Lettre ouverte à Mrs Arthuis, Bayrou, Borloo, Hulot, Morin, Villepin…

par Voltaire
jeudi 14 avril 2011

La France va mal. Divisés, démoralisés, les français regardent avec inquiétude leur avenir et celui de leurs enfants dans une société qui semble hors contrôle. Sans être encore catastrophique, la situation de la France est profondément préoccupante. Cet état implique des devoirs aux responsables politiques. Devoirs de proposition, devoirs d’action, devoirs d’efficacité. Entre l’échec apparent du Sarkozysme, le flou actuel du socialisme, le populisme des extrêmes, la nécessité d’une offre différente s’impose. Mrs Arthuis, Bayrou, Borloo, Hulot, Morin, Villepin, Mmes Boutin, Lepage, Joly, cette nécessité doit être votre priorité.

Centristes, démocrates, républicains, écologistes, ce qui vous rassemble est plus fort que ce qui vous divise. Tous, vous défendez l’idée d’une société équilibrée, apaisée, le rassemblement plutôt que l’affrontement, le rejet des boucs émissaires, la justice sociale, une économie soutenable…

Certains d’entres-vous ont choisis d’appartenir à la majorité actuelle. Ils ont ainsi préservé des élus au parlement, des responsabilités, des moyens d’agir. Mais qu’ont-ils pesé dans la politique actuelle ? D’autres ont choisi l’opposition. Ils ont ainsi conservé leur liberté de parole, celle de critiquer. Mais que pèsent-ils en dehors d’eux-mêmes ? Quel poids leur mouvement représente-t-il dans l’opinion ?

Bien sûr vous avez vos divergences, vos spécificités. Votre inspiration peut être d’origine laïque ou chrétienne, votre vision plus tournée vers l’humanisme ou l’environnement. Mais ces différences qui font aussi votre richesse sont-elles réellement plus grandes que celles que l’on retrouve au sein même de l’UMP ou du PS ? Réunis, vous représentez cette grande famille progressiste et pragmatique, capable de proposer une alternative réelle, convaincante, d’emporter une élection présidentielle. Divisés, vous êtes invisibles, une simple addition d’ego. Les électeurs, les citoyens de votre famille se moquent de vos querelles de personnes, de vos cuisines politiciennes. Ils ne demandent qu’une offre concrète, une alternative rassurante et positive, une solution au marasme.

Certains d’entres-vous ont initié une timide tentative de rassemblement. Il faut aller plus loin. Oublier les rancœurs et les noms d’oiseaux, se parler, avancer. Aucun de vous n’a réussi isolément. Aucune des options que vous avez prises jusqu’ici ne s’est révélé la bonne. Il est temps d’en créer, ensemble, une nouvelle. Sinon par plaisir, du moins par devoir.

D’abord, un projet, une vision commune. Vous êtes de la même grande famille. Se rassembler sur une dizaine de thématiques principales est un objectif à portée de main. Ceux-ci pourraient ainsi être :

 

Après le projet politique, l’accord politique. Une confédération du centre voit lentement le jour. C’est une étape nécessaire qu’il convient d’encourager. Par essence, une telle confédération ne peut se dire de centre-droit, ou de centre-gauche. Si on ne peut demander à ses composantes déjà présentes dans la majorité de renier leur parole donnée, l’indépendance indispensable d’un tel mouvement passe au moins par un positionnement équilibré et non-exclusif. La création de groupes parlementaires plus autonomes, une réelle liberté de parole et d’amendements doivent aussi en être les caractéristiques, faute de quoi l’initiative n’apparaitrait que comme un simple relooking. Sans doute ce mouvement n’a pas vocation à fusionner l’ensemble des composantes que vous représentez. Certaines pourront demeurer des alliés associés. L’essentiel est que les positions de fond défendues soient homogènes, ce qui nécessite un véritable accord de fonctionnement commun, et qu’éventuellement un même label, une même étiquette puisse venir clarifier l’appartenance de vos représentants auprès de l’électorat.

Enfin, un représentant unique lors de l’élection présidentielle. Nul doute qu’il s’agit là d’une étape compliquée. Certains d’entres-vous ont déjà fait connaître leur souhait de concourir, ce qui est légitime lorsque l’on souhaite défendre des idées et une vision. Mais il faut aussi penser à l’électorat, au citoyen. Un fouillis de candidatures trop proches et toute crédibilité serait perdue. L’électeur souhaite une offre politique alternative crédible, pas 5 ou 6… Sa priorité est que des solutions concrètes soient apportées à ses problèmes, et donc que ce projet puisse remporter l’élection ou au moins influencer fortement le programme de la future majorité, pas que des ego se battent pour des candidatures de témoignage… Chacun d’entres-vous a ses qualités, ses idées, son expérience, quelque chose à apporter à un tel projet. Porter le fardeau d’une candidature jusqu’au bout, le défendre avec ténacité, est une décision lourde de conséquence. Elle ne presse pas. Au mieux, cette candidature se dégagera naturellement, consensuellement, et le soutien des autres l’enrichira et la renforcera. Les compétences pour être président de la république ne sont pas les mêmes que celles pour être premier ministre, chef d’un parti, président d’assemblée… Chacun doit pouvoir trouver sa place dans un tel rassemblement. Sinon, les structures politiques des partis alliés devront trancher. Souhaitons qu’elles puissent le faire sereinement, sans luttes internes excessives, sur la base de critères de plus grand succès. Mais cela pourra attendre l’automne 2011, et venir une fois un accord politique décidé.

 

2007 a constitué la fin d’un cycle politique, et un formidable élan de démocratie citoyenne. Si cet espoir devait être de nouveau déçu en 2012, les conséquences en seraient désastreuses. La crise financière, économique et sociétale que traverse la France exige des réponses, des actes. La France est le pays d’une certaine qualité de vie, d’un certain modèle de société. Ceux-ci doivent être restaurés, préservés, défendus, diffusés… Les habitants de ce pays placent dans vos mains une partie de leur avenir et celui de leurs enfants, de leurs petits-enfants, lorsqu’ils vous font confiance par leur bulletin de vote. Votre responsabilité, en tant que politiques, est d’être à la hauteur de ces enjeux. Ne nous décevez pas. Ne nous décevez plus.


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