Lettre ouverte au gouvernement contre la loi travail
par Louis Mathurin
mercredi 11 mai 2016
Mesdames, messieurs les ministres, Monsieur le Président de la République,
Ce 10 mai 2016, la France ne dispose plus que de 48h et une hypothétique motion de censure pour sauver son honneur. En effet, le texte de la loi El-Khmori sera très certainement adopté d'ici peu, si vous ne prenez pas conscience de la portée de vos actions :
Pour commencer, comment pouvez vous considérer comme un progrès, une loi qui réduit les droits des salariés ? Pouvez vous affirmez que réduire les indemnités en cas d'heures supplémentaires, constitue une avancée sociale majeure ? Pouvez vous affirmer, que forcer les ouvriers à accepter de travailler d'avantage sans gagner d'avantage en cas d'augmentation des commandes, constitue une avancée sociale majeure ? Enfin, pouvez vous affirmer, que la perspective d'être licencié en cas de baisse d'activité d'une entreprise, sans que le recours aux prud’hommes prime sur les accords d'entreprises constitue une avancée sociale majeure ?
La seule et unique réponse à toutes ces questions , et vous le sacrez pertinemment, est NON. Et bien pire que cela, c'est toute une jeunesse que vous jetez dans les bras de la précarité, du chômage de masse, de la violence sociale exercée par les patrons les plus abjects. Qu'espérez vous sauver de votre quinquennat en proposant de telles mesures ? Comment pouvez vous garder la tête haute, lorsque vous avez pleinement conscience, que ces jeunes qui seront demain sur le marché du travail, vont devoir accepter et subir les vindictes de leur employeur, sans pouvoir se défendre ?
A aucun instant, cette loi ne va dans le bon sens. Après avoir fait le sale boulot que Bruxelles vous réclame, le prochain gouvernement « démocratiquement » élu s'attaquera donc nécessairement au statut de la fonction publique. Et la farce ubuesque que vous êtes actuellement en train de jouer, se retournera alors contre l'institution qui vous forme : l'ENA ou Science Politique, ne tiennent visiblement pas compte des structures actuelles de l'économie mondiale et de la nécessité de penser à mieux répartir les fruits de la croissance, alors quelle futur légitimité pourront elle incarner ?
Car oui, en effet, un autre monde est possible ! Et c'est à votre cœur que je m'adresse ici, comme à votre fierté : quel sillon voulez vous enfin laisser dans l’histoire de la cinquième République ? Celui de la discorde et de la trahison, ou enfin celui des espérances et de l'avenir retrouvée d'une France au centre des évolutions sociale, et par définition, socialiste ? Comment le faire ? En instituant dès à présent l'idée d'un salaire garantie à vie, complément indispensable de notre économie d'abondance, qui doit enfin chercher à rééquilibrer notre République, loin de la prédation du capital.
C'est une utopie, mais une utopie que vous pouvez être les premiers à initier, afin de rendre aux citoyens la dignité que vous nous devez, car nous vous avons élu en 2012. Et ce simple argument de bon sens vous conduira à reconnaître son évidence : comment être en mesure d'accepter des rémunérations délirantes de stars du cinéma, du sport, de l'économie spéculative ; et penser comme impossible d'accorder à chaque citoyen en âge de voter 1500 euros net par mois sans aucune contrepartie, sinon justement celle d'exister dans une société généreuse et progressiste ?
Alors vous, députés, ministres, sénateurs, hommes et femmes politiques, si vous souhaitez que nous citoyens, soyons toujours un peu plus que des électeurs ; prenez vos responsabilité s en rejetant formellement le 49-3, et faites voter avec ce texte, cette motion inaliénable du droit au salaire garantie à vie.
Vive la République, vive la France.
Révolutionnairement Vôtre,
Boris Rannou.