Les théories du complot, auxiliaire de la propagande officielle

par Christophe Claudel
lundi 25 janvier 2021

 

Emmanuel Macron, polichinelle façonné et propulsé au sommet de l’Etat par une oligarchie qui s’en sert depuis comme d’une poupée ventriloque, n’aurait jamais pu être conduit vers la victoire selon une pantomime bien huilée par avance au terme de son « élection » de 2017 sans un auxiliaire de scène indispensable appelée Marine Le Pen, hissée comme lui au second tour des présidentielles pour lui servir de repoussoir utile.

Ce jeune héros aux yeux bleus, au sourire Sensodyne et au verbe christique, ce sauveur providentiel de la démocratie fabriqué selon un storyboard rigoureux par des officines de marketing politique et des médias de propagande, n’aurait jamais pu conquérir la Toison d’or dans l’imaginaire romanesque de cette la fable électorale sans parfaire son mythe en s’opposant au personnage caricatural de la méchante sorcière échappée de son manoir hanté de Saint-Cloud pour répandre l’effroi et le mal sur le royaume de France.

Le spectacle pathétique offert par sa rivale lors du débat télévisé du second tour avaient des allures quasi providentielles : la méchante Maléficia « antisystème » se caricaturant elle-même alors qu’elle tentait de ridiculiser son adversaire en l’accusant d’être le jouet des lobbies.

De la même façon, tout discours officiel construit sur des mensonges mais érigé en dogme ou en vérité absolue n’aurait aucune chance de s’imposer face à la raison critique sans un épouvantail destiné à en perturber l’exercice et son levier corolaire d’ingénierie sociale bien connu : la peur et la culpabilité, érigées comme repoussoir inhibiteur face à des théories taxées d’hérésie, qui constituent l’envers caricatural honteux de ce pouvoir aussitôt réhabilité comme vertueux.

C’est le principe des théories du complot qui fleurissent de plus en plus en marge des discours officiels. Avant d’être récupérées par le pouvoir en place et les discours de propagande qui le soutiennent comme bouc émissaire commode sur lequel projeter le doute, le ressentiment, la colère et la violence plus ou moins légitimes du peuple envers les élites. Des ferments de révolte habilement retournés contre les fauteurs de troubles qui propagent ces rumeurs, accusés de vouloir injustement briser par des fausses révélations et de fausses théories la confiance entre ce peuple et ses élites.

Ainsi les théories du complot, même si elles ne sont pas véhiculées par le pouvoir lui-même mais prétendent au contraire en dévoiler le caractère illégitime hideux, spéculatif, criminel, imposteur, peuvent tout à fait à l’occasion s’avérer utiles à celui-ci.

 

Notamment quand elles sont détournées, raillées, grossies et discréditées pour entretenir par opposition l’illusion de sa vertu et de sa bonne foi. Ces théories et leurs promoteurs sont alors assimilées à des falsifications volontaires, des fake news, des calomnies, des propos délirants, paranoïaques, à des élucubrations construites de toutes pièces pour égarer les esprits naïfs, suspicieux, ou pour se faire mousser.

Présentées sous l’angle de l’invraisemblable, de l’obsession complotiste, et donc du pathologique opposée au bon sens, à la raison, comme des histoires effrayantes à dormir debout, fruit d’un imaginaire fertile et dérangé, les « théories complotistes » prêtent plutôt à rire et à hystériser les débats pour mieux es escamoter qu’à débattre sereinement du fond du sujet.

Ce qu’il faut comprendre c’est que le caractère vrai ou faux des théories importe en réalité fort peu. Le critère discriminant qui prévaut ici n’est pas la vérité mais la moralité. Laquelle sert à justifier une politique et la mise en œuvre de moyens selon des buts qui ne sont pas nécessairement ceux affichés mais qui paraissent justes. Puisque le pouvoir en question est accusé d’être immoral et illégitimité, il importe avant de tout de réasseoir dans l’esprit de l’opinion une image forte de moralité publique et de légitimité de l’autorité qu’il incarne. Sur la base du contrat social qui est supposé la fonder.

