'imaginaire ?

Toute société se définit par deux, et seulement deux, facteurs : (i) comment une minorité prend-elle le pouvoir, (ii) quels moyens utilise-t-elle pour le garder le plus longtemps possible ? En faisant abstraction du paramètre le plus important, les esclaves énergétiques offerts par les énergies fossiles, il n'est pas certain que l'humanité aie progressé vers plus de justice et de liberté. Les outils fournis par les progrès scientifiques, indéniables, peuvent servir l'Homme ou l'asservir, la Science ne fait pas le choix, c'est la minorité dominante qui s'en charge.

Le matériel et l'immatériel ont toujours conjointement dominés le Monde. L'usure du temps, le vieillissement de tous, ont conduit à ne plus considérer que les éléments les plus concrets, porteurs de jouissances immédiates et de passions tristes. Les gouvernants, élus démocratiquement ou pas, ont été déchargés des visions à long terme pour se consacrer uniquement à ce qui est le plus visible : les émois, les émotions, les drames, les massacres, les tueries, les viols, pour qu'on ne voie pas qu'ils sont nus. Ils "communiquent" donc et une pléthore de conseillers sont là dans ce but. Les horreurs succèdent aux horreurs et les minutes de silence succèdent aux minutes de silence, elles ont tôt fait de se transformer en heures, en jours, en années... Consoler les affligés devient leur quotidien mais peut-être pourrait-on leur fixer comme autre objet d'éviter de nouvelles afflictions. Il faut quelquefois (mais rarement) s'en remettre aux statistiques pour comprendre. Il y a, toutes causes confondues, 673 000 décès par an en France, 10 par jour dus aux accidents de la route, 3 à cause de divers types d'homicides dont 2% environ lors d'attentats. Si les risques existent, justifient-ils le bain d'effroi que l'on fait subir aux citoyens ou celà cache-t-il une raison plus profonde ?

Chacun sait que le monde financier régente le monde et que l'on ne peut le domestiquer que par la force. Même si une infime minorité impose ses vues, il ne s'agit pas d'une sorte de gouvernement mondial. Le Monde compte tout au plus quelques milliers de milliardaires en dollars assez bien distribués parmi les uns ou les autres. Il existe 117 milliardaires en Russie, à peine moins en Allemagne, mais la France en possède trois fois moins. Les Etats-Unis avec plus de 600 dominent le Monde. Ces milliardaires et les officines possédant les fonds nécessaires s'entretuent pour garder leur prééminence ou la garder. Mais ils ont en commun de respecter la même règle du jeu : le primat du marché. Ce qui est rentable est bon pour l'humanité, le reste est laissé aux idéalistes... et aux politiciens.

Au peuple les minutes de silence, à d'autres ceux qui les générent.


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