Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

par Pierre Alain Reynaud
jeudi 4 novembre 2010

Lettre citoyenne à Monsieur Nicolas Sarkozy

 Monsieur le Président,
 
Le 6 mai 2007, vous avez été élu Président de la République française sur un programme que les citoyens et citoyennes de France ont approuvé dans une large majorité, tant il paraissait cohérent et utile à l’intérêt général de la Nation.
 
C’est ainsi que vous avez abordé un grand nombre de réformes qui devait changer profondément le Pays figé par douze années de politique chiraquienne.
 
Nombreux sont ceux et celles qui ont cru en vous, en votre personnalité, en vos méthodes, en votre fermeté, en votre détermination, et généralement en votre forte capacité apparente pour gérer toutes les situations face aux difficiles problèmes économiques et sociaux qui s’aggravaient de jour en jour.
 
Contrairement à Ségolène Royal, votre adversaire qui évoluait parfois dans un irréel troublant, vous vous êtes montré pragmatique et vous avez décuplé alors une telle énergie positive qu’une majorité de citoyens de tous âges et de toutes conditions se sont rapprochés de vous.
 
Ainsi, la jeunesse de France vous a rejoint, prête à vous soutenir dans vos projets et dans vos élans.
 
Au soir du 6 mai, et depuis l’élection de François Mitterrand en 1981, nous n’avions plus connu une telle allégresse, celle d’un monde qui espère en une nouvelle politique conduite par un président ouvert sur la démocratie, sur la justice et sur l’avenir de son Pays.
 
Mais aujourd’hui, en ce début d’automne 2010, après vos trois années de pouvoir sans partage, l’euphorie du peuple français s’est bien éteinte depuis longtemps déjà, avec l’échec de votre politique qui a provoqué indéniablement de graves lésions dans la démocratie et des effets néfastes dans le progrès social.
 
Si vos différentes recettes n’ont rien apporté au Pays, elles ont contribué par contre à l’accroissement des inégalités et à l’augmentation de la pauvreté tandis que les classes de notre société les plus favorisées bénéficient de surcroît aujourd’hui grâce à votre politique, de nouveaux avantages exceptionnels.
 
Ainsi, depuis votre arrivée au pouvoir, la misère n’a fait que se développer, entraînant la détresse des familles, mais aussi parfois la violence chez les plus découragés d’entre nous qui sont à bout de souffle et dont le désespoir se manifeste quotidiennement.
 
Par le fait des délocalisations non maîtrisées de nombreuses entreprises, par la fermeture de petites et moyennes structures anéanties sous le joug des lourdes charges sociales, par l’absence d’une relance économique réelle, le chômage est bien ancré sur le territoire français et ne cesse d’augmenter au fil des mois.
 
Sans emploi, comment le citoyen peut-il survivre et peut-il espérer un jour à une retraite décente ?
 
Il ne faut pas oublier que le travail est fondamentalement un droit légitime pour chaque citoyen. Et c’est la République qui a le devoir de lui assurer ce droit. Il est clair que l’exercice d’un métier permet à tout individu de rester libre et indépendant. Bien souvent, Il lui évite la dérive sociale qui débouche hélas un jour ou l’autre sur la délinquance et la criminalité.
 
A ce sujet, l’insécurité - comme vous le savez - s’installe partout sur le territoire. Elle ne hante plus spécialement les grandes villes ou les banlieues, mais devient omniprésente en province et dans les campagnes.
 
Après vos médiatiques déclarations d’une époque, notamment quand vous étiez ministre de l’Intérieur, qu’est-il advenu de vos promesses contre les vastes trafics de drogue et d’armes dans les cités ? Pourquoi les dealers continuent-ils leur désastreux "commerce" en toute impunité aux yeux de tout le monde ?
 
Dans un autre contexte, pourquoi les dangereux récidivistes ne purgent-ils pas entièrement leur peine, et se retrouvent donc en liberté sans qu’un maximum de précautions soit pris pour éviter de nouveaux drames ?
 
Autant de questions que les citoyens se posent et pour lesquelles ils auraient souhaité avoir une vraie réponse de votre part.
 
Monsieur le Président, qu’avez-vous fait de la France ? Et qu’allez-vous en faire dans les vingt prochains mois précédant les élections présidentielles de 2012 ?
Nous vous avons confié pour cinq ans la République et par là même la démocratie de ce Pays.
 
A la fin de votre mandat, vous allez nous rendre une Nation mutilée et peut-être ruinée.
 
Au lieu de vous pencher sur les faiblesses économiques du Pays et de prendre des mesures sérieuses pour relancer largement l’industrie, vous vous êtes engagé sur des réformes stériles et déstabilisantes, ne possédant aucun intérêt pour l’avenir des jeunes générations.
 
Certes, s’il faut moderniser la France et l’adapter aux impératifs des évolutions, doit-on pour autant démolir les bases fondamentales de la Nation, en supprimant les départements et les communes ? La démocratie française a été construite selon des méthodes sûres qui ont fait leurs preuves depuis la Révolution française. Il faut nécessairement conserver les structures des administrations locales et régionales afin de préserver une qualité de services indispensables à la vie des citoyens.
 
Monsieur le Président, en vous écrivant cette lettre ouverte, je me fais le porte-parole de très nombreux compatriotes qui comme moi, espèrent un changement réel de votre politique dans les semaines et les mois qui vont suivre.
 
Entendez les appels d’un peuple qui aspirent à une société meilleure et plus juste. Sachez partager le pouvoir avec les corps constitués selon les règles élémentaires de la République, donnez à la France la force et la puissance qu’elle a connues au temps passé.
 
Rassemblez les citoyens de toutes races et de tous bords, et évitez les pièges des divisions.
 
En un mot, évitez le désagrégement de la France.
 
Enfin, prenez exemple sur ceux ou celles qui ont défendu la démocratie et les valeurs républicaines, comme Charles de Gaulle le fit à deux reprises en moins de vingt années pour préserver nos libertés et notre indépendance.
 
Monsieur le Président, ne faîtes pas regretter aux français et aux françaises de vous avoir choisi le 6 mai 2007. Reconnaissez vos erreurs de gestion et de pouvoir, et vous verrez que les citoyens ne vous en tiendront pas rigueur si vos intentions nouvelles vont dans le sens que chacun de nous souhaite pour l’avenir de la Nation et de notre jeunesse.
 
Vous avez encore vingt mois pour convaincre et pour nous prouver votre détermination à vouloir changer la France … en bien.
 
C’est d’ailleurs le thème d’un ouvrage que je viens d’écrire en toute modestie et que je dédie à la France entière.
 
Restant toujours un fidèle serviteur de la République et de ses représentants,
 
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma parfaite considération et de mon profond respect.
 
Pierre-Alain Reynaud
Fondateur du Mouvement République Populaire
 

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