Ainsi dans l’exemple de la crise sanitaire du Covid-19, l’important n’est pas tant de déterminer sur le fond qui a raison ou tort, si les masques sont vraiment utiles pour empêcher la propagation du virus comme le prétend le Comité scientifique, une grande partie du corps médical et le gouvernement, ou s’ils sont inefficaces comme le répète depuis un an l’OMS sur la base d’observations statistiques, ni de savoir si l’hydroxychloroquine est vraiment efficace pour soigner la maladie comme l’ont démontré les essais cliniques réalisés par l’IHU de Marseille et une centaine d’autres partout dans le monde, ou si elle est inefficace voire dangereuse compte tenu d’importants effets secondaires comme ont tenté de le faire croire le laboratoire Gilead, les scientifiques et les médias qu’il a corrompus.

La recherche d’hypothétiques vérités scientifiques sur la base d’une méthode expérimentale et scientifique, et d’un consensus toujours fluctuant entre des experts chargés de les établir, n’est absolument pas l’enjeu. La vérité scientifique n’est plus aujourd’hui une valeur, si tant est qu’elle ne l’ait jamais été dans l’esprit de ceux qui s’y réfèrent. La vérité scientifique est un argument rhétorique et politique qui sert d’autres intérêts que ceux de la science, et d’autres valeurs. Comme l’efficacité, la rentabilité économique ou le profit au service d’un marché et de ses acteurs : celui de la santé, des laboratoires pharmaceutiques et de leurs actionnaires, engagés dans une compétition farouche pour se tailler des parts de marché et en récolter les dividendes. La vérité n’est vraiment pas leur souci. Seul importe quel chiffre d’affaires tel médicament présenté comme efficace pour soigner telle maladie est susceptible de générer.

Ainsi la vérité n’est qu’une affaire de discours et de rhétorique pour emporter un capital de confiance et des parts de marché, permettre à des partenaires de ces laboratoires, décideurs publics et institutionnels notamment souvent financés par eux, de valider des choix en matière de politique de santé qui leur soient favorables.

L’éthique, qu’elle soit médicale ou pharmaceutique, la déontologie, ne sont donc plus à proprement parler des priorités encore moins des fins en soi, mais des outils dans la palette de management de ces multinationales et de leurs dirigeants cyniques uniquement préoccupés de rentabilité à court terme.

Dès lors, peu importe que le caractère mensonger de leur prétention à guérir, l’efficacité ou l’innocuité réelle de leurs produits, ou le caractère ultra corruptif voire criminel de leurs méthodes soit avérés et puissent être révélés. L’important est que ces révélations ou ces rumeurs souvent fondées ne compromettent pas leurs objectifs. La vertu n’est pas plus un cadre qu’une exigence du management institutionnel pour ces grands labos. Lesquels ne se soucient même plus de se construire une image de bienfaiteurs de l’humanité. Ils ont d’ailleurs acté que toute contravention au droit et à l’éthique avait un coût. Et le budget contentieux et règlements juridiques fait depuis longtemps partie de leurs comptes d’exploitation prévisionnels, afin de couvrir les inévitables procès qui leur sont attentés compte tenu de leurs méthodes. Mais les niveaux de rentabilité dans le secteur pharmaceutique sont tels, avec des médicaments souvent très peu coûteux à produire et vendu 10 fois leur prix de revient voire beaucoup plus, que la part de leur chiffre d’affaires consacrée à financer des procès est relativement négligeable.

Dans ce bras de fer permanent qui ressemble au combat de David et Goliath entre Big Pharma et les lanceurs d’alertes ou les associations de victimes, l’occurrence des théories du complot est un élément providentiel. Il permet de plaquer et confirmer une image a priori négative pour tous ceux qui critiquent les labos, dont l’activité et l’utilisation de leur produits soumis à prescription est en principe encadrée par des autorités réputées intouchables : organismes de recherche, académies de médecine et de pharmacie, agences de santé publique, agences de délivrance du médicament, autorités de contrôle industriel et de pharmacovigilance, ordre des médecins, facultés de médecine et de pharmacie… A tel point qu’il devient très difficile de contester les pouvoirs en place soutenus par ces autorités.

Et ce même si aujourd’hui chacun est conscient que les modes de décision et de validation en matière de santé, entre pouvoir politique, pouvoir scientifique et pouvoir économique, laissent une place très grande à la corruption, compte tenu notamment de l’énorme pouvoir financier de ce dernier, et d’une stratégie systématique qui est la sienne de promouvoir ses intérêts et positions dominantes en ayant massivement recours à la corruption à tous les échelons décisionnels.



