Lettre ouverte à Emmanuel MACRON (*)

Monsieur le Président,

Votre quinquennat vient juste de commencer, et quasiment tous vos ministres parlent de la France en ne la nommant jamais ?

Ils préfèrent dire "CE pays".

Ont-ils déjà honte de la France, notre pays ?

Cette dépersonnalisation est choquante, même irrespectueuse. Elle peut insidieusement faire du ravage ! Un ravage silencieux, profitable aux extrêmes.

Ce pays, la France, est notre pays. C’est aussi le leur !

À eux, politiciens et politiciennes, qui ne souffrent matériellement pas, CE pays leur assure, au-delà de leur renommée et parfois de leur entrée dans la petite Histoire, revenus et retraites confortables.

De ce simple fait, il ne serait pas honteux que ces gens-là s'approprient le mot de "France" sans forcément passer pour des personnes d'extrême droite ou national-socialiste.

Monsieur le président, socialiste depuis les années 60 d'abord au PSU, j'ai toujours dit "notre pays" en parlant de ce que vos ministres nomment CE pays. Je vous assure, monsieur le président, que personne n'a jamais pensé une seule seconde que j'étais d'extrême droite ou même simplement de droite !

Quand donc, la plupart des politiques et politicards, de tous bords, arrêteront-ils de dépersonnaliser, de réduire notre pays à une chose impersonnelle, toujours précédée du fameux adjectif démonstratif tout autant impersonnel qu'est le CE ?

D'ailleurs, posons-nous la question suivante, d'une rare simplicité :

• Comment ces politiques et politicards nomment-ils leur chien, quand il parle de lui ?

Certainement pas "CE chien" !

J'avais envoyé un mail à l’un de vos anciens ministres « socialistes », il y a 24 mois environ à propos de ce sujet. Par retour, il me dit : "tu as raison. Je vais faire le nécessaire !".

Que dire d'autre ? Je formule ici simplement ce que beaucoup de Françaises et de Français pensent sans rien dire. Eux-mêmes n'oseraient pas dire "CE pays" quand ils parlent de la France, de leur pays. Ils penseraient peut-être trop ressembler au politique, politicien... ou politicard, du coin.

Monsieur le Président, faites changer cette très mauvaise habitude, avant que nous n'entendions son contraire uniquement dans les rangs des extrêmes. Extrêmes qui, ayant fait de très bonnes compagnes et de bons scores au 1^er comme au 2^ème tour de la présidentielle d’avril 2022, n’attendent de vous qu’une étincelle pour mettre le feu au pays.

Respectueusement bien à vous,

P.-A Teslier

Nota bene : ce papier va sûrement aller à la poubelle sans même vous parvenir. Qu'importe, j'en accepte la règle du jeu.

(*) lettre envoyée au Président de la République, le 30 mai 2022, via le site de l’Elysée.

 

crédit photo : wikipédia.