Lettre ouverte au Premier Ministre Philippe Couillard

par Bruno Ferrari
lundi 13 avril 2015

Monsieur le Premier Ministre,

 

Le 7 avril dernier vous répondiez aux questions de Mme Galipeau sur RDI dans le cadre du 1er anniversaire de votre gouvernement. J’écoutais attentivement cette entrevue avec l’espoir de comprendre quelle équation secrète mène vos décisions.

 

Vous avez « pris possession de votre métier » de premier ministre avec un indiscutable sens de la répartie, vos réponses se tiennent, arrivent rapidement, clairement et avec efficacité. Je vous en félicite, mais voici le propos de ma lettre : de mon côté, au cours des dix dernières années je me suis fait un point d’honneur de faire passer le salaire minimum de mon équipe d’intervenants de dix à quatorze dollars de l’heure. Notre équipe de vingt personnes est composée d’intervenants de niveau universitaire et collégial et de personnel de soutien. Cette même équipe prend en charge plus de deux cent personnes par année qui s’adressent à notre organisme pour recevoir un traitement pour une problématique de dépendance. Notre organisme, Dianova, ne bénéficie d’aucun programme de soutien aux organismes communautaires.

Monsieur Couillard, quand vous avez parlé de soutenir la qualité de vie des citoyens du Québec, j’ai été surpris par cette déclaration et l’honnêteté de votre ton. Vous avez dans la foulée annoncé que vous êtes pleinement satisfait de votre équipe et de l’appui des gens qui vous entourent. Pouvez-vous m’expliquer en quoi couper les ressources des personnes bénéficiaires de l’aide sociale qui entreprennent un traitement pour une dépendance (pas les personnes qui vivent une dépendance sans prendre de mesure) pourrait aider les citoyens du Québec ?

C’est bien la décision que s’apprête à prendre un de vos proches collaborateurs, le Ministre Hamad, dans la foulée d’une révision règlementaire préparée par un autre de vos proches collaborateurs, M. Blais dans le cadre de la modification du règlement sur l’aide aux personnes et aux familles.

Laissez-moi vous expliquer quelles mesures d’ajustement sont à ma disposition :

Au vu de ces énoncés, je ne vois là pour mon équipe, moi-même et pour les 2000 collaborateurs œuvrant dans les quelques 90 centres de ce type au Québec, aucun signal de sensibilité sociale ni de sens économique à cette décision. Au contraire, comme contribuable je m’inquiète du coût direct de cette mesure ayant comme objectif annoncé une économie de 6 M$ par an.

Je vous laisse avec quelques extraits des rapports qui me sont transmis quotidiennement sur le profil des personnes admises dans notre centre. Avec ces informations, vous pourrez envisager des mesures économiques adéquates pour accueillir ces personnes lorsque des centres de traitement des dépendances viendront à fermer au Québec. Ces énoncés relatent les principales caractéristiques cliniques de personnes voulant accéder à notre programme. Elles datent de la semaine du 30 mars :

Dianova reçoit un millier de demandes par années. Quelques deux cent personnes sont accueillies en traitement dans notre centre de Terrebonne.

 

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer Monsieur le premier Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.

 

Bruno Ferrari, directeur général de l’organisme Dianova


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