Face à de tels mastodontes et en dépit de leurs méthodes, les théories du complot apparaissent comme un adversaire bien dérisoire et vite balayé. D’autant qu’il est très facile quand on détient le pouvoir économique et financier de corrompre, de faire taire, d’éliminer ces perturbateurs ou d’acheter les juges pour réduire au silence les agitateurs de consciences importuns.

Qui plus est, quand elles sont le fait d’un seul homme ou d’un groupe isolé, relayées par des réseaux souterrains sous les traits de la rumeur, du bouche-à-oreille, aujourd’hui par des chaînes YouTube ou des groupes sur les réseaux sociaux, sans véritable légitimité, sans caractère officiel, sans professionnalisme avéré, ni caution académique pour en garantir la pertinence. Il est encore plus facile de les tourner en dérision. Surtout quand c’est une autorité reconnue qui se charge de prononcer cette condamnation en hérésie.

Ainsi lors la crise sanitaire de 2020, des autorités scientifiques, médicales, universitaires, professionnelles, politiques et médiatiques furent très largement et dès le début mises à contribution dans les médias pour instruire le procès en accusation contre ces dangereux « complotistes », accusés de propager de fausses rumeurs, d’égarer les esprits, de relativiser ou de rassurer à tort les populations quant à la dangerosité du virus et de l’épidémie. Des menteurs, des affabulateurs, des fous, des inconscients, des criminels, des mauvais citoyens, des ennemis de la raison, de la santé, de la nation ou d’humanité. Rien que ça.

Il était en effet essentiel de faire croire aux braves gens déboussolés qu’il ne fallait surtout pas prêter attention à ce genre de théories vénéneuses, mais au contraire les condamner et les exorciser de leurs consciences. Au nom de la raison, de la vérité scientifique et de l’intérêt général.

Peu importe l’iniquité de tels procès dignes de ceux de Moscou contre une partie du corps médical, y compris parmi les plus éminents spécialistes. Sur l’origine controversée du virus avec le Professeur Montagnier, sur la responsabilité de la France et celle de l’Institut Pasteur dans la fabrication en laboratoire du virus avec le Professeur Fourtillan, sur les traitements efficaces contre le Covid-19 avec le Professeur Raoult et cette cabale incroyable orchestrée par le lobby pharmaceutique contre les travaux de son équipe sur l’hydroxychloroquine, sur les erreurs et les mensonges des politiques et des autorités sanitaires avec le Professeur Perronne, sur la dangerosité des nouveaux vaccins avec le Docteur Louis Fouché, le Docteur Henrion-Caude ou le Docteur Wonner.

L’important étant de faire plus de bruit que ceux qui contestent les vérités officielles, par un martelage médiatique systématique relayé par les réseaux sociaux, une concurrence de buzz, avec un rapport de forces déséquilibré entre l’autorité publique et ses détracteurs, accusés de mensonges, de complotisme, de charlatanisme (comme Didier Raoult par le Conseil de l’Ordre) et d’hérésie scientifique.

Ce rapport de forces biaisé et hypocrite entre un pouvoir objectivement enfermé dans une attitude coupable, mensongère, corrompue et délictueuse sinon criminelle, prétendant incarner l’autorité, la légitimité, la vertu, le bon droit, la vérité et œuvrer pour l’intérêt général, et quelques détracteurs présentés a priori comme minoritaires ou isolés, ne représentant que leur seule parole et désavoués par leurs pairs, frondeurs, illégitimes, menteurs, ou répandant des thèses ne reposant sur rien de concret assimilées à des « théories du complot », repose non pas sur un débat entre arguments scientifiques évalués par une autorité impartiale, ni même soumis à l’appréciation de tous, mais sur des discours et des accusations ad hoc jetés en pâture à l’opinion, comme dans une farce de Molière ou une tragédie antique.

In fine c’est à la plèbe, flattée par le pouvoir et manipulée par les médias, et donc à la pauvre victime déclarée, qu’il revient de prononcer le jugement et de rétablir la vérité, en confirmant sa « souveraineté » et son penchant majoritaire pour la sagesse et la raison à coup de sondages tripatouillés. Une façon de résoudre la crise d’autorité implicite et de court-circuiter toute velléité frondeuse en confirmant finalement la bonne foi et le bien-fondé des décisions prises par nos bons médecins, notre bon Prince et de ses bons ministres. Et en condamnant de facto à l’opprobre public, aux basses fosses de la dérision et de l’ignominie, les méchants sorciers affabulateurs, jeteurs de sort et complices de ceux qui propagent la méchante peste.

