Lettre à Carla : les sodas plus dangereux que le jogging …

par polux21
vendredi 28 août 2009

La presse people nous fait remarquer que le régime entamé par le président a produit ses effets. Mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir une coach et de vivre avec une top-model.
Plaidoyer pour une taxation des sodas et une véritable politique contre l’épidémie d’obésité.

Chère Carla Bruni,
 
Durant l’Eté 2008, un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas)  a proposé au gouvernement d’instaurer une taxe anti-obésité sur les sodas et la junk-food. Une proposition rejetée par le svelte Eric Woerth qui officiait à Bercy.
 
Un an après, durant l’été 2009, Patrick Balkany se lâchait en direct sur BFM-TV : « Le problème du président c’est qu’il se trouve toujours trop gros, il est tout le temps en train de faire du régime. »
 
Au lendemain du malaise présidentiel, la presse tabloïd britannique, a injustement tenté de vous imputer la responsabilité de ce coup de fatigue : « Le régime de Carla a fait tomber Nicolas pendant son jogging » titrait The Sun.
 
Les chroniqueurs mondains ont pu noter sur les photos prises au Cap Nègre, que le président avait bel et bien perdu les poignées d’amour que le Figaro Magazine avait cru bon de retoucher deux ans auparavant.
 
Mais à quelques kilomètres de là, des vacanciers erraient sur les plages du Lavandou un soda à la main, croyant ainsi tromper la soif que les glucides ne faisaient que décupler. 40% des français sont concernés par des problèmes de poids selon l’Institut National de la santé et de la recherche médicale. Ils n’ont ni les moyens de s’offrir les services d’un coach personnel. Ni la chance de bénéficier du soutien moral d’une aussi belle et charmante épouse pour combattre leur addiction au sucre.
 
Voici donc cinq raisons pour vous inciter à poursuivre votre engagement contre la surcharge pondérale en dehors du foyer conjugal. Et de relayer au plus haut niveau les alertes lancées par de nombreux nutritionnistes et experts en santé publique qui réclament la mise en place d’une taxe sur les sodas. 
 
1/ Il y a urgence :
 
Au rythme de croissance du surpoids en France, nous aurons rattrapé les Etats-Unis en 2020, pays où une personne sur cinq est obèse. Actuellement les dépenses liées à l’obésité représentent 4% du budget de la santé soit 5 milliards d’euros en France. 13 millions d’adultes sont en situation de surpoids et 4 millions sont obèses. Les classes populaires, (ouvriers, agriculteurs et artisans) sont plus touchées que les CSP+.
 
 
2/ La corrélation entre obésité et soda ne fait aucun doute :
 
90% des obèses américains boivent au moins un soda par jour. Un litre de soda contient l’équivalent de 10 à 30 sucres (soit 106 grammes de sucre par litre pour le Coca-Cola). De nombreuses associations de consommateurs accusent les grandes marques comme Coca et Pepsi de distribuer du « sucre liquide » aux enfants. Pire encore, ce sucre en bouteille provoque une « fringale » qui pousse les consommateurs à se jeter sur d’autres aliments toujours plus gras (chips, barres chocolatées etc…).
 
3/ Les marques sodas utilisent un marketing trompeur :
 
Dans leurs messages publicitaires (sponsoring, clips etc…) les marques de sodas associent leurs produits à des boissons énergisantes ou désaltérantes. 
En réalité, les nutritionnistes et les entraîneurs de haut niveau déconseillent formellement ces breuvages. Les sodas sont en effet trop pauvres en sodium (40 mg/l). Lors d’un effort de longue durée, les pertes minérales liées à l’effort physique ne sont pas compensées, ce qui peut provoquer des cas sérieux d’hyponatrémie.
Autre idée trompeuse : la richesse calorique des sodas permettrait « de tenir le coup » pendant un effort physique. Mais pour les experts en nutrition, la concentration élevée en sucre des sodas fait mauvais ménage avec l’absence de vitamines B1 et B2. Conséquence : ces sucres ne sont pas digérés ni assimilés par l’organisme pendant l’effort ce qui peut et accentuer la déshydratation.
Ce marketing axé sur les vertus d’un prétendu « coup de fouet énergisant » nous est imposé dès le plus jeune âge. Alors même qu’aucun athlète de haut niveau ne consomme ces boissons en compétition. Ces publicités générées par les fabricants de soda font dire à Thomas Frieden, responsable des services de santé de New York, que ces marques « exploitent le manque de maturité cognitive des plus jeunes, qui ne font pas encore la distinction entre un programme télévisuel et une publicité. » Aux Etats-Unis, les sodas représentent 15% des apports caloriques journaliser des jeunes américains.
4/ Cette taxe peut être populaire :
Le débat sur la taxe soda est particulièrement vif outre-atlantique et l’administration Obama tient à respecter son engagement de campagne de lutte contre le surpoids. Un sondage réalisé au premier semestre estime à 72 % le nombre d’américains favorables à une « taxe sodas » si les recettes fiscales sont consacrées à la prévention contre l’obésité.
 
Dans le New England Journal of Medicine Thomas Frieden et Kelly Brownell proposent d’instaurer une taxe d’au moins un demi-dollar par bouteille d’1,5 litres. Un surcoût significatif qui permettrait - comme pour la lutte contre le tabagisme - de faire baisser la consommation de ce produit qui présente un risque sanitaire élevé..
 
Chère Carla, on dit que votre mari a refusé de prendre un ministre parce qu’il était « trop gros ». Je compte sur vous pour sublimer les efforts que le président consacre à son régime en une véritable politique contre l’épidémie d’obésité.
 
Amicalement,

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