Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Education nationale

par Robin Guilloux
lundi 8 septembre 2014

(Qu'on me comprenne bien, je me contrefiche que le ministre de l’Éducation nationale soit une femme, ait la double nationalité franco-marocaine et soit de confession musulmane.)

Madame la ministre,

Ce que j'attends d'un ministre ou d'une ministre de l’Éducation nationale, et qui renforcerait effectivement la "cohésion nationale", serait :

1) de demander aux professeurs des Écoles d'adopter la méthode de lecture la plus efficace : analytique à départ global comme cela a été prouvé par les plus grands spécialistes de la question, de faire de l'apprentissage de l'écriture et de la lecture une priorié absolue, ce que Madame Éveline Charmeux, agrégée de grammaire (sic !) appelle avec mépris le "déchiffrement" et qu'elle oppose avec une désinvolture criminelle, et je pèse mes mots, à la compréhension d'un texte écrit.

2) de leur demander de se recentrer sur les fondamentaux : Savoir Lire, Écrire et Compter, d'en finir avec l'utopie de l'autoconstruction des savoirs par les élèves, de restreindre les "sorties éducatives", ou du moins de leur donner systématiquement une dimension pédagogique avec préparation et reprise sérieuse faites en classe.



3) de mettre l'accent sur le respect des autres, camarades et aînés, et pourquoi pas sur l'égalité filles-garçons, mais intégré dans un cours de morale plus large.

4) de demander aux professeurs de collège de continuer le travail entrepris en amont en insistant sur l'acquisition de l'orthographe, de la grammaire (les règles de la pensée) et du vocabulaire qui seule permettrait aux élèves de sortir de leur ghetto culturel pour accéder à une culture partagée.

5) de demander fermement aux chefs d'établissement de faire respecter la Loi sans laquelle il n'y a pas de vie commune possible, à quelque niveau que ce soit, de cesser de jouer les élèves et les parents contre les professeurs, de sortir leur nez des paperasses administratives, de remettre les savoirs au centre et non les élèves.

6) de cesser d'opposer l'épanouissement des élèves au sens de l'effort.

7) de rétablir un filière professionnelle professionnalisante et valorisante, de remettre en place les garde-fous instaurés par la Réforme Haby : orientations possibles après la 5ème pour les élèves qui s’ennuient à l'école, 4ème et 3ème technologiques, 4ème CPPN, dédoublement systématiques dans certaines disciplines, et donc de supprimer le collège unique (inique).

8) de revaloriser l'étude des grands textes littéraires et de réaffirmer le primat de la culture sur la communication.

9) de redonner ses lettres de noblesse à l'étude du grec et du latin.

10) de rompre avec une conception purement utilitaire de la culture qui ne permet pas aux élèves de s'adapter à un monde en perpétuelle mutation, mais les oblige à se "diluer" sans discernement dans les dernières innovations à la mode.

11) d'en finir avec ce misérable SMIC culturel baptisé "socle commun" et avec l'évaluation des compétences" opposées aux savoirs pour faire plaisir à l'OCDE et aux technocrates de Bruxelles.

12) d'affirmer qu'il n'est pas question de supprimer la notation (peu importe qu'on le fasse avec des lettres ou sur 10 au lieu de 20, pourvu que les élèves sachent où ils en sont), de rétablir des exigences sérieuses au niveau des examens terminaux du premier cycle (Brevet des collèges) et du second cycle (Baccalauréat), au lieu de les brader, comme on le fait actuellement.

Bref, de dire et de faire le contraire de ce qui s'est fait depuis des années et qui a conduit à la destruction de l’École républicaine. On peut toujours rêver, n'est-ce pas ? Alors Madame Naja Vallaud-Belkacem, chiche ?


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