Comme dans la fable du pangolin et de la chauve-souris sur l’origine zoonose du virus, le procès des hérétiques est un épisode joué d’avance, surjoué et rejoué à l’infini par les acteurs chargés de l’incarner pour occuper la populace. Comme ces bateleurs publics qui rejouent indéfiniment la saga des mythes héroïques tirés des récits d’Homère et autres Avengers hollywoodiens.

Les théories du complot sont comme des contes. Les bons et les méchants sont toujours les mêmes. Il est donc très pratique de les retourner pour en faire des repoussoirs et des machines d’ingénierie sociale afin de manipuler et retourner l’opinion, la canaliser dans les couloirs vertueux de la Pensée unique, et contenir le débat public derrière des bornes bien balisées et acceptables par le pouvoir, qui ne risquent pas de remettre en cause son action et sa légitimité selon le Droit et des grands principes.

Ces manipulations sont au cœur de l’illusion de démocratie propre à la société du spectacle dans laquelle nous sommes entretenus depuis des décennies. On met en scène une histoire, une dramaturgie et des faux débats pour occuper les esprits et bavasser sur des sujets-leurres. Comme l’écologie, le racisme, le séparatisme, la pédophilie ou les féminicides… Ou la dernière petite phrase clivante de tel ou tel ministre. Non que ces sujets n’aient pas leur importance. Mais ils permettent avant tout de dévier l’attention du public des vrais sujets plus épineux, que le pouvoir en place ne souhaite surtout pas aborder. Occuper ainsi la scène médiatique, les intellectuels de cour et les talk-shows pour neuneux, saturer les discours, afin de masquer les vrais enjeux et d’éloigner les consciences des zones d’ombres où le pouvoir peut exercer ses manœuvres et poursuivre ses buts en toute liberté, sans attirer curiosités et critiques.

Tout ce qui se situe hors du périmètre discursif et éthique autorisé, soigneusement évité par les médias officiels et les intellectuels de cour gardiens du temple de la Doxa, dans cette zone d’ombre qui échappe à la loi et à l’exercice de la démocratie, relève indifféremment donc tous pour ceux qui oseraient s’y aventurer des « théories du complot« .

Journalistes d’investigation et médias indépendants ? Chercheurs autodidactes ? Lanceurs d’alertes ?… Tous « complotistes » !

Il n’y aucun intermédiaire, aucune nuance possible dans cet ordonnancement manichéen de la vérité, qui oppose la parole officielle – forcément juste, vraie, loyale, dévouée à sa mission – et la controverse illicite qui dévie des canons du « débat » imposé – forcément hérétique, infondée, déviante, criminelle ou pathologique. Débat imposé qui n’est qu’une mise en scène destinée à conforter le pouvoir en calibrant les critiques, les petites impertinences et bouffonneries envers le fait du Prince.

Réappropriées, amplifiées, déformées, caricaturées et amalgamées par les défenseurs du pouvoir et de la Doxa officielle, les théories du complot servent donc de bouillon corrosif et émétique pour dissuader les plus suspicieux de trop y goûter. Et d’accessoire commode au pouvoir pour conforter ses discours et son autorité.

C’est même un outil rhétorique et politique du pouvoir en soi. Puisque la notion même de « théorie du complot » qui suppose l’existence de tels complots et prétend que ceux-ci sont le fait d’un pouvoir occulte ou dissimulé derrière le pouvoir apparent, n’est désignée par nature que comme une théorie. Et qu’elle ne repose donc sur rien de factuel et de vérifié, sans quoi elle ne serait plus une théorie, un axiome, une hypothèse, une supposition, mais bien une suite logique de faits avérés, et donc une réalité. En somme, la théorie du complot serait condamnée à n’être qu’un spectre, une chimère, un drame imaginaire toujours rejoué. Ce qui en soin constitue de façon ironique une théorie du complot… Ceux qui en accusent d’autres de souscrire à des théories du complot sont eux-mêmes des complotistes puisqu’ils voient dans leurs détracteurs un gigantesque complot de complotistes qui ourdissent des complots intellectuels pour leur contester leur pouvoir et leur probité. L’arroseur arrosé.

