Les temps troublés de l’Europe et le coût de la liberté

par Dr. salem alketbi
jeudi 8 septembre 2022

Récemment, les mises en garde et les appels des dirigeants européens à leurs citoyens pour qu’ils se préparent aux temps difficiles qui s’annoncent se sont multipliés.

Le président français Emmanuel Macron a récemment déclaré que des temps durs s’annonçaient, alors que les ménages français sont confrontés à l’inflation due aux perturbations des chaînes de production, à la hausse des prix de l’énergie et à des taux d’intérêt qui ne s’améliorent pas, pour ne citer que quelques-unes des nombreuses choses qui les attendent.

M. Macron a déclaré que ce qui se passe est une transformation majeure qui marque la fin d’une ère d’abondance, que ce soit sous la forme d’argent, de produits technologiques, de matières premières ou d’eau.

Josep Borrell, commissaire européen à la sécurité et aux affaires étrangères, a également déclaré que des temps rudes nous attendent et a appelé les Européens à «  être prêts à payer le prix de la défense de notre liberté et de notre sécurité communes ».

«  Oui, les semaines et les mois à venir seront très difficiles. Tout d’abord pour les Ukrainiens, qui le paient de leur vie, mais aussi pour tous les autres Européens. Mais nous ne pouvons pas réduire nos engagements ou diminuer notre détermination, même si le prix augmente. Ce qui est en jeu, c’est l’avenir d’une autre démocratie et les principes plus larges de la sécurité européenne, voire mondiale. Nous devons être prêts à payer ce prix  : le prix de notre liberté commune et de notre sécurité commune ».

Ce discours ne sera certainement pas accueilli chaleureusement par les citoyens européens

Les déclarations de Macron, faites lors de la réunion hebdomadaire du cabinet et retransmises en direct, n’ont eu pour seule réponse de la part de plusieurs organisations qu’un appel à la mobilisation et à la grève dans le courant du mois. Les sondages d’opinion montrent également une baisse du soutien de l’opinion publique française aux politiques pro-Ukraine contre la Russie.

Une station de radio a récemment réalisé un sondage sur son site Internet concernant le soutien des Français à l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Quelque 87 % des personnes interrogées se sont déclarées opposées à la poursuite du soutien militaire à l’Ukraine, et seulement 8 % ont voté en faveur.

Personne en Europe ne songerait à vivre des heures sombres pour ce que l’Occident appelle le prix de la liberté. Mais ce qui va se passer en réalité pourrait être la fin de bien des choses.

Les répercussions de la crise en Ukraine sont là  : la reprise après la pandémie de coronavirus ne s’est pas concrétisée, alors qu’elle coïncide avec la pire sécheresse qu’ait connue l’Europe depuis près de 500 ans, selon le Centre commun de recherche européen. Plus de la moitié de l’UE (64 %) est touchée par la sécheresse, qui empiète sur la vie des Européens de diverses manières.

Il en résulte un effet de pente glissante à travers l’Union européenne qui s’aggravera avec le temps. La France et l’Allemagne veulent mettre fin à la guerre en Ukraine par la voie diplomatique le plus rapidement possible. Mais cela va complètement à l’encontre du désir des pays d’Europe centrale et orientale de continuer à soutenir l’Ukraine contre la Russie.

Cette position s’aligne sur celle des États-Unis. Donc, pour l’instant, Paris et Berlin s’en tiennent à la ligne afin de préserver l’unité européenne. Mais jusqu’à quel point vont-ils rester silencieux et faire passer les intérêts européens en premier  ?

Les retombées de la crise ukrainienne ne s’arrêteront pas à court terme, même si la guerre prend fin aujourd’hui. La guerre, qui, selon la Banque mondiale, provoquera la plus forte hausse soudaine des prix des matières premières depuis les années 1970, ne se terminera pas d’un trait de plume ou par la signature d’un accord de règlement politique.

Le lourd tribut économique et humanitaire de la guerre à l’échelle mondiale prendra du temps à se résorber. Le retrait des entreprises occidentales de Russie, la crise de la chaîne d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie sont des facteurs qui ne seront pas facilement remédiés.

En outre, le mauvais temps en Chine et en Amérique du Nord exacerbe les effets de la crise ukrainienne. Les temps à venir ne sont pas seulement éprouvants pour les sociétés européennes, comme le prévoient les politiciens. Ils attendent également les dirigeants. Un test décisif pour l’UE, le pilier d’une Europe unie.


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