Ce rapport de fascination mimétique entre les prétendus complotistes et d’authentiques comploteurs qui s’arrangent entre eux pour retourner sur les premiers l’accusation de complot en prenant l’opinion à témoin a quelque chose de dérisoire et de comique. Une sorte de jeu de cour de récré du style « c’est pas loi c’est lui ! » pour savoir qui est le plus gros menteur. Un jeu de dupes qui ne gruge que les imbéciles et les faux-culs.

Or des complots politiques, il en a toujours existé. De grand empires de l’Antiquité aux récentes élections américaines, en passant par Sun Tse, Néron, Machiavel, les Borgia, les Médicis, Shakespeare, la Révolution française, les Procès de Moscou, la saga des Kennedy ou les liens entre CIA et Al Qaeda, il n’y a pas un pays ni une époque de l’Histoire qui y ait échappé.

La nature humaine et la politique étant ainsi faites, il serait vraiment très naïf de croire qu’il puisse exister un quelconque pouvoir qui soit totalement exempt d’intrigues et de complots. La seule question qui vaille c’est quels types de complots ? Qui les ourdit ? Au nom de quels intérêts ? Comment ? Avec quels moyens ? Quels discours ? Et dans quels buts ?

Et surtout comment s’arrange-t-on habilement pour faire en sorte qu’un « complot », serviteur le plus commun de l’appétit de pouvoir, de l’ambition ou de la cupidité, rende possible de faire basculer l’Histoire et de manipuler des institutions et des rapports de forces à son avantage ? Tout en ne paraissant jamais en être un. Mais comment s’y prend-on au contraire pour faire en sorte que la manœuvre employée et ce qu’elle comporte de répréhensible s’apparente à une légitimité, continuité, une normalité, une cause juste ou un bien supérieur ?

Engeôlés dans la mauvaise conscience, la cécité morale, le politiquement correct et les bons sentiments, les politiques et les médias voudraient nous faire croire que non seulement ils n’ont pas d’autre ambition à titre personnel que de servir la France, mais en plus que Marianne serait éternellement drapée dans une vertu virginale hiératique, telle une vestale grecque ou une sainte carmélite. Or qu’apprennent ces braves professionnels de l’embobinage à Sciences Po ? Si ce n’est à passer leur vie à se mêler aux bons complots pour servir leur carrière. A emprunter les bons courants, infiltrer les bons cercles, convoiter les bonnes places. A jurer fidélité à des mentors utiles pour mieux les assassiner ensuite. A distiller méchancetés et calomnies sur leurs rivaux. A utiliser intelligemment les cagnottes publiques pour servir leur intérêt personnel. Et à cacher au bon peuple une fois arrivés au pouvoir des vérités pas toujours bonnes à dire, au nom du secret défense ou de la raison d’Etat

Et l’on voudrait nous faire avaler que ce qui vise à nous en dire plus sur cela tout cela ne constituerait qu’une sale histoire de « théories du complot » ? Allons bon ! C’est au contraire le noyau dur et tout l’art du politique. Qui n’est pas un métier d’enfants de chœur, encore moins cette jolie fable d’une cause noble réservée à des âmes élevées, qui se résumerait au « gouvernement des affaires de la cité » (polis), comme les petits maîtres en sciences politiques nous le ressassent. Des berceuses alambiquées pour endormir les simples d’esprit.

Au final ce que cache ces théories du complot et leur réfutation, ce n’est pas des crimes et des des déviances dans l’exercice déclaré orthodoxe du pouvoir dont chacun a parfaitement conscience. Ce n’est même pas le scandale de l’hypocrisie consensuelle qui les recouvrent, au nom d’un prétendu intérêt général qui n’est que l’entendement de quelques élites autour d’objectifs et d’intérêts communs maquillés en projet éthique.

Ce que révèle la persistance des théories du complot, c’est le retour du refoulé de l’éthique collective et de la morale publique. Et le mensonge sur un contrat social perverti depuis longtemps par les élites qui en sort héritières. L’obsession des affaires et la soi-disant « moralisation de la vie politique » qui prétend y apporter remède n’est qu’une mascarade dans les jeux du pouvoir et des contre-pouvoirs pour faire oublier que celles-ci ont totalement disparu. Et que face à ce vide éthique et de sens le peuple réclame un aggiornamento sans oser en préciser la forme.

Le peuple se rue à l’occasion et se repait de ces affaires et de cas théories du complot qui discréditent les élites au pouvoir comme dans une fête foraine où il peut décompenser son ressentiment accumulé contre elles. Mais sans jamais vraiment oser remettre en cause fondamentalement leur légitimité. L’échafaud électoral en cas de haine concentré sur un candidat sortant est un succédané de guillotine. Mais le peuple français qui n’a jamais été réellement démocrate sinon en apparences et est resté au fond monarchiste aime à se rejouer éternellement la tragédie du régicide, sans jamais passer à l’acte, ni remettre en cause la légitimité de son autorité.

Le cas de conscience majeur que nous vivons, c’est celui d’un système qui a cessé depuis longtemps de fonctionner, a été kidnappé par une caste élitiste pour servir ses intérêts et non le peuple ou la nation dans un simulacre de démocratie totalement fallacieux. Avec un peuple qui n’a plus aucun moyen d’expression pour dire non à cette imposture que la rue. Et encore, cette option est désormais rendue impossible par la dictature sanitaire mise en place au prétexte de lutter contre l’épidémie de Covid, et l’interdiction de manifester qui en découle.

Ne reste plus que le terrain de la morale. Lui aussi pipé par les discours admis ou interdits. Ce rapport de forces autour des « théories du complot » est donc l’ultime rempart dans une guerre menée par les élites cotre le peuple pour les asservir en totalité. Et non contre un virus sans réelle gravité transformé en étendard de la Grande Terreur, et une épidémie qui ne tue que 0,05% de la population, mais au nom de laquelle on déploie un arsenal de mesures liberticides jamais mis en œuvre dans toute l’Histoire, même au temps des grandes pestes médiévales qui avaient décimé plus du quart de la population européenne.

Mais cette lutte perdue d’avance au nom du bien et du mal ne conduira à rien. Car l’enjeu n’est pas manichéen, à savoir qui a tort ou raison, qui dit vrai ou faux ou si telle décision est bien ou male. L’enjeu est le Sens. Tout d’abord quel ressenti nous attachons-nous ? A ces peurs fabriquées pour nous soumettre ? A la souffrance que les décisions absurdes qui sont prises génèrent en chacun de nous ? Ou à la soit d’autre chose qu’elles attisent au fond de nos consciences meurtries ? Ressenti mais aussi Direction : où allons-nous aujourd’hui ? Où ces politiques iniques nous conduisent-elles ? Et comment infléchir le cap pour revenir au supportable, sinon à la raison ? Nous, Français. Et surtout nous, humains. Ressenti, Direction, mais aussi Signification : quel sens donner à ces épreuves ? A quel Sens collectif décidons-nous de nous rallier pour orienter notre destin commun ? Quelles valeurs choisissons-nous d’adopter, et surtout d’appliquer pour orienter nos engagements et leur donner force, cohérence, efficacité au nom du bien commun ?

On le comprend : il est urgent d’aller bien au-delà du bien et du mal, c’est à dire du Jugement. De sortir des cavernes et des nimbes de la conscience, des rumeurs et des complots pur accéder à la pleine conscience de la Révélation. Non pas tant la révélation des fautes commises par certains, des crimes et des culpabilités, en vue d’un quelconque châtiment expiatoire qui ne ferait qu’on préparer la répétition selon les lois du mimétisme. Mais des mécanismes qui nous ont conduits à les laisser se déployer. Jusqu’à nous conduire dans ces enfers où nous nous abîmons aujourd’hui.

Et de voir par contrepoint comment nous en sortir collectivement. Sans attendre en endurant que les choses se dénouent d’elles-mêmes. Sans chercher à renverser la table et faire la révolution, ou des procès sanglants. Mais en utilisant les mêmes énergies, les mêmes moyens, pour servir un avenir collectif lumineux et des desseins librement consentis.

Cela s’appelle l’Eveil. Au-delà duquel il n’y a plus de théories mais la pleine conscience de ce qui Est. Et de l’expérience que nous en faisons librement, collectivement et consciemment. Plus de complots puisque tout se réalise en pleine lumière. Plus de rapport de forces mais une conjonction d’efforts communs vers le bien commun à l’échelle du monde, admis comme la seul voie possible et profitable à tous, c’est à dire à toute notre espèce, et non plus seulement une élite, une nation ou une catégorie d’humains déclarés a priori supérieurs ou plus favorisés que d’autres.


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